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En Beauvaisis : Problèmes démographiques du XVIIe siècle

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Pierre Goubert*
Affiliation:
Paris, Centre National de la Recherche Scientifique

Extract

A deux lieues de Beauvais, au pied de la côte Sud du Bray, au long de la route de Gisors, Auneuil égrène ses hameaux. Les voyageurs, au XVIIe siècle, n'y font guère étape : Beauvais est trop proche. Aucune activité dominante : un four à briques, quelques « bosquillons », un vieux prieuré ruiné, la demeure d'un conseiller en Parlement, seigneur du lieu, plus quelques grosses fermes… Tout un peuple de petites gens, boutiquiers, fileurs, mais surtout paysans qui font leur blé, leur fromage, leur chanvre, leurs fèves et vendent bon an, mal an, trois poulets, un veau, une paire de « bestes à laine »… Au total, moins dé trois cents feux, soit un peu plus de mille âmes, sans doute ; apparemment une bourgade sans originalité. L'excellence des sources démographiques, la banalité aussi du lieu incitent l'historien démographe à s'y arrêter : ce type d'agglomération représente assez bien la « moyenne démographique » du Beauvaisis méridional.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1952

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References

page 453 note 1. Il manque au présent article une étude critique de ma source principale : les registres paroissiaux du Beauvaisis. J'espère leur consacrer bientôt une analyse approfondie. Quant aux dénombrements et listes de feux, ils offrent une valeur démographique infime.

page 453 note 2. De 1623 à 1637, les registres originaux sont aux Arch. dép, ; de 1638 à 1653, ils sont à la mairie de Saint-Martin-le-Noeud (canton Sud de Beauvais). Les autres sont aux Archives communales d'Auneuil. — L'âge des morts est indiqué depuis 1657.

page 453 note 3. Procédé de calcul : additionner l'âge de tous les morts, puis diviser par le nombre de morts.

page 453 note 4. Exemples : Beauvais, paroisse Saint-Quentin (ouvriers en laine), 17 ans 8 mois. — Mouy, à peine 17 ans. :— Époque de référence : la même que pour Auneuil.

page 454 note 1. A Villers-Saint-Barthélemy, paroisse limitrophe d'Auneuil, le curé Vuatrin a effectué en 1718 un véritable recensement, tête par tête, en faisant le tour de son village. Il est consigné dans le registre paroissial. Que n'en possédons-nous beaucoup d'autres 1 II est vrai que Beauvais possède le sien, très détaillé, mais il date de 1764.

page 454 note 2. Procédé de calcul : on note l'âge de tous les morts qui atteignirent au moins vingt ans ; on additionne ; puis on divise le total par le nombre de morts considérés.

page 454 note 3. A Saint-Martin-le-Noeud, un vigneron meurt à quatre-vingt-six ans, au cours de son sixième veuvage.

page 454 note 4. Beauvais, 1674-1693 : Paroisse Saint-Sauveur (officiers, procureurs), 30 p. 100 ; — Paroisses Saint-Quentin et Saint-Jean (sergers, manouvriers), 59,5 p. 100.

page 454 note 5. La grande enquête beauvaisienne sur la misère (déc. 1693), précieuse à bien des titres, dévoile de bien pénibles maladies, infirmités et « incommodités ». Et que d'aveugles, de manchots, de contrefaits, d’ « imbéciles » !

page 456 note 1. Auneuil, moyenne annuelle des mariages : 1649 à 1673 : 9,2 ; — 1754 à 1770 : 7,8.

page 456 note 2. Auneuil, rapport des baptêmes aux mariages : 1649 à 1673 : 5,2 (rapport qui se maintient longtemps) ; — 1754 à 1770 : 4,9 ; — 1771 à 1790 : 4,4 alors que la population augmente ; — 1803 à 1822 : 3,1 dans les mêmes conditions d'accroissement (ce dernier calcul d'après les tables décennales).

page 456 note 3. Exactement 31 ans 10 mois.

page 456 note 4. Canton de Marseille-en-Beauvaisis ; 15 km. au Nord de Beauvais.

page 458 note 1. Erreurs à éviter : fiançailles seules, publications, transcriptions.

page 458 note 2. Nous n'avons pas utilisé l'échelle logarithmique : elle ne nous a pas semblé s'imposer dans ce genre d'étude.

page 458 note 3. Les enfants naturels sont peu nombreux, et presque toujours légitimés dès les relevailles de la mère. Leur naissance ouvre d'ailleurs une action en justice, assez pittoresque à suivre.

page 459 note 1. La figure 4 en donne quelques exemples partiels, ainsi que le dernier graphique de la figure 3 (Clermont, naissances).

page 459 note 2. Remarque importante : après 1760, la longévité augmente. La proportion des gens en âge de se marier tend donc à décroître. D'autre part, la baisse de la mortalité et l'allongement de la durée de la vie entraînent moins de veuvages, donc moins de remariages. Il s'ensuit que le « niveau» des mariages après 1760 est trop « bas” pour exprimer le niveau de la population. Ce changement de structure est indiqué sur la figure 3.

page 460 note 1. A Blicourt, à Luchy, dans la région de Crèvecoeur-Ie-Grand (chef-lieu de canton, 20 km. au Nord de Beàuvais), on constate, entre 1700 et 1708, une montée considérable des mariages et des naissances, véritable record pour la période 1620-1780. Cela ne dure pas. Ce phénomène s'explique peut-être par des raisons militaires : de grosses commandes de «blicourt” — une robuste serge — pour les armées, d'où un afflux d'ouvriers.

page 460 note 2. Vauban, Projet d'une Dixme royale, édition Coornaert, Paris, Alcan, 1933, p. 157 à 164.

page 460 note 3. Données très rares pour le XVIe siècle. De 1565 à 1600, les baptêmes de Clermont sont plus nombreux encore que dans la première moitié du XVIIe siècle ; mais ils sont soumis à des oscillations périodiques beaucoup plus importantes.

page 461 note 1. Pour une étude de détail, seule l'année-récolte permet de serrer de près la réalité. D'ailleurs, c'est la véritable année beauvaisienne : comme la mercuriale, elle part de la Saint-Rémy. Nous avons conservé ici l'année civile, que les historiens ont coutume de préférer. Notre étude est assez générale pour n'en point trop souffrir. Pour une étude très détaillée, les deux dernières figures devraient présenter des courbes trimestrielles et même mensuelles. Sur ces problèmes, consulter toutes les études d'histoire des prix, et les articles de Meuvbet, J., spécialement dans Mélanges d'histoire sociale, V, 1944, p. 27 a 44.Google Scholar

page 461 note 2. Expression très fréquente, typique de la mentalité économique du temps. Ce n'est pas la précision de détail qui importe, mais les ensembles. Les balances de l'époque sont approximatives : les marchands et les procureurs y trouvent leur compte.

page 462 note 1. Dans son Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIe siècle, passim et spécialement p. 518 et suiv. ; également dans La crise de l'économie française…, p. XXXIX à XLI, sur la crise cyclique de 1788-1789.

page 462 note 2. Article de la revue Population, 1946, p. 653-650.

page 462 note 3. Journal dont une partie est à la bibliothèque des Arch. dép. de l'Oise, mais dont la copie intégrale appartient à l'actuel évêché de Beauvais, qui a bien voulu nous le communiquer. Ce document mériterait une publication au moins partielle.

page 462 note 4. En réalité, c'est l'étude des rapports sociaux et économiques qui constitue le fond du problème. Il n'est pas question de l'aborder ici.

page 462 note 5. Qu'on consulte les récentes publications d'histoire des prix à l'année étudiée. Un récent article de J. MEUVRET dans la Revista da Economie. (Lisbonne, 1951, p. 63 à 69) signale nettement le caractère international de la pointe cyclique.

page 463 note 1. Une douzaine de kilomètres au Nord de Beauvais ; cantons de Froissy et de Crèvecœurle-Grand.

page 463 note 2. Il s'agit de la très riche abbaye de Saint-Germer (canton du Coudray-Saint-Germer, non loin de Gournay).

page 463 note 3. Chef-lieu de canton, à 25 km. au Nord-Ouest de Beauvais. Mercuriale aux Arch. dép. de l'Oise, série B non classée.

page 463 note 4. « A peine de quoi vivre deux tiers d'année», dit Jean le Caron. Mais il faut compter avec les achats pour l'armée, et surtout avec les spéculateurs, nombreux dans la bourgeoisie et le clergé.

page 463 note 5. Le « pain mollet » de Beauvais contenait du beurre et des oeufs. Le bailli s'est vu contraint d'en interdire la vente en 1694 et en 1710, pour ne pas trop insulter à la misère populaire.

page 463 note 6. Nous possédons depuis 1640 les « taux» ou « taxes du pain» de Beauvais. Faut-il rappeler à nouveau, et sans espérer dissiper un tenace ou malin contresens, que la « taxe du pain » n'est pas un prix taxé au sens où nous l'entendons aujourd'hui ? Que, sauf exceptions rarissimes et d'ailleurs inefficaces, le prix des grains est libre et détermine strictement le prix du pain ? Et qu'ainsi celui-ci, reflet de celui-là, varie du simple au quadruple ?

page 463 note 7. Ce chiffre représente l'écart entre décès et baptêmes durant les quatorze mois de crise. De même pour Breteuil.

page 464 note 1. Ons-en-Bray, 12 km. à l'Ouest de Beauvais, canton d'Auneuil.

page 464 note 2. Canton de Marseille-en-Beauvaisis (15 km. au Nord de Beauvais).

page 465 note 1. Comparaison du nombre annuel de baptêmes et du prix de la mine ( = 30 I.) de froment, à Clermont-en-Beauvaisis :

page 465 note 2. Jamais la « pointe cyclique » n'atteint 75 p. 100 des prix d'année « commune ». Il semble que le Beauvaisis soit favorisé à cette époque.

page 466 note 1. Voir l'article de Baehrel, R., dans Annales historiques de la Révolution française, n° 122, avril-juin 1951, p. 145.Google Scholar

page 466 note 2. Indications éparses dans les remarquables ouvrages de Paul Raveau, spécialement Essai sur la situation économique et l'état social en Poitou, Paris, 1931, p. 95.

page 466 note 3. Recherches sommaires que nous avons effectuées dans les registres paroissiaux du Blésois et du Saumurois.

page 466 note 4. Cf. Bouchot, La peste en Lorraine de 1630 à 1636, dans Pays lorrain, 1927.

page 466 note 5. Cf. Roupnel, La ville et la campagne au XVIIe siècle : étude sur les populations du pays dijonnais, Paris, 1922. Tableau horrifique, que la personnalité de l'auteur et la médiocrité des sources retenues ont dû conduire à exagérer. Les registres paroissiaux ont été à peine consultés.

page 466 note 6. Nous croyons au rôle considérable des accapareurs : de nombreux documents beauvaisiens le prouvent. Les négociants, les usuriers et les rentiers du sol les plus importants (ce sont souvent les mêmes personnes…) réalisent en temps de famine d'énormes bénéfices. Jamais l'opposition fondamentale des classes sociales n'apparaît aussi clairement qu'à ce moment-là. Mais c'est une autre question.

page 466 note 7. Si nous en croyons les registres paroissiaux de janvier à,mars 1709, le froid n'a gelé personne. C'est la mauvaise récolte suivante qui déclenche la mortalité, surtout en 1710.

page 466 note 8. Phénomène signalé d'abord par B. LABROUSSE dans sa Crise de l'économie française…, ouvr. cité, p. 182-183 ; cf. l'article de J. Meuvret dans Population, déjà cité.

page 467 note 1. Canton du Coudray-Saint-Germer, 20 km. à l'Ouest de Beauvais. Les citations sont extraites des i Précis statistiques» cantonaux de Graves, publiés dans les Annuaires de l'Oise, de 1827 à 1850, travaux souvent cités, ou pillés.

page 467 note 2. Les plaintes de cet ordre sont monnaie courante pendant toute la Guerre de Trente Ans. Elles n'empêchent pas les baux à ferme de monter sans cesse de 1630 à 1660, ce qui ne semble pas constituer un indice de désolation.

page 467 note 3. On pourrait croire que la contagion suit les grandes routes : il n'en est rien. Il existe en Beauvaisis une multitude de petits chemins presque aussi fréquentés que les grands, et à peine plus mauvais.

page 468 note 1. Peut-on avancer cet essai de périodisation ?

page 468 note 2. Moheau, Dans, Recherches et considérations sur la population de la France (1778), édition Gonnard, Paris, 1912, p. 258.Google Scholar

page 468 note 3. L'exemple d'Auneuil offre une valeur générale. Voici, pour la très bourgeoise Clermont, le rapport des naissances aux mariages :