Hostname: page-component-848d4c4894-wg55d Total loading time: 0 Render date: 2024-05-21T18:07:04.083Z Has data issue: false hasContentIssue false

Au Début du XVe Siècle : Mentalité et vocabulaire des marchands florentins*

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Christian Bec*
Affiliation:
Faculté des Lettres et Sciences humaines de Nancy

Extract

Durant ces dernières années, plusieurs essais ont été consacrés à l'étude de la notion de fortune chez les écrivains italiens du début du XVIe siècle, dont Machiavel en particulier. Mais aucune de ces enquêtes n'a vraiment dépassé le plan de la critique littéraire. Or il nous semble que l'analyse d'un tel thème, si intimement lié à de profondes infrastructures mentales, ne peut être menée in abstracto, en négligeant les réactions instinctives des contemporains et les idées reçues depuis des siècles. Au vrai, malgré qu'il en ait parfois, Machiavel lui-même n'ignore point les conceptions des hommes d'affaires qui ont fait Florence et l'ont gouvernée sans partage au début du Quattrocento.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1967 

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

Footnotes

*

Nous remercions très vivement M. le professeur F. Braudel et le Comité de Rédaction des Annales E.S.C. d'avoir bien voulu nous demander d'adapter et de condenser pour la revue un chapitre de notre ouvrage : Les marchands écrivains, affaires et humanisme à Florence, 1375-1434, Paris-La Haye, Mouton et Co, 1967 (Collections de l'École Pratique des Hautes Études, VIe Section).

References

page 1206 note 1. Doren, A., « Fortuna im Mittelalter und in der Renaissance », Vortrûge der Bibliotek Warburg, I, Berlin-Leipzig, 1922-1923, pp. 71144 Google Scholar ; Patch, H. W., « The Tradition of the Goddes Fortuna in Roman Littérature and in the Transitional Période, Smith Collège Studies in Modern Languages, III, Northampton (Mass.), 1922, 3, pp. 131177 Google Scholar ; 4, pp. 179-235 ; ID., The goddes Fortuna in Mediaeval Literature, Cambridge (Mass.), U.P., 1927 ; Palmarocchi, R., « Il concetto di fortuna nel Guicciardini », Archivio storico italiano, IV (1941), p. 4 Google Scholar, sqq. ; Pkocacci, G., « La fortuna nella realtà politica e sociale del primo Cinquecento », Belfagor, VI-4 (1951), pp. 407421 Google Scholar ; Sasso, G., Niccolb Machiavelli, storia del suo pensiero politico, Napoli, Istituto Italiano per gli studi storici, 1958 Google Scholar ; Santoro, M., Fortuna, ragione e prudenza nella civiltà letteraria del Cinquecento, Napoli, Liguori, 1966.Google Scholar

page 1206 note 2. Cependant un essai de F. Gilbebt sur la pensée politique à Florence au temps de Savonarole et de Soderini (in Machiavelli e il suo tempo, Bologna, Il Mulino, 1964) apparaît comme une ébauche du type d'étude que nous souhaitons. L'auteur consacre en effet quelques pages à l'analyse des termes de fortuna et prudenza tels qu'ils apparaissent dans les interventions des hommes politiques florentins du début du xvie siècle participant aux assemblées. Par contre, M. Santoro (op. cit.) n'étudie les concepts de fortuna, ragione et prudenza qu'à travers les écrivains du début du Cinquecento, de Pontano à Machiavel (cf. à ce propos C. Bec, « Fortuna ratio et prudentia au début du Cinquecento. », Les Langues néo-latines, 1967, 61-1.

page 1206 note 3. Certes, Machiavel affirme, dans une lettre du 9 avril 1513 : « Ne sachant dis-courir ni de l'art de la soie, ni de l'art de la laine, ni des profits, ni des pertes, il me faut parler de l'État et je dois soit faire voeu de me taire soit traiter ce sujet ». D'autre part, le secrétaire florentin ne laisse guère de place à l'économie dans ses analyses politiques. Il n'en reste pas moins qu'il connaît les marchands historiens du début du xve siècle et que, dans quelques passages de son oeuvre, il admet que les affaires ont une grande importance dans la vie florentine. Dans les Nature di uomini fiorentini, par exemple, il écrit à propos d'Antonio Giacomini : « Son père l'envoya à Pise pour y exercer le commerce auquel se livre toute la bourgeoisie de Florence et qui est la source principale de la prospérité du pays » (in Œuvres Complètes, Paris, N.R.F., 1958, p . 1489).

page 1207 note 4. Pitti, B. , Cronica, con annotazioni ristampata da A.Bacchi Délia Lega, Bologna, Romagnoli, 1905, p. 41.Google Scholar

page 1208 note 1. Id., ibid., p. 144.

page 1208 note 2. Sigoli, S., Viaggio in Terra Santa, Firenze, Le Monnier, 1943, p. 166.Google Scholar

page 1208 note 3. « Diario di Felice Brancacci ambasciatore con Carlo Federighi al Cairo pcr il Comune di Firenze (1422) », a cura di Catellacci, D., Archivio Storico Italiano, IV, VIII (1881), p. 185.Google Scholar

page 1208 note 4. Villani, G., Cronica, Trieste, 1857-1858, IX, 228.Google Scholar

page 1208 note 5. Id., ibid., XI, 27.

page 1208 note 6. Id., ibid., IX, 37.

page 1209 note 1. In Macinghi-Strozzi, A., Lettere di una gentildonna fiorerUina ai figliuoli esuli, Firenze, Sansoni, 1887, p. 411.Google Scholar

page 1209 note 2. B. Pitti , Cronica, p. 36.

page 1209 note 3. Id., ibid., p. 59.

page 1210 note 1. Rucellai cite successivement Boèce, Epictète, Aristote, Dante, Salluste, Fazio degli Uberti, Sénèque, Cecco d'Ascoli, Lucain, Lionardo Dati, Pétrarque et Cicéron. Il demande au notaire Giovanni Martini da San Gimignano de lui expliquer un passage de l'Altercatio Hadriani Augustii et Epicteti philosophi concernant la fortune, et il prie Marsile Ficin de lui dire si l'homme a quelque pouvoir sur les événements fortuits (in Rucellai, G., Zibaldone, a cura di A. Perosa, London, Warburg Institute, 1960 Google Scholar).

page 1210 note 2. Cf. Ovide, Tristes, V, VIII, 15-18 et III , VII, 41-42. Les premiers de ces vers sont repris de façon symptomatique par les poèmes des Goliards (cf. Canti goliardici medievali, Firenze, Fussi, 1949, vol. 2, p. 56).

page 1210 note 3. Cf. H. R. Patch, The tradition of the Goddes Fortuna…, pp. 131-177.

page 1210 note 4. Dans la Divine Comédie, Dante, suivant de près saint Thomas, exclut le hasard de son univers et affirme que tout dépend de la Providence et du libre-arbitre de l'homme (Inferno, VII, 67-96). Dans le Convivio, abordant la question des biens de fortune, conformément au mépris qu'il éprouve pour les hommes d'affaires, il condamne la fortune, car elle favorise les malvagi, seuls soucieux de s'enrichir (Convivio, IV, XI, 10-12). Boccace adopte — non pas dans ses oeuvres mineures mais dans le Décaméron — une vision assez souple et pragmatique. Il enseigne que l'homme peut lutter contre la fortune ou, pour le moins, s'en servir, dans le cadre d'une action individuelle bornée aux seuls objectifs raisonnables.

page 1210 note 5. Horace, Carm., III , XXIX, 52.

page 1210 note 6. Cavalcanti, G., Istorie florentine, a cura di G. Di Pino, Milano, Martello, 1944, p. 30.Google Scholar

page 1211 note 1. Archives d'État de Florence, fonds strozxiano, IIIa série, CXXXIII, n° 232, Modena, 2/5/1426, Gherardino à Matteo Strozzi.

page 1211 note 2. Ibid., n° 386.

page 1211 note 3. Ibid., CXII, 8/3/1431.

page 1211 note 4. G. Rucellai, Zibaldone, p. 8.

page 1212 note 1. Boccaccio, G., Decameron, a cura di V. Bkanca, Firenze, Le Monnier, 1960 2 Google Scholar, II, 3, § 11, 17, 22, 28, 37 et II, 5, § 10, 38, 56, 70, 84.

page 1212 note 2. Cf. C. Bec, Les marchands écrivains, pp. 253-277.

page 1212 note 3. G. Villani, Cronica, XII, 54.

page 1212 note 4. Morelli, G. Di P., Bicordi, a cura di V. Branca, Firenze, Le Monnier, 1956, p. 437.Google Scholar

page 1213 note 1. In A. Macinghi-Strozzi, Lettere…, p. 216.

page 1213 note 2. Ibid., p. 187.

page 1214 note 1. Cité in Borlandi, A., Il monnaie di mercatura di Saminiato de’ Ricci, Genova, Di Stefano, p. 34.Google Scholar

page 1214 note 2. Cf. Ii. Bonfigli, Otto lettere e una canzone di B. Pitti, Rassegna lucchese, 7-8, 1906.

page 1214 note 3. G. Boccaccio, Decameron, III, 9, § 10.

page 1214 note 4. Sacchetti, F., Trecentonovelle, a cura di V. Pebnicone, Firenze, Sansoni, 1946 Google ScholarRassegna lucchese, CLXXIV.

page 1215 note 1. A. Boklandi, Il manuale di mercatura…, chap. X.

page 1215 note 2. Evans, A., La pratica délia mercatura di F. B. Pegolotti, Cambridge (Mass.), 1936.Google Scholar

page 1215 note 3. Melis, F., « Aspetti délia vita economica médiévale. » (Studi nell'archwio Datini di Prato), Firenze, Olschki, 1962, vol. 1, p. 36.Google Scholar

page 1215 note 4. Sapori, A., Le marchand italien au Moyen Age, Paris, Colin, 1952, p. XXII.Google Scholar

page 1216 note 1. Compagni, D., Cronica, a cura di I. Del Lungo, Firenze, Le Monnier, 1879-1887 Google Scholar, 1,1.

page 1216 note 2. Sigoli, S., Viaggio in Terra santa, Firenze, Le Monnier, 1943, p. 113.Google Scholar

page 1216 note 3. Les dimensions de la grande pyramide sont les suivantes : côté, 227 m ; hauteur, 138 m ; arête, 217 m. Le périmètre est de 1 008 m. Or Sigoli ne l'évalue qu'à 350 m. L'erreur serait considérable. En fait, on peut se demander s'il a mesuré la grande pyramide et, en outre, si l'état de ces monuments était le même que de nos jours. De toute façon, il y a une grande approximation dans les chiffres fournis par le marchand.

page 1216 note 4. Renouard, Y., in Il Quattrocento, Libéra Cattedra di Storia délia Civiltà Fiorentina, Firenze, Sansoni, 1954, pp. 169170 Google Scholar ; Goff, J. Le, « Temps de l'Église et temps du marchand », Annales E.S.C., XV, 3 (1960), pp. 417433 Google Scholar. Cf., en outre, Caravalho, J. B. De, « Temps, groupes, mentalités », ibid., VIII, 4 (1953), pp. 1175-1181.Google Scholar

page 1217 note 1. G. Dati, Istoria di Firenze, dal 1380 al 1405, illustrata e pubblicata… da L.Pratesi, Norcia, Tonti, 1904, p. 115.

page 1217 note 2. S. Sigoli, Viaggio in Terra santa, p. 171.

page 1217 note 3. I. G. Rucellai, Zibaldone, p. 53.

page 1217 note 4. Alberti, L. B., I primi tre libri délia Famiglia, Firenze, Sansoni, 1946, pp. 254 Google Scholar et 266 sqq.

page 1217 note 5. A. Macinghi-Strozzi, Lettere…, p. 231.

page 1217 note 6. Id., ibid., p. 534.

page 1218 note 1. A. Boelandi, La pratica délia mercatura…, pp. 93-94.

page 1218 note 2. Sapori, A., Studi di storia economica, Firenze, Sansoni, 1955 Google Scholar, chap. XVII.

page 1218 note 3. G. Dati, Istoria, p. 136.

page 1218 note 4. S. Sigoli, Viaggio in Terra santa, p. 145.

page 1218 note 5. G. Dati, Libro segreto, p. p. C. Gargiolli, Bologna, Romagnoli, 1877, p. 85.

page 1219 note 1. G. Boccaccio, Decameron, IV, 1, 38.

page 1219 note 2. G. Di P. Morelli, Ricordi, p. 238.

page 1219 note 3. G. Cavalcanti, Istorie florentine, p. 380.

page 1219 note 4. G. Dati, Istoria, p. 29.

page 1220 note 1. Id., ibid., p. 43.

page 1220 note 2. G. Di P. Morelli, Ricordi, p. 277.

page 1220 note 3. G. Dati, Istoria, p. 68.

page 1220 note 4. Id., ibid., p. 70.

page 1221 note 1. S. Sigoli, Viaggio in Terra Santa, p. 216.

page 1221 note 2. G. Dati, Istoria, pp. 60-61.

page 1221 note 3. Certaldo, P. Da, Libro di buoni costumi, documenta di vita trecentesca fiorentina, a cura di S. Mobpukgo, Firenze, Le Monnier, 1945 Google Scholar, p. CXLEX.

page 1222 note 1. Cf. Condé, J-, « La sagesse machiavélique, politique et rhétorique », in Umanesimo e Scienza politica, Milano, Marzorati, 1951, pp. 8192.Google Scholar

page 1222 note 2. R. Morghen, La dottrina del Machiavelli, ibid., p. 338.

page 1222 note 3. Archives d'État de Florence, fonds strozziano, I l l a série, CXXXIII, n° 4, 28/9/1407.

page 1222 note 4. Ibid., XCII, 12/8/1430.

page 1222 note 5. Cf. Aubenque, P., La prudence selon Aristote, Paris, P.U.F., 1968.Google Scholar

page 1223 note 1. Paolo Da Certaldo, Libro di buoni costumi, p. CLIII.

page 1223 note 2. G. Di P. Morelli, Bicordi, p. 130.

page 1223 note 3. Paolo Da Certaldo, Libro di buoni costumi, p. LXV.

page 1223 note 4. A. Macinghi-Strozzi, Lettere…, p. 218.

page 1224 note 1. H. D. Noble, Article « Prudence », in Dictionnaire de théologie catholique, XIII, col. 1023-1076.

page 1224 note 2. P. Da Certaldo, Libro di buoni costumi, p. CLXXI.

page 1224 note 3. Id., ibid., p. CLXXII.

page 1224 note 4. Sacchetti, F., Lettere, a cura di A. Chiari, Bari, Laterza, 1938 Google Scholar, X.

page 1224 note 5. G. Dati, Istoria, p. 44.

page 1224 note 6. H. D. Noble, Article « Prudence », col. 1027.

page 1225 note 1. « La prudence est une très belle chose : sois donc prudent dans toutes tes affaires, familiales, commerciales et autres. Tu dois savoir que, durant certaines années, il y a de très grandes famines et disettes ; aussi pense toujours à te munir de grain pour deux ans, si tu peux » (P. Da Certaldo, Libro di buoni costumi, p. LXXXIII).

page 1225 note 2. Saint Paul, Rom., VIII, 15.

page 1225 note 3. Saint Thomas, Summa, IIa-IIi«, qu. LV, a. 1.

page 1225 note 4. Cf. Bisticci, Vespasiano Da, Vite di uomini illustri, Milano, Hoepli, 1951, pp. 260 Google Scholar et 388.

page 1225 note 5. Cf. Lacombe, G., Aristoteles latinus, Codices descripsit…, Romae-Cantabrigiae, 1, 1939, pp. 72 Google Scholar sqq et 160 sqq.

page 1225 note 6. Il Paradiso degli Alberti, ritrovi e ragionamenti del 1389, a cura di A. Wesselofski Bologna, Romagnoli, 1867, vol. 3, pp. 87-88.

page 1226 note 1. Guichardin semble se trouver dans le prolongement des intuitions marchandes. Autant, sinon mieux que les hommes d'affaires, et plus clairement qu'eux, il a le sens de la relativité et de la diversité des circonstances. Aussi recommande-t-il l'usage de la prudence comme capacité d'analyser judicieusement et calmement une situation particulière, afin de préjuger de l'avenir. Cf. Ricordi, VI, CXIV, etc.