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Écueils et objectifs partagés entre juristes et sociologues : Réflexions sur le dialogue interdisciplinaire entre le droit et la sociologie

Published online by Cambridge University Press:  16 December 2013

Bertrand Lavoie*
Affiliation:
Université de Montréal

Abstract

The objective of this paper is to present analytical and theoretical reflections on the interdisciplinary dialogue between law and sociology. The presentation of contradictions and shared interests between these two disciplines can contribute to interdisciplinary anthropology that focuses on the sometimes difficult “immigration” experienced by those who mobilize more than one academic field in their research. This paper is particularly addressed to those lawyers who start interdisciplinary dialogue within the discipline of sociology.

Résumé

L’objectif de cet article est de présenter des réflexions analytiques et théoriques sur le dialogue interdisciplinaire entre le droit et la sociologie. La présentation de contradictions et de points de rencontre possibles entre ces deux disciplines peut contribuer à une anthropologie interdisciplinaire qui s’intéresse à l’« immigration » parfois difficilement vécue par ceux et celles qui mobilisent plus d’un domaine académique dans leurs recherches. Cet article s’adresse particulièrement à ces juristes qui entament un dialogue interdisciplinaire et tout spécifiquement à ceux qui font leurs premiers pas sociologiques.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Law and Society Association / Association Canadienne Droit et Société 2013 

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References

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3 Parmi les cours introductifs dans la discipline juridique, un en particulier représente en apparence des difficultés notables pour un étudiant ayant été formé dans une discipline comme la sociologie, soit le cours Droit des obligations 1. Je tiens à remercier la professeure Violaine Lemay de l’Université de Montréal, qui m’a conseillé d’assister à ce cours de droit civil afin d’enrichir ma propédeutique et mon « immigration » disciplinaire.

4 Les traditionnelles séances inaugurales en droit participent également à ce formalisme professionnel, où l’auditoire est tenu de respecter un certain code de conduite.

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7 Ibid., 1.

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13 Cependant, il est possible d’identifier une autre visée disciplinaire dans une faculté de droit, apparut dans la deuxième moitié du e siècle, soit une visée de recherche. Cohabite ainsi, notamment à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, une visée professionnelle (former des avocats) avec une visée de recherche, particulièrement incarnée par le Centre de recherche en droit public.

14 Berthelot, Jean-Michel, La construction de la sociologie (Paris: Presses Universitaires de France, 1991), 7.Google Scholar

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18 Respecter la réalité sociale veut dire rester fidèle aux faits et aux caractéristiques de cette réalité en évitant de les transformer pour qu’ils correspondent à la théorie.

19 Fournier, Profession sociologue, 23.

20 Noreau, « Voyage épistémologique et conceptuel dans l’étude interdisciplinaire du droit ».

21 Ibid., 176.

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23 Ibid., 227.

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25 Cependant, il faut mentionner que Weber, bien qu’il ait avancé la nécessité de maintenir la confiance envers la légitimité du droit, ne concevait pas celle-ci comme étant une exigence politique ou morale, mais bien comme une condition relative aux impératifs économiques qui accompagnaient le développement du capitalisme. Malgré cela, on peut tout de même affirmer que la question de la légitimité du droit s’est posée dans la pensée des fondateurs de la sociologie, parmi lesquels figure Weber.

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27 Takwa Souissi citée dans Violaine Lemay et al., « L’interdisciplinarité comme instrument d’efficacité en matière de protection des minorités par le droit: jeunesse chômeuse et femme musulmane face au péril du sens commun », dans La mobilisation du droit et le pluralisme communautaire, dir. Eugénie Brouillet and Louis-Philippe Lampron (Québec: Presses de l’Université Laval, à paraître), 92–100.

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29 On peut penser aux critical legal studies et aux courants féministes en droit, notamment.

30 Belley, « Le pluralisme juridique comme orthodoxie de la science du droit ».

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33 Tremblay, Luc B., « Le positivisme juridique versus l’herméneutique juridique », Revue Juridique Thémis 46 (2012): 253.Google Scholar

34 Lemay et al., « L’interdisciplinarité comme instrument d’efficacité en matière de protection des minorités par le droit: jeunesse chômeuse et femme musulmane face au péril du sens commun ».

35 Israël, « Question(s) de méthodes. Se saisir du droit en sociologue ».

36 Cette posture se rapproche un peu de celle d’Ost et Van de Kerchove, qui défendent la pertinence d’un regard externe modéré, qui se décline en trois étapes : l’étude du phénomène juridique, l’interprétation de celui-ci dans son contexte global et la réinterprétation de cette interaction. Dans Ost, François and De Kerchove, Michel Van, « De la scène au balcon: d’où vient la science du droit? », dans Normes juridiques et régulation sociale, dir. . Chazel, J et Commaille, Jacques (Paris: Droit et société, 1991), 72 et 74–75 note 1Google Scholar. Cependant, comme le souligne Pierre Noreau, en faisant du phénomène étudié le centre du monde, ce regard n’a peut-être plus rien de « modéré ». Dans Noreau, « Voyage épistémologique et conceptuel dans l’étude interdisciplinaire du droit », 184. Toutefois, l’idée chez Ost d’une interaction entre le juridique et son contexte nous apparaît porteuse.

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42 Ost and Van De Kerchove, « De la scène au balcon : d’où vient la science du droit ? », 68.

43 Israël, « Question(s) de méthodes. Se saisir du droit en sociologue », 382.