L'idée d'une enquête sur le sel dans l'histoire est née en 1955 à la Faculté des Lettres de Lille, dans le cadre du séminaire et des travaux pratiques d'histoire du Moyen Age dirigés par le professeur Michel Mollat, avec la collaboration de Jacques Le Goff, assistant à la Faculté. Il s'agissait de proposer aux étudiants lillois un thème d'histoire économique qui leur permît d'aborder l'ensemble des problèmes posés par l'étude d'un grand personnage de l'histoire économique, un produit-clé. Déjà le vin, la laine, les rutaines, la guède, entre autres, avaient été poussés sur le devant de la scène médiévale par d'eminents historiens. Mais il s'agissait là de protagonistes illustres, de produits nobles. Peut-être valait-il la peine de s'attaquer à l'un de ces produits qu'à ce moment précis Armando Sapori groupait parmi les marchandises pauvres, face aux marchandises riches, objet de plus d'attention de la part des historiens. Le blé, le bois, la pierre s'offraient alors, mais parurent trop difficiles d'abord, en raison surtout de la documentation. Restait le sel, sur lequel Henri Hauser avait naguère appelé l'intérêt.