Voici un livre qui, dès l'abord, se recommande par sa loyauté. Les références idéologiques et historiographiques en sont clairement annoncées : Jean Sentou a voulu mettre en œuvre les leçons de méthode de Georges Lefebvre, et s'appuyer chaque fois que nécessaire sur les grandes interprétations et les travaux réputés d'Ernest Labrousse et d'Albert Soboul. Les objectifs en sont délimités avec rigueur : il est urgent de donner à l'histoire des groupes sociaux un fondement scientifique, « il ne suffit pas de décrire, il faut aussi compter » (G. Lefebvre) ; d'où la conviction de l'auteur qu'il importait, dans ce qu'il a la modestie d'appeler un « essai d'histoire statistique », déjouer jusqu'au bout le jeu du calcul et du dénombrement à propos d'une société urbaine — celle de Toulouse, ville de quelque 60 000 habitants à la veille de la Révolution — et de tenter de « définir, analyser et opposer les différents groupes sociaux » à partir d'un critère privilégié : celui des fortunes et des revenus.