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La marche du choléra en France: 1832 et 1854

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Patrice Bourdelais
Affiliation:
Paris-IX
Jean-Yves Raulot
Affiliation:
Paris-I
Michel Demonet
Affiliation:
Centre de recherches historiques

Extract

Alexandre Moreau de Jonnes attribuait au choléra, qui existait seulement sur quelques points du Bengale en 1817, 50 millions de victimes en l'espace de 14 ans. Jusqu'en mai 1831, l'épidémie s'était déclarée plus de 650 fois, selon le London and Paris Observer, tant en Asie qu'en Europe, détruisant plus du tiers de la population dans les villes arabes envahies, et seulement le vingtième en Russie. Terrible fléau originaire d'Asie, surgi du fond des temps, d'une puissance émotionnelle et suggestive telle qu'il a inspiré médecins, fonctionnaires, romanciers, caricaturistes. En se limitant à la France, tout département concerné, toute localité menacée suscitèrent études, recherches et brochures, gigantesque bibliographie dans la veine des travaux du XIXe siècle ; la quantification, avec ses tentatives parfois maladroites, fut appelée régulièrement à la rescousse. Quelques ouvrages et articles fort intéressants sur les épidémies de choléra à Paris, Marseille, Aix-en-Provence, en Seine-et-Oise… ont paru au cours de ces dernières années.

Summary

Summary

By mapping the evidence of excess mortality month by month for these two cholera epidemics, which were the most deadly and most typical of their kind, the authors are able to provide a kinetic description of the propagation of the Asian disease throughout the whole of France. In the first epidemic, the contagion hardly went beyond the outer perimeter of the Paris Basin, where from April to November the departments most seriously affected suffered twice the number of deaths as in the preceding years. On the other hand, in 1854, the epidemic which raged in the Northeastern quarter of France also became rampant in the South, in areas bordering on the Mediterranean. Moreover, in these two centers, the virulence of the disease was such that the number of burials quadrupled during eight months in the departments of Ariège and Haute-Marne.

Traditionally it has been assumed that hydric anademia explains, for the most part, the paths taken by the disease and its varing intensity, but recent epidemiological research demonstrates the importance of direct interhuman contamination. Consequently, beyond those vectors which have often been involved in epidemics, that is to say soldiers and migrants, we should also consider, in France in the first half of the nineteenth century, the evolution in the structure and volume of commercial exchanges. The increase in the circulation of men and goods may account for the fact that new areas of propagation of the disease appeared in 1854, pointing to an increase in mobility and the opening up of entire regions to trade.

Type
Démographie et Société
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1978

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References

Notes

1. Observations recueillies par The London and Paris Observer et la Gazette médicale de Paris, en 1832.

2. Nous n'en citerons que quelques-uns : Chevalier, L., Le Choléra, la première épidémie du XIXe siècle. Bibliothèque de la Révolution de 1848, La Roche-sur-Yon, 1958 Google Scholar. Rollet, C. et Souriac, A., «Le Choléra de 1832 en Seine-et-Oise», Annales E.S.C., n° 4, 1974 Google Scholar. Panzac, D., « Aix-en-Provence et le choléra de 1835», Annales du Midi, n° 119, 1974 Google Scholar.

3. Relire à ce sujet : Le Roy Ladurie, E., « L'Historien et l'ordinateur » dans Territoire de l'historien, Paris, Gallimard, 1973 Google Scholar.

4. Les auteurs préparent des thèses sur les épidémies de choléra dans la France du XIXe siècle, dans lesquelles tous les aspects écartés dans le présent article figureront en bonne place.

5. A.N. F20 4406 7.

6. Calcul de l'indice départemental mensuel de surmortalité:

Afin d'éliminer la composante saisonnière, il est indispensable d'estimer une surmortalité par rapport aux mêmes mois des années précédentes. Dès lors, on pourra aussi comparer les départements malgré la variété de leurs mouvements mensuels.

7. Ajoutons qu'il fallait au moins deux années de référence. Ici, il était difficile d'en choisir un nombre supérieur à cause des lacunes du document et des conséquences de l'épidémie de 1849. Par ailleurs la mortalité des derniers mois de 1853, dans plusieurs départements, est déjà influencée par un premier accès de choléra ; aussi a-t-on écarté l'année entière.

8. A.D. des Deux-Sèvres, 6 M 12/3a.

9. Gazette médicale de Paris, n° 40, 7 octobre 1854.

10. D'après les effectifs de décès cholériques publiés dans Documents statistiques et administratifs concernant l'épidémie de choléra de 1854, Paris, 1862.

11. Frayssinet, M. Delpech De, Mémoire sur le choléra-morbus, pour servir à l'histoire de l'invasion de cette maladie sur le territoire français, Lyon, 1833 Google Scholar.

12. A.D. de la Meuse 277 M 4.

13. Gazette médicale de Paris, n° 13, 31 mars 1832.

14. En avril et en mai, le Doubs, l'Isère et quelques départements du Centre subissent une mortalité non cholérique.

15. Les Hautes-Pyrénées et le Tarn-et-Garonne paient leur tribut à une épidémie étrangère au choléra.

16. La France fut victime d'une première vague de la pandémie en 1849. En outre, plusieurs départements méridionaux avaient été visités par la fin de la deuxième pandémie en 1834-1835.

17. Gazette médicale de Paris, n° 53, décembre 1853.

18. La mortalité de la Sarthe est simplement dysentérique.

19. Benzecri, J.-P. et coll., L'Analyse des données, t. 2, L'Analyse des correspondances, Paris, Dunod, 1973 Google Scholar. Signalons que sur l'analyse factorielle le numéro 54 représente le département de la Meurthe, et non comme aujourd'hui celui de la Meurthe-et-Moselle. Moyenne des décès survenus d'avril à novembre

20.

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22. A. Dodin et H. Félix, « Du rôle de la sueur dans l'épidémiologie du choléra en pays sec », Bulletin de l'Académie de médecine, 1972. Nous remercions M. le Professeur A. Dodin de ses travaux bactériologiques et épidémiologiques qui ont guidé notre recherche.

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24. A.D. de la Meuse, 277 M 4.

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26. A.N. F7 9731A

27. A.N. F7 9732, 34, 35A

28. A.N. F7 9731B

29. M. Chevalier, La vie humaine dans les Pyrénées ariégeoises, 1956, p. 678.

30. «Le réseau routier et ses transformations” (carte 121), Atlas historique de la France contemporaine, Paris, 1966.

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