L'HYSTÉRIE DANS L'EXERCICE DE LA MÉDECINE CHEZ LES SUKUMA
Les peuples sukuma du Tanganyika constituent un ensemble formé de fragments d'un grand nombre de tribus; des indications de leur origine mixte peuvent être constatées dans leurs rites. Le culte des ancêtres continue à exercer une influence profonde, malgré qu'il ait cessé de se manifester sur le plan politique. La notion que les esprits des ancêtres peuvent gouverner leurs descendants est liée avec les activités d'une catégorie de praticiens—des magiciens et des devins—qui ont le pouvoir de se mettre en communication avec les ancêtres, de faire le diagnostic des causes de maladies et d'autres malheurs, et d'en prescrire les remèdes. Les techniques au moyen desquelles ils se mettent en communication avec les esprits des ancêtres comprennent une hystérie qu'ils provoquent en eux-mêmes. Au cours de cette hystérie, le magicien devient possédé de l'esprit, et pendant ses transes il reçoit des renseignements de l'esprit qui lui permettent de faire le diagnostic de la maladie dont souffre le malade. Un autre genre de magicien provoque l'hystérie chez son malade dans le but de découvrir, également, la cause de son désordre et de suggérer un traitement approprié. Dans un cas comme dans l'autre, des grelots sont utilisés pour provoquer l'état d'hystérie désiré. Le praticien a droit à une rétribution pour sa consultation, mais celle-ci ne lui est versée que lorsque des résultats satisfaisants se sont produits. Il paraît évident que les activités des magiciens et le culte des ancêtres satisfont un besoin dans la vie spirituelle des Sukuma, en leur donnant une explication de leurs maux et de leurs malheurs. Par l'exercice de ses pouvoirs, le magicien maintient son rang dans la vie du village.
