Les lagunes côtières doivent leur forte productivité aux échanges qu'elles entretiennent avec les eaux marines et continentales. Au Togo, en période de fermeture du cordon littoral (situation observée en 1994), la salinité est faible: 1 psu à Agbodrafo, ainsi que la diversité spécifique du peuplement étudié (Ish = 2,13). A l'inverse, après une période de communication avec la mer comme ce fut le cas en 1989, la salinité remonte sur l'ensemble du plan d'eau (7 psu à Agbodrafo) et les peuplements de poissons et de crustacés sont plus variés (Ish = 2.74) et à tendance marine ou marine-estuarienne (Liza, Caranx, Penaeus, Gerres...). Dans ce cas, les rendements élevés (300 à 400 kg/ha/an) s'expliquent par un enrichissement du milieu lagunaire dû aux apports marins et à l'introduction d'espèces marines. En situation d'isolement, les peuplements sont essentiellement estuariens et largement dominés par les Cichlidae et plus particulièrement Sarotherodon melanotheron qui représente à lui seul 50 % des captures totales. Dans un contexte de pêche particulièrement active, l'expansion de cette espèce est certainement due au fait qu'elle présente une reproduction continue. Néanmoins, les valeurs des rendements totaux observés (160 kg/h/dan), des tailles maximales (250 mm), des tailles moyennes de capture (120 mm) et des tailles de première maturité sexuelle (85 mm), inférieures aux valeurs rencontrées dans les autres lagunes de la région (Nigeria et Côte-d'Ivoire), semblent traduire une croissance de Sarotherodon plus faible au Togo. L'absence de communication avec la mer et la pression de pêche intensive seraient à l'origine d'une prolifération de cette espèce dont les fortes abondances entraîneraient à leur tour un ralentissement de la croissance.