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Un cycle démographique : Dauphiné et Faucigny, du XIVe au XIXe siècle

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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Les sources éclairant la démographie médiévale sont si dispersées et mal connues, d'interprétation si délicate, qu'elles amènent souvent à renoncer à l'étude quantitative de la population avant l'époque moderne. Cependant, des estimations même approximatives de la population permettent d'évaluer la densité du peuplement, le nombre de bouches à nourrir avec des techniques encore frustes et des rendements très médiocres. Elles permettent de savoir si un état de surpeuplement relatif affecte l'Europe du début du XIVe siècle, certaines de ses régions du moins, habitées par des populations sous-alimentées et donc médiocrement résistantes aux épidémies qui les ont ensuite décimées. Peut-on comparer la charge de la terre en hommes, à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, à la fin des XVe et XVIIe siècles, à celle que nous connaissons pour le milieu du XIXe siècle ?

Type
Population et Société
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1971

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References

Notes

page 942 note 1. Faure, Voir Claude, « Un projet de cession du Dauphiné à l'Église romaine (1338-1340) », dans École française de Rome. Mélanges d'archéologie et d'histoire. t. 27 (1907, pp. 153225)CrossRefGoogle Scholar et « Contribution a l'histoire du Faucigny au xive siècle », dans la Revue savoisienne, 1909, pp. 21-31 et 148-158; Alfred FIERRO, « Les Enquêtes de 1339 en Faucigny : intérêt démographique », dans Positions des thèses de l'École des Chartes, 1965.

L'essentiel de ces documents se trouve aux archives du Vatican, inventoriés par erreur sous la rubrique Comitatus Venaissiensis. Ce sont : Collectoria 109, 259, 274, 380, 410; Instrumenta miscellanea 4299 et 4303. Les archives départementales de l'Isère possèdent quelques éléments sous les cotes : B 3120, B 4443 et VIII B 24. La bibliothèque municipale de Grenoble possède un fragment : Ms. 1422, fol. 1-8.

page 942 note 2. Il s'adressa d'abord à Robert de Naples en 1337, avant de se tourner vers le pape en 1338.

page 942 note 3. Bibl. mun. Grenoble, Ms. 1422, fol. 1-8; édition par Chevalier, U., Choix de documents historiques inédits sur le Dauphiné. XVIII, pp. 6774.Google Scholar Chevalier a d'abord daté ce document de 1342, croyant qu'il se rapportait aux négociations menées avec le roi de France. Puis, suivant l'avis de Faure, Un projet de cession…, il l'a daté de 1338, précisant même dans son Regeste dauphinois qu'il le croyait établi en décembre 1338.

page 942 note 4. Le dauphin garde pour lui : hommage-lige du comte de Genève, hommage de Jean de Chalon qui tient le château de Montrevel, les comtés d'Embrunais et de Gapençais, les baronnies de Montauban et de Mévouillon, le bailliage de Valentinois avec les fiefs et arrière-fiefs tenus par Aymar de Poitiers, le comté d'Albon et de Viennois et le bailliage de Viennois, et de multiples autres biens… Voir Chevalier, U., Choix de documents. XVIII, pp. 6774.Google Scholar

page 942 note 5. Voir Faure, « Un projet de cession… », art. cit., pp. 153–155.

page 942 note 6. Voir Daumet, Benoit XII. Lettres patentes, secrètes et curiales, n° 538, et Introitus et Exitus 170, f. 118 v° (13 décembre 1338).

page 942 note 7. La vente n'eut pas lieu, l'estimation sommaire du dauphin étant très supérieure aux résultats de la double enquête. Les négociations durèrent jusqu'en 1340 et un complément d'enquête fut entrepris qui confirma les résultats précédents. Le projet de cession au pape paraît dès lors abandonné et c'est le roi de France qui acquiert quelques années plus tard le Dauphiné pour son petit-fils.

page 943 note 1. Coll. 109, f. 2 r° : « interrogatus qualiter hoc sciebat, respondit quod ideo quia ipsos focos numeravit ».

page 943 note 2. En outre, parfois on interroge un noble du mandement afin de connaître la situation féodale de la terre. Fresque toujours aussi, un officier delphinal, le châtelain, et un notaire sont appelés à déposer, car se sont à peu près les seules personnes à pouvoir connaître les revenus du mandement.

page 943 note 3. Une nuance intéressante dans Coll. 274, f. 64 v° : « XXI foci nobilium vel se gerentium pro nobilibus non habentium domos fortes. » Un damoiseau déclare, Coll. 274, f. 13 r° : « Dixit etiam interrogatus quid diferentia est inter hominem ligium et hominem feudalem, quia, sicut asseruit, homo ligius et onrnes posteri sui tenentur juvare dominum suum contra quemcunque hominem mundi, et homo feudalis, dimisso feudo, quod tenet a domino, est solutus a domino nec tenetur ex tune sibi in aliquo deservire. »

page 943 note 4. Si le dauphin ne possède que quelques feux, la paroisse elle-même étant à un seigneur ne dépendant pas de lui — au comte de Savoie le plus souvent — le rédacteur du procès-verbal note soigneusement qu'il ne s'agit là que des feux du dauphin et non de la population entière.

page 943 note 5. Exceptionnellement, en Viennois-la-Tour figure l'estimation du contingent d'hommes d'armes que le dauphin pourrait lever en cas de guerre.

page 943 note 6. Pour le seul mandement d'Avalon : B 3120, f. 47.

page 943 note 7. A. D. Isère, B 3120, f. 5 v°, pour Montfleury : « Confrontatur autem dictum mandamentum et ejus territorium cum mandamentis Gratianopolis, Sancti Martini Vinosi, Curnilionis, Montisbonoudi et Bucurionis. »

page 943 note 8. Les enquêteurs delphinaux ont souvent mentionné les limites du mandement en énumérant les noms de ceux qui le jouxtent, ce qui permet de corroborer les données fournies par les listes des noms de lieux habités dans les paroisses.

page 946 note 1. Si l'on compare les données démographiques des deux enquêtes, on constate un accord total pour les populations des paroisses du Briançonnais et du marquisat de Césanne. Pour le Faucigny, une quinzaine d'estimations sur soixante sont divergentes, mais ces différences semblent dues le plus souvent à des confusions au sujet des limites paroissiales et l'écart d'ensemble n'atteint pas 3 % du total des feux (12 446 feux, d'après l'enquête delphinale, 12 152 d'après l'enquête pontificale). Pour le Grésivaudan, l'écart est inférieur à 2 %. Seul le Viennois (15 279 et 14 619 feux) présente une différence importante, d'environ 8 %. C'était d'ailleurs la région où l'estimation était la plus délicate, en raison de l'enchevêtrement des terres du dauphin et du comte de Savoie.

page 946 note 2. La plupart du temps, paroisse et commune coïncident; parfois aussi, une commune comprend deux ou trois paroisses; une paroisse peut s'étendre sur deux communes. Il est facile d'en tenir compte et d'apporter les rectificatifs nécessaires.

page 946 note 3. Après 1339, outre quelques documents légèrement postérieurs à la grande peste de 1348- 1350, les archives de l'Isère contiennent de magnifiques séries d'états nominatifs de feux dressés pour la levée de divers subsides à la fin du xiv° siècle. Mais ce sont des documents fiscaux : ils ne révèlent que les noms des contribuables capables de payer le subside et négligent les feux insolvables qui représentaient certainement, à la fin du Moyen Age, une part non négligeable de la population. On ne peut déterminer le pourcentage de ces mendicantes, de ces nichil, qui varie d'un lieu à l'autre, selon la richesse de la paroisse, l'importance de la récolte ou celle de la fraude fiscale… Pour utiliser ces documents, un énorme travail de recoupement avec beaucoup d'autres sources serait nécessaire.

page 946 note 4. Elles ont été publiées par M. Binz qui souligne la valeur de ces sources, dont le témoignage est « a priori de bon aloi, même s'il est souvent exprimé par un chiffre rond, suivi ou non de la notation vel circa ». Cf. Louis BINZ, » La population du diocèse de Genève à la fin du Moyen-Age, dans Mélanges Antony Babet.

page 946 note 5. Publié par Vallenttn du Cheylard.

page 947 note 1. Voir notamment : Baratter, Édouard, La démographie provençale du XIIIe au XVesiècle, p. 61,Google Scholar et R. H. BAUTTER, « La valeur démographique du feu d'après les recensements de Chieri, 1473-1530 », dans Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1962 (1965).

page 947 note 2. En dehors d'une indication, fort intéressante, sur cette valeur variable du feu, donnée par le curé de Bardonnèche; le curé déclare qu'il y a 400 feux dans sa paroisse et ajoute, Coll. 380, f. 119 r° : « Item dixit : de predictorum focorum numéro sunt certi foci in quorum pluribus sunt plures vel fratres vel consanguinei commorantes in una domo et unum focum facientes, quamquam, sicut asseruit, quilibet ipsorum suo pane et ferculo utatur, et sint aliqui divisa bona habeant et aliqui non, qui omnes taies possunt ascendere ad numerum L focorum, et sic, omnibus predictis focis ad unam sumam redactis, essent, sicut dixit, in dicta sua parrochia 1111e et L foci. »

page 947 note 3. Le Briançonnais, avec 1 300 km2 et 4 119 feux a une densité de 3,2 feux au km2 ; le marquisat de Césanne, une densité de 3,3 feux au km2 , pour 800 km2 et 2 600 feux : Château-Dauphin a 2,5 feux au km2 , pour 200 km2 et 500 feux.

page 948 note 1. Voir notamment Sclafert, Th., Le Haut-Dauphiné…, pp. 420424.Google Scholar

page 948 note 2. Ibid., p. 489.

page 948 note 3. Dans les paroisses de Barraux et Saint-Marcel, la Buissière, Sainte-Marie-d'Allois, Saint- Vincent-de-Mercuze.

page 948 note 4. Le Sappey, Sarcenbas, Proveysieux, Mont-Saint-Martin ont des densités voisines, variant de 4,9 à 5,7 feux au km2.

page 948 note 5. Sassenage, Fontaine, Saint-Martin-le-Vinoux, Saint-Égrève ont des densités assez fortes : 9 feux au km2 sur la rive gauche de l'Isère, 15 sur la rive droite. Par contre, Noyarey et Cornillon atteignent à peine 6 feux au km2.

page 949 note 1. Elle est de 4,6 feux au km2 à Engins, de 4,6 pour Lans, Autrans et Méaudre, de 3,6 seulement à Corrençon, de 2,6 à Gresse.

page 949 note 2. Auris, La Garde et Villard-Reculas atteignent des densités de 6, 5,5 et 7,2 feux au km2.

page 949 note 3. 4,75 à Besse, 4,2 à Huez, 4,6 à Mizoen, 5,8 à Mont-de-Lans, 4,9 à Ornon, 4,4 à Oz.

page 950 note 1. 12,8 feux au km2 à Arbent, 4,8 à Bélignat, 7,6 à Coisia, 5,8 à Dort an, 6 à Granges, 8,6 à Izernore, 7,1 à Marignat, 9,6 à Matafelon, 6,9 à Oyonnax, 5,1 à Samognat, 3,1 à Sonthonax-la-Montagne.

page 950 note 2. 6,6 feux au km2 à Courtenay, 6,3 à Frontenas, 6,1 à Leyrieu, 6,5 à Mépieu, 6,4 à Parmilieu, 6,6 à Saint-Hilaire-de-Brens.

page 950 note 3. 10 feux au km2 à Bouchage, 11,5 à Chozeau, 12,4 à Brangues, 11 à Moras, 11,3 à Panossas, 10.3 à Passins, 13,3 à Vénérieu, 13,4 à Vercieu, 22,8 à Bourgoin, 23 à Virieu et 42,3 feux au km2 à la Tour-du-Pin. Au chef-lieu du mandement de Quirieu, elle atteint et dépasse 15 feux au km2 ; à Hières, elle est de 21 feux. Morestel, tête d'un mandement important, a plus de 28 feux au km2. Quant à Crémieu, centre inconstesté du pays, capitale régionale, la densité de son territoire atteint 90.4 feux au km2. Dans les mandements de la Tour-du-Pin, de Bourgoin, de Châteauvilain, de Montrevel et de Virieu, les densités sont uniformément supérieures à 7 feux au km2.

page 951 note 1. Sans compter Morestel et la Tour-du-Pin.

page 951 note 2. Encore l'enquête delphinale précise-t-elle qu'avant la prise du château et la destruction du bourg de Monthoux, la population de cette paroisse était presque trois fois plus importante. Coll. 239, f. 224 r° : « ante captionem ipsius castri erant VIxx foci vel circa et adhuc essent, si locus repararetur et si burgum, quod totum destructum est propter guerram, reedificaretur et domificaretur, sed nunc dispersi sunt omnes a destructione loci predicti citra. »

page 951 note 3. 25,4 feux au km2 pour Contamine-sur-Arve, 16,7 pour Faucigny, 12,5 pour Marcellaz, 10,8 pour Peillonnex, 13,5 pour Saint-Jean-de-Tholomé, 19,7 pour la Tour.

page 951 note 4. 11,9 à Combloux, 17 à Domancy, 11,3 à Saint-Gervais.

page 952 note 1. 225 à Saint-Bonnet, 260 à Bourg-d'Oisans, 228 à La Mure, 306 à Vizille, 200 à la Tour-du- Pin, 210 à Bourgoin, 224 à Morestel, 202 à Poncin, 240 à Bonneville, autant à Cluses.

page 952 note 2. Lot, Ferdinand, « L'État des paroisses et des feux de 1328 », dans Bibliothèque de l'École des Chartes, 1929, pp. 300301.Google Scholar

page 953 note 1. 45 % à Fénestrelle et Mentoulles, 49 % à Pragelato et 42 % à Usseaux.

page 954 note 1. Pertes de 72 % à Saint-Laurent, 68 % à Quet et à la Salle, de 66 % à Saint-Michel, 63 % à Sainte-Luce. Il est malaisé de faire l'estimation pour la paroisse de Beaumont, à cause de l'existence de feux dits au-delà du Drac et qu'on ne peut situer de façon précise.

page 954 note 2. Saint-Égrève perd 67 % de sa population; Cornillon : 70 %; Saint-Vincent : 65 %; Mont- Saint-Martin : 66 %; Quaix : 71 %; le Sappey : 72 %; Proveysieux : 73 %; Sarcenas : 69 %; Veurey : 74 %; Noyarey : 77 %.

page 954 note 3. C'est-à-dire les terres situées sur la rive gauche du Rhône, les autres ayant été cédées à la Savoie en 1355. Je n'ai pas eu le temps de rechercher des documents à caractère démographique pour les paroisses de la rive droite, avant les recensements de l'an VIII.

page 954 note 4. 94 feux au lieu de 200, pour La Tour du Pin, 152 feux au lieu de 210, pour Bourgoin.

page 955 note 1. Avec le marquisat de Césanne.

page 955 note 2. Binz, Louis, « La population du diocèse de Genève… », art. cit., note 21, p. 161.Google Scholar

page 956 note 1. Les 7 256 feux de 1339 multipliés par le coefficient 5, donnent 36 280 habitants; par le coefficient 4, 29 024 habitants, soit un peu moins de la population de 1801.

page 957 note 1. Perroy, Edouard, « A l'origine d'une économie contractée : les crises du xive siècle », dans Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1949, pp. 167182.CrossRefGoogle Scholar

page 957 note 2. Delatouche, Raymond, « Agriculture médiévale et population », dans Études sociales, n° 28, 1955, pp. 1323.Google Scholar

page 957 note 3. Fourquin, Guy, « La population de la région parisienne aux environs de 1328 », dans le Moyen Age, 1936, p. 91.Google Scholar

page 957 note 4. Ibidem, p. 90.

page 957 note 5. Lot, F., « L'État des paroisses… », op. cit., pp. 51107 et 256-315.Google Scholar

page 957 note 6. Lot, F., « L'État des paroisses… », op. cit., p. 303.Google Scholar