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Le développement de la fabrication des faux en France de 1785 à 1827 et ses conséquences sur la pratique des moissons [Contribution à l'histoire d'une technique agricole]*

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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L'outillage agricole français est demeuré médiocre durant tout le XVIIIe siècle et le début du XIXe, c'est un fait acquis. La France est, notamment, importatrice de faux de qualité jusqu'à la chute de Napoléon Ier. Néanmoins, poussée par un nationalisme économique éveillé dès 1785 et que l'on voit s'exalter durant les guerres de la Révolution et de l'Empire, elle met trente ans à « s'affranchir d'un tribut annuel qu'elle payait à l'étranger ». Il y a là matière à étude sur un point particulier, mais précis, de l'évolution de l'outillage agricole.

Le problème n'intéresse pas dès l'abord les sociétés d'agriculture et leurs adhérents. Certes, l'activité des agronomes fut grande dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ; « la léthargie de l'agriculture cessa vers le milieu du siècle dernier », déclare un informateur en 1812.

Type
Études
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Copyright © Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1955

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Footnotes

*

[L'érudit article de notre collaborateur doit provoquer quelques échos, tant il soulève de questions à résoudre. Et, tout d'abord, la liaison — si liaisons il y a — entre la révolution agricole et la révolution industrielle, mais mieux vaudrait écrire sans doute évolution des techniques. — Rapports ensuite de l'outillage agricole et de la technique industrielle, sur quoi R. Tresse met particulièrement, et justement, l'accent ; notre collègue Jean Meuvret y insiste de son côté dans un rapport pour le Congrès international des Sciences historiques à Rome (Relazioni, t. IV, p. 159-161) ; lui aussi souligne, d'après O. Festy, la pénurie de faux à l'époque révolutionnaire.

R. Tresse reprend également l'argumentation des contemporains pour et contre fauche et faucillage ; il a bien raison, et de ne pas sous-estimer les mentalités rurales, et de ne pas surestimer non plus les propagandes officielles et les théories des « agronomes ».

Qu'il nous soit permis enfin de suggérer une double hypothèse de recherches. Si la fabrication des faux s'intensifie sous la Restauration, c'est aussi sans doute parce qu'après 1815 nombre d'industries d'armements, privées de commandes gouvernementales, orientèrent alors leurs fabrications vers la quincaillerie, et spécialement vers les outillages aratoires. Il s'est agi d'une véritable reconversion, dont on pourrait citer maints exemples.

D'autre part, l'extension des prairies de fauche (à préciser certes, selon les régions) pourrait ne pas être étrangère à l'accroissement de la demande et de la production des faux ; cette question des débouchés pour une industrie naissante (ou « reconvertie ») doit être prise en considération. Mais les progrès de la métallurgie demeurent sans doute primordiaux ; des faux, des outils d'acier fondu — « comme le font les Anglais » — constituaient encore en 1826-1827 une grande nouveauté par rapport à l'acier naturel, voire à l'acier de cémentation.

Nous nous proposons d'ailleurs de revenir sur la « reconversion » en question dans une communication au prochain colloque international de Nancy : « Le fer à travers les âges ». — Paul Leuilliot.]

References

page 343 note 1. Encyclopédie méthodique. Art aratoire et du jardinage (Paris, an V), p. 96.

page 343 note 2. Ch. Ballot, L'Introduction du machinisme en France (1923) ; — H. et Bourgin, G., L'Industrie sidérurgique en France au début de la Révolution, p. 183 Google Scholar ; — Gille, B., Les Origines de la grande industrie métallurgique en France (1947), p. 128 Google Scholar.

page 344 note 1. H. et Bourgin, G., ouvr. cité, p. 587 Google Scholar. Cf. A. N. F12 107.

page 344 note 2. Festy, O., L'Agriculture pendant la Révolution française. Les conditions de production et de récolte des céréales (1789-1795), 1947, p. 394 Google Scholar.

page 344 note 3. M. Marion, Les Salaires agricoles et la moisson de Van II, dans Bull. d'Hist. Écon. de la Révolution, 1921.

page 344 note 4. Nous aurons l'occasion à plusieurs reprises d'évoquer la manufacture d'acier et de limes de Dillingen. Établie en 1681, elle fut reprise par Gouvy en 1754, qui fit appel à des spécialistes venus à grands frais de Styrie et du Pays de Berg. En 1789, la raison sociale est Soller, Gouvy et C1e. Son rôle d'intermédiaire entre la France et les États allemands apparaît très important. Voir H. et Bourgin, G., ouvr. cité, p. 274 Google Scholar, et Gille, B., ouvr. cité, p. 175 Google Scholar.

page 345 note 1. Festy, O., ouvr. cité, p. 387 Google Scholar.

page 345 note 2. A. N. F10 212 A. et pour la suite. Également F10 74.

page 345 note 3. Convention nationale. Rap. de Grégoire sur l'établissement d'un Conservatoire des Arts et Métiers (9 sept. 1794), p. 7.

page 346 note 1. Bull., 1806.

page 346 note 2. Archives de la Bibl. du C. N. A. M.

page 346 note 3. Arc. C. N. A. M. 10e Conservatoire, p. 431. État des outils cédés à la commission dAgriculture et des Arts, par Terrier, chef de r Atelier national (30 mai 1795). Cf. Festy, O., ouvr. cité, p. 402 Google Scholar.

page 346 note 4. Festy, O., ouvr. cité, p. 401 Google Scholar. Rapport de la division des Arts et Manufactures à la commission, A. N. F12 1318.

page 347 note 1. Arc. C. N. A. M. 10° Conservatoire (Paris le 24 germinal an V).

page 347 note 2. Ibid., P. V. des séances du Bureau consultatif des Arts et Manufactures (2e registre, an VI), ministère de l'Intérieur, 4e division (25 avr. 1798 et 20 déc. 1800). Suivi des 2 P. V. des séances du Bureau consultatif des Arts et du Commerce, 2e Division (25 déc. 1800 et 21 juin 1801). Les membres du Bureau étaient : Savoie, Rollin, Hennebert, Clouet, E. Montgolfler, Molard, Bardel, de Gerando.

page 348 note 1. P. V. des séances du Bureau consultatif. Lagrange (Doubs), 22 thermidor an VI (f° 59) ; Irroy-Borneque (16 fructidor an VI) f° 72 ; Guantz-Soller-Duquesne (18 vendémiaire an VII) f° 9L ; Propriétaires des forges de Belfort (16 brumaire an VII) f° 108.

page 349 note 1. Idem, Séance du 2 floréal an IX (f° 63).

page 349 note 2. Du principal mémorialiste des expositions de 1801-1802, 1806, Cl. Costaz (chef du Bureau des Arts et Manufactures au ministère de l'Intérieur), voir sa Notice sur les objets envoyés à l'Exposition des produits de l'industrie jrançaise (1806) ; du même auteur, Histoire de l'administration de Vagriculture et du commerce (3e édit., 1843).

page 349 note 3. Voir Tresse, R., Le Conservatoire des Arts et Métiers et la Société d'encouragement… au début du XIXe siècle, dans Bévue d'Histoire des Sciences, 1952, p. 246 Google Scholar, 264.

page 349 note 4. Notices de l'Exposition de 1806. Des mentions honorables furent décernées à des taillandiers des Ardennes, du Haut-Rhin, de la Moselle, des Vosges, du Doubs, des Hautes et Basses-Alpes.

page 350 note 1. Au jugement de Cl. Costaz, repris dans le Bulletin de la Société d'Encouragement…, n° 34 (avril 1807), p. 246 et 1810 (t. 9, p. 253).

page 350 note 2. C.-P. Molard attend son biographe. Voir Tresse, R., Les Origines du Conservatoire des Arts et Métiers, dans Revue des Travaux de l'Académie des Sciences Morales et Politiques, 1952, 1er semestre, p. 101 Google Scholar et suiv.

page 351 note 1. Journal des Mines, t. 13, n° 75 (frimaire) ; Rambourg, propriétaire des forges de Tronçais n° 76 (nivôse) ; O'Reilly (ventôse) n° 78 (p. 417), propriétaires des forges de Dilligen (mémoire sur le commerce du Pays de Berg). — Annales des Arts et Manufactures, t. 13 (19 févr. 1803), observations de Baillet, ingénieur en chef des Mines dans le Piémont ; Annales des Arts et Manufactures, t. 35 (1810), p. 181, mémoire de M. de Serre (fabrication des faux et faucilles) ; technologie sur la méthode usitée en Autriche pour la fabrication des faux et faucilles. — Ibid., t. 38, n° 112 (31 oct. 1810), nouvelles observations dans le Tyrol et le Pays de Salzbourg. — Archives des découvertes et des inventions nouvelles, t. 41 (1814), reprise du mémoire de M. de Serre. Bulletin de la Société à“Encouragement…, t. V (janv. 1807), sur le mémoire de Baillet ; oct. 1810 (faux de Sarrebriick) ; déc. 1810, p. 310 ; t. XVI (1817), p. 73. Sur Baillet et de Serre, cf. G. Chesneau, L'École des Mines (1931).

page 352 note 1. Voir P. Léon, La Naissance de la grande industrie en Dauphiné (1954), passim.

page 354 note 1. Rapport du Jury central sur les produits de l'industrie frrançaise présenté à S. A. E. M. le comte Decazes, rédigé par M.-L. Gostaz, membre de l'Institut d'Egypte et rapporteur du Jury central (1819), chap. XVI (Fabrication d'outils, section II : faux), p. 184. — L'on récompense des fabricants du Calvados, de l'Isère, de la Haute-Savoie, de l'Ariège, du Doubs, du Puy-de-Dôme.

page 354 note 2. Exposition de 1823. Rapport sur les produits de l'industrie française, présenté au nom du Jury central (rédigé par le vicomte Héricart de Thury et par M. Migneron), 1824.

page 354 note 3. Exposition de 1827 (même titre), 1828.

page 354 note 4. Ch. Laboulaye, Dictionnaire des ans et manufactures, lre édit. (25 août 1845), p. 1492.

page 355 note 1. Festy, O., L'Agriculture française sous le Consulat (Éditions de l'Académie Napoléon, août-oct. 1952), p. 7879 Google Scholar, et O. Festy, La Place de l'agriculture dans le gouvernement de la France sous le Directoire et le Consulat, dans Rev. d'Hist. Écon. et Sociale, 1953, n° 2.

page 355 note 2. M. Marion, Les Salaires agricoles et la moisson de l'an II (déjà cité).

page 356 note 1. Encyclopédie méthodique. Agriculture. Dictionnaire des instruments aratoires, Article « faux » par Tessier, t. 4, an 1796. Les maladies auxquelles est sujet le faucheur y sont abondamment décrites.

page 356 note 2. P. V. du Comité d'Administration de l'Agriculture. Pigeonneau et De Foviile, p. 253. L'abbé Lefebvre, en 1786, envoie aux correspondants du Comité d'Administration de l'Agriculture une demande circonstanciée sur la conformation, la forme et les circonstances d'emploi de la faux et de la faucille. Séance du Comité du 2 juin 1786. Baudrillart, Les Populations agricoles de la France, Archives du Département de la Somme. Mémoire rédigé en 1788 par Calonne : Réflexions sur Vutilité de faire la récolte avec des faux, dans Mémoires de la Société libre d'Agriculture du département de la Seine, t. 3 (30 fructidor, an 8), p. 18. Rapports sur les travaux de la Société depuis le 20 fructidor, an 8, jusqu'au 30 fructidor, an 9. Annonce de la réception d'un mémoire de Creuzé-Latouche sur les avantages comparés de la faux et de la faucille dans les récoltes. (Ce mémoire n'a pas été imprimé et malgré nos recherches ne se retrouve pas à l'Académie d'Agriculture.) Ses travaux agronomiques, par ailleurs, ne concernent pas l'outillage agricole.

page 356 note 3. Annales de l'Agriculture Française, t. I (an VI), p. 13 ; t. 2, p. 1 à 17. Aperçu sommaire de l'agriculture avant la Révolution, et après neuf années de bouleversements sociaux et de guerres. 1798.

page 356 note 4. A. N. F10 272. 4 messidor et 3 thermidor an 3 (22 juin et 21 juil. 1795).

page 357 note 1. Mémoires de la Société d'Agriculture de la Seine, t. 15 (1812), p. 244. Tableau des améliorations introduites depuis environ cinquante ans dans l'économie rurale de l'arrondissement de Narbonne (9 avr. 1809) : « Depuis la Révolution le défaut de bras a forcé quelques cultivateurs à moissonner à l'aide de la faux, armée d'une fourchette, et à abandonner la faucille. Je prêche d'exemple ; je ujuve cette méthode prompte, elle n'exige pas de bras étrangers devenus plus rares depuis la division des propriétés rurales dans les montagnes et le défrichement des communaux ».

page 357 note 2. Mémoires de la Société d'Agriculture…, t. 17, p. 53, témoignage du baron Picot de Lapeyrouse, Montastruc (Haute-Garonne) : « Dans un cas pressant, laboureurs, jardiniers, régisseurs, tous prennent la faucille et portent du secours aux moissonneurs ».

page 357 note 3. Ibid., t. 8 (1805). Rapport général sur le prix comparé des salaires d'ouvriers et d'objets à l'usage des fermiers des exploitations rurales de 1789 à 1804, et Annales de l'Agriculture Française, t. I (1809), p. 145, 149. Prix comparés des gages et salaires des domestiques journaliers et ouvriers de fermes à trois époques différentes et prix des instruments et ustensiles nécessaires à leur exploitation. Dans une ferme de 360 arpents du Loiret, les moissonneurs viennent d'Orléans. En 1790, la moisson coûte 600 livres, 958 livres en 1795 et 850 livres en 1796.

page 357 note 4. Laboulaye, , Dictionnaire des arts et manufactures, p. 1493 Google Scholar.

page 357 note 5. Lors de la moisson de la Vendée en juillet 1784, sur 85 hommes réquisitionnés, 5 savaient se servir d'une faux.

page 358 note 1. Mémoires de la Société d'Agriculture…, t. 17 (1814), p. 189.

page 358 note 2. Situation progressive des forces de la France depuis 1813, 3e édit. (1827).