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La sociobiologie et son explication de l'humanité

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Chandler Davis*
Affiliation:
University of Toronto

Extract

Un phénomène, certainement. A la publication du livre de Edward O. Wilson en 1975, la sociobiologie fut accueillie comme une science nouvelle et révolutionnaire. D'importants articles — dans le New York Times, le Time, Psychology Today et le Figaro-Magazine, pour ne mentionner que ceux-là — en firent une description dithyrambique et acquirent à ses promoteurs comme à ses théories de très nombreux lecteurs. La doctrine nouvelle est même enseignée aujourd'hui dans les établissements secondaires, sous une forme simplifiée.

Summary

Summary

Sociobiologists claim to explain human social behavior in terms of genetic evolution. The claim demands serious consideration by social scientists, for biological evolution unquestionably formed human beings, who are the components of social phenomena.

In this article, three characteristic sociobiological explanations are cited and analysed. In terms of these examples, and of some principles of evolutionary biology which are reviewed, an attempt is made to bring out some peculiarities of sociobiological reasoning, to determine to what extent they are inherent in the method, and to show how they affect the scope of its applicability.

The author argues that evolutionary explanations have validity in social science only subject to some conceptual precautions not currently observed by sociobiologists. In particular, he tries to show how such an explanation can be vitiated by defining the trait to be explained in simplistic, post facto terms, or by failing to set the postulated change in the period of prehistory when it must have occurred.

Type
Inter-Sciences
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1981

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References

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11. Le Sociobiology Study Group of Science for the People. L'article figure pp. 133-149 dans : Ann Arbor Science for the People Collective, Biology as a social weapon, Minneapolis, Burgess, 1977. 11 en existe une version plus succincte dans The sociobiology debate, pp. 280-290.

12. Des comptes rendus ont été publiés dans Science for the People, 10(2),mars 1978,pp. 38-39 ; Psychology Today, Il (12), mai 1978, pp. 23-24. Le procès-verbal de la session a été récemment publié, sous la direction de Barlow, George W. et Silverberg, James, Sociobiology : beyond naturel nurture, AAAS Selected Symposium, 35, Washington, American Association for the Advancement of Science, 1980.Google Scholar

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14. Pour la préparation du présent article, j'ai eu recours à des spécialistes de différents domaines, qui m'ont fourni informations et conseils. Je remercie Frances D. Burton, Mina Davis Caulfield, Bert Hansen, Richard C. Lewontin et bien d'autres, qui m'ont aidé — et je leur présente aussi mes excuses, car je suis sûr que chacun d'eux trouvera ici quelque chose à récuser.

15. Le Temps, 1 8 juillet 1886.

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22. « The search for an evolutionary philosophy of man », Proceedings of the Royal Society of Victoria, 84 (1), 1971, pp. 99-119. Voir p. 117.

23. Darwin a noté cet usage abusif de ses idées dans une lettre à Lyell ; citée par Hofstadter, Social Darwinism in American thought, p. 85.

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25. Figaro-Magazine, 30 juin 1979, p. 61.

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31. Sociobiology, p. 456.

32. George B. Schaller, cité par exemple dans Sociobiology, pp. 85, 504. Le même comportement draconien a été relaté chez un primate, par Kenji Yoshiba, « Local and intertroop variability in ecology and social behavior of common Indian langurs », pp. 217-242, dans Jay, Phyllis C. (éd.), Primates : studies in adaptation and variability, New York, Holt, Rinehart & Winston, 1968 Google Scholar ; voir pp. 236-237. Christian Vogel et d'autres soutiennent, cependant, que cette sorte d'infanticide n'est pas confirmée par les observations, mais a été rapportée par des observateurs disposés à l'avance à y croire. Voir Eibl-Eibesfeldt, I., « Human ethology : concepts and implications for the sciences of man », Behavioral and brain sciences, 2 (1979), pp. 157 Google Scholar et 3 (1980), pp. 623-636, en particulier pp. 631-632.

33. R. L. Trivers et D. E. Willard, cités dans Sociobiology, pp. 317-318.

34. Sociobiology and behavior, New York, Elsevier, 1977, p. 293. Il résume cet aspect de son livre dans « Sexual sélection in birdland », Psychology Today, cité plus haut.

35. Par exemple, « Sociobiology and sex », Time, 1er août 1977, p. 60 ; Benoist, Alain De, dans Figaro-Magazine, 30 juin 1979, p. 61.Google Scholar

36. Chasin, Barbara, « Sociobiology : a sexist synthesis », Science for the People, 9 (3), mai-juin 1977, pp. 2731 Google Scholar ; Ruth Hubbard, « Hâve only men evolved ? », pp. 7-35, dans Hubbard, Ruth, Henifin, Mary Sue et Fried, Barbara (éd.), Women look at biology looking at women, Cambridge, Mass., Schenkman, 1979 Google Scholar ; Hubbard, Ruth et Lowe, Marian (éd.), Gènes andgender, 11, New York, Gordian, 1979.Google Scholar

37. The origin of species. Chap. 8 ; extrait cité dans The sociobiology debate, pp. 17-22.

38. « The genetical theory of social behavior : 1,11 », Journal of theoretical biology, 7(1), pp. 415- 418.

39. Sociobiology, pp. 349-352. Je reviens sur cette question à la section suivante.

40. Noter les nombreux sujets sous la rubrique « Kinship sélection », dans l'index de Sociobiology.

41. Sociobiology, p. 555. Dans son article du New York Times cité plus haut (p. 48), Wilson est d'avis que cette hypothèse, bien que non confirmée par les faits ou par l'analyse critique, est suffisamment plausible pour nous amener à réfléchir avant de qualifier l'homosexualité de maladie. Depuis, cette explication a été avancée à plusieurs reprises (et avec moins d'hésitation !) à titre d'argument en faveur de la« normalité » de l'homosexualité. James D. Weinrich, Harvard, Thèse de doctorat, 1976, et ailleurs. Ruse, Michael, Sociobiology : sensé or nonsense ?, Dordrecht, Reidel, 1979 Google Scholar, Section 5.4, et ailleurs.

42. Sociobiology, p. 475. Les témoignages pour cet exemple sont maigres ; je l'ai choisi uniquement pour sa clarté.

43. « The évolution of reciprocal altruism », pp. 213-226, dans The sociobiology debate.

44. Pour plus de détails et de références sur la sélection de groupe, voir Sociobiology, pp. 107- 117 ; Smith, J. Maynard, « Group sélection », Quarterly Review of Biology, 51 (1976), pp. 277283 Google Scholar ; Roughgarden, Jonathan, Theory of population genetics and evolutionary ecology : an introduction, New York, Macmillan, 1979, pp. 283292 Google Scholar. Comme le fait observer Richard Dawkins (The selfish gène, chap. 7), de façon tout à fait disproportionnée, le gros de la discussion sur le pouvoir de la sélection de groupe a porté sur un seul aspect du comportement : la limitation du taux de reproduction. Autre commentaire : Michael Ruse, dans un article à paraître, soutient que le mécanisme de la sélection de groupe est défendu par A. R. Wallace et par les critiques de la sociobiologie, tandis que Darwin et les sociobiologistes le récusent. Si Ruse avait raison, il serait tout à fait hors de propos de ma part d'inclure la sélection de groupe dans un de mes paradigmes sociobiologiques. Mais il a tort : Darwin et certains sociobiologistes s'appuyent sur la sélection de groupe, comme le montrent les citations qui figurent dans le présent article ; cf. particulièrement Sociobiology, p. 129.

45. L'importance de la dérive génétique a été soutenue particulièrement par Sewall Wright. Cf. Jacquart, Albert, Structures génétiques des populations, Paris, Masson, 1970 Google Scholar, Section 13.1. L'effet fondateur est souligné par Mayr, Ernst, Populations, species and évolution, Cambridge, Mass., Harvard, 1970.Google Scholar

46. Tel Dawkins, The selfish gène, p. 109 : « La généreuse femelle ne fait rien de particulièrement avantageux pour ses gènes en s'occupant de l'orphelin. » Sa vision du parentage adoptif— qu'il présente comme une « erreur » — contraste avec celle de Wilson, Sociobiology, pp. 350-351 (voir aussi son article « Human decency is animal », cité plus haut). Ceci peut avoir un rapport avec le rejet catégorique, par Dawkins, de la sélection de groupe comme facteur d'évolution, voir The selfish gène, chap. 1.

47. Sociobiology, p. 237, pp. 381-382.

48. The descent of man, chap. 5.

49. Sociobiology, p. 573. Voir aussi R. D. Alexander, cité à la Section I, ci-dessus.

50. D'ailleurs, les animaux non sociaux peuvent (pour d'autres raisons) avoir intérêt à préférer la compagnie de ceux qui leur sont génétiquement semblables. Voir, par ex., Mayr, Ernst, Evolution and the diversity of life, Cambridge, Mass., Harvard, 1976, p. 133.Google Scholar

51. Sociobiology and behavior, p. 311. Je fais, assurément, plus de réserves que lui.

52. Sociobiology, p. 575. A moins d'accepter cette hypothèse dérivée, l'on doit s'attendre à ce que le comportement coopératif à l'égard des membres du groupe s'accompagne d'un comportement coopératif à l'égard des étrangers.

53. On trouve des raisonnements semblables dans Joseph Alper, « The ethical and social implications of sociobiology » (un article que l'on peut se procurer à Science for the People, 897 Main Street, Cambridge, Mass.), pp. 13-16.

54. Cité dans Allen, Garland E., « Genetics, eugenics and class struggle », Genetics, 79, 1975, pp. 2945.Google ScholarPubMed

55. The passing of the great race, New York, Scribner's, 1922, p. 193.

56. Ibid., pp. 87-88.

57. Une excellente critique récente est celle qui est apportée par Gould, Stephen Jay, Ontogeny and phylogeny, Cambridge, Mass., Belknap, 1977, notamment pp. 126135.Google ScholarPubMed

58. Cité dans The sociobiology debate, p. 298.

59. Section I.

60. Cf. Sections I, II.2.

61. « Human decency is animal », p. 50. Cf. Sociobiology, p. 565, où Wilson déplore la guerre, de toute évidence, mais on ne sait pas trop si c'est parce qu'elle est moralement répugnante, ou parce qu'elle affaiblit l'aptitude adaptive. Barash fait le même genre de récusations.

62. Bien que Wilson présente cela comme le « nouvel holisme » (” the new holism »), Sociobiology, p. 7.

63. Ernst Mayr, Evolution and the diversity of life, pp. 27-28, 282-283. Blute, Marion, « Sociocultural evolutionism : an untried theory », Behavioral Science, 24 (1979), pp. 4659 CrossRefGoogle Scholar. (En ce sens, Darwin avait tort de dire que sa théorie avait déjà été anticipée par Wells en 1813, car Wells n'affirmait le mécanisme de la sélection naturelle qu'au sein d'une même espèce.)

64. Lewontin, Richard C., The genetic basis of evolutionary change, New York, Columbia, 1974, notamment pp. 180185 Google Scholar. Voir aussi S. J. Gould, Ever since Darwin, pp. 61, 231-236.

65. Jacquard, A., Structures génétiques des populations, Paris, Masson, 1970, p. 54.Google Scholar

66. Les bactéries (pour illustrer les possibilités aussi simplement que possible) portent souvent des fragments d'ADN qui ne sont pas incorporés dans les chromosomes et ces fragments peuvent diriger la synthèse des protéines. Elles permettent de voir également un phénomène non mendélien dans le domaine très étudié de la résistance aux antibiotiques : un gène crucial, au lieu d'être présent, quand il l'est, à un seul locus, est présent à un grand nombre de loci, le nombre exact n'étant pas le même dans chaque lignée, et la quantité de protéine synthétisée variant avec le nombre.

67. Cherry, Lorraine M., Case, Susan M. et Wilson, Allan C., « Frog perspective on the morphological différence between humans and chimpanzees », Science, 200 (1978), pp. 209211 CrossRefGoogle Scholar. « Surprising similarity found in humans and apes », New York Times, 8 juil. 1980, pp. Cl, C5.

68. « Evolutionary importance of gène régulation», Stadler genetics symposia, 7 (1975), pp. 117-134.

69. Evolution and the diversity of life, p. 685.

70. « Why you do what you do », Time, 1er août 1977, cf. p. 54.

71. Sociobiology, pp. 117-119.

72. Il est vrai que dans une espèce bien étudiée, les traits régis par un seul gène peuvent être inférés de ces formes. J. E. Moseley, « Radiographie studies in hématologie bone disease : implications for palaeopathology », pp. 121-130, dans Jarcho, Saul (éd.), Human palaeopathology, New Haven, Yale, 1966 Google Scholar. Mais ceci n'a pas de rapport direct avec mon propos. Ce que je veux dire est que les méthodes de la biologie moléculaire moderne ne peuvent pas être appliquées aux fossiles courants.

73. Ever since Darwin, p. 254.

74. Figaro-Magazine, 17 mars 1980, p. 86 : « Les meilleurs généticiens actuels ont déjà recensé plusieurs centaines de gènes correspondant à des comportements. »

75. Ehrman, Lee et Parsons, Peter A., The genetics of behavior, Sunderland, Mass, Sinauer, 1976 Google ScholarPubMed, publient une étude à ce propos. Tout lecteur de ce livre sera frappé par le contraste entre les cas très sommaires et peu convaincants qui sont proposés en ce qui concerne notre espèce et les cas peu nombreux mais relativement substantiels qui sont proposés pour d'autres espèces beaucoup moins bien étudiées — pour ne rien dire de la drosophile que l'on connaît bien.

76. Voir le superbe compte rendu par Helen H. Lambert, « Biology and equality : a perspective on sex différences », Signs 4 (1978), pp. 97-117.

77. Ehrman et Parsons, op. cit., p. 38, citant N. Rothenbuhler : « Certaines colonies d'abeilles rejettent hygieniquement dehors les larves qui sont mortes d'une certaine maladie ; ce comportement comprend deux opérations distinctes, chacune se trouvant sous la dépendance d'un gène récessif. » Ibid., pp. 75-78 : Plusieurs chercheurs ont fait des progrès dans l'établissement d'un rapport entre la réponse de la Drosophila melanogaster à la gravité et certains chromosomes.

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80. Ibid., p. 113.

81. Le promoteur le plus éminent de cette théorie est le pénétrant généticien Moto Kimura. Pour un exposé récent, voir son article « The neutral theory of molecular évolution », Scientific American, 241 (5), nov. 1979, pp. 98-126.

82. A. Jacquard, Structures génétiques des populations, pp. 290, 374.

83. The genetic basis of evolutionary change, notamment chap. 2.

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85. The genêtic basis of evolutionary change, p. 42.

86. Sociobiology, chap. 6-26.

87. Symons, Donald, The évolution of human sexuality, New York, Oxford, 1979 Google Scholar, par ex., chap. 7.

88. « Sociobiology : a new biological determinism », p. 141.

89. Ibid., p. 143.

90. A la limite, en ce qui concerne les insectes sociaux, « Il y a tant d'espèces à chaque stade évolutif que l'on peut les échantillonner comme un statisticien », Sociobiology, p. 397, pour montrer que l'on trouve tel ou tel trait de comportement surtout dans les espèces où le mécanisme explicatif que l'on propose est le plus favorisé par les particularités du processus de reproduction ; Trivers, R. L. et Hare, H., « Haplodiploidy and the évolution of social insects », Science, 191 (1976), pp. 249263.CrossRefGoogle Scholar

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92. Sociobiology, p. 247.

93. New York Review of Books, 29 mai 1980, p. 50.

94. Sociobiology, p. 546. Voir également p. 539 : Les femelles changent plus facilement de troupe que les mâles. Pour le niveau de violence, voir Jane Van Lawick-Goodau., « A preliminary report on expressive movements and communication in the Gombe Stream chimpanzees », pp. 313- 374, dans Jay, Phyllis C. (éd.). Primates : studies in adaptation and behavior, New York, Holt, Rinehart & Winston, 1968 Google Scholar ; en particulier pp. 332-343. Notons que Dian Fossey, à laquelle est largement due la réputation paisible du gorille, a rapporté tout récemment beaucoup plus d'incidents violents de la part de ses sujets qu'auparavant, et qu'elle les explique selon le modèle du maître du harem ; voir « The imperiled mountain gorilla », National Géographie, 159 ( 1981 ), pp. 501 -522. Elle suggère toutefois (p. 518) que ce comportement est peut-être une réponse récente aux « incursions humaines dans l'habitat du gorille sauvage ».

95. L'on doit reconnaître l'existence de cas intermédiaires. Pour retrouver l'origine commune des Sud-Vietnamiens à peau sombre et des Indiens à peau sombre des Caraïbes, il faudrait remonter à des populations ayant vécu il y a plusieurs milliers d'années beaucoup plus au Nord et qui probablement avaient une peau beaucoup plus claire. Les Vietnamiens aussi bien que les Indiens ont vraisemblablement acquis leur teint sombre par une évolution indépendante. Dans ce cas, cependant, il est plausible que les moyens génétiques aient été non pas similaires, mais identiques : que les gènes favorisant une forte production de mélanine aient été présents, mais rares, dans le pool génétique de l'ancêtre commun arctique, et que ces gènes soient simplement devenus plus courants dans chacune des populations au cours des millénaires de leur migration vers le Sud.

96. Mayr, Ernst, Evolution and the diversity of life, Cambridge, Mass., Harvard, 1976. p. 678.Google Scholar

97. Le paradigme du maître du harem ne tient pas à l'analyse comparative et autres tests. Voiries références fournies à la Section II.2.

98. Sociobiology, p. 28 (Donald Symons, op. cit., fait d'amusantes mises en garde dans ce sens). Wilson pense que la vulnérabilité dans ce domaine vient de ce qu'il appelle « the advocacy method ». Pense-t-il réellement qu'il est si dommageable qu'un auteur critique les propositions d'un autre ? C'est une chose qui se fait dans des domaines beaucoup plus sûrs.

99. Sociobiology, p. 145.

100. J'ai mentionné deux types de traits, la couleur de la peau et la sicklémie, qui ont répondu rapidement à la sélection dans notre propre espèce.

101. Inexplicablement, Wilson embrouille les choses (Sociobiology, p. 149) en déclarant que « quand il existe des différences génétiques, elles indiquent une évolution généralement rapide ». Ce qu'il veut dire est de toute évidence que les traits qui interviennent dans un changement évolutif actuel ou récent sont plus variables (comme Darwin l'a longuement exposé, voir Origines des espèces, chap. 5). Mais Wilson aimerait en tirer la conclusion que le changement évolutif futur peut être rapide non seulement pour ces traits, mais pour beaucoup d'autres. En fait, on pense maintenant que le polymorphisme peut exister de façon stable à de nombreux loci dans une population (cf. Section III.2). Ces loci représentent les directions pour lesquelles la croyance de Wilson est justifiée : une espèce peut répondre à une exigence nouvelle par un changement rapide dans ces directions — mais dans aucune autre.

102. Pour une discussion plus complète de ce point, voir Stephen Jay Gould, « The evolutionary biology of constraint », Daedalus, printemps 1980, pp. 39-52.

103. Julian Huxley a introduit le terme « allométrie » (” allometry ») pour les cas où la modification de la taille tend à s'accompagner d'une modification (spécifique) de la forme générale. Le sujet est traité de façon très intéressante dans « Sociobiology : a new biological determinism », pp. 144-145 ; et S. J. Gould, « The evolutionary biology of constraint ». Mais il y a une autre cause, tout à fait différente, qui peut conduire le zoologiste à percevoir une allométrie. Même si d'aventure un accroissement de la taille était causé par une substitution à un locus donné et une altération de la forme par une substitution à un autre locus, il se peut qu'une de ces substitutions entraîne l'autre en modifiant les valeurs adaptatives (la forme la plus adaptée pour un organisme de grandes dimensions n'est pas la mieux adaptée pour un organisme de petites dimensions).

104. S. J. Gould, Ontogeny and phylogeny, p. 381.

105. L'hétérosis est illustrée par le gène sicklémique, et par le gène hypothétique de l'homosexualité dont parle Wilson. Les généticiens pensent que l'hétérosis à un seul locus est très courante, bien que ceci ne puisse pas actuellement être prouvé.

106. Franklin, I. et Lewontin, R. C., « Is the gène the unit of sélection ? », Genetics, 65(4), 1970, pp. 707734.Google ScholarPubMed

107. Curieusement, Wilson admet la plupart des arguments développés dans ce paragraphe : Sociobiology, p. 70.

108. Rapoport, Anatol, Two-person gaine theory, Ann Arbor, University of Michigan, 1966, p. 43.Google Scholar

109. Particulièrement les idées associées aux thèses de J. Maynard Smith. Cf. Richard Dawkins, « Good strategy or evolutionarily stable strategy ? », pp. 331-367, Sociobiology : beyond naturel nurture, cité plus haut. Mais la plupart des exemples étudiés dans le présent article sont de cette nature, quoique de façon moins explicite.

110. Wilson en est d'accord, Sociobiology, pp. 150-151. Dawkins l'a admis dans une conversation.

111. On ne peut imaginer qu'une situation de la vie réelle où une décision importante doit être prise ressemble beaucoup au jeu par trop simple du « dilemme du prisonnier », et donc il ne peut pas servir directement de modèle des conflits et de leur résolution. Mais on peut néanmoins espérer que des recherches théoriques et expérimentales sur le dilemme du prisonnier puissent conduire à la formulation de concepts de portée générale. Cf. Anatol Rapoport, « Prisoner's dilemma — recollections and observations », pp. 17-34, dans Rapoport, Anatol, Game theory as a theory of conflict resolution, Dordrecht, Reidel, 1974.CrossRefGoogle Scholar

112. New York Review of Books, 29 mai 1980, p. 49.

113. Compte rendu de Barash, à paraître dans Canadian Journal of Anthropology.

114. Que l'évidente générosité puisse profiter au donneur (directement, et non à travers le groupe) est précisément ce que Trivers prend plaisir à exposer. Il lui faudrait, apparemment, admettre que l'élan sincère de générosité puisse être le produit de la sélection individuelle. C'est un exemple un peu gros de l'idée générale que je développe.

115. Discuté à la Section III.2 ci-dessus.

116. The selfish gène, p. 150.

117. Ibid., p. 3.

118. Ibid., p. 208 : Une fois que l'évolution génétique a produit le cerveau, capable de langage et de culture, « sa propre sorte d'évolution, bien plus rapide, commence… Et une fois que cette nouvelle évolution a commencé, il n'y a aucune raison nécessaire pour qu'elle soit subordonnée à l'ancienne ».

119. « The growth of culture and the évolution of mind », pp. 55-83, dans son livre, The interprétation of cultures, New York, Basic, 1973 ; voir pp. 62-63. Il identifie A. L. Kroeber comme le protagoniste principal de cette théorie.

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124. Ever since Darwin, p. 256.

125. Cité par Darwin, The descent of man, chap. 4.

126. « Sociocultural evolutionism : an untried theory », Behavioral Science, 24, 1979, pp. 46- 59.

127. Burton, Frances D. et Bick, Mario J. A., « A drift in time can define a deme : the implications of tradition drift in primate societies for hominid évolution », Journal of Human Evolution, 1, 1972, pp. 5359 CrossRefGoogle Scholar. Cette théorie est présentée de façon inadéquate dans Sociobiology, pp. 13-14

128. Pour une étude de la question, voir Radinsky, Léonard, «Primate brain évolution», American Scientist, 63, 1975, pp. 656663 Google ScholarPubMed. Sur la comparaison métabolique, voir David B. Adams et Robert J. Blumenschine et Jonathan W. Mink, « Basai metabolism predicts size of vertebrate CNS », Society for neuroscience abstracts, 1978, 4 : 97.

129. Ralph L. Holloway a rapporté que la forme intérieure du crâne des premiers hominiens permet de voir l'empreinte de l'aire de Broca. Cf. son article « New Australopithecine endocast, SK 1585, from Swartkrans, South Africa », American Journal ofPhysical Anthropology, 37, 1972, 173- 185, à la page 177. Leakey, Richard E. et Lewin, Roger, Origins, New York, Dutton, 1977, p. 205 Google ScholarPubMed. L'opinion qui prévaut parmi les paléontologistes est qu'on dispose de trop peu de précisions sur ces crânes pour inférer quoi que ce soit à propos d'une structure aussi petite que l'aire de Broca (Radinsky, op. cit., et communication personnelle). Les crânes fossiles sont trop peu nombreux pour qu'on puisse résoudre les questions d'ordre chronologique. Comme je l'ai mentionné dans la Section 11.4, certains évolutionnistes soutiennent que le changement évolutif procède ordinairement par bonds, aidé par l'effet fondateur ; cf., par ex., S. J. Gould, Ever since Darwin, pp. 61-62.

130. Parce que, ainsi que l'exprime Clifford Geertz,«le cerveau humain est totalement dépendant des ressources culturelles pour son fonctionnement ; et, donc, ces ressources ne sont pas des adjuvants de l'activité mentale, mais des éléments constitutifs ». « The growth of culture and the évolution of mind », p. 76. Certains des arguments que j'ai donnés dans cette section sont poussés plus loin encore par William H. Durham, « Toward a coevolutionary theory of human biology and culture », pp. 428-448, dans The sociobiology debate. Quelques premiers pas ont été faits vers un traitement théorique du processus (avec, bien sûr, des gènes parfaitement hypothétiques), par Feldman, M. W. et Cavalli-sforza, L. L., « Cultural and biological evolutionary processes, sélection for a trait under complex transmission », Theoretical Population Biology, 9, 1976, 238259.CrossRefGoogle ScholarPubMed

131. The descent of man, particulièrement chap. 8.

132. Sociobiology, pp. 318-321.

133. New York Review of Books, 29 mai 1980, pp. 49-50. Il termine sa lettre de la façon suivante : « Ces dernières années, l'étude de l'évolution biologique et l'étude du comportement sont devenues, l'une et l'autre, plus complexes, et il n'existe aucune théorie généralement acceptée établissant des rapports utiles entre les deux. Une nouvelle théorie de synthèse est nécessaire pour remplacer celle qui a été articulée il y a plus de quarante ans. »

134. « Food sharing and human évolution : archaeological évidence from the Plio-Pleistocene of East Africa », Journal of Anthropological Research, 34, 1978, pp. 311-325.