En dépit de l'immensité du territoire chinois — 9 600 000 km2 dans ses frontières actuelles, plus de 3 millions dans les anciennes limites des « dix-huit provinces » — l'espace est rarement pris en compte dans les travaux des historiens de ce pays. Ce n'est pas que la dimension spatiale soit systématiquement ignorée. Il existe, en effet, en Chine, une longue tradition de géographie historique, prolongée dans des ouvrages de géographes modernes, dont l'apport à l'histoire est loin d'être négligeable dans la mesure où elle met à la disposition des spécialistes de l'histoire, sous la forme d'atlas, de dictionnaires de toponymes ou de répertoires divers, des instruments irremplaçables permettant de cartographier les modifications de la géographie administrative, les déplacements des routes commerciales, les variations de la population ou de la pression fiscale. Plus récemment, la coopération avec les géologues et l'utilisation des nouvelles techniques de télédétection ont permis de préciser un grand nombre de points relatifs aux transformations de l'espace physique et l'on a vu paraître de nombreux travaux consacrés aux migrations des cours d'eau, aux déplacements des rivages marins et à la géographie des canaux et des ouvrages hydrauliques.