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Des Chinois et des Hu. Migrations et intégration des Iraniens orientaux en milieu chinois durant le haut Moyen Âge

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Étienne de La Vaissière
Affiliation:
EPHE
Éric Trombert
Affiliation:
CNRS

Résumé

Durant le haut Moyen Âge, l’Asie centrale orientale et la Chine du Nord ont été le théâtre d’expériences sociales et de brassages culturels tout à fait particuliers engendrés par des phénomènes migratoires complexes affectant des populations iraniennes surtout sogdiennes, mais pas uniquement. De ces milieux mixtes, créoles, qui se développèrent au confluent des influences sogdiennes, chinoises et turques, et que les anciens Chinois nommaient Hu, ou plus justement Za Hu, «Hu mélangés», l’histoire n’avait jusqu’à présent retenu que l’image d’un simple agrégat de familles de marchands spécialisés dans le grand commerce. Or il apparaît désormais que ces Za Hu formaient, sous les dynasties du Nord et du Sud, des communautés structurées et hiérarchisées, jusque dans les métropoles de Chine intérieure, très diverses sur le plan social et ethnique, puis sous les Tang des milieux mieux intégrés et acculturés, mais pas moins influents. Prenant ainsi les Hu en tant que groupe social particulier, le présent article tente de décrire l’évolution des structures communautaires, les liens de solidarité, les trajectoires d’ascension sociale et les phénomènes d’acculturation qui les touchent en milieu chinois.

Abstract

Abstract

During the Early Middle Ages, Iranians, mainly Sogdians, but not exclusively, were engaged in a complex process of migrations which generated distinctive social experiments and mixing of cultures in Northern China and in the Eastern part of Central Asia. For a long time, this mixed, composite milieu – called Hu or more rightly za Hu (“mixed Hu”) in the ancient Chinese texts – which arose at the junction between the Sogdian, Chinese and Turkish influences, was seen by historians as a mere aggregate of families of great traders. But, since numerous new documents on the Iranians in China are now available, it can be no longer doubted that these Za Hu formed highly structured and hierarchical communities under the Northern Dynasties, and became a more integrated, acculturated, but by no mean less influential milieu during the Tang Dynasty. Examining the existence of this Hu milieu as a structured social entity in China, this paper tries to analyse the organization of the communities, their links with the Chinese power and with some already heavily sinicized Sogdians, the marriage patterns, the processes of climbing up the social ladder, and the phenomenons of acculturation in the frame of Chinese society.

Type
Une triangulation culturelle
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2004

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References

1 - Abréviations utilisées pour les sources manuscrites :P. : manuscrit du fonds Pelliot chinois de la Bibliothèque nationale de France [BNF],Paris ;S. : manuscrit du fonds Stein de la British Library, Londres ;TCW : GUOJIAWENWU JU et alii, Tulufan chutu wenshu, Pékin, Wenwu chubanshe, 1981-1991, 10 vols et 1 vol. d’index, 1996 ;THTD-2 : YAMAMOTO TATSURŌ et DOHI YOSHIKAZU, Tunhuang and Turfan documentsconcerning social and economic history, II, Census registers, A&B.,vols, Tôkyô, The TōyōBunkō, 1984-1985 ;THTD-3 : YAMAMOTO TATSURŌ et IKEDA ON, Tunhuang and Turfan documents concerningsocial and economic history, III, Contracts, A.&B., 2 vols, Tôkyô, The Tōyō Bunkō,1986-1987 ;KDSC : IKEDA ON, Chūgoku Kodai sekichō kenkyū, Tôkyô, Tōkyō daigaku shuppankai,1979.

2 - Notamment un paquet postal formé de cinq lettres en sogdien retrouvé non loin deDunhuang, les Anciennes lettres, écrites par des marchands du corridor du Gansu en 313,et un contrat de vente d’esclave de Turfan du VIIe siècle.

3 - Entre 1959 et 1975, 456 tombes ont été fouillées dont 118 livrèrent 27 000 fragmentspermettant de reconstituer 1 600 textes en chinois, pour moitié des documents adminis-tratifs, pour moitié des documents privés. Ils datent de la période 273-640 pour un tiersd’entre eux, et de 640 à 778 pour les autres.

4 - Voir, pour tous les aspects commerciaux dont nous ne traiterons que brièvement ici, La Vaissière, Étienne De, Histoire des marchands sogdiens, Paris, Collège de France etInstitut des hautes études chinoises, « Bibliothèque de l’IHEC-XXXII», 2002, nouvelleéditition augmentée, 2004.Google Scholar

5 - Han shu96 A, p. 3886, traduit par A. F. P. Hulsewé, China in Central Asia: the earlystage: 125 B.-A. D. 23. An annnotated translation of chapters 61 and 96 of the history of theformer Han dynasty, with an introduction by M. A. N. Loewe, Leyde, E. J. Brill, 1979, p. 109.Les références aux histoires dynastiques données dans cet article correspondent à l’édi-tion Zhonghua shuju, Pékin, 1972 sqq.

6 - Voir NICHOLAS SIMS-WILLIAMS, «The Sogdian merchants in China and India», in Cadonna, A. et Lanciotti, L. (éds), Cina e Iran da Alessandro Magno alla dinastia Tang,Florence, Leo S. Olschki, 1996, pp. 45-67, ici pp. 4849.Google Scholar

7 - Grenet, Frantz, Sims-Williams, Nicholas et Vaissière, Étienne De La, «TheSogdian ancient letter V», Bulletin of the Asia Institute. Alexander's legacy in the East: studiesin honor of Paul Bernard, 12, 2001, pp. 91104.Google Scholar

8 - Les passages sont traduits par Henning, Walter B., «The date of the Sogdianancient letters», Bulletin of the school of Oriental and African studies, XII-3/4, 1948, p. 612,no 5, p. 607, no 2, et p. 615, no 2 :Google Scholar « Je devrais apprendre comment être poli avec lesChinois» (ligne 20) ; « Farnxund a disparu : les Chinois l’ont cherché mais ne l’ont pastrouvé» (ligne 33) ; « À cause des dettes [ou : de la culpabilité] de Farnxund, noussommes devenus des servantes de Chinois, moi et ma mère» (ligne 35).

9 - Wei shu, chap. 102, p. 2270, traduit par Kazuo, Enoki, « Sogdiana and the Hsiung-nu», Central Asiatic journal, I, 1, 1955:Google Scholar «Le pays de Sute [Sogdiane] est situé àl’est des Pamirs. […] Les marchands de ce pays avaient l’habitude de venir en grandnombre sur la terre de Liang [le Gansu] pour commercer. Quand Wuwei futconquise, tous furent capturés» (p. 44).

10 - Onze fragments provenant des chaussures en papier de la défunte occupant la tombe514 d’Astana (TAM 514, 2/1-11), édité dans TCW, vol. III, pp. 318-325.

11 - TAM 35, 21, édité dans THTD-3, vol. A, p. 13.

12 - Voir Gernet, Jacques, «La vente en Chine d’après les contrats de Touen-Houang(IXe-Xe siècles)», T’oung Pao, 45, 1957, pp. 357-360, et THTD-3, vol. A, no 33, p. 207 etpl. 27.CrossRefGoogle Scholar

13 - TAM 509, 8-12-2, édité dans THTD-3, vol. A, p. 13.

14 - P. 4979 v° 1, édité dans Geng’ou, Tang et Hongji, Lu (éds), Dunhuang shehui jingjiwenxian zhenji shilu, Pékin, Shumu wenxian chubanshe, 1990, vol. 3, p. 626.Google Scholar

15 - Manuscrit S. 613, registre de population du département de Gua , proche deDunhuang ; reproduit et édité dans KDSC, pp. 149-165. Pour la période antérieureaux Tang, on ne connaît, en dehors de S. 613, qu’un seul autre registre, lui aussi trèsfragmentaire, S. 113 r°, daté de 416 (ibid., pp. 146-148).

16 - C’est ce que montre la reconstitution partielle du cadastre proposée par Ikeda Onà partir des différents fragments (voir ses plans dans KDSC, pp. 45-46).

17 - Ce registre est composé de plusieurs fragments appartenant au fonds Pelliot de laBNF. Nous nous appuyons ici sur l’étude pionnière qu’en a faite IKEDA ON, «Hachiseiki chūyō ni okeru Tonkō no Sogudojin shūraku», Yūrashia bunka kenkyū, 1, 1965,pp. 49-92.

18 - Le relais de la cité préfectorale, Zhoucheng yi , était situé à 200 pas à l’estde l’enceinte du chef-lieu, d’après la monographie locale sur P. 2005 : voir TANGGENG’OU et LU HONGJI (éds), Dunhuang shehui…, vol. 1, op. cit., pp. 2-23, ici p. 8.

19 - C’est du moins l’impression que donne l’examen des chiffres contenus dans unrapport comptable du grenier de la commanderie de Dunhuang, daté de 750, sur P. 2803(édité dans KDSC, pp. 472-477).

20 - Constitué de vingt-neuf fragments (TAM 42, p. 54 sq., édité dans TCW, vol. VI,pp. 243-269), étudiés et remis en ordre par IKEDA ON, «Chu Tang Xizhou Gaochangxian shoutian bu kao», in Wong, J. et Kin-Ming, Lau (éds), Sui Tang shi lunji, Hong-Kong, The University of Hong-Kong Press, 1993, pp. 178197.Google Scholar

21 - TAM 35, pp. 47-58 (édité dans TCW, vol. VII, pp. 468-485). La proportion deSogdiens peu sinisés n’est pas égale dans toutes les subdivisions (li ) du canton ; elleest écrasante sur un long fragment concernant avec certitude le lide Anle , et surun autre. Mais il est vrai que d’autres petits fragments font apparaître une majorité deChinois Han : on ignore à quel liils se rattachent, ce qui pourrait remettre en cause lesconclusions statistiques.

22 - TAM 42, p. 54 sq. (voir supra, n. 20).

23 - Le beau lopin qu’il avait reçu vers 668 était situé dans le canton de Jiuquan ,à l’opposé de celui de Chonghua par rapport à la ville de Gaochang. Cela n’est pascontradictoire avec son recensement postérieur dans le canton de Chonghua, car lesterres distribuées étaient souvent très éloignées du domicile.

24 - Cela est vérifiable avec une sûreté absolue grâce aux nombreux registres de popula-tion conservés, celui de Chonghua et bien d’autres ; voir notamment la collection éditéedans THTD-2.

25 - Édité dans TCW, vol. VI, pp. 243-269 ; étude et remise en ordre des fragments dansIKEDA ON, «Chu Tang Xizhou…», art. cit., pp. 178-197.

26 - Il est vrai que ses lopins étaient littéralement disséminés aux quatre coins du districtde Gaochang, mais c’était alors chose courante. Parmi les autres exploitations dont letenancier est identifiable, celles de deux autres Sogdiens, Shi Aboren et AnLiu [-] [-], sont également très convenables.

27 - Après les longues marches, la peau des coussinets de leurs pieds est fendue et ilfaut l’agrafer.

28 - Boqin, Jiang, Dunhuang Tulufan wenshu yu sichou zhi lu(Documents de Dunhuanget Turfan à propos de la Route de la soie), Pékin, Wenwu chubanshe, 1994, chap. 5,pp. 150263.Google Scholar

29 - La biographie de He Tuo figure dans le Bei shi(chap. 82, pp. 2753-2759) et dans leSui shu(chap. 75, pp. 1709-1715), celle de He Chou dans le Sui shu, chap. 68, pp. 1596-1598. Des informations complémentaires sont données dans le Zizhi tongjian(chap. 178-181, notamment pp. 5406, 5552, 5558 et 5623) et dans le Tongzhi(chap. 174, pp. 2801-2802).

30 - Soulignons ici le rôle stratégique du Sichuan occidental qui permettait de relier lavallée du fleuve Bleu et les pays d’Occident en évitant la Chine du Nord. On remarqueà ce propos que ce Hu s’installa d’abord à Pixian, qui est la première étape sur laroute reliant Chengdu à la branche méridionale de la route de la soie. Sur la carrière deson protecteur, le prince de Wuling , assassiné en 552, voir le Liang shu, chap. 55,pp. 825-828. Sur l’utilisation de fils d’or, spécialité du Da Qin (l’Orient romain),voir le Hou Han shu(chap. 88, p. 2919) et le Sanguo zhi(chap. 30, p. 861).

31 - Sans avoir reçu de formation littéraire, il avait acquis de vastes connaissances surles « choses anciennes» ainsi que sur les « anciens tu ». Le chinois regroupe sous cemot tout ce qui est plans, cartes et dessins, par opposition aux textes, wen , cesderniers constituant bien évidemment la partie noble de la culture (wenhua ).

32 - Le verre était connu dans la Chine ancienne comme une spécialité de l’Orientromain. Ce sont des Tokhariens qui en réintroduisent la technique en Chine (Bei shi,chap. 97, p. 2275).

33 - Voir É. Vaissière, De La, Histoire des marchands sogdiens…, op. cit., pp. 196221.Google Scholar

34 - Pulleyblank, Edwin G., « A Sogdian Colony in Inner Mongolia», T’oung Pao, XLI,1952, pp. 317356.CrossRefGoogle Scholar

35 - Shennu se laisse interpréter comme une traduction (et non une transcription) duprénom sogdien fort commun de Vaghvandé, « serviteur de Dieu».

36 - SERGEI G. KLJAŠTORNYJ, Drevnetjurskie runičeskie pamjatniki kak istočnik po istoriiSrednej Azii(Les inscriptions runiques en ancien turc comme sources pour l’histoire del’Asie centrale), Moscou, Nauka, 1964, pp. 78-101, analyse longuement la significationde l’expression dans les inscriptions du second empire turc et conclut à l’identité entreces čubet les départements (zhou ) chinois.

37 - DENIS TWITCHETT, «T’ang Market System», Asia major, XII, 2, 1967, pp. 202-248,ici p. 223.

38 - Pulleyblank, Edwin G., The background of the rebellion of An Lu-shan, Oxford, Oxford University Press, 1955, p. 80 et n. 26, p. 159 :Google Scholar voir le Jiu Tang shu, chap. 185, p. 4814.

39 - Texte cité dans Rong|Xinjiang, «The migrations and settlements of the Sogdiansin the Northern dynasties, Sui and Tang», China archaeology and art digest, IV, 1, 2000,p. 134.Google Scholar Il s’agit d’un passage du commentaire du Sanguo zhipar Pei Songzhi en 429(texte chinois dans le Sanguo zhi, chap. 4, p. 895).

40 -yps’r, lettre III, l. 8 et 12, et β’zkr’m, lettre I l. 4. ‘yps’rest cependant attesté commenom propre parmi les graffitis sogdiens du Haut-Indus (NICHOLAS SIMS-WILLIAMS, Sog-dian and other Iranian inscriptions of the upper Indus, II, Londres, SOAS, «Corpus Inscrip-tionum Iranicarum-II/III», 1992, p. 45). Pour β’zkr’m, le parallèle du document du montMugh A13, l. 1, un commandement à payer envoyé de la part du β’zkr’mde Pendjikent,semble assurer le sens : voir FRANTZ GRENET et ÉTIENNE DE LA VAISSIÈRE, «The lastdays of Panjikent», Silk road art and archaeology, 8, 2002, pp. 155-196, ici p. 187, n. 33.Par ailleurs, la lettre V est envoyée «Au divin seigneur, le maître de caravanes (s’rtp’w)Espandhāt» : nous reviendrons plus loin sur le terme de s’rtp’w sartapao.

41 - C’est au nom du n’βde Penjikent qu’est envoyé le commandement à payer citéplus haut. C’est au nom du n’βque certaines monnaies sont frappées au Tchātch.

42 - On connaît désormais une dizaine de tombes ou lits funéraires sogdiens du VIe siècleretrouvés en Chine. Voir, pour cinq d’entre eux, BORIS MARSHAK, «La thématiquesogdienne dans l’art de la Chine de la seconde moitié du VIe siècle», Comptes rendus del’Académie des inscriptions et belles-lettres, séances de l’année 2001, Paris, 2002, pp. 227-264, et, pour deux autres, MARTHA CARTER, «Notes on two Chinese stone funerarybed bases with Zoroastrian symbolism», inP. HUYSE (éd.), Iran. Questions et connaissances, vol. 1, La période ancienne, Paris, Association pour l’avancement des études iraniennes,«Cahier de Studia iranica-25», 2002, pp. 263-287. La découverte la plus spectaculaireest aussi la plus récente : YANG JUNKAI et SUN FUXI, à paraître dans Dela Vaissière, Étienne et Trombert, Éric (éds), Les Sogdiens en Chine, Paris, EFEO, «Étudesthématiques-13», 2005.Google Scholar

43 - Sui shu, chap. 27, p. 756.

44 - Ibid., chap. 28, pp. 790-791.

45 - Leçon corrigée d’après le Jiu Tang shu(chap. 42, p. 1803), qui est fautif pourd’autres titres.

46 - Tongdian, Changsha, Yuelu shushe, 1995, chap. 40, pp. 573 et 575 ; voir aussi, moinscomplet, le Jiu Tang shu, chap. 42, p. 1803. Le Xin Tang shu(chap. 75 A, p. 3306) seborne à noter incidemment, à propos d’un personnage qui vivait au milieu du VIIe siècle,l’existence du titre de sabao guoyi (officier intrépide du sabao), équivalantpeut-être au shuaidu Tongdian.

47 - RONG XINJIANG, «The migrations and settlements…», art. cit., p. 149.

48 - TAM 524, 32/1-1 et 2, 32/2-1 et 2, édité dans TCW, vol. II, pp. 40-47, étudiépar ZHANG GUANGDA, « Iranian religious evidence in Turfan Chinese texts», Chinaarchaeology and art digest, IV-1, 2000, pp. 193-206, ici p. 195.

49 - TAM 331 : 12/1 à 8, édité dans TCW, vol. III, pp. 110-115.

50 - La stèle funéraire de An Wantong , dont un ancêtre aurait été mohe sabao au temps de Taizu (r. 386-408), est signalée par ANTONINO FORTE,The hostage An Shigao and his offspring. An Iranian family in China, Kyoto, Italian Schoolof East Asian Studies, «Occasional Papers-6», 1995, p. 11 ; et le traité de généalogiesYuanhe xingzuan: An Nantuo , sabaode Wuwei au début du VIe siècle, ibid.

51 - «Documents sur la Chine et sur l’Inde», in Voyageurs arabes, trad. par Paule Charles-Dominique, Paris, Gallimard/NRF, 1995, p. 7.

52 - Dans les textes bouddhiques, le sens de saboest éclairé par le contexte, mais aussipar les variantes utilisées par certains traducteurs : shangzhu , ou guke zhu (chef des marchands). Voir Dien, Albert, «The sa-paoproblem re-examined», Journalof the American Oriental society, 82, 3, 1962, p. 336, n. 5, et p. 343, n. 66.Google Scholar

53 - Il est passé d’ailleurs du bouddhisme au manichéisme, où il est appliqué à Mani,avec le même sens.

54 - Voir N. SIMS-WILLIAMS, «The Sogdian merchants…», art. cit., pp. 48-49.

55 - Jacquesduchesne-Guillemin, ,La religion de l’Iran ancien, Paris, PUF, 1962, pp. 7176. Nous devons cette référence à Frantz Grenet.Google Scholar

56 - Ce fut notamment le cas dès la réunification de l’empire. Yangdi des Sui (r. 604-617) adopta une politique nettement favorable aux étrangers.

57 - TAM 31, 14, édité dans TCW, vol. III, pp. 119-120.

58 - La plupart sont des Cao ; on note quelques He, Kang et An, et un Mu , peut-être de Merv. Ils ne sont pas classés par nom.

59 - Voir, pour Ak-Bešim, GRIGORI L. SEMËNOV et KADICHA TAŠBAEVA, «Raskopki v Ak-Bešime v 1996 gody» (Fouilles d’Ak-Bešim en 1996), Otčetnaja Arxeologičeskaja Sessija za1996 god, Saint-Pétersbourg, Musée de l’Ermitage, 1997, pp. 48-51, et, pour KrasnajaRečka, Krasnaja Rečka i Burana, Frunzé, 1989, pp. 71-72.

60 - KARLM. BAJPAKOV, Srednevekovaja gorodskaja kul’tura Južnogo Kazaxstana i Semireč’ja(VI-načalo XIII v.)(La culture urbaine médiévale du Kazakhstan méridional et du Sem-ireč’e, VIe-début du XIIIe siècle), Alma-Ata, 1986, pp. 7-12.

61 - K. M. BAJPAKOV, Srednevekovaja…, op. cit., pp. 32-34.

62 - Un essai de reconstitution des motifs économiques à l’origine de leur implantationdans É. DE LA VAISSIÈRE, Histoire des marchands…, op. cit., p. 65 sq.

63 - Malgré N. SIMS-WILLIAMS, «The Sogdian merchants…», art. cit.

64 - Bien des sabaon’étant que de simples chefs de canton, on comprend pourquoiles descendants de ceux qui avaient eu la charge de communautés plus importanteséprouvèrent le besoin de les distinguer en ajoutant à leur titre le qualificatif de « grand»(da ), et même, sans craindre la redondance, de doubler ce qualificatif de son équiva-lent sanskrit maha(mohe en chinois). Voir le titre de mohe da sabaoporté par Di Suo et celui de Kang Yuanjing dans les épitaphes signalées par ANTONINOFORTE, « Iraniens en Chine. Bouddhisme, mazdéisme et bureaux de commerce», inM. COHEN, J.-P. DRÈGE et J. GIÈS (dir.), La Sérinde, terre d’échanges, Paris, La Documen-tation française, 2000, p. 188.

65 - Sui shu, chap. 28, pp. 790-791 ; Tongdian, chap. 40, pp. 573-575. Autre signe de cetterelative marginalité des sabao: dans les deux listes du Sui shu, ils sont relégués endernière position parmi les fonctionnaires de leur catégorie.

66 - Voir supra, note 46.

67 - Pour les Cinq dynasties, voir Mozhuang manlu(éd. Congshu jicheng, no 2865, chap. 4,p. 37), cité dans LUO FENG, « Sabao: further consideration of the only post for foreignersin the Tang dynasty bureaucracy», China archaeology and art digest, IV, 1, 2000, pp. 173-174. Pour la fin du XIe siècle, voir Guangchuan hua ba, chap. 4, p. 40 de l’édition Congshujicheng jianbian, Taibei, Taiwan Shangwu yinshuguan, 1965.

68 - Différemment, ARAKAWA MASAHARU, «Tōteikoko to Sogudojin no Kōeki Katsudō»(The Tang empire and the Sogdian commercial activities), Tōyōshi kenkyū, 56, 3, 1997,pp. 171-204.

69 - D’après son épitaphe, Sabao était son nom personnel (hui ), son titre étant « grandchef du pays de Mi» (Mi guo da shouling ) ; voir XIANG DA, Tang Chang’anyu xiyu wenming, Pékin, Sanlian shudian, 1957, p. 92.

70 - Édits contre la « religion de Perse» de 745 (Tang huiyao, Pékin, Zhonghua shuju,1955, réimpr. 1998, chap. 49, p. 864, et Tongdian, chap. 40, p. 573), et contre le mani-chéisme de 732 (ibid.).

71 - ARAKAWA MASAHARU, «Hokuchō Zui Tōdai ni okeru “Sappō” no seikaku womegutte» (Sur les caractères « Sabao» sous les dynasties du Nord, les Sui et les Tang),Tōyō shien, 50/51, 1998, pp. 164-186.

72 - Grâce au registre de 751 déjà cité, dont l’étude minutieuse a été réalisée par IKEDAON, «Hachi seiki chūyō…», art. cit., pp. 49-92.

73 - Les données sont rassemblées dans N. SIMS-WILLIAMS, «The Sogdian merchants…»,art. cit.

74 - Par exemple «Ky-twnk de la famille (x’) Tyn» dans le texte cité plus bas.

75 - RONG XINJIANG, Zhonggu Zhongguo yu wailai wenming, Pékin, Sanlian shudian, 2001,pp. 132-135. Par ailleurs, il faut souligner qu’aucun mariage n’est contracté entre despersonnes portant le même nom, ce qui semble suggérer un respect de la règle d’exo-gamie qui régit les mariages chinois. On connaît cependant un contre-exemple : Mi Jifen (714-805), dont les ancêtres étaient du pays de Mi en Occident, marié àune Mi ; voir WU GANG (éd.), Quan Tang wen buyi, Xi’an, Sanqin chubanshe, vol. 3,1996, p. 143.

76 - Feng, Luo, Guyuan nan jiao Sui Tang mudi(Les tombes des dynasties Sui et Tangdans les quartiers sud de Guyuan), Pékin, Wenwu chubanshe, 1996.Google Scholar

77 - NICHOLAS SIMS-WILLIAMS et FRANÇOIS DE BLOIS, «The Bactrian calendar», Bulletinof the Asia Institute, « Studies in honor of Vladimir A. Livshits», 10, 1996, pp. 149-165,ici pp. 152-153 et 165.

78 - Manuscrit Pelliot 3348 V 2 B. Voir ÉRIC TROMBERT, «Textiles et tissus sur la Routede la soie. Éléments pour une géographie de la production et des échanges», inM. COHEN, J.-P. DRÈGE et J. GIÈS (dir.), La Sérinde…, op. cit., pp. 107-120.

79 - Masaharu, Arakawa, «The transit permit system of the Tang empire and thepassage of merchants», Memoirs of the Toyo Bunko, 59, 2001, pp. 121, ici p. 13.Google Scholar

80 - On possède ainsi plusieurs exemples de Hu servant d’envoyés à l’Ouest ou chezles nomades à l’époque Tang, comme durant les dynasties précédentes.

81 - Xinjiang, Rong, Zhonggu Zhongguo…, op. cit., p. 104;Google Scholar stèle éditée dans Shaoliang, Zhou (éd.), Tangdai muzhi huibian, Shanghai, Shanghai guji chubanshe, 1992,2 vols, p. 96.Google Scholar

82 - Voir la biographie de Pei Ji dans le Xin Tang shu, chap. 88, pp. 3736-3740.

83 - Shaoliang, Zhou (éd.), Tangdai muzhi huibian…, op. cit., pp. 571572.Google Scholar

84 - En particulier le lit funéraire sogdien d’Anyang, aujourd’hui partagé entre Paris,Cologne, Boston et Washington.

85 - ROBERT DES ROTOURS (éd. et trad. par), Histoire de Ngan Lou-chan (Ngan Lou-chanche tsi), Paris, PUF, «Bibliothèque de l’Institut des hautes études chinoises-XVIII»,1962, pp. 108-109, traduction légèrement modifiée.

86 - RONG XINJIANG, «The migrations and settlements…», art. cit., p. 150.

87 - L’identification du nom mystérieux de Zhaowu, donné par les Chinois aux princessogdiens, restée longtemps non élucidée, est due à OLGA SMIRNOVA, Očerki č iz istoriiSogda(Recherches d’histoire sogdienne), Moscou, Nauka, 1970, pp. 24-38, qui a fait lerapprochement avec un texte arabe du Xe siècle donnant explicitement le titre de Jamūkaux nobles sogdiens, et le traduisait par Joyau (voir RICHARD N. FRYE, « Jamūk, Sogdian“Pearl” ?», Journal of the American oriental society, 71, 1951, pp. 142-145). Voir maintenant Yoshida, Yutaka, «On the origin of the Sogdian surname Zhaowu and relatedproblems», Journal asiatique, 291, 2003, pp. 3567.CrossRefGoogle Scholar

88 - Rotours, R. Des, Histoire de Ngan Lou Chan…, op. cit., p. 120.Google Scholar

89 - JONATHAN K. SKAFF, « Barbarians at the Gates? The Tang frontier military and theAn Lushan rebellion», War and society, 18-2, 2000, pp. 23-35.

90 - Rotours, R. Des, Histoire de Ngan Lou Chan…, op. cit., p. 346.Google Scholar Jie hu est une denomination archaisante sous les Tang pour Hu. An Lushan, dont on sait avec certitude qu’il etait Sogdien, est lui aussi dit Jie hu (ibid., p. 254).

91 - Peut-etre faut-il voir un cas parallele dans la personne de Li Huaixian , «un Hu de Liucheng », qui porte pourtant un nom chinois. Militaire, il suit An Lushan et Shi Siming dans la revolte, puis passe aux imperiaux, est nomme dudude Youzhou ; trop independant, il est assassine en 768. Il etait marie a une Chinoise (Xu). Sans cette mention : « Un Hu de Liucheng », le fait qu’il ne soit pas Chinois nous echapperait totalement.

92 - Yan Lu gong ji, Shanghai, Shanghai guji chubanshe, 1992, chap. 7, pp. 48-49 ; citéepar RONG XINJIANG, Zhonggu Zhongguo…, op. cit., p. 62.

93 - Stèle reprise dans Kaogu, 8, 1984, pp. 721-725 et 729.

94 - LU ZHAOYIN, «He Wenzhe muzhi kaoshi», Kaogu, 9, 1986, pp. 841-848.

95 - Hamilton, James,Manuscrits ouïgours du IXe-Xe siècle de Touen-Honang, Paris, Peeters,1986, vol. 1, pp. 126127.Google Scholar

96 - Sur le maintien de la religion traditionnelle des Sogdiens, voir Grenet, Frantz et Guangda, Zhang, «The last refuge of the Sogdian religion: Dunhuang in the ninth andtenth centuries», Bulletin of the Asia Institute, 10, 1996, pp. 175186.Google Scholar

97 - S. 542v. 8, édité et étudié dans Boqin, Jiang, Tang Wudai Dunhuang sihu zhidu, Pékin,Zhonghua shuju, 1987, pp. 2534.Google Scholar

98 - P. 3952, traduit dans Gernet, Jacques, Les aspects économiques du bouddhisme dans lasociété chinoise du Ve au Xe siècle, Paris, École française d’Extrême-Orient, 1956, pp. 5354.Google ScholarSur les signes d’affaiblissement du canton de Conghua, voir IKEDA ON, «Hachi seiki…»,art. cit.

99 - C’est ce que tend à démontrer un registre complémentaire (S. 542v. 7, édité etétudié dans JIANG BOQIN, Tang Wudai…, op. cit., pp. 59-64) concernant les femmes dessihu.

100 - S. 2894v. 2, édité dans Xinjiang, Rong, Zhonggu Zhongguo…, op. cit., pp. 270271.Google Scholar

101 - En 914, la famille Cao s’impose à Dunhuang. Or les antécédents chinois qu’elleaffiche, et qui la rattachent au fort ancien et célèbre clan de l’empereur Cao Cao(155-220), sont certainement faux, car ces Cao sont inconnus des nombreux documentsantérieurs à 914 qui permettent de bien connaître les grandes familles chinoises dela ville. On a supposé (Xinjiang, Rong, Zhonggu Zhongguo…, op. cit., pp. 258274)Google Scholar qu’ilpouvait s’agir d’une famille sogdienne, mais aucun autre indice ne permet de l’affirmer,car ce pourrait être aussi une famille chinoise sans ascendance prestigieuse, raisonne-ment qui peut aussi s’appliquer au directeur de la communauté Cao.

102 - P. 3547r. Cité dans RONG XINJIANG, Zhonggu Zhongguo…, op. cit., p. 264.

103 - Maljavkin, Anatolij G., Ujgurskie gosudarstva v IX-XII vv(Les États ouïgours du IXe au XIIe siècle), Novosibirsk, Nauka, 1983, p. 240 sq.Google Scholar

104 - Ainsi ce Chinois au service de Khotan envoyé en mission à Dunhuang et qui offre,entre 967 et 977, un sūtra en khotanais dont le colophon est signé en sogdien. Voir Bailey, Harold W., «The colophon of the Jâtaka-stava», Journal of the greater Indiasociety, 1944, XI, 1, pp. 10-12.Google Scholar

105 - Sims-Williams, Nicholas et Hamilton, James, Documents turco-sogdiens du IXe-Xe siècle de Touen-houang, Londres, SOAS, «Corpus Inscriptionum Iranicarum-II/III»,1990, p. 63 sq.Google Scholar

106 - P. 4640v., édité dans KDSC, pp. 605-611.

107 - Sims-Williams, N. et Hamilton, J., Documents turco-sogdiens…, op. cit., p. 23 sq.Google Scholar