Hostname: page-component-848d4c4894-ttngx Total loading time: 0 Render date: 2024-05-16T17:18:36.339Z Has data issue: false hasContentIssue false

Les cours souveraines au XVIe siècle : morale et Contre-Réforme

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Extract

Les historiens français s'intéressent, depuis un certain temps, à l'un des principaux changements culturels intervenus dans la France moderne : les efforts menés par les élites pour christianiser, améliorer, à vrai dire changer, les hommes. La dichotomie traditionnelle entre Réforme et Contre-Réforme perd ici de sa valeur : chacune des deux Églises, et dans une moindre mesure la monarchie, sont perçues comme les agents essentiels de cette acculturation. Mais jusqu'à présent ce qui a peut-être été l'étape critique du phénomène d'acculturation — la conquête des élites elles-mêmes — n'a pas reçu l'attention qu'elle méritait. Mon propos est d'indiquer quelques-unes des méthodes utilisées pour catholiciser et moraliser la magistrature, processus qui se chevauchent sans pour autant être identiques. Dès la fin du xvie siècle, les juges des cours souveraines de Paris (et, me semble-t-il, des autres grandes cours du royaume) se mesurent selon la norme du « parfait magistrat catholique », que définit tout particulièrement l'extériorisation des valeurs.

Summary

Summary

The “perfect Catholic magistrate”, who represented a model for judges until the Revolution, was a creation of the sixteenth century. In Paris, this ideal was largely the product of combined pressures from the crown and from hostile urban elites upon an often resistant judiciary. It was characterized by an “externalization” of values—a very Baroque solution intended to impress an urban population. The author goes on to show how, in the second half of the century, the elements of the model were steadily disseminated and combined within such curial institutions as the mercuriales of the Parlement and the inquiries into the “religion, life and morals” of new magitrates at the Cour des Monnaies. While initially intended as a System of defence, the magisterial ethic became a means of asserting social and cultural cohesion against traditional urban elites and the gentilshommes. It therefore ranks as one of the determining factors in the formation of the robe nobility.

Type
Pouvoir Royal et Idéal Politique
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1982

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Notes

Je remercie les participants du séminaire de Denis Richet et, en particulier, Robert Descimon, pour leurs commentaires sur l'exposé, qui a été le point de départ du présent article.

1. R. Muchembled, Culture populaire et culture des élites dans la France moderne (Xve-Xviiie siècles), Paris, Flammarion, « L'histoire vivante», 1978, 398 p. (voir le compte rendu de R. Chartier, dans Revue d'Histoire moderne et contemporaine, vol. Xxvii, avril-juin 1979, pp. 298-300.

2. Norbert Elias, La dynamique de l'Occident, Paris, Calmann-Lévy, 1975, 328 p., La civilisation des moeurs, Paris, Calmann-Lévy, 1973, 342 p. (ces deux ouvrages sont les traductions des deux tomes de liber den Prozess der Zivilisation). La société de cour, Paris, Calmann-Lévy, 1974.

3. B. de La Roche-Flavin, Treze Livres des Parlemens de France, Bordeaux, 1617.

4. R. Mousnier, La vénalité des offices sous Henri Iv et Louis Xiii, Paris, 1971 (deuxième édition), Le Conseil du roi de Louis Xii à la Révolution, Paris. 1970, pp. 17-20 ; P. Chaunu et R. Gascon, Histoire économique et sociale de la France, t. I, L'État et la ville, Paris, 1977, p. 197.

5. É. Barnavi, Le parti de Dieu : étude sociale et politique des chefs de la Ligue (1585-1594), Louvain, 1980.

6. F. Bonnardot éd., Registres des délibérations du Bureau de la ville de Paris, t. Ix, 1586-1590, Paris, 1902, p. 181, 28 juin 1588.

7. D. Richet, « Les conflits religieux à Paris dans la seconde moitié du xvie siècle », Annales Esc, n°4, 1977, pp. 775-776.

8. P. de L'Estoile, Journal pour le règne de Henri Iii, Louis-Raymond LefÈVre éd., Paris, 1948, p. 264 (affaire La Voix), p. 299 (affaire Poisle). p. 459 (affaire Le Breton).

9. S. 1., 1586, p. 61.

10. Le Breton, op. cit., p. 51 ss.

11. Ibid., p. 72.

12. Isambert, F. A. et al., Recueil général des anciennes lois françaises depuis l'an 420 jusqu'à la Révolution de 1789, 29 vols, Paris, 1822-1833. vol. 11, pp. 247248 Google Scholar, vol. 12, p. 626, ordonnance de Villers-Cotterets, août 1539, vol. 14, p. 415. ordonnance de Blois, mai 1579.

13. Archives nationales, X-1-A 9325 (mercuriales), pour de brèves indications, voir la chronique des mercuriales (sans titre ni pagination) 1496-1575. au début du manuscrit ; X-1-A 1523, ff. 158 v°-l59r°, 19 avril 1521, X-1-A 1533, f. 264 v°, 19 juin 1533 (mentions brèves des mercuriales dans les registres du Conseil).

14. A.N. U 509 (tables Le Nain, mercuriales), p. 328 ; U 993 (copies, extraits et commentaires sur les mercuriales par un magistrat inconnu du xviie siècle), pp. 72, 77 ; ainsi une mercuriale tenue le 22-11-53 (n. s.) n'a été discutée que le I-Iii-54 (n. s.). Bibliothèque nationale, f. f. 16429 f. 10 r°.

15. X-1-A 9325, 7 septembre 1560, harangue du chancelier M. de l'Hôpital, U 509. p. 340. 7 janvier 1584, intervention du chancelier Hurault ; en 1571. à l'occasion de l'Epiphanie, la reine remarqua des magistrats habillés de toutes sortes de façons et suggéra qu’ « il leur faloit donner des coups d'esperons », commentaire qui provoqua une intervention du parquet au Parlement en dehors de la mercuriale (X-1-A 9325, chronique, 7 février).

16. X-1-A 9325, transcriptions du greffier. 21 janvier 1587-4 mai 1588.

17. Isambert, op. cit., vol. 14, pp. 198-199.

18. F. f. 16429, f. 16 r°, transcription de la harangue de Bourdin, f. 20 r.

19. P. de La Place, Commentaires de l'Estât de la Religion et Republique soubs les Rois Henry et François seconds et Charles neufième, 1565, pp. 19-20 ; Richet, op. cit., pp. 769-770.

20. X-1-A 9325. mercuriale de 1577, f. 4 v°.

21. Ibid., f. 6 v°.

22. La Roche-Flavin, op. cit., Livre Viii, chapitre iv.

23. Isambert, op. cit., vol. 12, p. 101.

24. U993, p. 24.

25. F. f. 16429, f. 11 v°, harangue et articles de Brulart, 18 avril 1554.

26. X-1-A 9325, chronique, 4 janvier 1557 (n. s.).

27. F. f. 16429, f. 14 v°, 11 mai 1558.

28. Ibid., f. 22 r°.

29. X-1-A 9325, 1er décembre 1563, articles.

30. La Roche-Flavin, op. cit., Livre Viii, chapitre x.

31. X-1-A 9325, 7 juillet, harangue et articles de Bourdin et articles annexes.

32. La Roche-Flavin, op. cit., Livre Viii, chapitre xxxiii, J.-A. de Thou, Mémoires, Michaud et Poujoulat éds, Paris, 1838, p. 331.

33. X-1-A 1623. réception de Jehan Scarron. 4 juin 1568.

34. X-1-A 9325, mercuriale de 1577, f. 9 r°.

35. Ibid., 9 septembre 1556, f. 14 r°.

36. X-1-A 9325, mercuriale de 1577, f. 10 v°.

37. Antoine Loisel, Divers opuscules tirés des mémoires de M. Antoine Loisel, avocat en Parlement…, Paris, 1562, pp. 674-686, « Remonstrance faite par M. Jacques Faye, sieur d'Espesses. Advocat-General, au mois d'avril de l'année 1587, pour le restablissement de la Mercuriale au Parlement », p. 676.

38. X-1-A 9325, mercuriale du 3 décembre 1597, l'article 3 fait référence à une décision de la même cour en date du 21 janvier 1596.

39. La Roche-Flavin, op. cit., Livre Vi, chapitre Ii.

40. Ibid., p. 343.

41. X-1-A 1594, f. 220 r°, « information » concernant Anthoine Costel, 7 juin 1560.

42. Z-1-B 549-555.

43. Z-1-B 549, dépositions concernant Gouyn Gaillard, garde de la monnaie à Lyon, 7 janvier 1553 (n. s.).

44. Ibid., certificats pour Marillac(7 mars 1553, n. s.). Le Mestayer ( 10 avril). Dam ( 14 septembre), Alligret(22 septembre), dispenses en faveur de Dufour, ancien avocat du roi à la cour ( 15 juin 1554), de Bourgeois, ancien président du Parlement de Dijon (18 mars 1554, n. s.).

45. Sur les trois informations du Z-1-B 549, 2 présentent deux témoins, l'autre trois (Espeard, 13 juillet, Vinet, 24 juillet, Riberolles, 24 juillet). Quatre des cinq cas présentent trois témoins, l'autre n'en fournissant que deux (Z-1-B 549, Bâillon, 7 juillet. 1558, Z-1-B. Ribier, 8 janvier 1564, Monperlier, 24 avril 1566, Favier, 26 juillet 1568, Favier, 24 mars 1568).

46. Huit informations dans Z-1-B 552 ; six ou sept témoins, Fauchet, 29 mars, Lefébure, 2 mai, Roland, 4 mai, Baudry, 7 mai, Desjardins. 21 octobre ; quatre témoins, Riberolles, 25 mai, Rahier, 18 juillet, Mesmyn, 22 décembre ; trois comportant trois témoins, Z-1-B 552. Godefroy. 7 décembre 1570.

47. Z-1-B 553, Becquet, 30 mai 1576, Fauchet, 12 août 1579 ; sept en comportent quatre, Z-1-B 553, Garrault. 22 juin 1573, Colas, 14 août 1573, d'Argilliers, 28 septembre 1573, Rueil, 13 mars 1576. Varade. 10 octobre 1577, Z-1-B 554. Gilles, 15 février 1582. Z-1-B 555, Roguer, 2 décembre 1585 ; trois en comportent cinq, Z-1-B 555, Gosseau, 29 novembre 1585, Challeux, 29 novembre 1585, Murât, 16 janvier 1587 ; un en fournit six, Z-1 -B 554, Le Grand, 11 décembre 1581.

48. François Bluche, Les magistrats de la Cour des Monnaies de Paris au Xviiie siècle, 1715- 1790, Paris, 1966.

49. Information concernant Ribier.

50. Supra, n° 45.

51. Supra, n°46.

52. Marillac.

53. Supra, n. 46.

54. Supra, n. 45.

55. Supra, n. 46.

56. Ibid.

57. Supra, n. 45.

58. Comme pour la déposition du curé de la paroisse en faveur de Roguer, supra n. 47.

59. Jacques de La VallÉE, aumônier du roi. Paris, 1616.

60. La Roche-Flavin, op. cit., pp. 496-497.

61. La VallÉE, op. cit., p. 73.

62. La Roche-Flavin, op. cit., p. 542 ; François de Clarys. Remonstrancefaite au Grand Conseil sur restablissement requis par les officiers qui ont suivi la Ligue, s. 1., 1591, p. 45.