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Mémoire, histoire et fiction dans la littérature johannique

Published online by Cambridge University Press:  22 February 2019

Jean Zumstein*
Affiliation:
Universität Zürich, Theologische Fakultät, Kirchgasse 9, 8001 Zürich, Switzerland. Email: jean.zumstein@theol.uzh.ch

Abstract

This article explores the relationships between memory, history and fiction in the Fourth Gospel. The first section is dedicated to the Johannine conception of the memory, taking into consideration recent research in the theory of social memory. The epilogue of the Gospel (John 21) considered as a paratext and the function attributed to the beloved disciple make it possible to specify the characteristics of this memory. The second section deals with the problem of the relationship between history and fiction in the context of ancient historiography. This includes observing how Johannine historiography follows the rules of ancient historiography, how it goes beyond them in its conception of space, time and characters, and how it offers a complete recomposition of the life of Jesus.

French abstract: Cet article explore les relations entre mémoire, histoire et fiction dans le quatrième évangile. La première partie est consacrée à la conception johannique de la mémoire en tenant compte de la recherche récente sur la théorie sociale de la mémoire (« theory of social memory »). L’épilogue de l’évangile (chap. 21), considéré comme paratexte, et la fonction dévolue au disciple bien-aimé permettent de préciser les traits caractéristiques de cette mémoire. La deuxième partie aborde le problème de la relation entre histoire et fiction dans le contexte de l'historiographie antique. Il convient notamment de déterminer comment l'historiographie telle qu'elle est pratiquée par Jean, se plie aux conventions de ce genre et en quoi elle les dépasse. A cet égard, l'examen de la représentation de l'espace, du temps et des personnages, mais aussi la recomposition complète de la vie de Jésus, est riche de sens.

Type
Articles
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Footnotes

Presidential Address de la 73ème SNTS General Meeting à Athènes, prononcée le 8 août 2018.

References

1 Zumstein, J., « La référence au Jésus terrestre dans l’évangile selon Jean », Jésus de Nazareth. Nouvelles approches d'une énigme (Marguerat, éd. D., Norelli, E. et Poffet, J. M. ; MoBi 38 ; Genève : Labor et Fides, 1998) 459–74Google Scholar (= id., « Der irdische Jesus im Johannesevangelium », id., Kreative Erinnerung : Relecture und Auslegung im Johannesevangelium (AThANT 84; Zürich : TVZ, 20042) 65–81).

2 Cf. Thatcher, A. Kirk et T., éds., Memory, Tradition and Text: Uses of the Past in Early Christianity (SBL.SS 52 ; Leiden/Boston : Brill, 2005)Google Scholar; Keith, C., « Social Memory Theory and Gospel Research : The First Decade (Part One) », EC 6 (2015) 354–76CrossRefGoogle Scholar; id., « Social Memory Theory: The First Decade (Part Two) », EC 6 (2015) 517–42.

3 Cf. Genette, G., Palimpsestes. La littérature au second degré (Collection Poétique ; Paris : Seuil, 1982) 231Google Scholar ; Robert, P., Le Petit Robert i (rédaction dirigée par Rey, A. et Rey-Debove, J. ; Paris : Dictionnaire Le Robert, 1984) 672Google Scholar : « Epilogue : chapitre, scène exposant des faits postérieurs à l'action et destiné à en compléter le sens, la portée » ; Hooker, M. D., « Beginnings and Endings », The Written Gospels (éd. M. Bockmuehl/Donald A. Hagner ; Cambridge : Cambridge University Press, 2005) 184202CrossRefGoogle Scholar.

4 Zumstein, J., « La rédaction finale de l’évangile selon Jean (à l'exemple du chapitre 21) », id., Miettes exégétiques (MoBi 25 ; Genève : Labor et Fides, 1991) 253–70Google Scholar, (= id., « Die Endredaktion des Johannesevangeliums [am Beispiel von Kapitel 21] », Kreative Erinnerung, 291–315). Voir aussi Bauckham, R., Jesus and the Eyewitnesses: The Gospels as Eyewitness Testimony (Grand Rapids : Eerdmans, 2017 2) 364Google Scholar : « The Prologue sketches the prehistory to the Gospel's story while the Epilogue foresees its posthistory … The time projected by the Epilogue runs to the Parousia (future coming) of Jesus. »

5 Sur ce verset, voir Barrett, C. K., The Gospel according to St. John (Philadelphia : Westminster, 1978 2) 557Google Scholar; Thyen, H., Das Johannesevangelium (HNT 6 ; Tübingen : Mohr Siebeck, 2005) 748–9Google Scholar; Zumstein, J., L’Évangile selon Saint Jean (13–21) (CNT ivb ; Genève : Labor et Fides, 2007 [20162]) 259Google Scholar (= id., Das Johannesevangelium (KEK 2 ; Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 2016) 732–3) ; Schnelle, U., Das Evangelium nach Johannes (ThHKNT 4 ; Leipzig : Evangelische Verlagsanstalt, 2016 5) 374Google Scholar.

6 Sur ce passage, voir Theobald, M., Herrenworte im Johannesevangelium (HBS 34 ; Freiburg i.Br. : Herder, 2002) 232–6Google Scholar; id., « Eine Gemeinschaft von ‚Zeugen‘ (von Joh 1:7, 15 bis 3 Joh 12): Beobachtungen zur Genese des Corpus Iohanneum », The Prolog of the Gospel of John: Its Literary, Theological and Philosophical Contexts read at the Colloquium Ioanneum 2013 (éd. J. G. van der Watt, R. A. Culpepper et U. Schnelle ; WUNT 359 ; Tübingen : Mohr Siebeck, 2016) 117–37.

7 Genette, G., Figures iii (Collection Poétique ; Paris : Seuil, 1972) 243–6Google Scholar, définit ainsi la métalepse : « Le passage d'un niveau narratif à l'autre ne peut être en principe assuré que par la narration, par l'acte qui consiste précisément à introduire dans une situation, par le moyen d'un discours, la connaissance d'une autre situation » (243).

8 Sur l'importance du témoignage (μαρτύρεω/μαρτύρια) dans le paratexte [= prologue et épilogue], voir Theobald, « Zeugen », 119. Sur la notion de « témoignage », voir H. Strathmann, art. « μάρτυς κτλ. », ThWNT iv.477–520 ; Beutler, J., Martyria: Traditionsgeschichtliche Untersuchungen zum Zeugnisthema bei Johannes (FTS 10 ; Frankfurt am Main : Knecht, 1972)Google Scholar.

9 Bauckham, Eyewitnesses, 369–83, en particulier 379–80. L'identification du « nous » du v. 24b à la troisième personne du singulier du v. 24a s'avère problématique car elle fait l’économie de la mort du disciple bien-aimé évoquée au v. 23.

10 Theobald, Herrenworte, 234 (note de bas de page 139) ; id., «Zeugen», 130 (selon Theobald, le «nous» désignerait soit la communauté, destinataire de l’évangile, soit l’école johannique ; la solution est dans la combinaison de ces deux possibilités (« Die ‚Wir‘ sind die Herausgeber des Buches, aber sie sprechen im Namen der Gemeinde »); Schnelle, Johannes, 404.

11 Cf. Theobald, « Zeugen », qui écrit: « Die aufgeworfene Frage, woher die ‚Wir‘ wissen, dass sein Zeugnis ‚wahr‘ ist, wird deshalb wohl so zu beantworten sein, dass sie aus ihrer (Glaubens-) Erfahrung im Umgang mit dem Buch‚ wissen‘» (129 ; expression soulignée par l'auteur).

12 Assmann, J., La mémoire culturelle. Ecriture, souvenir et imaginaire politique dans les civilisations antiques (Collection Historique ; Paris : Aubier, 2002)Google Scholar (= id., Das kulturelle Gedächtnis: Schrift, Erinnerung und politische Identität in frühen Hochkulturen (BsR 1307 ; Munich : Beck, 20024)). Pour la mémoire communicationnelle, voir 45, pour la mémoire culturelle, voir 47.

13 La disparition des témoins provoque une rupture dans la transmission de la tradition. (« Traditionsbruch »). Le passage d'une mémoire à l'autre suppose une période d'environ 40 ans. Sur la notion de « trou générationnel », voir Huebenthal, S., « ‘Frozen Moments’ – Early Christianity through the Lens of Social Memory Theory », Memory and Memories in Early Christianity (Butticaz, éd. S. and Norelli, E.; WUNT 398; Tübingen: Mohr Siebeck, 2018) 1743Google Scholar.

14 Ainsi Bauckham, Eyewitnesses, 370.

15 Theobald, Herrenworte, 234, n. 139 ; voir aussi Schnelle, Das Evangelium nach Johannes, 404 ; Becker, J., Das Evangelium nach Johannes (ÖTK 4/2 ; Gütersloh : Gütersloher, 1991 3) 776Google Scholar. Hartenstein, J. (Charakterisierung im Dialog: Maria Magdalena, Petrus, Thomas und die Mutter Jesu im Johannesevangelium (NTOA 64 ; Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht/Fribourg : Universitätsverlag Freiburg, 2007) 3940CrossRefGoogle Scholar) remarque à juste titre que le disciple bien-aimé est certes présenté comme l'auteur de l’évangile, mais qu'il ne peut être assimilé à la voix du narrateur, qui est à la troisième personne : « Selbst an der Stelle, wo er identifiziert wird (21.24), besteht ein klares Gegenüber zwischen ihm, der alles bezeugt und aufgeschrieben hat, und der Erzählerstimme, die ‚wir‘ sagt und die Wahrheit des Zeugnisses verbürgt. Er tritt auch nur in einem kleinen Teil der Szenen des JohEv auf und zeigt zwar eine besondere Nähe zu Jesus, aber keine Allwissenheit … Die Funktion des Erzählers hat nicht der geliebte Jünger, wie er im Evangelium selbst auftritt, sondern dieselbe Person in einer späteren Zeit … Sachlich ist ein solches Modell denkbar, es bleibt aber festzuhalten, dass der geliebte Jünger zwar eine Funktion als Erzählinstanz bekommt, diese Verknüpfung aber nicht konsequent durchgeführt wird. »

16 Halbwachs, M., La mémoire collective (Namer, éd. G. ; Paris : Albin Michel, 1997 [1950]) 140Google Scholar.

17 Cf. J. Zumstein, « Mémoire et relecture pascale dans l’Évangile selon Jean », id., Miettes exégétiques, 308–9 (= id., « Erinnerung und Oster-Relecture im Johannesevangelium », Kreative Erinnerung, 56–7).

18 Barthes, R., art. « Texte (théorie du) », Encyclopedia universalis, vol. xvii (Paris, 1980) 9961000Google Scholar, ici 998.

19 Halbwachs, M., Les cadres sociaux de la mémoire (Paris : Albin Michel, 1994 [1925]) 16Google Scholar : « La mémoire religieuse, bien qu'elle s'efforce de s'isoler de la société temporelle, obéit aux mêmes lois que toute mémoire collective : elle ne conserve pas le passé, mais le reconstruit à l'aide des traces matérielles, des rites, des textes, des traditions qu'il a laissés, mais aussi à l'aide des données psychologiques et sociales récentes, c'est-à-dire avec le présent. »

20 Cf. Bultmann, R., Das Evangelium des Johannes (KEK 2 ; Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1986 21) 540CrossRefGoogle Scholar (la n. 3 énumère de nombreux parallèles dans la littérature vétérotestamentaire-juive (Si 43.27 ; 1 M 9.22 ; Philon, De vita Mosis 1.213 ; pour la littérature rabbinique, voir Strack, H. L./Billerbeck, P., Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrash, vol. ii (Munich : Beck, 1965 4) 587Google Scholar pour Jn 21.25, une sentence de Jochanan ben Zakkaï), dans la littérature grecque classique (Lucien de Samosate, Demonax 67 ; Xénophon, Hellénique 5.4.1) et dans le Coran (sourate 31.26)). Voir aussi Keener, C. S., The Gospel of John: A Commentary, vol. ii (Peabody, MA : Hendrickson Publishers, 2003) 1241–2Google Scholar.

21 Ricoeur, P., La mémoire, l'histoire et l'oubli (L'ordre Philosophique ; Paris : Seuil, 2000) 526–37Google Scholar.

22 Les premières lignes des Histoires (Ἱστορίαι 1.1) d'Hérodote : « Hérodote d'Halicarnasse présente ici les résultats de son Enquête afin que le temps n'abolisse pas le souvenir des actions des hommes et que les grands exploits accomplis, soit par les Grecs, soit par les Barbares, ne tombent pas dans l'oubli ; il donne aussi la raison du conflit qui mit ces deux peuples aux prises » (Ἡροδότου Ἁλικαρνησσέος ἱστορίης ἀπόδεξις ἥδε, ὡς μήτε τὰ γενόμενα ἐξ ἀνθρώπων τῷ χρόνῳ ἐξίτηλα γένηται, μήτε ἔργα μεγάλα τε καὶ θωμαστά, τὰ μὲν Ἕλλησι τὰ δὲ βαρβάροισι ἀποδεχθέντα, ἀκλεᾶ γένηται, τά τε ἄλλα καὶ δι’ ἣν αἰτίην ἐπολέμησαν ἀλλήλοισι).

23 Sur la catégorie d'histoire fondatrice (« fundierende Geschichte »), voir Assmann, Mémoire culturelle, 70–1. Il est à relever qu'Assmann utilise de façon synonymique les notions d’« histoire fondatrice » et de « mythe ». Il écrit : « La mémoire est un fait anthropologique fondamental. Il s'agit de la transformation du passé en histoire fondatrice, c'est-à-dire en mythe. Quand nous parlons de mythe, ce n'est nullement pour contester la réalité des événements, mais pour en souligner le caractère contraignant, fondateur pour l'avenir : ils sont ce qu'il ne faut surtout pas oublier » (70).

24 Assmann, Mémoire culturelle, 71.

25 Sur ce point, voir Frey, J., Die johanneische Eschatologie, vol. ii : Das johanneische Zeitverständnis (WUNT 110 ; Tübingen : Mohr Siebeck, 1998) 93115Google Scholar.

26 Smith, D. M., « The Problem of History in John », What We Have Heard from the Beginning: The Past, Present, and Future of Johannine Studies (Thatcher, éd. Tom ; Waco, TX : Baylor University Press, 2007) 311–20Google Scholar. Smith (312, n. 1) cite à raison cette remarque de Ernst Käsemann : « But if John felt himself under constraint to compose a Gospel rather letters or a collection of sayings, Bultmann’ argument is revealed as very one-sided. For it seems to me that if one has no interest in the historical Jesus, then one does not write a Gospel, but, on the contrary, finds the Gospel form inadequate. »

27 Zumstein, « La référence au Jésus terrestre », 459–74.

28 Voir à ce sujet l'important travail de Luther, S., Die Authentifizierung der Vergangenheit: Literarische Geschichtsdarstellung im Johannesevangelium (Habilitationsschrift, Mainz 2018)Google Scholar.

29 Zumstein, J., « ‚Und wir wissen, dass sein Zeugnis wahr ist‘: Fiktion und Historie in der Johanneischen Vita Jesu », Wahrheit und Geschichte: Exegetische und hermeneutische Studien zu einer dialektischen Konstellation (Ebel, éd. E. et Vollenweider, S. ; AThANT 102 ; Zürich : TVZ, 2012) 3554Google Scholar.

30 Backhaus, K., « Spielräume der Wahrheit: Zur Konstruktivität in der hellenistisch-reichsrömischen Geschichtsschreibung », Historiographie und fiktionales Erzählen: Zur Konstruktivität in Geschichtstheorie und Exegese (Backhaus, éd. K. et Häfner, G. ; BTHSt 86 ; Neukirchen-Vluyn : Neukirchner, 2007) 129Google Scholar, ici 2 n. 1.

31 Sur la fictionalisation de l'histoire, voir Ricoeur, P., Temps et récit, vol. iii : Le temps raconté (Paris : Seuil, 1985) 331–42Google Scholar.

32 Lucien de Samosate, Comment faut-il écrire l'histoire ? 39 : « L'unique devoir de l'historien, c'est de dire ce qui s'est fait » ; 51 : « Mais surtout qu'il rende un jugement semblable à un miroir, brillant, sans tache, et d'un centre parfait. Qu'il reproduise la forme des faits, tels qu'il les a réfléchis, sans les renverser, sans leur prêter des couleurs ou des figures étrangères. »

33 Ranke, L. von, Fürsten und Völker: Geschichten der romanischen und germanischen Völker von 1494–1514 (Andreas, éd. W. ; Wiesbaden : Vollmer, 1957) 4Google Scholar : « On a assigné à l'histoire la tâche de juger le passé, d'instruire le présent au bénéfice des générations futures. La présente étude n'assume pas un office aussi haut : elle se borne à montrer comment les choses se sont effectivement passées (‘wie es eigentlich gewesen’) » (trad. Ricoeur, Temps et récit, iii.272 n. 1). Sur ce passage, voir le commentaire de Ricoeur, Temps et récit, iii.272.

34 Zimmermann, R., « Geschichtstheorien und Neues Testament: Gedächtnis, Diskurs, Kultur und Narration in der historiographischen Diskussion », EC 2 (2011) 417–44CrossRefGoogle Scholar, ici 440: « Es gibt keine Historie jenseits des Textes. Aber es gibt Historie durch den Text und als Text. »

35 Cf. Ricoeur, Temps et récit, iii.272–83 (pour la notion « d'analogue ») ; id., Mémoire, 359–69 (pour la notion de « représentance »). Encore est-il utile de différencier les niveaux de scientificité de l'histoire. Tout d'abord l'histoire documentaire où la présentation des faits peut faire l'objet d'une vérification objective (p.ex. la date de la chute de Jérusalem) ; ensuite l'histoire explicative « qui comprend une discussion sur le rôle respectif des forces sociales, des forces économiques, une évaluation de la place du politique … et l’élément narratif lié à l’événementiel et qui est ouverte à la controverse; enfin, l'historiographie que l'on peut également appeler ‘histoire poétique’ dont le rôle est de proposer à une nation ou à une communauté un récit fondateur, lui permettent de construire son identité. » C'est à cette troisième conception qu'appartient le quatrième évangile comme le démontre sa canonisation ultérieure. Ricoeur, P., La critique et la conviction (Paris : Calmann-Lévy, 1995) 131–2Google Scholar.

36 Backhaus, « Spielräume der Wahrheit », 7–12 (citation de Quintilien 9).

37 K. Backhaus, « Lukas der Maler: Die Apostelgeschichte als intentionale Geschichte der christlichen Erstepoche », Historiographie, 41.

38 White, H., Auch Klio dichtet oder Die Fiktion des Faktischen: Studien zur Tropologie des historischen Diskurses (Stuttgart : Klett Cotta, 1966)Google Scholar.

39 Backhaus, « Asphaleia », Wahrheit und Geschichte, 105–7.

40 Link, H.-G., art. « Wahrheit/Lüge. ἀλήθεια κτλ. », TBLNT (1997 2) 1834–44Google Scholar.

41 J. L. Martyn, History and Theology in the Fourth Gospel (Nashville, TN : Abingdon, 1979, seconde édition revue et augmentée) 30.

42 Onuki, T., Gemeinde und Welt im Johannesevangelium: Ein Beitrag zur Frage nach der theologischen und pragmatischen Funktion des johanneischen “Dualismus” (WMANT 56 ; Neukirchen-Vluyn : Neukirchener, 1984) 34–7Google Scholar.

43 Gadamer, H. G., Wahrheit und Methode: Grundzüge einer philosophischen Hermeneutik (Tübingen : Mohr Siebeck, 1975 4) 288Google Scholar.

44 Sur ce point, voir Schröter, J., « Der ‚erinnerte Jesus‘: Erinnerung als geschichtshermeneutisches Paradigma der Jesuforschung », Jesus Handbuch (Schröter, éd. J et Jacobi, Chr. ; Tübingen : Mohr Siebeck, 2017) 112–24Google Scholar.

45 Cependant, avec Paul Ricoeur, il faut sans doute penser la référence de façon plus complexe. Nous avons déjà dit que la référence de premier rang – celle qui consiste dans une vérification par la correspondance avec une réalité extratextuelle – est pour l'essentiel vouée à l’échec. Mais à côté de cette référence de premier rang s'annonce une référence de second rang – le monde que construit le texte et qu'il projette devant lui. Cf. P. Ricoeur, « La fonction herméneutique de la distanciation », id., Du texte à l'action. Essais d'herméneutique ii (Collection Esprit ; Paris : Seuil, 1986) 112–15.

46 Cf. Reinhartz, A., The Word in the World: The Cosmological Tale in the Fourth Gospel (SBL. MS 45 ; Atlanta : Scholar Press, 1992)Google Scholar.

47 Cf. par exemple Onuki, Gemeinde und Welt avec la notion de « Horizontverchmelzung »; Martyn, History and Theology avec la « two-levels theory ».

48 Cf. Bauckham, R., « Historiographical Characteristics of the Gospel of John », NTS 53 (2007) 1736CrossRefGoogle Scholar.

49 Ricoeur, Temps et récit, iii.331 : « L'histoire … réinscrit le temps du récit dans le temps de l'univers … Cette réinscription du temps du récit dans le temps de l'univers … demeure la spécificité du mode référentiel de l'historiographie » (expression soulignée par l'auteur).

50 Sur ce point, voir Theobald, M., Das Evangelium nach Johannes: Kapitel 1–12 (Regensburger Neues Testament ; Regensburg : Friedrich Pustet, 2009) 1922Google Scholar (fête de la Pâque (2.13; 6.4; 11.55), fête des Tentes (7.2, 14, 37), fête de la Dédicace du Temple (10.22)).

51 Frey, Johanneische Eschatologie, ii.203–21.

52 Cf. 2.9 ; 3.8 ; 4.11 ; 7.27, 28 ; 8.14 ; 9.29.30 ; 19.9.

53 Citation de Clément d'Alexandrie par Eusèbe, Histoire ecclésiastique 4.14.7 : « Quant à Jean, le dernier, voyant que les choses corporelles (σωματικά) avaient été exposées dans les Evangiles, poussé par ses disciples et divinement inspiré par l'Esprit, il fit un évangile spirituel (πνευματικόν … ευαγγέλιον). »

54 Wrede, W., Das Messiasgeheimnis in den Evangelien: Zugleich ein Beitrag zum Verständnis des Markusevangeliums (Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1901)Google Scholar.

55 Dans la première partie de l’évangile (1–12), seuls sept récits de miracle sont explicitement racontés ; ils sont parfois complétés par d'amples discours (5.6.9–10.11). A cela s'ajoutent deux grandes rencontres (Nicodème et la Samaritaine), la grande confrontation avec les « Juifs » (chaps. 7–8), les scènes liées à l'entrée à Jérusalem (chap. 12), sans oublier le cycle associé à la figure du Baptiste (1.3).

56 Cf. Nünning, B. Neumann et A., « Metanarration and Metafiction », Handbook of Narratology (Hühn, éd. P. et al. ; Berlin/Boston : de Gruyter, 2014 2) 344–52Google Scholar.

57 Culpepper, R. A., Anatomy of the Fourth Gospel: A Study in Literary Design (Foundations & Facets: New Testament ; Philadelphia : Fortress, 1983) 149202Google Scholar.

58 Culpepper, Anatomy, 145–8.

59 Flavius Josèphe, An t. 18.116–119a.

60 Attridge, H. W., « The Cubist Principle in Johannine Imagery: John and the Reading of Images in Contemporary Platonism », Imagery in the Gospel of John (Frey, éd. J., van de Watt, J. et Zimmermann, R. ; WUNT 200 ; Tübingen : Mohr Siebeck, 2006) 49Google Scholar.

61 Wilamowitz-Möllendorf, U. von, Zukunftsphilologie: Eine Erwiderung auf Friedrich Nietzsche « Geburt der Tragödie » (Berlin, 1872)Google Scholar, puis, id., Eine Erwiderung auf die Rettungsversuche für Fr. Nietzsche « Geburt der Tragödie » (Berlin, 1873).

62 Weinrich, H., Léthé. Art et critique de l'oubli (Paris : Fayard, 1999) 180Google Scholar, qui cite Nietzsche : « Ce savoir [sur la culture] doit être infusé et insufflé à l’élève sous forme de connaissance historique ; c'est-à-dire qu'on farcit sa tête d'un nombre formidable d'idées tirées de la connaissance extrêmement indirecte des temps et des peuples passés, non du sentiment immédiat de la vie – une sénile occupation. »

63 Cicero, De oratore 2.36 : historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae, nuntia vetustatis.