Le moment nous semble venu, après plus de huit années écoulées depuis la Conférence de Berlin, de vous rendre compte de ce que nous avons fait pour répondre an vœn de cette assemblée, concernant la publication d'un recueil périodique, sorte de Moniteur officiel de la Croix rouge. Bien que notre Bulletin vous soit connu, nous pensons que quelques détails administratifs à son sujet, et un coup d'œil rétrospectif sur les volumes déjà parus de celle collection, sont de nature à vous intéresser, puisque la chose vous concerne directement.

A la demande de l'Association belge de secours aux militaires blessés en temps de guerre, nous venons attirer votre attention sur les agissements d'une antre association, qui s'intitule Société nationale belge de la Croix rouge, avec laquelle la première désire ne pas être confondue.

Pour que les historiens futurs de la Croix rouge puissent trouver dans nos Bulletins ses annales aussi complètes que possible, nous continuerons à y consigner les faits relatifs à la Convention de Genève pendant la guerre actuelle.

Nous ne saurions nier toutefois que nous le faisons à contre cœur, car c'est une tâche des pins pénibles, que celle d'avoir à sanver de l'oubli des actes qui sont loin de faire honneur à notre siècle. Tandis que nous voudrions n'avoir à parler que de charité, d'amour, de dévouement, ce sont les mots de massacres, de mutilations, de violation de la foi jurée, qui s'imposent à notre plume, et les pages qui vont suivre montreront combien les principes de la Convention de Genève ont de peine à triompher des passions humaines.

La trente-neuvième circulaire du Comité international, qu'a reproduite le Bulletin No 32 (Tome VIII, p. 170), a signalé l'entrée en activité de l'Agence internationale de Trieste, et donné quelques renseignements sur cette activité même, pendant les six premières semaines. Nous allons résumer l'ensemble des comptes rendus jusqu'au 31 décembre 1877.

Congrès international d'hygiène, de sauvetage et d'économie sociale. Bruxelles, Ve Henri Manecaux, libraire-éditeur, 8, rue des Trois-Tèles, 1877, 2 vol. gr. in-8, 876 el 846 pages.

The transactions of the american medical association, instituted 1847. vol. XXVII. Philadelphia, Collins, printer, 705, Jayne Street, 1876, in-8, 720 p.

Excision of the larger joints of the extremities, by II. Colberton, M. D. Prize essay. Philadelphia, 1876, in-8, 672 pages. — Supplement vol. 27 of the transactions of the american medical association.

En réponse aux félicitations qui lui ont été adressées, à l'occasion du jour anniversaire de sa naissance, par le Comité central allemand, Sa Majesté l'impératrice Augusta a daigné écrire la lettre suivante:

«Les félicitations du Comité central pour mon jour de naissance m'ont profondément réjouie.

«Je me plais à reconnaître l'empressement avec lequel le Comité central allemand, allant au-delà de son but immédiat, cherche à diminuer les horreurs de la guerre actuelle. L'insuffisance de nos ressources, en présence de si grands besoins, ne nous impose pas seulement le devoir pressant de ne pas ralentir notre marche; elle nous excite encore à la fidélité à notre tâche importante, à nous serrer les uns contre les autres en temps de paix, et, dans la mesure de nos forces, à témoigner du sérieux de la mission que nous avons acceptée, en venant au secours des nations souffrantes. Je remercie sincèrement le Comité central de tout ce qu'il a fait jusqu'à présent dans ce sens. Je le remercie aussi tout particulièrement de la bonne volonté qu'il a montrée, dans la question de l'union organique avec les Sociétés patriotiques de dames.

Nous avons, en temps utile, tenu nos lecteurs au courant de la convocation, du programme et des séances du Congrès international d'hygiène, de sauvetage et d'économie sociale, tenu à Bruxelles l'année dernière. Cela nous dispense d'y revenir aujourd'hui à l'occasion de deux beaux volumes que nous recevons et qui renferment les actes de ce Congrès. Nous ne pouvons cependant, nous empêcher de recommander, aux amis de notre œuvre, la lecture du second volume de cette publication, où la partie Secours en temps de guerre, remplit tout près de 250 pages.

Le Comité international a reçu le Rapport suivant du Comité central de Copenhague:

Au commencement de la guerre actuelle dans la presqu'île du Balkan, la Société n'avait qu'un an d'existence et ne disposait que de moyens très-restreints, exclusivement destinés à la solution du problème national qu'elle s'était posé: l'éducation d'infirmières. Les difficultés de la Société devaient s'augmenter par le fait que le consulat général de Russie, à Copenhague, et un agent du consulat général ottoman, à Hambourg, avaient fait, insérer l'un et l'autre, dans les journaux, un appel par lequel ils sollicitaient des offrandes en faveur de leurs sociétés respectives, russe ou turque, pour le soulagement des blessés. Il va sans dire que de tels appels, émanés d'autorités gouvernementales, ne pouvaient être adressés qu'aux sujets russes ou tures qui se trouvaient en Danemark, mais ils causèrent une certaine confusion dans les idées, plusieurs personnes les supposant adressés à tout le public. La Société se vit ainsi forcée d'être très-prudente, d'autant plus que, dans les dernières années, les appels à la charité publique avaient été de plus eu plus fréquents, et toujours entendus lorsqu'il s'est agi de satisfaire à des besoins urgents et réels. Tant que les événements sur le théâtre de la guerre n'en étaient qu'à leur premier développement, et tant que le respect de la Croix rouge par les armées ottomanes présentait encore, de l'aveu même de la Porte, de grandes difficultés d'exécution, le Comité a pensé qu'il était suffisant de faire savoir (mais non sous forme d'appel) que la Société serait toujours disposée à servir d'intermédiaire, entre les sociétés nationales et quiconque voudrait contribuer, par des dons personnels ou collectifs, au soulagement des malades et des blessés des armées belligérantes.

C'est une raretè qu'un manuel officiel de droit international à l'usage spécial des militaires, et cependant quoi de plus nécessaire à une époque comme la nôtre, oû le progrès des lois de la guerre est à l'ordre du jour dans tout le monde civilisé? Tant que la conduite des belligérants n'avait pour règles que de simples usages, sur lesquels on était peu d'accord, que chacun était libre d'enfreindre à son gré, sans que personne s'en alarmàt ou s'en scandalisât, et saus que l'eunemi lui-même eùt eu quelque sorte le droit de se plaindre, on pouvait considérer un enseignement juridique comme superflu. Mais, depuis que des conventions internationales ont fixè certains points et créé des engagements positifs, depuis qu'une conférence européenne a formulé avec une grande autorité les desideratas de la conscience publique, il est devenu indispensable d'instruire les armées, les officiers surtout, de leurs droits et de leurs devoirs.

Il résulte de renseignements sommaires, fournis au Comité international par M. le comte de Beaufort, secrétaire général de la Société française de secours aux blessés de terre et, de mer, en date du 27 décembre 1877, que cette Société fait de louables efforts pour concourir le plus efficacement possible à l'assistance des victimes de la guerre eu Orient.

La Société nationale de la Croix rouge a réuni en brochure diverses lettres et rapports, qui lui ont été adressés par le capitaine J.-S. Young, son commissaire-chef sur la Mer noire, les docteurs Armand Leslie et Harry Crookshand et M. Schofield, ses délégués en Turquie, M. Furley, son délégué au Monténégro, et M. A.-K. Loyd, qui la représentait, auprès de l'armée russe. Toutes ces pièces ont déjà quelques mois de date; mais il nous a paru convenable de les iésumer, pour renseigner nos lecteurs sur la charité britannique, plus complétement que nous n'avons pu le faire dans notre précédent Bulletin (VII, 222).

Nous avons reçu, du Comité central d'Athènes, une petite brochure destinée à populariser en Grèce l'œuvre de la Croix rouge. Elle a pour auteur M. George-K. Typaldos, et pour titre: Des soins à donner aux victimes de la guerre. Faisant l'histoire-sommaire des œuvres d'humanité concernant les soldais blessés, M. Typaldos rappelle, à l'honneur de son pays, que les Grees ont été les premiers dans l'antiquité à faire quelque chose pour eux. Il insistesur l'insuffisance du service de santé officiel dans les temps modernes, et expose comment la Croix rouge a été fondée pour remédier à ce déficit, en même temps que la Convention de Genève a fait progresser le droit des gens. L'opuscule dont nous parlons se termine par un appel chaleureux de l'auteur à ses compatriotes, pour qu'ils apportent leur concours à ceux qui ont pris l'initiative de fonder en Grèce une Société de la Croix rouge.

Le Comité central de la Société italienne, à côté des chalenreux appels qu'il adresse à la charité en faveur des victimes do la guerre actuelle, vieni de prendre l'initiative d'une mesure excellente; une enquête générale sur les ressources que chaque commune du royaume pourrait, eu cas de guerre nationale, offrir à l'œuvre de la Croix rouge.

M. Pierre Wassiltchikolf, délégué de la Société russe de la Croix rouge, écrivait le 15/27 Octobre à l'Agence internationale de Trieste:

«A mou arrivée au Monténégro, au mois de juillet passé, la Russie y possédait trois hòpitaux, dont deux à Cettinje avec 140 blessés, et un à Niegosch avec 30 blessés. Nous dispensions, en outre, journellement, des soins à près de 87 blessés et 12 malades ambulants.

Le Comité international a reçu le résumé suivant des travaux de la Croix rouge des Pays-Bas, pendant la guerre d'Orient:

Ainsi que nous vous l'avons déjà communiqué et que vous l'avez annoncé dans votre Bulletin du mois d'octobre 1877, nous avons fait remettre au Comité néerlandais, de St-Pétersbourg la somme de 6000 florins. — M. Gillot, président de ce Comité, nous a dès lors écrit que cette somme a permis d'étendre la sphère d'activité de l'ambulance destinée au Caucase, par une augmentation du nombre des candidats en médecine et des sœurs de charité.

Nous extrayons ce qui suit d'une lettre adressée par S. E. le Prince Démétrius Ghika, président de la Société roumaine de la Croix rouge, à M. Gustave Moynier, président du Comité international.

Bucharest, le 12/24 octobre 1877.

Les événements actuels sont si graves et se succèdent avec tant de précipitation, que le temps matériel m'a manqué pour vous mettre an courant des dispositions prises et des résultats obtenus par la Croix ronge de Ronmanie; permettez-moi, Monsieur le président, de réparer aujourd'hui cette omission regrettable.

Quelque temps avant l'explosion de la guerre, la direction centrale de la Croix rouge, d'accord avec le département médical de l'armée et l'état-major général, avail résolu que la mission de la Société devait être de venir au secours des blessés et des malades à l'intérieur de l'Empire, et d'aider le ministère de la guerre à transporter, par chemin de fer, les malades et les blessés du théâtre des opérations militaires, C'est conformément à cette résolution que toutes les dispositions de la Croix ronge ont été prises et continuent à l'être.

Un rapport très-étendu, sur la création et la première année d'activité de la Société serbe de la Croix rouge (mars 1876-mars 1877) est récemment parvenu au Comité international de la part du Comité central de cette société. Nous en reproduisons ici la plus grande partie, en renvoyant pour les prolégomènes historiques aux articles que nous avons publiés dans notre 27me bulletin (VII, 117–122, 150–157). Nous entrons en matière aux débuts de la guerre de 1876.

Nous avons déjà mentionné (p. 31) les instructions répandues parmi les soldats russes et tures par les Sociétés de secours de leurs pays respectifs, pour les initier aux exigences de la Convention de Genève.

Depuis lors, nous avons encore reçu de Belgrade un document du même genre, à l'usage des troupes serbes, mais émanant directement du gouvernement et ayant un caractère tout-à-fait officiel. Nous ne pouvons qu'annoncer cette bonne nouvelle à nos lecteurs dans le présent, Bulletin, mais nous nous réservons d'y revenir plus tard.

Les comptes rendus des séances du Comité du Croissant rouge, que publie régulièrement le journal la Tarquie, témoignent, d'une activité soutenue de la part de cette société. Nous pourrions en tirer bien des pages de nature à captiver l'attention de nos lecteurs; mais les limites de ce Bulletin nous obligent à ne signaler que les faits les plus intéressants. En raison de l'abondance des matières, on voudra bien nous excuser si les transitions ne sont pas ménagées.