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La “ grande crise ” des compagnies ferroviaires suisses*

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Jean Bouvier*
Affiliation:
Centre national de la Recherche Scientifique

Extract

Les passages transalpins ont de tout temps attiré les courants d'échanges et les rivalités n'ont jamais manqué pour s'assurer leur contrôle. Mais l'histoire ne se reproduit jamais sous les mêmes formes. Il serait maladroit, sans nul doute, d'assimiler les batailles anciennes pour les cols et les routes alpestres aux combats complexes des groupes bancaires internationaux pour les réseaux ferrés helvétiques et leurs tunnels. Si l'obstacle naturel, le mur alpin, est toujours identique à lui-même, le conditionnement général, économique et politique, est tout autre : moyens et forces en présence, intérêts, formes des luttes, rien ne peut supporter la comparaison.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1956

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Footnotes

*

L'expression « grande crise » est employée par M. Hans Bauer, docteur en philosophie, chef du département des Études économiques à la Société de Banque suisse à Bâle, rédacteur de la partie historique de l'ouvrage Les Chemins de fer suisses après un siècle (1847-1947), ouvrage commémoratif du département fédéral des Postes et des Chemins de fer (Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1949, 621 p.). Nous devons à l'obligeance de M. Bauer de nombreux renseignements sur la composition des conseils d'administration des sociétés bancaires et ferroviaires suisses en 1870-1880. Qu'il en soit ici vivement remercié.

References

page 458 note 1. Voir M. Blanchard, Financiers français et chemins de fer suisses (Revue d'Économie Politique, 1937, p. 1605) ; Halperin, Ernst, Der Westbahnkonflikt : 1855-1857 (Zurich, 1944, 86 Google Scholar p.) ; R. Cameron, The « Crédit mobilier » and the Economie Development of Europe (Journal of Political Economy, 1953, p. 461-488).

page 459 note 1. Corr. comm. Bâle : 1871-1879 ; vol. n° 2 ; dép. n” 2 du 4 juin 1872 (Arch. Min. Aff. étr., Paris).

page 460 note 1. Le 31 juillet 1868 un envoyé du Crédit Lyonnais écrivait, de Saint-Pétersbourg, à son directeur : « Ici la concurrence est acharnée, tant pour les concessions ferroviaires'que l'on cherche à obtenir que pour les émissions et les avances de fonds. L'Allemagne, l'Angleterre, la Hollande, la France se disputent la proie » (Arch. Crédit Lyonnais, Lyon, Dossiers « Voyages », année 1868).

page 460 note 2. Nous laissons hors du champ l'Union-Suisse, qui, pour des raisons diverses, échappe aux grandes contestations de l'époque.

page 460 note 3. La ligne du Brenner (1867) était la seule liaison entre les pays germaniques et la péninsule italienne.

page 460 note 4. Se reporter à la remarquable étude faite sur la compagnie du Saint-Gothard par le consul français à Bâle en 1879 (Corr. comm. Bâle, 1871-1879 ; vol. n° 2 ; dép. n° 12 du 17 mai 1879, Arch. Minis. Aff. étr., Paris).

page 461 note 1. Dr Burckhardt, C. F. W., Zur Geschichte der Prieat-bankiers in der Scheiwz (Zurich, 1914, 35 Google Scholar p.).

page 461 note 2. Ibid. « Paribas », née en 1872, résultait elle-même de la coalition de banquiers privés de Paris ﹛Arch. nat., 65 AQ).

page 461 note 3. Dr G. F. W. Burckhardt, ouvr. cité.

page 461 note 4. Rapport du conseil d'administration aux actionnaires, 31-1-1880 [Arch. nat., AD, XXI).

page 461 note 5. Id., 31 janvier 1878. Le Comptoir d'Escompte eut une plus grande latitude pour ses prêts sur nantissement ; il put créer des agences et émettre des emprunts étrangers, sans autorisation gouvernementale.

page 461 note 6. Rapport des censeurs aux actionnaires, 31 janvier 1878 (Ibid.).

page 461 note 7. Voici les rapports annuels du Conseil aux actionnaires (Ibid.). Dans son étude écrite en septembre 1873 (Le comptoir d'Escompte, Paris, 23 p.), Mathorel critiquait «les tendances plus financières que commerciales du nouveau Conseil » et demandait que les administrateurs soient choisis uniquement dans le « Conseil d'escompte » de la banque.

page 462 note 1. G. Girod quittera le Comptoir d'Escompte en 1883 pour devenir l'un des associés de la maison de Neuflize (haute banque protestante). Arch. nat., 44, AQ.

page 462 note 2. Voir croquis. Compagnie formée en 1872 par héritage de lignes diverses, dont celles des Pereire autour de Lausanne. L'histoire, assez dramatique, de son réseau a été retracée dans divers ouvrages, entre autres, outre le chapitre cité de Meyer, M. Hans Bauer-J., Les chemins de fer de la Suisse Occidentale (Lausanne, 1878 Google Scholar), et Cuony, les débuts des chemins de fer en Suisse ﹛Bibliothèque Universelle et Revue Suisse, 1913, t. 71 et 72).

page 462 note 3. Dès sa constitution, le P.L.M. s'était rattaché aux affaires ferroviaires suisses, par l'ancienne compagnie du Lyon-Genève. Il avait joué un rôle important, en accord avec Rothschild, dans les luttes contre les projets suisses des Pereire.

page 462 note 4. Créée en 1854 par un Français, «l'extravagant sieur de La Valette » (B. Halperin, ouvr. cité, p. 27), la Compagnie du Simplon avait déjà fait deux fois faillite.

page 462 note 5. Bulletin du tunnel du Simplon, première année (Paris, 1882).

page 462 note 6. Corr. Comm. Genève 1871-1875, dépêche n° 17, 20 septembre 1872, vol. n° 4 [Arch. Minis. Aff. étr., Paris).

page 463 note 1. C'est ainsi que 100 kg de marchandises payaient 22,90 F pour aller de Bâle à Hambourg, au lieu de 36,80 F pour aller de Bâle au Havre ; et qu'un tarif uniforme fut établi de Bâle à Gênes, par le Brenner, alors que des tarifs successifs et différents attendaient les marchandises qui voulaient emprunter le parcours Bâle-Genève-le Cenis-Gênes.

page 463 note 2. Le ministre du Quai d'Orsay taxa alors notre consul à Genève de pessimisme. Ses prévisions furent cependant confirmées par la suite. En 1875, notre consul à Berne et en 1876 notre consul à Bâle signalèrent que le courant des exportations suisses empruntaient de plus en plus les lignes allemandes (dépêches du 19 juin 1875 et du 6 mai 1876 [Corr. comm.]).

page 463 note 3. La liaison bi-hebdomadaire Zurich-Marseille à tarif réduit pour les seuls produits textiles zurichois remontait à 1866 (Dépêche n° 18 du 20 décembre 1882. Corr. comm. Bâle 1880-1890, vol. n° 3).

page 463 note 4. Le meilleur exposé d'ensemble de la crise des compagnies suisses est donné par M. Hans Baueh. La crise ferroviaire suisse, tout en ayant ses causes spécifiques — l'inflation kilométrique, le désordre concurrentiel, la course aux tronçons nouveaux, les rivalités politiques — a été directement influencée par la crise de l'économie helvétique, laquelle ne fut elle-même qu'un aspect local du profond marasme capitaliste, à l'échelle mondiale, entre 1873 et 1879. (Sur la crise de l'économie suisse il existe des documents et des témoignages nombreux dans la « correspondance consulaire commerciale » du Quai d'Orsay.)

page 464 note 1. En 1873 le Central et le Nord-Est avaient de concert contracté un emprunt de 20 millions et la Suisse-Occidentale un emprunt de 22,7 millions, suivi d'une émission d'actions en 1874 (voir J. Meyer et Cuony, ouvr. cités).

page 464 note 2. Rapport de notre consul à Bâle, 17 mai 1879 (doc. cité).

page 464 note 3. Esslinger, , Geschichte der Schiveizerische Kreditansta.lt (Zurich, 1907 Google Scholar).

page 464 note 4. La documentation mise en oeuvre est tirée, pour l'essentiel, des archives du Crédit Lyonnais (Lyon), carton : « Suisse ». Ce carton contient diverses chemises où sont classés dans un ordre à la fois logique et chronologique des documents concernant les chemins de fer suisses entre 1875 et 1879.

page 464 note 5. Rapport anonyme, sans date. (Chemise : Chemin de fer de la Suisse-Occidentale ; carton: «Suisse». Ârch. Crédit Lyonnais, Lyon.)

page 464 note 6. Letourneur, directeur du siège social du Crédit Lyonnais à Henri Germain, président du Conseil d'administration de cette banque ; lettre du 20 août 1875. (Chemise : Chemin de fer de Suisse-Occidentale. Proposition de syndicat pour avance de 16 millions. Août 1875.)

page 464 note 7. Ibidem.

page 465 note 1. Nous laissons de côté l'analyse de l'attitude du Crédit Lyonnais dans les affaires ferroviaires suisses de l'époque. Il n'y joua d'ailleurs qu'un rôle de spectateur.

page 465 note 2. « Le traité d'exploitation serait pour nous le complément inséparable du prêt de 16 millions » (Lettre des banquiers genevois L. Lullin et J. Odier à la Compagnie de la Suisse-Occidentale, 7 août 1875).

page 465 note 3. «Lorsque, sur votre demande, nous nous sommes occupés de trouver une somme de 16 millions pour votre compagnie,… nous avons tout de suite été frappés de la difficulté que présentait dans ce moment le placement d'un emprunt définitif et nous avons pensé qu'il convenait de trouver temporairement l'argent nécessaire à la Compagnie pour arriver, en gagnant du temps, à placer ultérieurement ses obligations à un prix moins onéreux » (Ibid.). La situation des divers marchés financiers, en 1875, sous le coup de la crise économique puis des complications balkaniques, rendait en effet difficiles les grandes opérations d'émission.

page 465 note 4. Elles étaient remboursables à 1 000 F au 31 décembre 1891.

page 465 note 5. Thomas, agent de change à Genève, à Letourneur, directeur du siège social du Crédit Lyonnais, lettre du 24 décembre 1875.

page 465 note 6. « Bases principales d'une convention de régie co-intéressée pour l'exploitation du réseau de la Suisse-Occidentale » (Rapport imprimé, sans date).

page 466 note 1. Rapport anonyme, sans date (Doc. cité. Chemise : Chemin de fer de la Suisse-Occidentale). Il est possible que J. Saller ait représenté ici les intérêts de la Compagnie française des Chemins de fer de l'Est, qui ne pouvait pas rester à l'écart des projets concernant le futur Simplon. Selon divers indices, dans les affaires ferroviaires suisses, l'Est et le P.L.M. cherchaient à accorder leur politique.

page 466 note 2. «Bases principales d'une convention de régie co-intéressée…» (doc. cité). La convention de régie prévoyait tout un programme d'économies, fixait le mode de partage des bénéfices escomptés — dans l'explicite prévision de « l'ouverture du grand tunnel du Simplon » — et garantissait une indemnité à la société de régie au cas d'une nationalisation des voies ferrées suisses.

page 466 note 3. Notice sur la Compagnie de la Suisse-Occidentale (décembre 1876). Ces économies portaient sur les chapitres suivants : nombre de locomotives en activité, personnel, renouvellement de la voie. Autrement dit, les économies provenaient d'une intensification de l'exploitation, et du matériel, et des hommes. « Toutes ces améliorations sont dues à M. Cheronnet, nouveau directeur de la Suisse-Occidentale » (Ibid.).

page 466 note 4. Nous étudions plus loin les bases de cette entente.

page 467 note 1. Compagnie du chemin de fer du Central-Suisse ; émission de 57 338 obligations. Notice imprimée (Chemise : Central-Suisse).

page 467 note 2. Voir le rapport du Conseil du Crédit suisse (Schweizerische Kreditanstalt) pour l'année 1876 [Archives du Crédit Lyonnais, Paris).

page 467 note 3. Titres remboursables à 500 F en 50 années, à partir du 1e r février 1887 ; intérêts annuels : 20 F (Notice imprimée : doc. cité).

page 467 note 4. Nous n'avons pas de renseignements particuliers sur cette partie de l'opération qui était tenue cachée du public, en dehors de ce qu'en dit l'ouvrage Les chemins de jer suisses après un siècle. L'avance du groupe au Central se serait montée à 21 millions de francs. Selon ce même ouvrage, le Central n'aurait reçu que 366,25 F pour l'obligation émise à 387,50 F ; l'écart permet de calculer la commission perçue par les banquiers : 1 300 000 F.

page 467 note 5. Notice imprimée (doc. cité).

page 467 note 6. Note sur le Nord-Est Suisse, 3 août 1877 (Étude du service des Études financières du Crédit Lyonnais. Chemise : Compagnie du Nord-Est Suisse, projet d'emprunt).

page 467 note 7. Mazerat à Letourneur, lettre du 31 juillet 1877 (Ibid.).

page 467 note 8. Voir le rapport du Conseil d'administration du Crédit Suisse pour 1876 (doc. cité).

page 468 note 1. Mazerat à Letourneur, lettre du 31 juillet 1877 ﹛doc. cit.). La banque privée parisienne « Marcuard, André et Cle » avait participé à la création du Central-Suisse ; les Marcuard étaient d'origine bernoise et Jules Marcuard, de la maison de Paris, fut en permanence, dans les années 1870, administrateur du Central-Suisse. On comprend donc la position particulière de son associé Alfred André dans les affaires ferroviaires suisses.

page 468 note 2. Rapports du conseil d'administration du P.L.M. aux actionnaires (Arch. nat., AD XXI). Alfred André était régent de la Banque de France et député de la Seine.

page 468 note 3. Note sur le Nord-Est suisse, 3 août 1877 [doc. cit.). Le texte de la convention, signée entre G. Girod pour le Comptoir d'Escompte de Paris, J. F. Peyerimhof et E. Escher pour le Nord- Est suisse est daté du 12 avril 1876 (Bibl. Nat. 4° V, pièce, 72).

page 468 note 4. lbid. Ces actions devaient toucher un revenu de 6 p. 100 avant tout autre répartition des bénéfices nets.

page 468 note 5. Lettre du 29 mai 1877 au siège social.

page 468 note 6. Mazerat à Letourneur, lettre du 31 juillet 1877 (doc. cit.). 7.

page 469 note 1. Ibidem.

page 469 note 2. L'agence de Genève du Crédit Lyonnais au siège social, lettre du 29 mai 1877 (doc. cité). Id., lettre du 17 juillet 1877.

page 469 note 1. Id., Ibidem.

page 469 note 2. Id., lettre du 27 juillet 1877.

page 469 note 3. Letoumeur à Mazerat, lettre du 28 juillet 1877 ﹛Ibid.).

page 469 note 4. L'agence de Genève du Crédit Lyonnais au siège social, lettre du 11 septembre 1877.

page 469 note 6. Le Nord-Est cédait au consortium 19 millions de francs d'obligations, pour garantie de l'apport de 13 millions. Le Comptoir d'Escompte acceptait de ne pas exiger, provisoirement, le remboursement des sommes qui lui étaient dues, depuis 1876, par la compagnie.

page 469 note 7. Texte imprimé de la « Convention concernant l'achat d'obligations du Chemin de fer du Nord-Est Suisse » (du 8 septembre 1877) [Chemise : Compagnie du Nord-Est Suisse]. On possède une liste — incomplète — des participants au consortium, groupant 8 870 000 F d'apport sur les 13 millions prévus (Sordet, haut employé du Crédit Lyonnais, à Letourneur, lettre du 10 décembre 1877 ; Sordet avait été envoyé en mission à Zurich par Henri Germain). Le groupe bancaire suisse-allemand avait alors souscrit pour 6 270 000 F et le groupe parisien-genevois pour 2 600 000 F. A noter que le premier, avec ses vingt participants, comprenait non seulement des banquiers privés, des établissements financiers et des banques cantonales, mais aussi des municipalités, dont le budget avait été mobilisé à cette occasion. Les intérêts de la Suisse allemande avaient donc fait bloc pour empêcher que le Comptoir d'Escompte ait une part majoritaire. Le groupe parisien-genevois réunissait : le Comptoir d'Escompte de Paris, inscrit pour 2 millions de francs, l'Association Financière de Genève pour 400 000 F et le banquier de Neuchâtel, De Pury et C'°, pour 200 000 F.

page 469 note 8. Ses raisons furent strictement bancaires ; ni l'intérêt offert, ni la garantie ne lui convinrent (voir lettre de Sordet du 10 décembre 1877, doc. cité).

page 470 note 1. Chemise : Projet d'emprunt de 38 millions du Nord-Est Suisse.

page 470 note 2. Voir le rapport du conseil du Crédit Suisse pour l'exercice 1878 (Arch. du Crédit Lyonnais, Paris).

page 470 note 3. Voir le Times du 12 décembre 1878 (AN, F30, 352). Edouard Hentsch et G. Girod en étaient administrateurs (Manuel des sociétés anonymes et des banques en Suisse, publié par la Banque Générale de Crédit à Bâle ; Zurich, 1886, 414 p.).

page 470 note 4. Prospectus d'émission (Chemise : Banque des Chemins de fer suisses). On voit par là la fragilité de la combinaison : les obligations du Nord-Est, traînant depuis 1876 dans le portefeuille de la compagnie, étaient invendables. C'est précisément ce qui avait toujours décidé le Crédit Lyonnais à refuser de s'engager avec une telle valeur comme nantissement.

page 470 note 5. Mazerat à Letourneur, lettre du 22 juillet 1879 ﹛Ibid.). D'après l'ouvrage Les Chemins de fer suisses après un siècle, la Banque des Chemins de fer suisses prit une hypothèque de 160 millions de francs sur les installations de la compagnie et son intervention financière fut« une opération très onéreuse pour le Nord-Est ».

page 470 note 6. En 1879, les créances du Comptoir d'Escompte sur le Central et le Nord-Est s'élevaient respectivement à 28 et 45 millions (selon notre consul à Bâle, rapport du 12 mai 1879 ; doc. cité).

page 471 note 1. En juin 1870, Jules Ferry interpellait le gouvernement Ë. OUivier sur la convention du Saint-Gothard de l'automne 1869 et déposait une proposition de loi favorable à la ligne du Simplon. Dans les années 1878-1881 une série de parlementaires firent campagne dans le même sens ; on y trouvait mêlés des banquiers (Christophle, Paul Casimir-Périer), des députés de Lyon (Varambon, Andrieux) et des républicains notoires (Spuller, Naquet) [Arch. nat., F30,354. Proposition de loi déposée à la Chambre des Députés le 25 novembre 1880]. Le gendre de Grévy, Wilson, fut aussi l'un des plus zélés défenseurs du Simplon. Il est signalé en 1884, comme très lié personnellement aux dirigeants de la Suisse-Occidentale et du Simplon (Simonin, Les grandes percées alpines, dans Revue des Deux-Mondes, 1er août 1884).

page 471 note 2. De 1874 à 1877 le P.L.M. construisit le Pontarlier-Jougne. Il était ainsi bien placé pour s'unir le plus directement possible, via Lausanne, à la ligne du Simplon. En fait, au xxe siècle, le Pontarlier-Jougne cédera la place au Frasne-Vallorbe. (Voir rapports annuels aux actionnaires du Conseil d'administration du P.L.M. Arch. nat., AD XXI.)

page 471 note 3. Lettre de l'avocat de Siégneux au consul français à Genève, transmise par le consul au Quai d'Orsay (Corr. comm. Genève 1876-1877. Dép. n° 259 du 30 novembre 1877, vol. n° 5).

page 474 note 1. Compagnie provenant de la division de l'ancien réseau créé de 1856 à 1867 par les Rothschild et Talabot entre Autriche et Italie Centrale — dite Chemins de fer du Sud-Autriche et de Haute-Italie — plus communément dénommée Chemins de fer lombards.

page 474 note 2. Cette formule confirme l'observation faite par notre consul à Genève : dans une certaine mesure la voie du Cenis, ouverte en 1871, avait été jusqu'alors négligée par le P.L.M.

page 474 note 3. Notice sur la Compagnie de la Suisse-Occidentale, décembre 1816 (doc. cité).

page 474 note 4. Dép. n° 18 du 20 décembre 1882. Corr. comm. Bâle 1880-1890, vol. n” 3.

page 474 note 5. Le Saint-Gothard et les intérêts français, brochure éditée par la Chambre de Commerce de Chambéry, 1883, 32 p. C'est nous qui soulignons.

page 474 note 6. Dép. n° 18 du 20 décembre 1882, corresp. comm. Bâle (doc. cité).

page 475 note 1. « Conditions du trafic des Chemins de fer entre Suisse et Méditerranée. Suppression du tarif franco-suisse n° 442 » (dép. n° 18 du 20 décembre 1882, doc. cit.).

page 475 note 2. La Compagnie du Saint-Gothard usa d'ailleurs d'une arme directe, l'emploi de tarifs spéciaux dits « de réforme » pour les wagons complets de 10 t allant d'Allemagne en Italie ou vice versa. Ces tarifs, inférieurs aux tarifs des compagnies suisses elles-mêmes, facilitaient les échanges italo-germaniques par le procédé des envois de marchandises groupées en un seul wagon. Voir Simonin, art. cité ; Marteau, A., Le Chemin de fer du Saint-Gothard et son influence au point de vue des intérêts français, Paris, 1882, 40 Google Scholar p. ; de Sinner, Ch., La France et le Simplon (Extrait du Moniteur Industriel, Paris, 1888, 79 Google Scholar p.).

page 476 note 1. «Conditions du trafic des chemins de ter entre Suisse et Méditerranée, etc. » ﹛doc. cité).

page 476 note 2. Publication de la Chambre de Commerce de Chambéry, Le Saint-Gothard et les intérêts français (doc. cité). Voir aussi Simonin (art. cité).

page 476 note 3. Les Chemins de fer suisses après un siècle (ouvr. cité) et Ch. de Sinner (ouvr. cité). Le groupe financier au nom duquel parlait Ed. Hentsch devait fournir 96 millions.

page 476 note 4. Arch. nat. F30, 354 ; dossier : « Chemin de fer du Central Suisse ».

page 476 note 5. Ch. de Sinner, ouvr. cité. On trouve en 1899 un banquier de Francfort et un de Berlin dans le conseil du Nord-Est ; et trois banquiers berlinois dans celui du Central (voir Chabloz, Ed., Manuel des valeurs cotées aux Bourses de Bâle et de Zurich, Bâle, 1899 Google Scholar).

page 476 note 6. Bigo, R., Les Banques françaises au cours du XIXe siècle, Recueil Sirey, 1947, p. 163 Google Scholar.

page 477 note 1. Les deux banques allemandes « avaient acquis un certain nombre d'actions des deux compagnies ferroviaires qui leur assurait la majorité dans les assemblées générales » (Cuony, art. cité). Mêmes indications dans Peyralbe, E., La Question du Simplon (Paris, 1902, 40 Google Scholar p. Extrait de Questions diplomatiques et coloniales).

page 477 note 2. Ibid. Voir aussi : Allard, Commandant, Histoire du tunnel et des travaux du Simplon (Mémoires de l'Académie de Besançon, Besançon, 1906, 28 Google Scholar p.).

page 477 note 3. Expression de M. HansBauer (ouvr. cité, p. 125).

page 477 note 4. La loi de rachat est de 1897 ; elle fut ratifiée par « votation » populaire à une très forte majorité en 1898 ( Haguet, H., Le rachat des chemins de fer suisses et ses conséquences, Genève, 1903, 125 Google Scholar p.). Le conseil fédéral helvétique écrivait le 25 mars 1897 dans un message à l'Assemblée fédérale concernant la nationalisation des principales compagnies : « Que les propriétaires de nos principales voies de communication se trouvent pour la plupart à l'étranger, que leur influence prédomine dans les assemblées générales et que ce soient les grands capitalistes du dehors, avec certains financiers du pays, liés à eux par toute sorte d'intérêts et plus ou moins dans leur dépendance, qui règlent le sort de nos chemins de fer les plus importants, c'est là un fait très certainement humiliant pour la Suisse ».

page 478 note 1. Ces lignes ont été écrites avant que ne paraisse l'article de M. Landes : « Vieille banque et banque nouvelle : la révolution financière du xixe siècle » (Rev. d'Hist. mod. et contemp., III, juillet-septembre 1956). Notre analyse vient confirmer et prolonger ses remarques quant aux nuances qu'il faut apporter dans l'étude des luttes entre haute banque et banques d'affaires pour les années 1850-1870.

page 478 note 2. C'est ainsi que les divers syndicats bancaires français alors émetteurs d'emprunts étrangers sur le marché national, voient toujours réunis banques d'affaires, établissements do crédit, importants capitalistes et banquiers privés.

page 478 note 3. Le cas de G. Girod, successivement agent de change, directeur du Comptoir d'Escompte de Paris (1874), puis associé de la banque de Neuflize (1883), est un exemple, parmi tant d'autres, de la facilité avec laquelle certaines frontières peuvent être franchies