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Alertes et décisions

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

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La catastrophe de Tchernobyl, en avril 1986, a réveillé brutalement dans le monde la terreur du nucléaire, un peu assoupie depuis l'accident de la centrale américaine de Three Mile Island, à Harrisburg, en 1979. Le passage du nuage radioactif au-dessus de plusieurs pays, les erreurs commises dans l'information du public et les mesures contradictoires prises par les gouvernements intéressés ont beaucoup contribué à troubler les esprits. Mais l'aspect le plus préoccupant de l'affaire est sans doute l'impréparation des autorités soviétiques et leurs errements dans l'alerte et dans celui de l'évacuation des populations immédiatement menacées. On ne saura probablement jamais où se situent les véritables responsabilités, mais il est acquis que, pendant plusieurs jours, le sort de dizaines de milliers de personnes s'est joué dans une grande confusion. D'après la presse soviétique elle-même, l'ordre de réunir les moyens d'évacuation aurait été donné dans la soirée du 26 avril, alors que 1'accident s'était produit dans la nuit du 25 au 26. Les premières évacuations eurent lieu dans l'après-midi du 27. Certaines localités proches de la centrale ne furent complètement évacuées que dans les premiers jours du mois de mai.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1991

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References

(1) En mars 1979, un accident survenu à la centrale nucléaire de Three Mile Island, en Pennsylvanie, conduisit les autorités à envisager une évacuation qui aurait pu concerner 650 000 personnes ou plus. En fin de compte on se contenta de mesures partielles, mais 200 000 personnes environ avaient évacué spontanément le site. Divers aspects de la crise ont été présentés de façon synthétique par Augustin, B. et Fauve, J.-M. in L'accident nucléaire de Harrisburg : analyse d'une crise (Paris, Sofedis, 1979).Google Scholar

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(7) Certains des éléments de cet article sont tirés d'une thèse pour le doctorat ès-lettres et sciences humaines soutenue par l'auteur à Paris X-Nanterre en 1984 : « Essai sur la réponse sociale à une catastrophe. La Soufrière de Guadeloupe en 1976 ». En raison des engagements pris au moment de l'enquête, cette thèse n'a pas été et ne sera pas publiée en l'état.

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(10) Il s'agit des dommages qui pourraient résulter, pour les personnes, non pas du danger qui a justifié la mesure de sécurité, mais de la mise en æuvre de celle-ci. Or 1'expérience montre que les évacuations ne produisent que rarement de tels effets. Ce fut le cas en Guadeloupe, en 1976, où on n'enregistra que quelques accidents sans gravité. Confirmé par Hans, S. M. et Sell, T. C., dans une étude portant sur un nombre important de cas : Evacuations Risks. An evaluation (Las Vegas, U.S. Environmental Protection Agency. Office of Radiation Programs. National Environmental Research Center, 1975).Google Scholar

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(12) Sur le marché des valeurs mobilières cotées à la bourse de Paris, une variation de plus de 7% sur la dernière cotation entraîne la suspension momentanée de celle-ci. Il en est de même sur le marché à terme d'instruments financiers (MATIF) pour une variation de plus de deux points. Dans les deux cas, il s'agit de provoquer certaines interventions de nature à assurer la sécurité du marché.

(13) C'est généralement le cas, comme le montrent S. M. Hans et T. C. Sell dans leur étude précitée (note 10).

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(23) On suppose ici que ce label est conféré par l'autorité responsable de la gestion de la crise. Mais les experts peuvent également avoir été affectés à la surveillance permanente du risque. Il y a là, parfois, des sources de conflits entre experts concurrents.

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(34) En rappelant que les avis ne se sont pas opposés au moment précis où était prise la décision, H. Tazieff ne se trouvant pas alors sur place.

(35) C'est bien l'ensemble du diagnostic qui fut remis en cause en novembre 1976, pour presque toutes les techniques utilisées, que les initiés soient français ou étrangers. Cela rend cette erreur collective encore plus surprenante.

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