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Commerce et Empire : l'expérience britannique du libre-echange a la première guerre mondiale

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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Le premier Empire britannique, celui des xviie et xviiie siècles, était un empire mercantihste ; il avait été conçu et édifié comme une unité économique, comme un système d'échanges aussi clos que possible, assujetti étroitement aux intérêts de la métropole. Bien que cette structure mercantihste ait été ébranlée par la perte des treize colonies et minée par les progrès de la Révolution industrielle en Angleterre, elle s'est survécue à elle-même jusqu'au milieu du xixe siècle. Mais de 1846 à 1860, elle fut entièrement démantelée, et l'Empire mercantihste fit place à l'Empire libre-échangiste, qui devait durer jusqu'en 1931. Cet Empire ne constitue pas à proprement parler une unité économique. L'Angleterre s'ouvre librement et sur un pied d'égalité aux produits du monde entier, étrangers comme impériaux ; d'autre part, elle ne cherche pas à imposer dans ses possessions un traitement de faveur pour ses propres marchandises.

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Mise au Point
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Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1964

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References

1. Dérivé d'un cours d'agrégation, cet article n'a d'autre raison d'être que l'absence d'étude d'ensemble sur ce problème, et constitue une simple mise au point. On a beaucoup utilisé les trois chapitres de la Cambridge History of the British Empire (abrégée ensuite CHBE) ;t. II, The Growth of the New Empire. 1783-1870, Cambridge, 1940, gr. in-8°, xu-1068 p., pp. 751-805, « Free Trade and Commercial Expansion, 1853-1870 », par H. J. Habakkuk ; t. III, The Empire-Commonwealth. 1870-1919, Cambridge, 1959, gr. in-8°, xxi-948 p., pp. 181-229, « Finance, Trade and Communications, 1870-1895 », par E. A. Benians, et pp. 438-489, « Impérial Finance, Trade and Communications, 1895-1914 », par G. S. Graham, et le remarquable ouvrage de S. B. Saul, Studies in British Overseas Trade. 1870-1914 (Liverpool, 1960, 8°, vi- 246 p.). La plupart des données statistiques ont été fournies par W. Schlote, British Overseas Trade from 1700 to the 1930's, traduit de l'allemand par W. O. Hendersoh et W. H. Chaloneb (Oxford, 1952, 8°, xvi-181 p.), notamment les tables 20 à 25 de l'appendice; voir aussi B. R. Mitchell et P. Deane, Abstractof British Historical Statislics (Cambridge, 1962, 4°, xiv-513 p.). Dans l'exposé les termes Angleterre, Gtande- Bretiigne et Royaume-Uni ont été employés indifféremmjnt comme synonymes.

2. CHBE, II, pp. 759-61, 764.

3. Ibidem, p. 772.

1. Ainsi que les épices, le riz, le cacao, le jute et l'étain ; mais les importations en étaient faibles.

2. La gamme des exportations de chaque territoire de l'Empire (à l'exception de l'Inde) était aussi très limitée et en général elles étaient dominées par un seul article ; en 1854, les bois représentaient 82 % des importations de la Grande-Bretagne en provenance des colonies d'Amérique du Nord, la laine 82 % de celles d'Australasie et 72 % de celles du Cap et du Natal. Preuve d'une structure économique encore rudimentaire.

3. CHBE, II, p. 769.

1. La part de ces colonies dans le commerce impérial de l'Angleterre avait fortement augmenté depuis 1830 ; elles recevaient 21 % des exportations britanniques vers l'Empire en 1827-30, 31 % en 1837-40, 47 % en 1854-7 (Schlote, pp. 91-2, 07).

2. CHBE, II, p. 754, 780.

1. Saul, pp. 209-210.

2. L. S. Stamp et S. H. Beavek, The British Isles. A Géographie and Economie Survey (Londres, 1947, 3e édit., 8°, xii-719 p.), p. 207.

3. Saul, p. 29. En 1909-13, le Royaume-Uni importa en moyenne 6 060 000 t. de blé et farines de blé par an, 998 000 t. de viande, 212 000 t. de beurre. Cf. P. Lamartine Yates, Forty Years of Foreign Trade (Londres, 1959, 8°, 255 p.), p. 70, 80, 84.

4. £ M = Million de livres-sterling.

5. Voir notamment M. E. Fletcher, » The Suez Canal and World Shipping, 1869-1914 », Journal of Economie History, XVIII, n° 4, décembre 1958, pp. 556-573.

1. D. North, « Océan Freight Rates and Economie Development. 1750-1913 », Ibidem, pp. 537-555 ; — Cube, II, pp. 762-5 ; — Saul, p. 188, 210.

2. Rappelons les belles pages d'Albert Demangeon sur le rôle des chemins de fer dans la colonisation britannique (L'Empire Britannique. Étude de Géographie Coloniale, Paris, 1923, 12», \ III-280 p., p . 93, sqq.) ; — aussi CHBE, III, p. 466.

3. Saul, p. 208, 210 ; — CHBE, II, p. 754.

4. H. H. Segal et M. Simon, « British Foreign Capital Issues, 1865-1894 », Journal of Economie History, XXI, n° 4, décembre 1961, pp. 566-581, p. 576. Ces investissements se faisaient surtout par l'intermédiaire d'emprunts lancés par les gouvernements des colonies (ceux-ci absorbèrent 70 % des capitaux investis dans l'Empire pendant cette période), qui les utilisaient pour développer l'équipement de base (voir aussi CHBE, II, pp. 792-3, 795-6). Mais on tiendra compte de l'article de J. D. Bailey, « Australian Borrowing in Scotland in the Nineteenth Century », Economie History Review, XII, n° 2, déc. 1959, pp. 268-279, qui montre que les compagnies foncières australiennes empruntaient des capitaux importants en Ecosse, par l'intermédiaire des solicitors, et sans passer par la Bourse de Londres.

1. Saul, pp. 65-6, 206, 211-3.

2. Saul, pp. 69-70 ; — CHBE, II, pp. 799-801, 804 ; — A. K. Cairncross, Home and Foreign Investment. 1870-1913. Studies in Capital Accumulation (Cambridge, 1953, 8°, xvi-251 p.), p. 2, 225, 232-3 notamment. Cet auteur reconnaît que ces exportations de capitaux se sont faites au détriment des investissements internes, mais il les considère néanmoins comme « payantes », comme les concomitants nécessaires du développement économique de l'Angleterre, et comme un facteur essentiel des progrès du revenu moyen par tête que l'on observe pendant cette période. Investir dans des pays producteurs de denrées primaires, c'était en fait investir dans le secteur primaire de l'économie britannique elle-même ; d'autre part, c'était le moyen de transmettre aux pays sous-développés le vigoureux processus de croissance de la Grande-Bretagne. Ajoutons que les prêts britanniques aux colonies étaient en grande partie utilisés à des achats directs de marchandises anglaises ; mais il n'en fut pas de même des capitaux exportés au Canada à la veille de 1914, et qui furent en fait employés à acheter des biens d'équipement aux États-Unis.

1. Cube, II, pp. 787-791 ; — Saul, pp. 10, 99 ; — Segal et Simon, p. 572.

2. Cairncboss, p. 183 ; — Saul, p. 67. D'après Cairncross, la part de l'Empire dans les investissements totaux serait passée de 34 % en 1870 à 52 % en 1885. Mais certains de ses chiffres sont infirmés par les calculs plus récents d'A. H. Imlah, Economie Eléments of the Pax Britannica. Studies in British Foreign Trade in the Nineteenth Century (Cambridge, Mass., 1958, 8°, xiv-224 p.), pp. 72-5.

3. Op. cit., p . 572, 574, 579. Voir aussi Cube, II, p. 788 : dès 1850-1875, l'Empire aurait reçu 40 % des capitaux exportés. D'autre part, de 1910 à 1913, les émissions « impériales » sur la place de Londres représentèrent 43 % des émissions totales pour l'outre-mer ( Kahn, A. E., Great Britain in the World Economy New York, 1940, 8°, xvii314 p. ; p . 139Google Scholar). Pour les années 1907-1913, le pourcentage serait de 48 %, d'après Cube, III, p . 488.

4. Ces derniers présentent deux cycles longs, 1867-77 et 1877-92, avec maxima en 1874 et 1889.

5. Comme on le verra plus bas, ce fait confirme l'idée de Saul (p. 110, 112-4) selon laquelle la Grande-Bretagne réussit en partie, durant le dernier quart du xixe siècle, à s'isoler et à isoler son Empire des effets les plus graves des crises économiques, en changeant la direction de ses exportations de capitaux.

6. Chiffres détaillés dans Saul, p. 67 ; — W. K. Hancock, Survey of British Commonivealth Affairs, Volume II, Problems of Economie Policy, 1918-1939, Part I (Londres, 1940, 8°, xi-324 p.), p. 27, note 1

1. Ce qui semble infirmer les thèses selon lesquelles le besoin d'exporter des capitaux en surplus aurait été le moteur de l'expansion britannique à la fin du xixe siècle. On notera d'ailleurs que les rendements des emprunts des gouvernements coloniaux et des actions de chemins de fer impériaux (dans lesquels fut investie la plus grande partie des capitaux exportés vers l'Empire) n'étaient que légèrement supérieurs à ceux des titres métropolitains similaires. Voir Cairncboss, pp. 226-31 ; — Imlah, p. 61 ; — CHBE, II, pp. 802-3. Également W. J. Macpherson, « Investment in Indian Railways, 1845-1875 », Economie History Review, VIII, n° 2, déc. 1955, pp. 177-186 ; cette étude montre que les épargnants étaient attirés surtout par la garantie d'intérêt de 5 % dont bénéficiaient les titres de chemins de fer indiens

1. Saul, pp. 171-2, 177, 194-5, 210 ; — CHBE, III, pp. 460-1. Par contre l'Empire ne fournissait qu'une très faible partie de grosses importations de céréales secondaires (surtout du maïs d'Argentine).

2. Saul, p. 28, 172-3, 178 ; — CHBE, III, pp. 209-10. En 1913, l'Australie et la Nouvelle-Zélande assuraient 23 % des exportations mondiales de viandes (Yates, p. 81).

1. Cet essor fut particulièrement vigoureux après le renversement de la tendance des prix agricoles en 1896.

2. La consommation par tête double de 1847 à 1866 ; le thé était devenu la principale boisson des classes populaires.

3. Saul, p. 197 ; — CHBE, II, pp. 772-3 ; I I I , p. 462 ; — C. E. CARRINGTON, The Briiish Overseas. Exploits of a Nation of Shopkeepers (Cambridge, 1950, 8°, xxi- 1092 p.), pp. 460-1.

1. YATES, pp. 113-4, 246 ; — K. STAHL, The Metropolitan Organization of British Colonial Trade (Londres, 1951, 8°, xv-313 p.), pp. 98-9.

2. C'est en 1883 que la Malaisie devint le premier producteur mondial d'étain (STAHL, p. 110). De puissantes fonderies y furent créées à partir de 1887. L'Empire fournissait aussi à l'Angleterre du plomb et du cuivre (mais l'exploitation de la copper belt de Rhodésie du Nord ne commença que dans l'entre-deux-guerres). D'autre part l'Australie et le Canada vendaient directement à des pays étrangers — États-Unis, Allemagne, Belgique — la quasi totalité de leur production de zinc, d'argent, de nickel (CHBE, III, pp. 463-4).

3. On pourrait mentionner aussi les trafics du cacao, des fruits, des peaux et cuirs. Pour le cacao, la part des importations britanniques fournie par l'Empire resta stable (environ la moitié), mais au début du xxe siècle la Gold Coast remplaça Ceylan et les Antilles comme principal fournisseur.

4. £ 4 635 000 en 1876 (maximum), £ 698 000 en 1913.

5. CHBE, III, pp. 214-5. Il y eut aussi concurrence des sucres de canne étrangers — notamment de Cuba et Java. Saul, S. B., « The Economie Significance of ‘ Constructive Imperialism ‘ », Journal of Economie History , XVII, n° 2, juin 1957 (pp. 173192)CrossRefGoogle Scholar, pp. 176-9, décrit les vains efforts de Joseph Chamberlain pour faire revivre les exportations vers l'Angleterre des Antilles anglaises. Celles-ci trouvèrent cependant des marchés de remplacement, d'abord aux États-Unis, puis au Canada, et la Jamaïque se reconvertit en partie à la culture de la banane, que l’United Fruit Company exportait aux États-Unis.

1. Saul, p. 174 ; — CHBE, II, p. 767.

2. Schlote, p. 94. En même temps la structure des exportations de plusieurs territoires de l'Empire se transforma profondément. Le cas le plus net est celui de l'Inde, avec le déclin de l'indigo, du sucre, des épices, l'essor du blé, du thé, du jute, des oléagineux, e t c .. 8. Ces neuf produits représentaient 64 % des importations de l'Empire (les pourcentages ci-dessus ont été arrondis).

1. Par suite de l'essor des exportations directes vers les pays étrangers ; en 1918, l'Inde n'envoie plus en Grande-Bretagne que 24 % de ses exportations.

2. Ce fut seulement pendant l'entre-deux-guerres que l'Afrique orientale britannique commença à exporter des quantités notables de café, sisal, coton, etc… — bien que les premières plantations eussent été créées avant 1914.

3. Schlote, p. 89

1. On peut estimer que les envois de l'Empire couvraient alors 14 % environ des besoins totaux de la Grande-Bretagne en denrées alimentaires. Si l'on considère seulement les denrées non tropicales, l'Empire fournissait en 1907 36 % des importations, soit 19 % de la consommation, contre 33 % pour les pays étrangers et 48 % pour la production nationale (Stamp et Beaver, loc. cit.).

2. Saul, pp. 222-3.

3. Le trafic de réexportation de produits impériaux, considérable au milieu du xixe siècle, avait souffert de l'ouverture du Canal de Suez, qui avait permis aux pays européens d'entrer en relations directes avec l'Orient. Mais il connut un vif essor après 1900, en direction des États-Unis notamment, qui reçurent d'Angleterre beaucoup de caoutchouc et d'étain. Il en résulta une intensification des règlements multilatéraux (cf. infra). Saul, p. 59, 225 ; — CHBE, II, pp. 761-2.

4. En 1870, l'Angleterre avait reçu de l'Empire 19 % de ses importations de coton, mais ensuite les industriels britanniques cessèrent complètement d'acheter du coton indien, en raison de sa qualité médiocre. Cf. Schlote, p. 96 ; — Saul, pp. 191-2.

1. En fait il y eut une forte baisse de son pourcentage dans les années 1860, puis une vigoureuse reprise après 1874.

1. Chiffres de Schlote, table 20 b, pp. 161-3 ; voir aussi son graphique 13, p. 91 et Saul, pp. 213-5.

1. Satol, pp. 98-9, 101, 103-5. Mais il note aussi l'incidence des récoltes, en particulier sur les exportations vers l'Inde et vers l'Australie (p. 210) ; et Cairncboss (p. 197) affirme que la demande de textiles par l'Inde dépendait plus des récoltes que des investissements.

1. Saul, p. 110, 112-4. Ce mécanisme joua pleinement pendant la « Grande dépression », après 1873, parce que l'ouverture du Canal de Suez avait amélioré les perspectives économiques de l'Inde et de l'Australie, stimulant donc les investissements.

2. Celle-ci est alors divisée en plusieurs secteurs autonomes de règlements multilatéraux, qui ne communiquent que par l'intermédiaire de l'Angleterre. En réorientant leurs investissements, les capitalistes britanniques peuvent empêcher une crise de se propager d'un secteur à l'autre.

3. Saul, p. 107, 109, 114-5, 117, 120-1.

4. Ibidem, pp. 129-31.

1. Schlote, pp. 89-91. D'ailleurs Saul signale (p. 215) que la hausse de la part de l'Empire à la veille de la guerre mondiale tient uniquement à de très fortes — et anormales — exportations de cotonnades vers l'Inde en 1912-3, sans lesquelles cette part aurait au contraire baissé.

2. Schlote, pp. 166-7, table 22 et p. 104. Pour les articles manufacturés en fer et acier, la part de l'Empire passa d'un tiers au milieu du xixe siècle à près de la moitié en 1913. Noter par contre une baisse sensible pour les filés de coton, par suite de l'essor de l'industrie cotonnière dans l'Inde. Ce sont surtout les progrès rapides entre 1860 et 1913 des exportations britanniques de charbon, dont l'Empire ne recevait qu'une faible part, qui expliquent la faible progression relative des exportations totales vers les possessions anglaises.

3. Voir dans Hancock, p. 81, note 1, une série continue de moyennes quinquennales : la part de l'Empire dans le commerce total de la Grande-Bretagne atteint son maximum, 28,3 %, en 1861-5 (par suite des importations de coton indien pendant la Guerre de Sécession), et son minimum en 1871-5 avec 22,7 % ; en 1906-10, elle est de 26 %. Ces chiffres montrent une remarquable stabilité.

4. Il s'est accru de 6 millions de kilomètres carrés de 1880 à 1900.

1. Saul, pp. 174-6, 180-3. D'ailleurs après 1872, il y a stagnation et même diminution des exportations de l'Angleterre vers le Canada.

2. Ibidem, pp. 198-200, 203.

3. Ibidem, pp. 215-7 ; — CHBE, III, p. 483 ; — Hancock, pp. 306-11.

1. Saul, pp. 218-9. Cependant en 1913 les exportations de machines par les États- Unis vers l'Empire, le Canada non compris, ne furent que le quart de celles de la Grande- Bretagne (Ibidem, p. 36).

2. Saul (p. 22) signale qu'ils confondaient l'utilité certaine de la protection pour des injant industries et sa valeur beaucoup plus douteuse pour des activités mûres ou stagnantes.

3. Saul, p. 220, 229.

1. Nous résumons à l'extrême l'analyse de Saul, chap. III, pp.43-89 (voir notamment pp. 43-5, 48, 50, 52-7, 60-1, 171, 186, et son très utile diagramme, p. 58) ; ce chapitre reprend son article antérieur, « Britain and World Trade, 1870-1914 », Economie History Review, VII, n° 1, août 1954, pp. 49-66. D'autres producteurs primaires — l'Argentine, le Brésil, la Turquie, la Chine — jouaient aussi un rôle dans ce schéma, qui est décrit tel qu'il fonctionnait vers 1910.

2. Saul estime qu'auparavant il existait seulement une série de « schémas » multilatéraux, assez isolés les uns des autres (cf. supra).

3. Saul, p. 03, 221 ; — W. Ashworth, A Short History ofthe International Economy. 1850-1950 (Londres, 1952, 8”, 256 p.), pp. 166-7.

1. En 1913, les exportations totales des pays de l'Empire (métaux précieux compris) étaient de £ M 575 ; la Grande-Bretagne en recevait £ M 238, mais comme elle réexportait presque tous les métaux précieux et 29 % des marchandises, ses importations nettes de produits de l'Empire ne dépassaient pas le quart de ceux qui entraient dans le commerce international (Saul, p. 225). Elle recevait 90 % des exportations de l'Union Sud-Africaine (mais presque tout l'or et toute la laine étaient réexportés), 80 % de celles de la Nouvelle-Zélande, 50 % de celles du Canada, 45 % de celles de l'Australie, et 24 % seulement de celles de l'Inde.

2. En plus, les Canadiens voyaient dans un tel système un moyen d'assurer leur indépendance à l'égard des États-Unis. Aussi ce Dominion fut-il l'élément moteur de la campagne pour la préférence.

3. Saul, pp. 185-6, 226-9.

1. Ibidem, pp. 61-3, 88-9, 188, 203-6, 221, 228. Il pense qu'avant 1914 le développement des industries des Dominions n'eut guère d'influence sur le oommerce de l'Angleterre.

2. Saul (pp. 228-9) estime qu'en fin de compte l'Empire était pour la Grande- Bretagne source de richesses considérables, et que la France a souffert du manque d'un débouché comparable, en particulier pour ses investissements, si bien que les trois quarts de ceux-ci sont allés directement à des états étrangers. En tout cas, les avantages les plus précieux étaient d'ordre indirect, en liaison avec la vente dans le monde entier de produits primaires « impériaux », qui assurait le bon fonctionnement du commerce international, y compris celui de la Grande-Bretagne.

3. Il est vrai que les investissements massifs de capitaux britanniques dans les colonies ont eu pour résultat que l'activité économique de ces dernières a été en bonne partie dirigée de façon permanente à partir des bureaux de la City de Londres, où les compagnies de chemins de fer, de banques, de plantations, de mines, etc., avaient leur siège. Mais Habakkuk remarque que cette partnership n'a pas entraîné au xixe siècle de crise entre métropole et colonies, alors que le premier Empire britannique s'était brisé sur le problème des relations économiques entre elles CHBE, II, pp. 798-9, 804-5).

1. Hancock, p. 266 ; — voir aussi notre Economie du Commonwealth (Paris, 1950, 16°, 136 p.), pp. 124-9.

2. Si l'on considère les différentes catégories d'articles manufacturés, on constate qu'entre 1870 et 1880, la part de l'Empire dans les exportations n'a augmenté fortement que pour le matériel de chemins de fer. Pour les textiles et les autres articles métallurgiques, les pourcentages ne varient guère plus que pour le total des exportations.

1. Voir notamment l'article tout récent d'A. E. Musson, « British Industrial Growth during the ‘ Great Dépression ‘ (1873-96). Some Comments », Economie History Review, XV, n° 3, avril 1963, pp. 529-533. L'auteur revient sur certaines opinions qu'il avait exprimées antérieurement dans : « The Great Dépression in Britain, 1873- 1896 : A Reappraisal », Journal of Economie History, XIX, n° 2, juin 1959, pp. 199- 228.

2. J. Gallagher et R. Robinson, « The Imperialism of Pree Trade », Economie History Review, VI, 1953 (pp. 1-15), p. 6. Et voir leur livre plus récent, Africa and the Victorians (Londres, 1961, 8°, 491 p.), remarquable analyse du decision-making dans le partage de l'Afrique, d'après des documents d'archives très nombreux et variés.

1. O. Macdonagh, « The Anti-Imperialism of Free Trade », Economie History Review, XIV, n° 3, avril 1962, pp. 489-501, apporte certaines nuances : il admet de nettes manifestations d'impérialisme au milieu du xixe siècle, au temps de Palmerston, mais souligne l'hostilité des authentiques libre-échangistes à cette politique. D'autre part, Gallagher et Robinson eux-mêmes reconnaissent des changements dans la politique impériale après 1870.

2. Notamment D. K. Field house, « Imperialism : An Historiographical Revision », Economie History Review, XIV, n° 2, déc. 1961, pp. 187-209 ; — D. S. Landes, « Some Thoughts on the Nature of Economie Imperialism », Journal of Economie History, XXI, n° 4, déc. 1961, pp. 496-512 ; — R. J. Hammond, « Economie Imperialism : Sidelights on a Stéréotype », Ibidem, pp. 582-598. Selon Gallagher et Robinson, le gouvernement anglais fut obligé d'intervenir sur une grande échelle en Afrique, par suite des crises qui éclatèrent en Egypte et en Afrique du Sud, et dont on craignait qu'elles ne mettent en danger la sécurité de la route des Indes. Il cherchait donc, non pas à édifier un nouvel empire africain, ou à mettre la main sur le commerce de l'Afrique, mais simplement à défendre l'ancien Empire des Indes. Fieldhouse, par contre, insiste sur l'incidence des rivalités internationales en Europe, et de la décision prise par Bismarck d'annexer des territoires africains. Quant à Hammond, il suggère que si Joseph Chamberlain insista lourdement sur les avantages économiques de l'expansion coloniale, ce fut pour rallier à ses projets les hommes d'affaires de Birmingham (pp. 594-6) ; mais ses desseins étaient avant tout politiques.

3. t The Imperialism of Free Trade », op. cit., p. 15.

1. Fieldhouse, pp. 207-8 ; aussi pp. 189-90, où il signale le tour de passe-passe de J. A. Hobson (dans son célèbre ouvrage de 1902, Imperudism. A Study, utilisé maintes fois ensuite, notamment par Lénine), qui juxtapose une liste des territoires annexés après 1870 par l'Angleterre, et une table montrant l'augmentation des investissements extérieurs, sans analyser la répartition de ceux-ci.

2. Gallacher et Robinson, « The Imperialism of Free Trade », p. 15.