Le 14 novembre 1885, la guerre éclatait, entre le royaume de Serbie et la principauté de Bulgarie, et, dans l'espace de quelques jours, faisait de nombreuses victimes, dont les souffrances provoquaient une intervention directe et active de la Croix-Rouge.

On a pu voir à l'œuvre, dans ces circonstances difficiles, deux sociétés de secours: l'une, déjà ancienne, qui avait subi à deux reprises l'épreuve du feu; l'antre, nouvellement formée, qui essayait ses forces pour la première fois; on a pu voir aussi, de quelle manière les sociétés des pays neutres comprennent les devoirs que la solidarité entre les sociétés de la Croix-Rouge leur impose.

La Société bulgare de la Croix-Rouge, dont nous vous annoncions il y a peu de temps la formation, se trouvant avoir à assister de nombreux blessés avant d'avoir en le temps de s'y préparer convenablement, nous prie de solliciter d'urgence, en sa faveur, l'assistance des autres Sociétés nationales de la Croix-Rouge. Nous nous empressons de nous acquitter de ce soiu et nous espérons que, vons souvenant que la solidarité dans le malheur est un des principes fondamentaux de notre œuvre, vous voudrez bien venir en aide au Comité central de Sofia, dans la situation difficile oǹ il se tronve.

Nous vous confirmons notre circulaire du 20 courant, par laquelle nous implorions votre assistance en faveur de la Société bulgare de la Croix-Rouge qui la réclamait.

Aujourd'hui, c'est au profit de la-Société serbe que nous nous adressons à vous. Nous venons de recevoir du Comité central de Belgrade une lettre qui nous y engage, et nous ne saurions mieux plaider sa cause qu'en reprodnisant ici le texte même de sa missive, datée du 8/20 novembre. Elle est ainsi conçue:

« Monsieur le Président,

« Vous avez déjà appris que la guerre a éclaté entre la Serbie et la Bulgarie, et que les hostilités ont commencé il y a nue huitaine de jours. En suite de cet événement, aussi inattendu que douloureux, la Société serbe de la Croix-Rouge se trouve, dans le court espace de neuf aus, en présence d'une troisième guerre et devant la nécessité de secourir ses malheurenses victimes.

Pour faire suite à nos 61me et 62me circulaires, qui réclamaient votre assistance en faveur des Comités centraux de la Croix-Rouge de Sofia et de Belgrade, nous avons l'honneur de vous informer que le Comité central autrichien de la Croix-Rouge (Herrengasse, 23, à Vienne) a bien voulu, sur notre demande, se charger de recevoir et de transmettre aux Comités serbe et bulgare les offrandes, en argent ou en nature, qu'on lui adresserait pour eux. Il va sans dire qu'il le fera dans l'esprit de la Croix-Rouge, c'est-à-dire avec la plus absolue impartialité.

Das Rothe Kreuz. Organ der Oesterreichischen patriotischen Hilfsvereine (mensuel). — Wien t. I. (1884–1885), nos 1 et 5 à 12, t. II. (1885–1886), nos 1 à 5, 40.

Constructions portatives baraques (système de Dœcker) de Christoph et Unmack, à Copenhague. Description 40. 12 p. et planches.

La Caridad en la guerra. Boletin oficial de la Asamblea espagnola de la Cruz roja (mensuel) 1885. Nos 188 et 189. — Madrid, in-40.

S. M. l'impératrice Augusta a répondu dans les termes suivants à la lettre de félicitation qui lui avait été adressée par le Comité central allemand à l'occasion de l'anniversaire de sa naissance:

«La vive reconnaissance que me fait éprouver la lettre qui m'a été envoyée à l'occasion de l'anniversaire de ma naissance ne s'applique pas seulement aux vœux qui me sont exprimés, mais aussi au dévouement, dont j'ai eu la preuve pendant l'année écoulée, à l'œuvre dans laquelle je vois la solution d'un des problèmes de notre époque. S'il y a encore beaucoup à faire pour atteindre le but, je puis cependant rappeler tout ce qui a été fait ces dernières années pour en approcher. Notre reconnaissance est due, avant tout, à la bienveillance de l'empereur qui a daigné, encore tout dernièrement, accorder des distinctions honorables à l'œuvre de la Croix-Rouge, et qui, en accordant l'autorisation demandée pour des mesures extraordinaires, a permis d'espérer une augmentation des ressources financières à appliquer aux travaux préparatoires des temps de paix. L'extension des colonnes sanitaires volontaires a donné à ces travaux un essor remarquable dans le domaine des associations allemandes, au sein desquelles la bonne volonté patriotique se manifeste partout.

Une somme de 800,000 marks a été inscrite au budget militaire de 1886–87 pour l'acquisition et l'organisation de matériel de pansement, destiné à appliquer en campagne le traitement antiseptique des blessures. Ce mode de pansement avait déjà fait, depuis plusieurs années, l'objet des études de l'administration militaire. Il résout le problème d'empêcher que des corps étrangers, suspendus dans l'atmosphère, ne se déposent sur les blessures, et que ces organismes microscopiques n'agissent comme éléments d'inflammation et de fermentation, occasionnant des plaies purulentes avec leurs suites dangereuses. Le traitement autiseptique n'est, il est vrai, pas une méthode parfaite ni infaillible, mais, grâce à ces procédés, on se rapproche beaucoup de l'idéal en matière de pansement.Lorsque le traitement antiseptique eut fait ses preuves pendant de longues années, l'administration militaire se demanda si son introduction dans les lazarets de campagne, et même aux places de pansement sur les champs de bataille ne serait pas recommandable. Une conférence de médecins militaires, de chirurgiens et d'hygiénistes éminents, convoquée le printemps dernier par le ministère de la guerre, à l'instigation de S. M. l'impératrice, s'étant prononcée pour l'affirmative, l'administration militaire s'est décidée à réclamer l'inscription de la somme ci-dessus au budget pour l'année prochaine.

Le Comité central de la Société autrichienne nous a envoyé un rapport sur le rôle de celte société pendant, la guerre serbo-bulgare. Nous reproduisons ce document in extenso, en le faisant suivre de quelques renseignements complémentaires puisés à d'autres sources.

Voici d'abord le rapport que nous avons reçu du Comité autrichien, et qui porte la date du 19 décembre 1885:

«Messieurs, nous désirons, dans les lignes qui suivent, vous donner quelques brèves indications sur l'activité internationale de la Croix-Rouge autrichienne et sur les faits qui s'y rattachent; ce sera sans préjudice d'un rapport ultérieur et détaillé sur les secours qui ont. été fournis, sur les succès obtenus et les insuccès, et peut-être aussi sur les leçons à tirer pour l'avenir de ces événements.

Nous avons à réparer une omission involontaire en nous acquittant, un peu tardivement, d'un devoir que nous eussions voulu remplir il y a déjà plus d'une année. Il s'agit de signaler la publication d'un organe périodique de la Société autrichienne de la Croix-Rouge. Le journal dont nous voulons parler porte pour titre «La Croix-Rouge» et parait mensuellement à Vienne, depuis le 1er septembre 1884. Il est publié par les soins du Comité central de la Société autrichienne et intitulé: «Organe des sociétés patriotiques de secours.» On n'ignore pas que ces sociétés, répandues dans tous les pays de la couronne d'Autriche, forment, par leur réunion depuis 1879, la Société autrichienne de la Croix-Rouge.

Cinq années se sont écoulées depuis la publication du dernier rapport de la Société bavaroise, cinq années qui out été utilement employées à la préparation des secours volontaires, ainsi que nous pouvons en juger d'après le rapport publié par cette Société en août dernier, lequel embrasse les années 1880 à 1884.

Ce rapport rappelle brièvement, quant à l'organisation de la Société, que celle-ci est divisée conformément à la division administrative du pays. A la base de cette organisation se trouvent les sociétés filiales; leur réunion en associations, en vue d'un but commun, forme les sociétés de cercles, et la société centrale, à qui incombe la direction générale des affaires de l'association, et la gestion des intérêts communs, par l'intermédiaire d'un Comité central choisi dans son sein.

Article Premier. — Il est fondé, dans la capitale de la Principauté, une société de secours, sous le nom de: «Société bulgare da la Croix-Rouge.»

Art. 2. — Le but principal de cette Société est de seconder l'action du gouvernement, en temps de guerre, dans les soins à donner aux militaires blessés et malades, et, en temps de paix, de prendre toutes les mesures nécessaires pour qu'elle soit prête en temps de guerre. – En outre, si ses moyens et ses forces le lui permettent, la Société peut secourir ceux qui souffrent de calamités publiques.

L'idée de réunir en une senle et même construction les avantages des tentes et ceux des baraques fixes, avait été étudiée déjà par M. le capitaine de Dœcker, lorsque le concours ouvert au nom des sociétés de la Croix-Rouge, par le Comité international, vint donner un nouvel essor à la question. Au milieu d'un grand nombre d'inventions diverses qui furent présentées en 1885 au jury d'Anvers, et dont quelques-unes se sont fait remarquer par une ingénieuse originalité, ce fut la baraque du système de Dœcker qui cut les honneurs du concours. Le grand prix de 5,000 fr., gracieusement offert par S. M. l'impératrice d'Allemagne, fut décerné à MM. Christoph et Unmack qui, depuis quelques années, s'étaient rendus acquéreurs du brevet de l'inventem et en avaient perfectionné les applications, conformément au programme de la Croix-Rouge.

Depuis 1880, il sort régulièrement, chaque année, des presses de l'imprimerie du gouvernement américain, à Washington, un superbe volume de plus de mille pages in-quarto à deux colonnes, d'un texte fin et serré, lequel, malgré l'extrême libéralité de l'éditeur, n'est probablement entre les mains que d'un petit nombre de personnes en Europe. Et cependant, il est utile que cet ouvrage soit connu de toutes celles qui s'occupent de médecine militaire, car il contient des indications bibliographiques extrêmement nombreuses, non pas seulement sur cette matière spéciale, mais sur toute la science médicale.

La Société fraçaise a, dans sa séance du 13 novembre 1885, élu comme vice-président M. le général de division Cambriels, en remplacement de M. le général baron de Chabaud-la-Tour, décédé il y a quelques mois.

Nous avons, à notre grand regret, trop rarement l'occasion d'entretenir nos lecteurs de l'œuvre de la Croix-Rouge en Angleterre. La Société anglaise de secours faisant peu parler d'elle, les amis de la Croix-Rouge pourraient, avec quelque apparence de raison, se plaindre de ne pas être tenus assez au courant de ce qui se fait dans ce pays, et de ne pas être suffisamment renseignés sur la manière dont il profite, au point de vue de notre œuvre, des loisirs que lui laissent une paix et une tranquillité prolóngées. Aussi est-ce une bonne fortune pour nous que de rencontrer, dans le « Nineteenth Century, » un article dû à la plume, si compétente en cette matière, de M. John Furley, qui nous permettra de jeter un coup d'œil sur la situation actuelle des institutions se rattachant á la Croix-Rouge dans le Royaume-Uni. M. Furley s'est proposé, dans cet article, de présenter an grand public anglais quelques-uns des résultats obtenus dans le vaste champ d'action de la Croix-Rouge, et de mettre sous les yenx de ses compatriotes quelques-uns des progrès qui ont été réalisés ces dernières années, dans les différents pays, pour le soulagement des militaires blessés et malades. Nous extrayons de ce travail seulement ce qui concerne la Grande-Bretagne, l'exposé de l'activité des diverses sociétés dans les autres pays ne pouvant rien apprendre de nouveau à nos lecteurs.

Le Comité central italien nous informe que l'emprunt à lots dont nous avons parlé précédemment, a été enfin conclu, par suite de la promulgation de la loi du 28 juin 1885 et de la publication du décret royal du 6 décembre dernier.

La somme de L. 3,900,000 qui, d'après la convention du 12 avril 1884, aurait dû revenir à la Croix-Rouge, a élé réduite à L. 3, 175,000 plus L. 50,000 sur les bénéfices de l'emprunt, à canse de l'augmentation de la somme à payer à l'état à titre de garantie de l'opération en question.

Dans une de ses assemblées générales, la Société néerlandaise de la Croix-Rouge avait nommé une commission, pour faire une enquête sur les meilleurs moyens d'instruire les infirmiers et les infirmières volontaires.

Cette commission a présenté un rapport, dont les conclusions ont été adoptées par l'Assemblée générale du 15 juillet dernier.

Le Messager de la Société russe a donné, dans l'un de ses derniers numéros, des informations sur l'état actuel de la communauté des sœurs de St-George, et comme nous n'avons rien dit, depuis sa fondation, de cette utile institution, due à la Croix-Rouge, nous pensons qu'il ne sera pas sans intérêt pour nos lecteurs de savoir où elle en est. Nous empruntons done, à ce sujet, quelques données au journal de nos correspondants de St-Péters-bourg.

L'année 1884 n'a été signalée, pour la Société de dames «Albert» par aucun événement digne d'être mentionné; la Société poursuit paisiblement et utilement le cours de ses travaux. Aussi, le Comité n'a-t-il pas jugé nécessaire de convoquer l'assemblée générale pour lui présenter son rapport, qui ne fait d'ailleurs que constater la marche normale des affaires de la Société.

Durant cette période, la Serbie a, comme presque tout le reste de l'Europe, joui des bienfaits de lu paix, et la Société a mis autant que possible le temps à profit pour son développement. Le Comité central a fait tous ses efforts pour que l'institutioti de la Croix-Rouge jetât dans le pays des racines de plus en plus profondes. La création de sous-comités à Arandjélovatz et à Proconplié, la reconstitution de celui de Pojarévatz, le projet du sous comité d'Oujilzé d'élever un bâtiment avec ses propres ressources, l'activité déployée par le sous-comité de Négotine pour recueillir de l'argent, sont autant de preuves que l'on se rend de plus en plus compte, dans le pays, des avantages de l'institution de la Croix-Rouge.