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Production et reproduction d’un monument: le stupa de Sanchi dans l’Inde coloniale

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Tapati Guha-Thakurta*
Affiliation:
Centre for Studies in Social Sciences, Calcutta

Résumé

Le site de Sanchi, dans l’État de Bhopal, a connu bien des vicissitudes depuis la première description qu’en fit un officier de l’armée des Indes en 1819. Cet ensemble de stupas bouddhistes du IIIe siècle avant notre ère est passé de l’état de ruine et de relique à celui de monument en un peu plus de deux siècles. L’histoire de cette transformation est aussi celle de l’Inde coloniale et celle de l’archéologie indienne, qui toutes deux se structurent durant le XIXe siècle. Le site se trouve ainsi au centre de plusieurs évolutions: celle des techniques archéologiques et de reproduction de l’image; celle de l’emprise institutionnelle de l’État colonial et la place grandissante du patrimoine dans l’élaboration de l’Inde indépendante; celle, enfin, de la montée des nationalismes et des religions dans l’Inde contemporaine. L’auteur donne ainsi à voir les différentes strates de sens qui sont en concurrence pour la reconstruction des passés « véritables » de Sanchi.

Abstract

Abstract

Sanchi, in the Indian state of Bhopal, was first described by a British Indian Army officer in 1819. Since then, this group of 3rd-century-BCE Buddhist stupas went from the status of ruins and relics to the status of monument. The history of this transformation is also the history of colonial India, and of Indian archaeology, both being shaped in the 19th century. Sanchi was thus at the crossroads of several evolutions: of archaeological techniques and image reproduction; of the control of the colonial state and then the role of heritage in the construction of an independent India; of the rise of nationalisms and religions in contemporary India. This articles thus sifts through the many layers of meaning that competed for the production of the “real” past of Sanchi.

Type
Art et patrimoine
Copyright
Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2010

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References

1 - Mitra, Debala, Sanchi, New Delhi, Archaeological Survey of India, 2003, p. 8 Google Scholar.

2 - L’expression « ère Marshall » se réfère au mandat de Sir John Hubert Marshall, qui fut directeur général du Service archéologique de l’Inde de 1902 à 1928: cette période vit les plus grands progrès dans les domaines de la restauration scientifique et de la conservation des sites archéologiques dans l’Inde britannique. Voir, par exemple, Roy, Sourindranath, The story of Indian archaeology, 1784-1947, New Delhi, Archaeological Survey of India, 1961, p. 90-113 Google Scholar. Plus précisément, l’expression est employée par Nayanjot Lahiri à propos de la reconstruction archéologique de Sanchi: Lahiri, Nayanjot, «From ruin to restoration: The modern history of Sanchi», in Insoll, T. (dir.), Belief in the past: The proceedings of the 2002 Manchester conference on archaeology and religion, Oxford, Archaeo-press, 2004, p. 99-114 Google Scholar. La présente contribution doit beaucoup à cet article important.

3 - SirMarshall, John Hubert et Foucher, Alfred, The monuments of Sanchi, New Delhi, Swati Publications, [1940] 1983, vol. 1, p. 9 Google Scholar.

4 - Une partie de cet article a été publiée dans un volume consacré à SirMarshall, J. H. et à ses activités archéologiques en Inde: Guha-Thakurta, Tapati, «The many lives of the Sanchi Stupa in colonial India», in Guha, S. (dir.), The Marshall albums: Photography and archaeology, New Delhi, Mapin Publishing/Alkazi Collection of Photography, 2010 Google Scholar. Je suis très reconnaissante envers le Dr Sudeshna Guha, de l’université de Cambridge, pour les idées et les images qu’elle m’a fournies.

5 - Mêmes remarques de la part de Nayanjot Lahiri à propos de l’« histoire moderne tumultueuse et désordonnée » de Sanchi, dont « les aspérités deviennent invisibles lorsqu’elle est observée exclusivement à travers le prisme des récits sur les entreprises de Marshall »: N. Lahiri, « From ruin to restoration... », art. cit., p. 99.

6 - Ibid., p. 102.

7 - Sanchi offre un contraste frappant avec les sites d’Amaravati et de Bharhut, où l’on ne trouve plus de stupas intacts et dont les panneaux sculptés, les piliers et les clôtures avaient beaucoup voyagé, pour revenir au cours du XIXe siècle dans les musées de Madras, de Londres et de Calcutta. Pour un développement sur la dispersion des restes d’Amaravati et de Bharhut, voir Guha-Thakurta, Tapati, Monuments, objects, histories: Institutions of art in colonial and postcolonial India, New York, Columbia University Press, 2004, p. 63-70 CrossRefGoogle Scholar.

8 - Le récit qu’Edward Fell fiten 1819 etcelui que livra en 1847 Joseph D. Cunningham, ingénieur militaire jouant le rôle d’agent politique de Bhopal – il s’agit peut-être des deux récits les plus anciens et on en trouvera des citations ci-dessous – mentionnent deux stupas sur la colline, dont le second ne contenait pas de sculptures et était dépourvu de portails. L’existence du « stupa no 3 », ainsi que d’un groupe de stupas à proximité (à Satdhara, Bhojpur et Andher), est indiquée pour la première fois par Alexander Cunningham en 1854.

9 - Captain Fell, Edward, «Description of an ancient and remarkable monument near Bhilsa», Journal of the Asiatic Society of Bengal, 3, 1834, p. 490 Google Scholar.

10 - L’« ouverture » des stupas telle que la pratiquait Cunningham est décrite en détail par Chakrabarty, Dilip K., A history of Indian archaeology from the beginnings to 1947, New Delhi, Munshiram Manoharlal publishers, 1988, p. 37-38 Google Scholar et 63.

11 - Le caractère destructeur des tentatives conduites par les amateurs Johnson et Maddock est évoqué pour la première fois par Cunningham, Joseph D., «Notes on the antiquities of the districts within the Bhopal agency», Journal of the Asiatic Society of Bengal, 6, 1847, p. 745-746 Google Scholar. Cette critique sera ensuite répétée dans tous les comptes rendus de fouilles, depuis Cunningham jusqu’à Marshall et à l’article de N. Lahiri. Elle est également mise en évidence dans le livret publié par le Service archéologique de l’Inde: Mitra, Debala, Sanchi, New Delhi, Archaeological Survey of India, [1957] 2001, p. 11.Google Scholar

12 - Si des spécialistes comme Dilip K. Chakrabarti ont loué les travaux de Cunningham à Sanchi comme la fondation de nouvelles techniques « scientifiques » d’investigation dans le domaine de l’archéologie de terrain, d’autres comme N. Lahiri, citant les récits des fonctionnaires et des savants de la fin de l’époque coloniale, critiquent bien plus sévèrement les dégâts causés par Cunningham au stupa principal et la façon dont il a dispersé ou s’est approprié les reliques exhumées sur le site: N. Lahiri, « From ruin to restoration... », art. cit., p. 101.

13 - Cunningham, Alexander, The Bhilsa topes or Buddhist monuments of Central India, Londres/Bombay, Elder & Co./Smith, Taylor & Co., 1854, p. X-XI Google Scholar.

14 - Une récente publication à ce sujet, destinée à faire date, est le reflet d’une exposition itinérante de photographies anciennes sur l’architecture indienne issues de la collection du Canadian Centre for Architecture (CCA), Montréal: Pelizzari, Maria Antonella (dir.), Traces of India: Photography, architecture, and the politics of representation 1850-1900, New Haven, Yale University Press, 2002 Google Scholar.

15 - E. Fell, « Description of an ancient and remarkable monument near Bhilsa », art. cit., p. 481, 491-492 et 494.

16 - Ibid., p. 494.

17 - N. Lahiri, « From ruin to restoration... », art. cit., p. 101.

18 - A. Cunningham, The Bhilsa topes..., op. cit., pl. I-XXXIII.

19 - Maisey, Frederick Charles, Sanchi and its remains... With remarks on the evidence they supply as to the... date of the Buddhism of Gotama... With forty plates... and an introductory note by Major-General Sir A. Cunningham, Londres, Keagan Paul, 1892, p. X-XI Google Scholar.

20 - Ibid., p. XV.

21 - Fergusson, James, Picturesque illustrations of ancient architecture in Hindostan, Londres, J. Hogarth, 1847-1848, p. 21-22 Google Scholar.

22 - J. Fergusson l’indique dans son livre sur les sculptures de Sanchi et d’Amaravati, qui résulta des recherches préparatoires et de la conception de l’exposition: Fergusson, James, Tree and serpent worship or illustrations of mythology and art in India in the first and fourth centuries after Christ from the sculptures of the Buddhist topes at Sanchi and Amara-vati, Londres, W. H. Allen, 1868, p. III-IV Google Scholar.

23 - L’album de photographies des sculptures d’Amaravati publié par Linnaeus Tripe en 1858, où chaque panneau est mesuré et photographié sur le sol du Central Museum de Madras, est conservé à la British Library, dans les collections de l’Oriental and India Office. Par analogie avec les marbres d’Elgin du British Museum, ces sculptures de pierre calcaire furent ensuite désignées comme les « marbres d’Elliot », d’après le nom de Walter Elliot, qui avait fouillé le site et expédié ces pièces à Madras en 1845.

24 - J. Fergusson, Tree and serpent worship..., op. cit., p. IV.

25 - Ibid., p. V.

26 - Ibid., p. 105.

27 - Watson, John Forbes, Report on the illustration of the archaic architecture of India, Londres, India Museum, 1869 Google Scholar.

28 - T. Guha-Thakurta, Monuments, objects, histories..., op. cit., p. 23-24.

29 - Preziosi, Donald, Rethinking art history: Meditations on a coy science, New Haven, Yale University Press, 1989 Google Scholar, propose les formulations les plus fortes au sujet de ces archives « panoptiques » et de l’essor de l’histoire de l’art en tant que discipline savante.

30 - J. Fergusson, Tree and serpent worship..., op. cit., p. IV.

31 - Fergusson, James, On the study of Indian architecture read at a meeting of the Society of Arts... 19th December, 1866... With a report of the discussion which ensued, Londres, John Murray, 1867 Google Scholar.

32 - Fergusson, James, Illustrations of various styles of Indian architecture: A series of fifteen photographs of some of the most important buildings in India erected between B.C. 250 and A.D. 1830, with a lecture on the study of Indian architecture, read at a meeting of the Society of Arts, on 19th December, 1866, Londres, Printed for use of schools of art in the United Kingdom, 1869 Google Scholar.

33 - Sur l’édification de ces Architectural courts et le projet impérial qu’elles représentent, voir Barringer, Tim, «The South Kensington Museum and the colonial project», in Barringer, T. et Flynn, T. (dir.), Colonialism and the object: Empire, material culture and the museum, Londres, Routledge, 1998, p. 17-21 Google Scholar.

34 - « Convention for promoting universally re-productions of works of art for the benefit of museums of all countries », signed at the Paris Exhibition of 1867 by the Princes, Crown Princes, Dukes and Archdukes of Great Britain and Ireland, Prussia, Hesse, Saxony, France, Belgium, Russia, Sweden and Norway, Italy, Austria and Denmark, Government of India, Home Department proceedings, Archaeology branch, 1869-1870, p. 7-8.

35 - A. Cunningham, The Bhilsa topes..., op. cit., p. XI.

36 - Voir la discussion, d’après la correspondance officielle contenue dans les Proceedings of the Foreign Department, Government of India of 1856-1857, in N. Lahiri, « From ruin to restoration... », art. cit., p. 102-103.

37 - Note de John Stratchey, 16 juin 1868: Government of India, Proceedings of the Foreign Department, A, no 59-61, citée in N. Lahiri, « From ruin to restoration... », art. cit., p. 102.

38 - L’Exposition universelle de 1851 (intitulée The Great Exhibition of the Industry of all Nations), qui s’est tenue au Crystal Palace à Hyde Park (Londres), a inspiré la création du musée de South Kensington construit en 1857 dans le quartier du même nom. En 1899, il devint le Victoria & Albert Museum.

39 - Rapport de H. H. Cole, Superintendent, Archaeological Survey, N.W.P., India, to the Under-Secretary of State for India, India Office, dated London, 24th August, 1869 – Government of India, Home Department proceedings, Archaeology Branch, 1869-1870, p. 2-4.

40 - Art Journal, 1870, p. 65-66 et 1871, p. 65-68.

41 - Rapport de H. H. Cole à A. O. Hume, Officiating Secretary auprès du Government of India, Jubbulpore, 21 décembre 1870 (d’après le document), avec un tableau complet des dépenses occasionnées par les opérations de moulage à Sanchi, Delhi et Futtehpore Sikri: Government of India, Home Department Proceedings, Archaeology Branch, 31 décembre 1870, no 21-25.

42 - Ibid., no 24.

43 - Cole, Major Henry H., Reports of the curator of ancient monuments in India, Parts I-III, for the years, 1881-1884 , Calcutta, Office of the Curator of Ancient Monuments in India, 1885 Google Scholar; Id., Preservation of National Monuments in India, Simla, Government Central Branch Press, 1884-1885.

44 - Cole, Major Henry H., Reports of the curator of ancient monuments in India, Part II, Second Report for the year, 1882-1883, with special attention to the « disrepair and neglect of important monuments, in the use and charge of native princes and communities... » , Calcutta, Office of the Curator of Ancient Monuments in India, 1885, p. 1-4 Google Scholar.

45 - Cité par N. Lahiri, « From ruin to restoration... », art. cit., p. 105.

46 - Ibid. On voit les linteaux replacés à l’envers et l’ordre erroné des sculptures dans J. H. Marshall et A. Foucher, The monuments of Sanchi, op. cit., vol. II, pl. 10, avec un historique de la reconstruction.

47 - Sous son mandat, la priorité accordée à la conservation in situ est formulée en détail par son collègue le major Keith, Archaeological Survey, North Western Provinces, 14 octobre 1885 (d’après le document): Government of India, Home Department Proceedings, Archaeology and the Conservation of Ancient Monuments, novembre 1885, no 1-3.

48 - Sur la carrière et les travaux de Deen Dayal à cette époque, voir Pinney, Christopher, Camera Indica: The social life of Indian photographs, Chicago, The University of Chicago Press, 1997, p. 82-85 Google Scholar.

49 - À côté des photographies les plus anciennes du site, prises par J. Waterhouse en 1862-1863, les clichés de Deen Dayal (un ensemble de photographies datant du début des années 1880, alors que Cole commençait la restauration du site, et un ensemble plus récent concernant les portails après restauration, réalisé le 5 novembre 1895) sont à présent conservés sur microfiches au sein de la vaste collection photographique du Service archéologique de l’Inde. Ces images de Sanchi appartiennent aux plus anciens documents des India Office Series; elles consistent en 16 albums de photographies prises entre le milieu des années 1850 et les années 1890: Archaeological Survey of India, microfiche collection, fiche 42, 1296-1297, 1301-1322 et 1413-1427.

50 - Griggs, William, India: Photographs and drawings of historical buildings – One hundred plates reproduced by W. Griggs from the collection of the late Office of the Curator of Ancient Monuments in India, Londres, W. Griggs & Sons, 1896 Google Scholar; Burgess, James, The ancient monuments, temples and sculptures of India, illustrated in a series of reproductions of photographs in the India Office, Calcutta museum and other collections, Londres, W. Griggs & Sons, 1897 Google Scholar.

51 - J. Burgess, The ancient monuments..., op. cit., figures 5-32 (sur Bharhut) et fig. 35-53 (sur Sanchi).

52 - Sanchi and the seven pagodas of Mahabalipuram, Calcutta, Johnston and Hoffman, photographers and publishers, n. d., album de 61 photographies collées.

53 - Un traitement fondateur de ce sujet se trouve dans Almond, Philip C., The British discovery of Buddhism, Cambridge, Cambridge University Press, 1988 CrossRefGoogle Scholar.

54 - Si l’ouvrage pionnier de Fergusson, James, History of Indian and Eastern architecture, Londres, John Murray, 1876 Google Scholar, était le premier à désigner Sanchi comme un sommet architectural et artistique dans l’histoire de l’art indien, qui ne pourrait ensuite que décliner, la consécration des sculptures du site allait avoir lieu au début du XXe siècle, à la faveur d’une réévaluation d’inspiration orientaliste des arts nobles de la sculpture et de la peinture. C’est ce que montrent Havell, Ernest B., Indian sculpture and painting illustrated by typical masterpieces, with an explanation of their motives and ideals, Londres, John Murray, 1908 Google Scholar; Coomaraswamy, Ananda K., History of Indian and Indonesian art, Londres, W. Hiersmann, 1927 Google Scholar; Bachofer, Ludwig, Early Indian sculpture, Paris/New York, Pegasus Press/Harcourt, Brace & Co., 1929 Google Scholar.

55 - J. H. Marshall et A. Foucher, The monuments of Sanchi, op. cit., vol. 1, p. 7-9 et 36-40.

56 - Ibid., p. 40.

57 - Habib, Maulavi Muhammad, Kak, Pandit Ramchandra et Chanda, Ramaprasad, Catalogue of the Museum of archaeology at Sanchi, Bhopal State, Calcutta, Government printing, 1922 Google Scholar.

58 - Marshall, John Hubert, A guide to Sanchi, Calcutta, Government printing, 1918 Google Scholar.

59 - Le Guide to Sanchi publié en 1918 par Marshall devait être le prélude de cet ouvrage plus vaste, dont il déclarait que la préparation était déjà en cours. Lorsque les trois volumes virent le jour, l’un des auteurs était décédé: l’archéologue bengali N. G. Majumdar, qui était responsable de l’étude des inscriptions de Sanchi contenues dans le troisième volume, mourut prématurément en 1938 durant des fouilles dans le Sind. Membre de la Varendra Research Society, il fut recruté dans le Service archéologique de l’Inde par Marshall dans les années 1920 et travailla en étroite collaboration avec lui aux fouilles de Mohenjodaro, entre 1922 et 1927, puis sur divers autres sites archéologiques de l’Indus. La collaboration de Majumdar et de Marshall sur le site de Sanchi remonte probablement aux mêmes années.

60 - T. Guha-Thakurta, Monuments, objects, histories..., op. cit., chap. 3 et 4.

61 - N. Lahiri, « From ruin to restoration... », art. cit., p. 107-112, évoque le rôle important des femmes au pouvoir à Bhopal dans la conservation de Sanchi.

62 - Ce sentiment de fierté et la conscience d’une responsabilité à l’égard du monument ancien transparaissent dans la première histoire du royaume de Bhopal qui fut traduite en anglais: Begum, Shah Jahan, Taj-Ul Iqbal Tarikh Bhopal or the history of Bhopal, Calcutta, Thacker Spink and Co., 1876, p. 219-221 Google Scholar.

63 - La Mahabodhi Society fut fondée en 1891, à l’initiative de l’orientaliste victorien Sir Edwin Arnold et du moine bouddhiste singhalais Anagarika Dharmapala. Sa cause principale est de réclamer le site et le temple de Bodh Gaya au Bihar (lieu de l’illumination de Buddha), détenu par la secte shivaïte hindoue, pour le transformer en un nouveau saint des saints du bouddhisme à l’échelle mondiale. Elle établit son premier bureau à Calcutta, avant d’en ouvrir un à Bodh Gaya même et de s’étendre par la création de filiales, depuis Ceylan jusqu’à Londres et dans divers sites bouddhistes d’Inde. Sur la longue lutte infructuctueuse menée par la Mahabodhi Society pour obtenir la charge de Bodh Gaya, voir Trevitihick, Alan Michael, «A Jerusalem of the Buddhists in British India, 1874-1979», Ph. D., Harvard University, 1988 Google Scholar, ainsi que T. Guha-Thakurta, Monuments, objects, histories..., op. cit., p. 281-298.

64 - Mathur, Saloni, India by design: Colonial history and cultural display, Berkeley, University of California Press, 2007 Google Scholar, chap. 5.

65 - Ibid., p. 146-155. Ce vif débat suscita une série d’interrogations sur ce que l’on peut légitimement définir et conserver comme le « bien » propre d’un musée, et sur les fondements des pratiques de commémoration. De là vint la déclaration passionnée d’Eric Maclagan, directeur du Victoria & Albert Museum, qui affirma en 1939: « le fait que nous désirions avoir de tels objets dans nos musées est un hommage à la civilisation bouddhiste » – mais les bouddhistes refusaient obstinément de prendre cet aspect en considération.

66 - Par exemple, l’acquisition par le Service archéologique de l’Inde des reliques funéraires retrouvées sur les sites de Taxila et de Nagarajunakonda entraîna la consécration du nouveau vihara que la Mahabodhi Society édifia à Sarnath en 1932, durant les dernières années de la vie d’Anagarika Dharmapala, qui avait à cette époque fait de Sarnath son lieu de résidence principal. Voir Sumedho, Thero Kahawatte Siri (dir.), History of the Mulagandha Kuty Vihara: The prime place of worship at Isipatana, Varanasi, Kahawatte Siri Sumedha Thero, 2006 Google Scholar. Je remercie Sraman Mukherjee de m’avoir communiqué ces informations.

67 - N. Lahiri, « From ruin to restoration... », art. cit., p. 111.

68 - Il n’est guère surprenant que le nouveau Chetiyagiri Vihara ait été négligé par tous les guides de Sanchi publiés sous les auspices du Service archéologique de l’Inde. L’un des plus récents, paru en 2003, le mentionne brièvement, moins pour suggérer une visite que pour signaler que les coffrets qu’il contient sont peut-être en effet ceux de deux grands disciples de Bouddha, Sariputta et Mahamogalana, et que ces objets se trouvaient jadis à Satdhara, dans le stupa 2.