Les religions antiques, en particulier polythéistes, constituent des systèmes particulièrement complexes, une pluralité de dieux renfermant chacun une pluralité d’aspects. La prise en compte des multiples noms de ces divinités offre un aperçu des modes de représentation et d’organisation des systèmes de dieux. C’est à l’étude de ces matériaux onomastiques que s’est attelé le projet « Mapping Ancient Polytheisms. Cult Epithets as an Interface Between Religious Systems and Human Agency » (MAP, 2017-2023), concentré sur les mondes grecs et ouest-sémitiques. Le principal résultat de ce projet est la base de données MAP qui répertorie les noms divins mentionnés dans plusieurs milliers de sources, en particulier épigraphiques. Devant une telle masse de données, comment articuler leur étude quantitative et qualitative ? Comment hiérarchiser les informations et les divinités ? L’objectif de cet article est donc double : d’un point de vue méthodologique, il s’agit de mettre en évidence l’utilité mais aussi les limites et les biais de la base de données MAP dès lors qu’on s’attache à comprendre la structuration des panthéons. D’un point de vue thématique, il s’agit d’analyser la manière dont les données recueillies donnent à voir, à diverses échelles, des réseaux au sein desquels les dieux se positionnent les uns par rapport aux autres et de possibles hiérarchies sous-jacentes. Quatre cas d’étude servent à explorer cette question : Artémis Ephesia à Éphèse ; Zeus Panamaros et Hécate à Stratonicée ; une comparaison entre la place d’Athéna et d’Asclépios dans leur sanctuaire respectif de Lindos et d’Épidaure ; et l’examen des titres soulignant le rang d’une divinité au Proche-Orient et en Égypte.