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De l'uniformité à la tolérance : confession et société urbaine en Allemagne, 1650-1800*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Étienne François*
Affiliation:
Mission Historique Française, Göttingen

Extract

Pratiquement unanimes sur ce point, les historiens allemands s'accordent à fixer aux traités de Westphalie le terme de l'ère confessionnelle : après le paroxysme sanglant et suicidaire de la guerre de Trente Ans, font-ils remarquer, les anciens heurts confessionnels cèdent progressivement le pas à des formes plus paisibles de cohabitation puis aux débuts timides encore de la tolérance. Deux facteurs auraient principalement contribué à désamorcer le potentiel conflictuel de la division religieuse issue de la Réforme : la stabilisation d'abord des frontières religieuses dans leur état de 1624 (” année normale » choisie par les traités comme référence), l'abrogation ensuite sanctionnée par ces mêmes traités de l'obligation jusque-là faite aux sujets de se conformer à une éventuelle conversion de leur prince.

Summary

Summary

This article examines the social and religious situation in urban Germany between 1650 and 1800. During this period, most urban societies remained deeply committed to the ideal of religious uniformity and opposed tolerance. The study goes on to analyze the original model of tolerance represented by the “parity” practised in some southern German towns, and the seemingly paradoxical forms of religious coexistence that prevailed in them. Finally, the article discusses the abandonment of the old rule of religious uniformity in most political capitals and new towns, defines the primarily economic and political causes of that phenomenon, and seeks to evaluate its true impact. In conclusion, this article tries to show that if relations between rival denominations became easier after the Thirty Years War, the cultural contrast between them remained as strong as ever. Up to the late 18th century at least, religious affiliation remained an essential factor in the shaping of collective attitudes in Germany.

Type
Le Champ Religieux : Nouvelles Approches
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1982

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Footnotes

*

Quelques-unes des thèses développées dans cet article ont été présentées — sous une forme plus concise et avec des exemples limités à l'espace rhénan — dans ma communication au colloque qui s'est tenu à Strasbourg du 6 au 9 octobre 1981 autour du thème « Villes, pouvoirs et société en Europe, 1650-1750 ». Cette communication paraîtra dans les actes du colloque sous le titre « Société urbaine et confession en Rhénanie, 1650-1750 ».

References

Notes

1. Cf. à titre d'exemple récent le découpage chronologique de la petite histoire d'Allemagne en dix volumes (le plus souvent excellents par ailleurs) actuellement en cours de publication à Gôttingen sous la direction de J. Leuschner : le tome 6 confié à M. Heckei. et qui a pour titre Deutschland im konfessionellen Zeitalter couvre la période 1555-1648.

2. Comme point de départ à l'étude de la naissance des confessions en Allemagne, voir l'essai de E. W. Zeeden, DieEntstehungder Konfessionen, Grundlagen undFormen der Konfessionsbildung im Zeitalter der Glaubenskàmpfe, Munich. 1965. La question est actuellement approfondie par un groupe de recherche à Tübingen.

3. Sur l'histoire religieuse de la Rhénanie inférieure, voir comme mise au point récente, F. Pétri et G. Droege, Rheinische Geschichte, t. Il, Neuzeit, Dusseldorf. 1976.

4. Sur les conditions requises pour l'entrée dans la bourgeoisie au xviiie siècle, voir en particulier H. Moeller, Die kleinbiirgerlicheFamilie im 18.Jahrhundert, Verhalten und Gruppenkultur, Berlin, 1969, p. 77 ss (nombreux exemples locaux).

5. F. Blendinger, Die Bevôlkerungsbewegung in der ehemaligen Reichsstadt Weissenburg am Nordgau, 1580-1720, Leipzig, 1940 (spécialement pp. 97 à 118). L'étude que j'ai faite de l'immigration à Coblence au xviiie siècle aboutit aux mêmes conclusions : É. François, « La population de Coblence au xviiie siècle, déficit démographique et immigration dans une ville de résidence », Annales de Démographie historique, 1975, pp. 291-341.

6. B. Moeller, Reichsstadt und Reformation, Gutersloh, 1962.

7. Walker, M., German Home Towns, Community, State and GeneralEstate, 1648-1871, Ithaca. 1971 Google Scholar.

8. Sur Francfort à cette époque, voir avant tout le beau livre de Soliday, G., A Community in Conflict : Frankfurt Society in the Seventeenth and Early Eighteenth Centuries, Hanover N. H., 1974 Google Scholar.

9. A. Schindung, « Die Reformation in den Reichsstàdten und die Kirchengùter, Strassburg, Nurnberg und Frankfurt im Vergleich », dans J. Sydow éd., Bùrgerschaft und Kirche, Stuttgart. 1980, pp. 67-88.

10. Lors du soulèvement urbain de 1614 à Francfort (” Fettmilchaufstand »), les révoltés avaient pillé et saccagé le ghetto et expulsé la communauté juive ; un nouveau règlement, la « Stattigkeit », avait réglé en 1617 les conditions de sa réinstallation.

11. Entre le milieu du xvie siècle et le milieu du xviiie siècle, la minorité résiduelle de catholiques dans la ville libre luthérienne d'Ulm perdit les quatre cinquièmes de ses effectifs, passant d'un millier à deux cents personnes. P. Lang, Die Ulmer Katholiken im Zeitalter der Glaubenskâmpfe Lebensbedingungen einer konfessionellen Minderheil, Francfort, 1975.

12. Sur les institutions d'Augsbourg après l'introduction de la parité, voir I. Batori, Die Reichsstadt Augsburg im 18. Jahrhundert, Verfassung, Finanzen und Reformversuche, Gôttingen, 1969.

13. Nombreux exemples dans le recueil de récits de voyages de H. Dussler. Reisen und Reisende in Bayerisch-Schwaben, 2 tomes, Weissenhorn, 1968 et 1978.

14. Cf. cette remarque d'un observateur de la fin du siècle: « Die Paritàt làuft hier ins unglaubisch-lâcherliche hinein », dans Geographisch Statistisch-Topographisches Lexikon von Schwaben, Ulm, 1791,t. l,p. 73. Pour d'autres exemples, voir l'article de P. Dirr,” Augsburg in der Publizistik und Satire des 18. Jahrhunderts ». Zeilschrift des Hislorischen Vereinsfiir Schwaben und Neuburg, 1914, t. 10, pp. 177-231.

15. Pourcentages calculés d'après la statistique du mouvement naturel des communautés catholique et luthérienne conservée à la « Staats- und Stadtbibliothek » d'Augsbourg (2o Aug. 356), complétée pour les années manquantes par les données tirées des registres paroissiaux protestants (conservés au Evangelisches Kirchenbuchamt) et les séries statistiques publiées par A. Schreiber, « Die Entwicklung der Augsburger Bevôlkerung vom Ende der 14. Jahrhunderts bis zum Beginn des 19. Jahrhunderts», Archiv fur Hygiène, 1939-1940. t. 123, pp. 90-177.

16. Cf. les observations méprisantes mais non dénuées de perspicacité d'un voyageur de la fin du xviuc siècle : « Neun Zehnteile der Einwohner sind die infamste Kanaille. die man sich denken kann, die immer bereit ist, sich selbst auf das erste Signal aus Religionshass zu erwiirgen (…). Es ist platterdings unmôglich, ailes làcherliche, was hier der Religionshass erzeugt, in einer Satire zu erschôpfen. Tàglich hast Du einen neuen unerwarteten Auftritt zu erwarten, der Dich lachen und fluchen macht. (…) Die Katholiken, welche natùrlicherweise erhitzter sind als die Protestanten, halten sich einen sogenannten Kontroversprediger. der zu gewissen Zeiten die eine Hâlfte von Augsburg lachen und die andere Hàlfte rasen macht. » J. K. Riesbeck, Briefe eines reisenden Franzosen ùber Deutschland, 1783 (cité d'après la réédition de W. Gerlach, Stuttgart, 1967. pp. 35- 36).

17. Ni même à ce que fut Nîmes à l'époque de la Révolution et de l'Empire : cf. J. N. Hood. « Protestant-Catholic Relations and the Roots of the First Popular Counterrevolutionary Movement in France », The Journal of Modem History, 1971. t. 43, pp. 245-275.

18. Pourcentages calculés à partir de sondages dans la série des « Hochzeitsamtsprotokolle » conservés aux Archives municipales d'Augsbourg.

19. Statistique du mouvement saisonnier des mariages à Durlach, Giessen et Augsbourg (paroisses luthériennes) au xvine siècle (nombre journalier proportionnel) :

a) Chiffres calculés à partir des données publiées par O. K. Roller, Die Einwohnerschaft der Sladt Durlach im 18. Jahrhundert, Karlsruhe. 1907. annexe statistique, pp. 94-100.

b) Chiffres calculés à partir des données publiées par A. E. Imhof, Historische Démographie als Sozialgeschichle, Giessen und Umgebung vom 17. zum 19. Jahrhundert, Darmstadt. 1975. L 1, p. 206.

20. Evangelisches Wesensarchiv Augsburg 1493 : Differenzien unter den Handswerkern (1721).

21. V. Haertel, « Die Augsburger Weberunruhen von 1784 und 1794 und die Struktur der Weberschaft am Ende des 18. Jahrhunderts », Zeitschrift des Historischen Vereinsfûr Schwaben und Neuburg, 1971 (64-65). pp. 121-268.

22. Evangelisches Wesensarchiv Augsburg 1496, Handwerkerverzeichnisse. Sur la situation au début du xixe siècle, voir R. Bettger, Das Handwerk in Augsburg beim ïlbergang der Stadt an das Kônigreich Bayern, Augsbourg, 1979.

23. Deux études récentes sur les rapports entre catholiques et protestants à Rouen à la fin du xvic siècle et à Nîmes à la fin du xviue siècle arrivent à des conclusions semblables, cf. Ph. Benedict, Rouen during the Wars of Religion, Cambridge Univ. Press, 1981, et J. N. Hood, « Permanence des conflits traditionnels sous la Révolution : l'exemple du Gard », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, 1977, 24, pp. 602-640.

24. A l'occasion du 350e anniversaire de la proclamation de la Confession d'Augsbourg ont paru deux intéressantes études qui, par l'abondance de leur iconographie, constituent une bonne introduction à l'étude de la fête luthérienne, H. Jesse, Das Augsburger Bekenntnis in drei Jahrhunderten 1530-1630-1730, Weissenhorn, 1980, et A. Marsch, Bilder zur Augsburger Konfession und ihren Jubilâen, Weissenhorn, 1980.

25. Pour davantage de précisions sur la dialectique culturelle catholiques-luthériens à Augsbourg, voir L. Lenk, Augsburger Biirgertum im Spâlhumanismus und Frûhbarock 1580-1700, Augsbourg, 1968. F. Herre, Das Augsburger Biirgertum im Zeilalter der Aufklàrung, Augsbourg, 1952, et surtout l'essai bref mais pénétrant de W. H. Rjehl, « Die kirchliche Paritât in Augsburg », dans Culturstudien aus drei Jahrhunderten, Stuttgart, 1862, pp. 318-330.

26. Cf. le jugement de l'Aufklàrer berlinois F. Nicolai, « Die Katholiken in Augsburg sind mit dem ersten Anblicke von den Protestanten zu unterscheiden. In anderen Stàdten, ewo Protestanten und Katholiken vermischt sind, zum Beispiel in Erfurt, bemerkt man dies auch ; doch nirgends fàllt es so sehr in die Augen, als in Augsburg. Auch môchte man sagen : die Katholiken in Augsburg sind doppelt und dreyfach Katholisch ». F. Nicoiai. Beschreibung einer Reise durch Deuischiand und die Schweiz im Jahre 1781, Berlin et Stettin, t. 7, p. 101.

27. Cf. le jugement (légèrement postérieur à la période envisagée puisqu'il date de 1840) d'un observateur anglais : « It was a pleasing and impressive sight. the more so when we reflect. that hère, at least, Catholics and Protestants live and associate in the most perfect harmony, and Augsburg is not the only place in Bavaria where the same harmony prevails, though perhaps not carried to the same entent », cité dans H. Dussler, Reise und Reisende in Bayerisch-Schwaben. t. 2, p. 356.

28. Le mot « famille » a été employé à dessein, en référence à l'usage très répandu alors de l'expression « Religionsverwandte » pour parler des catholiques et des protestants.

29. Cf. l'insistance avec laquelle, dans les procès-verbaux de conversion, catholiques et protestants rappellent que leur religion est « allein seligmachend ».

30. É. François, « Des républiques marchandes aux capitales politiques : remarques sur la hiérarchie urbaine du Saint-Empire à l'époque moderne », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, 1978, pp. 587-603.

31. Cf. l'article Hanau dans E. Keyser éd., Hessisches Stàdtebuch, Stuttgart, 1957, pp. 218-223.

32. Informations sur Neuwied tirées du recueil collectif 300 Jahre Neuwied, ein Stadt-und Heimatsbuch, Neuwied, 1953.

33. Cf. les déclarations de Frédéric-Guillaume I” : « Menschen achte ich vor den grôssten Reichtum », ou de Frédéric II : « Der erste Grundsatz, der allgemeinste und wahrste ist der, dass die wahre Kraft eines Staates in seiner hohen Volkszahl liegt », citées par S. Haffner, Preussen ohne Légende, Hambourg, 1979 (3e éd.), p. 78.

34. S. Jersch-Wenzel, Juden undFranzosen in der Wirtschaft des Raumes Berlin/Brandenburg, Berlin, 1978, la meilleure synthèse sur la question, avec des aperçus débordant largement le strict domaine de l'histoire économique. Vers 1700, près d'un Berlinois sur quatre était huguenot et la communauté juive regroupait 120 familles.

35. Les intendants d'Alsace agirent de même en imposant et en encourageant autant qu'ils le pouvaient l'immigration catholique à Strasbourg après 1681.

36. Cf. G. Heinrich, « Religionstoleranz in Brandenburg-Preussen. Idée und Wirklichkeit », dans M. Schlenke, Preussen, Beitràge zu einer politischen Kultur (catalogue de l'exposition « Preussen, Versuch einer Bilanz », t. 2), Hambourg, 1981, pp. 61-88.

37. Cf. R. Von Thadden, Fragen an Preussen : zur Geschichte eines aufgehobenen Staates, Munich, 1981, p. 116. Sur l'histoire religieuse — au total fort mal connue — de la Prusse, le chapitre « Wie war Preussens Kirche » pp. 107-144 est de loin la meilleure mise au point.

38. É. François. « Immigration et société urbaine en Allemagne à l'époque moderne », article à paraître.

39. Cité par R. Vierhaus, « Deutschland im 18. Jahrhundert : soziales Gefùge. politische Verfassung geistige Bewegung », article de 1968 reproduit dans F. Kopitsch, Aufklàrung, Absolutismus und Bùrgertum in Deutschland, Munich, 1976, pp. 184-185.11 n'est pas de meilleure illustration de la signification politique de la tolérance que le plan de la ville neuve de Karlsruhe, créée en pleine forêt au début du xvme siècle pour remplacer Durlach comme capitale du margraviat de Bade- Durlach : certes trois emplacements sont prévus dès l'origine pour l'érection d'un temple luthérien, d'un temple calviniste et d'une église catholique — mais ces trois emplacements, tous orientés d'ailleurs en direction du château d'où émane la ville, se trouvent relégués dans la partie inférieure de la ville : en d'autres termes, dans l'utopie absolutiste devenue réalité par la volonté du prince, c'est l'État de raison qui s'impose comme la référence dernière ; principe d'ordre et de tolérance, c'est lui qui détermine la place assignée à chaque confession. Cf. W. Leiser, « Das Karlsruher Stadtrecht », Zeitschrift fur die Geschichte des Oberrheins, 1966, 114, pp. 207-241.

40. La meilleure histoire de Mannheim reste encore le livre de M. Walter, Geschichte Mannheims, t. 1 : Von den ersten Anfàngen bis zum Ubergang and Baden (1802), Mannheim. 1917 (reprint Francfort, 1977). Données statistiques sur la répartition confessionnelle tirées de Die Stadt und Landkreise Heidelberg und Mannheim, amtliche Beschreibung, t. 3 : Die Stadt Mannheim und die Gemeinden des Landkreises Mannheim, Karlsruhe, 1970. p. 85.

41. S. Haffner, Preussen ohne Légende, p. 84.

42. S. Jersch-Wenzel, Juden und Franzosen, passim.

43. S. Dreyer-Roos, La population strasbourgeoise sous l'Ancien Régime, Strasbourg, 1969.

44. B. Vogler, « Le testament alsacien au XVIII* siècle : un programme de recherche en cours », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, 1979, pp. 439-447.

45. É. François, « Livre, confession et société urbaine en Allemagne au xviuc siècle : l'exemple de Spire », article à paraître dans la Revue d'Histoire moderne et contemporaine. 46. Ces observations confirment bien — s'il en était besoin encore — que l'importance du fait confessionnel vient non seulement de ce que les références religieuses exerçaient une emprise majeure sur les mentalités et les comportements, mais aussi de ce que l'appartenance confessionnelle était constitutive des identités collectives, ce qui revient à dire que pour saisir le fait confessionnel dans ses dimensions véritables, il faut au fond préférer une approche de type anthropologique à une approche doctrinale, politique ou socio-économique. Cf. les jalons posés en ce sens par Ph. Joutard à propos des Cévennes : « Si le sentiment religieux avait une telle emprise sur les Cévennes, c'est qu'il n'était pas seulement une part d'eux-mêmes mais qu'il influençait toute leur vie, qu'il était leur culture. L'opposition entre catholiques et protestants comme confrontation de deux univers culturels radicalement différents pourrait être à elle seule l'objet d'un gros travail d'anthropologue. » Ph. Joutard, La légende des Camisards, une sensibilité au passé, Paris, 1977, p. 39 ss. Du côté allemand, il n'y a pas beaucoup à tirer de la tentative faite en ce sens par C. Koehle-Hezinger, Evangelisch, Katholisch, Untersuchungen zu konfessionellem Vorurteil und Konjlikt im 19. und 20. Jahrhundert vornehmlich am Beispiel Wùrttembergs, Tùbingen, 1979. On trouvera en revanche de nombreuses observations intéressantes (pour la société rurale au xixc et au xxc siècle) dans la monographie de G. Golde, Catholics and Protestants, Agriculture, Modernization in two German Villages, New-York, 1975 Pour l'espace rhénan, citons enfin la thèse de Louis Châtellier, parue après la rédaction de cet article. Tradition chrétienne et renouveau catholique dans l'ancien diocèse de Strasbourg, Paris, 1981. L'auteur y met en lumière l'approfondissement de la différence culturelle entre catholiques et protestants au cours du xvine siècle et conclut le chapitre consacré à cet aspect par la remarque suivante : « A l'évidence, c'est bien la notion de confession avec tout ce que ce terme implique comme connotation sociale qui s'impose, au xvinc siècle, aux communautés catholiques et luthériennes prises dans leur ensemble. Ce qui en 1650 n'avait que des contours flous surtout pour les simples fidèles, se dessine avec des arêtes vives un siècle plus tard » (p. 359).

47. M. Walter, Geschichte Mannheims, pp. 282-290. Des expériences semblables furent tentées à Erlangen et à Karlsruhe — leur échec fut aussi comparable. Comment d'ailleurs les contrastes confessionnels auraient-ils pu être surmontés facilement, alors qu'au même moment l'habitude se répandaità l'intérieur des métiers de Mannheim de se regrouper en fonction de la confession pour les votes et les décisions engageant les corporations ?

48. S. Jersch-Wenzel, Juden und Franzosen, passim. 49. Pour d'autres exemples — avec d'utiles indications bibliographiques — voir en particulier le chapitre d'introduction du recueil collectif publié par F. Kopitsch, Aujkiârung, Absolutismus und Bùrgertum in Deutschland, Munich, 1976, pp. 89-95.

50. Toutes les informations concernant Francfort sont empruntées à l'étude de G. Soliday, A Community in Conflict, op. cit.

51. Le conflit est décrit et analysé — de manière sommaire — dans l'article de E. Heinen, « Der Kôlner Toleranzstreit 1787-1789 », Jahrbuch des kôlnischen Geschichtsvereins, 1973, 44, pp. 67-86. L'évolution de la petite ville de Durlach au xvmc siècle est un autre exemple (moins spectaculaire mais aussi convaincant) de l'efficacité des pressions collectives jouant en faveur du maintien ou du rétablissement de l'uniformité religieuse : tant que la Cour du margraviat de Bade-Durlach résidait à Durlach, la ville abritait une petite minorité de catholiques et de calvinistes (5,7 % de la population urbaine en 1700-1710) ; abandonnée par la Cour, et n'évoluant plus qu'en fonction de sa dynamique interne, Durlach n'allait cesser tout au long du siècle de renforcer son homogénéité religieuse, faisant reculer de plus des deux tiers la minorité pourtant déjà restreinte des non-luthériens (1.7 % de la population urbaine en 1790-1800). O. K. Roller, Die Einwohnerschaft der Stadt Durlach, p. 226.

52. Les calculs qui suivent ont été effectués à partir des données du dictionnaire des villes allemandes publié sous la direction de E. Keyser et H. Stoob, Bayerisches Stâdtebuch, t. I, Stuttgart, 1971 et s'appuient avant tout sur les résultats du recensement effectué par l'administration bavaroise en 1811-1812.

53. Le fait que dans plusieurs légendes de récits populaires tournant autour du thème de la profanation d'hosties ou du bris d'une statue de la Vierge, le personnage du pasteur protestant ait remplacé à la suite de la séparation confessionnelle le personnage du juif, confirme cette interprétation. Cf. L. Veit et L. Lenhart, Kirche und Volksfrommigkeit im Zeitalter des Barock, Fribourg/Br., 1956, p. 61.

54. Mme De Staël, De l'Allemagne, Paris, 1814 (2e éd.), 4e partie, La religion et l'enthousiasme, chapitre iv, Du catholicisme, tome III, p. 296.