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Maracanda/Samarkand, une métropole pré-mongole. Sources écrites et archéologie

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Frantz Grenet*
Affiliation:
CNRS/EPHE

Résumé

L’article propose un bilan de l’étude pluridisciplinaire de l’histoire d’Afrasiab, le premier site de Samarkand, occupé depuis le VIIe ou le VIe siècle avant notre ère jusqu’au XIIIe siècle de notre ère. Cette étude a été menée depuis plus d’un siècle par des équipes d’historiens et d’archéologues russes, puis soviétiques, et enfin depuis 1989 par la Mission archéologique franco-ouzbèke. L’apport respectif des sources écrites et des fouilles archéologiques, ainsi que les difficultés d’ajustement entre les deux approches, sont examinés en détails sous quatre angle successifs : la recherche des origines de la ville ; l’étude des deux phases d’occupation grecque et de leur legs aux époques ultérieures ; l’évaluation des changements intervenus durant le VIIIe siècle, le premier siècle de l’islamisation ; la recherche des traces physiques de l’activité commerciale, qui s’avère décevante pour des raisons que l’on s’efforce de cerner.

Abstract

Abstract

This article proposes an assessment of the multidisciplinary study of the history of Afrasiab, the first site of Samarkand, occupied from the 7th or 6th century BC till the 13th century AD. This study was carried out for more than one century by teams of historians and archaeologists, first Russian, then Soviet, and eventually (since 1989) by the French-Uzbek Archaeological Mission. The respective contribution of written sources and archaeological excavations, as well as the difficulties in adjusting the two approaches, are examined in detail, from four successive angles: the quest of the origins of the town; the study of the two phases of Greek occupation and their legacy to subsequent periods; the evaluation of the changes brought about during the 8th century, the first century of islamization; the search for physical traces of commercial activities, quite disappointing for reasons which the article tries to elucidate.

Type
Le miroir des expériences Juges, guerriers, marchands
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2004

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References

1 - Pour une vue d’ensemble des données acquises jusqu’à la fin des années 1980 : Shishkina, G. V., « Ancient Samarkand: capital of Soghd», Bulletin of the Asia Institute,8, 1994 [paru en 1996], pp. 8199.Google Scholar Pour les fouilles jusqu’en 1972, voir les volumes collectifs Afrasiab (Afrasiabskaja kompleksnaja arheologičeskaja èkspedicija), I-IV, Tachkent,Fan, 1969-1975 (cités ci-après Afrasiab I, Afrasiab II, etc.) ; historique très complet del’étude du site des débuts à 1966 par V. A. ŠIŠKIN, «K istorii arheologičeskogo izučenijaSamarkanda i ego okrestnostej», et «Kalʾa i Afrasiab», Afrasiab I, 1969, pp. 3-121 et122-153. Sur l’époque héroïque voir aussi SVETLANA GORSHENINA, « Premiers pas desarchéologues russes et français dans le Turkestan russe (1870-1890)», Cahiers du monderusse, 40-3, 1999, pp. 365-384.

2 - Kadyrova, D., « Bibliograficheskij ukazatel’ po istorii izučenija Afrasiaba» (1874-1972), Afrasiab IV, 1975, pp. 144162.Google Scholar

3 - Tomaschek, Wilhelm, Centralasiatische Studien: Sogdiana, Vienne, « Sitzungsberichteder philologischen-historischen Klasse der kaiserlichen-königlichen Akademie der Wissenchaften-87», 1877.Google Scholar

4 - JAKINF [N. J. BICHURIN], Sobranie svedenij o narodah, obitavših v Srednej Azii v drevnievremena, 1851 (rééd. Moscou-Leningrad, Izdatel’stvo Akademii Nauk SSSR, 3 vols,1950-1953). Pour les chercheurs occidentaux le recueil de référence, publié à Saint-Pétersbourg en 1903, est celui d’ Chavannes, Édouard,Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux, Saint-Pétersbourg, 1903, réimpression avec notes additionnelles, Paris,Adrien Maisonneuve, 1973.Google Scholar

5 - C’est grâce à des informations toponymiques contenues dans des documents de waqfqu’il put retrouver au nord d’Afrasiab l’observatoire d’Ulugh -beg, un monument qui sortdes limites chronologiques de la présente étude.

6 - Vjatkin, V., Kandia Malaja. Spravočnaja knižka Samarkandskoj oblasti, 8, Samarkand,1906.Google Scholar

7 - V. V. BARTOL’D, Turkestan v èpohu mongol’skogo našestvija, Saint-Petersbourg, I, Teksty,1898 ; II, Issledovanie, 1900 (l’édition usuelle aujourd’hui pour la 1re partie est l’éditionanglaise posthume, revue et augmentée : Barthold, W., Turkestan down to the Mongolinvasion, Londres, Luzac&Company, 1977).Google Scholar

8 - Principalement Terenožkin, A. N., « Voprosy istoriko-arheologičeskoj periodizaciidrevnego Samarkanda», Vestnik drevnej istorii, 1947, pp. 127135;Google Scholar « Sogd i Čač», Kratkiesoobščenija Instituta Istorii Material’noj Kul’tury, 33, 1950, pp. 152-169. Au mêmemoment,Mihajl Masson envisageait pour la première fois de manière correcte la question desmurs urbains et péri-urbains de Samarkand : M. E. MASSON, «K periodizacii drevnejistorii Samarkanda», Vestnik drevnej istorii, 1950, pp. 155-166.

9 - Belenickij, A. M., Bentovič, I. B. et Bol’šakov, O. G., Srednevekovyj gorod SrednejAzii, Leningrad, Nauka, 1973, pp. 219232 Google Scholar pour l’étude de O. Bol’šakov sur Samarkand.Les remarques critiques de E. A. DAVIDOVIČ, «Diskussionnye voprosy v knige A. M.Belenickogo, I. B. Bentovič, O. G. Bol’šakova, “Srednevekovyj gorod Srednej Azii”»,in Gafurov, B. G. et Litvinskij, B. A. (dir.), Drevnost’ i srednevekov’e narodov Srednej Azii,Moscou, Nauka, 1978, pp. 103116,Google Scholar portent en particulier sur les chiffres de populationdonnés par O. Bol’šakov, qu’elle considère trop peu fondés du point de vue archéo-logique et probablement surestimés. Cependant, en ce qui concerne Samarkand, l’esti-mation de 100 000-110 000 habitants avancée par O. Bol’šakov pour la population urbaineet péri-urbaine au Xe siècle (art. cit., p. 266) reste très inférieure à la seule informationdirecte dont on dispose, trois siècles plus tard, grâce au voyageur chinois Changchun :” plus de 100 000 foyers», soit au moins 400 000 habitants, pour Samarkand lato sensuà la veille de l’invasion mongole (ARTHUR WALEY, The travels of an alchemist, Londres,Routledge&Kegan Paul, 1931, p. 93). Ce chiffre est lui-même cohérent avec ceux,partiels, donnés dans la chronique persane de Juvaini : 30 000 artisans déportés à l’issuedu siège, autant d’hommes valides réquisitionnées comme troupe de masse, tout cecisur une population civile déjà saignée par les combats (JOHN ANDREW BOYLE (éd. ettrad.), The history of the world-conqueror by ʿAla-ad-Din ʿAta-Malik Juvaini, Manchester,Manchester University Press, 1958, vol. I, p. 122).

10 - GALINA V. CHICHKINA, «Les remparts de Samarcande à l’époque hellénistique»,in Leriche, P. et Tréziny, H. (dir.), La fortification dans l’histoire du monde grec. Actes ducolloque international, Valbonne, décembre 1982, Paris, Éditions du CNRS, 1986, pp. 71-78,fig. 287302.Google Scholar

11 - AlʾBaum, L. I., Živopisʾ Afrasiaba, Tachkent, Fan, 1975;Google Scholar BORIS MARSHAK, «Le pro-gramme iconographique des peintures de la “Salle des ambassadeurs” à Afrasiab (Samar-kand)», Arts asiatiques, 49, 1994, pp. 5-20 ; FRANTZ GRENET, «L’Inde des astrologuessur une peinture sogdienne du VIIe siècle», inC. CERETI, M. MAGGI et E. PROVASI (dir.),Religious themes and texts in pre-Islamic Iran and Central Asia. Studies in honour of professorGherardo Gnoli, Wiesbaden, Reichert, 2003, pp. 123-129, pl. 2 et 3.

12 - Transmis par la chronique d’Ibn Aʿṯam al-Kufī, retrouvée à la bibliothèque deTopkapi à Istanbul en 1948 ou peu avant. On ne connaissait jusqu’alors que des ver-sions partielles de l’acte de reddition. Le texte complet a été reproduit et analysé par Smirnova, O. I., «K istorii samarkandskogo dogovora 712 g.», Kratkie soobščenija Instituta Vostokovedenija, 38, 1960, pp. 6979 ;Google Scholar il a été réétudié dernièrement par ÉTIENNE DE LAVAISSIÈRE, Histoire des marchands sogdiens, Paris, Collège de France, « Bibliothèque del’Institut des hautes études chinoises-32», 2e éd., 2004, p. 243.

13 - MOHAMED KHADR (avec une introduction par Claude Cahen), «Deux actes dewaqfd’un qarahe ānide d’Asie centrale», Journal asiatique, 255, 1967, pp. 305-334 ; Dž.Z. BUNIJATOV et T. B. GASANOV, «Dva samarkandskih vakfa serediny XI v.», Vostočnoeistoričeskoe istočnikovedenie i special’nye istoričeskie discipliny, 2, Moscou, Rossijskaja Aka-demija Nauk/Institut Vostokovedenija, 1994, pp. 39-63 (traduction russe tenant comptedes progrès intervenus dans l’interprétation).

14 - G. V. ŠIŠKINA, « Buharskie vorota srednevekovogo Samarkanda», Afrasiab IV, 1975,pp. 23-41.

15 - IBN HAUQAL, Configuration de la terre (Kitab Surat al-Ard), trad. par J. H. Kramers etG. Wiet, Paris, Maisonneuve et Larose, 1965, t. II, pp. 472-473.

16 - Document de fondation de la madrasa, d’après l’édition Khadr (pp. 326-327 et331-332) et la traduction de Dž. Z. BUNIJATOV et T. B. GASANOV, «Dva samarkandskih…»,art. cit., p. 57.

17 - N. B. NEMTSEVA, «The origins and architectural development of the Shah-i zinde»,Iran, 15, 1977, pp. 51-73.

18 - O. G. Bol’šakov, dans A. M. BELENICKIJ, I. B. BENTOVIČ et O. G. BOL’ŠAKOV, Sredne-vekovyj gorod…, op. cit., pp. 229-230.

19 - Notes additionnelles à la traduction de l’article de N. B. NEMTSEVA, «The ori-gins…», art. cit., pp. 61-63.

20 - MAFOUZ UMR 8546 du CNRS (équipe «Hellénisme et civilisations orientales»)et Institut d’archéologie de l’Académie des sciences d’Ouzbékistan. L’équipe russeappartient au Musée de l’Orient (Moscou). La mission est financée par le ministère desAffaires étrangères, le CNRS et la Fondation Max Van Berchem.

21 - IBN AL-FAQĪH, Kitāb al-buldān, éd. par M. De Goeje, Leyde, « Bibliotheca Geogra-phorum Arabicorum-5, 1885, p. 322 : «La mosquée du Vendredi se trouve dans lamadinatintérieure, et aussi la vieille citadelle, dans laquelle sont les sièges du gouvernement». kacii Afrasiaba», ibid., pp. 47-55. Cette dernière, architecte de la fouille, restitue aurempart une hauteur de 6 m, avec au sommet un chemin de ronde à ciel ouvert (lesremparts ultérieurs, achéménide puis grec, auront en plus une galerie intérieure àarchères). Voir aussi, incluant les données de Koktepe et l’ensemble des comparaisonsrégionales, M. K. ISAMIDDINOV, Istoki gorodskoj kul’tury samarkandskogo Sogda, Tachkent,izd. im. A. Kadyri, 2002. Un établissement proto-urbain non fortifié avait existé aux IVe et IIIe millénaires à Sarazm, à 55 km en amont de Samarkand sur le Zarafshan, maisil n’y a pas de continuité avec la nouvelle urbanisation qui apparaît dans la région àl’âge du Fer. Par ailleurs le site d’Afrasiab avait reçu de petits établissements à l’âgedu Bronze, dans ses parties voisines des ruisseaux naturels.

23 - Se reporter à Frantz Grenet et Claude Rapin dans Fussman, GéRard, « Séminaire :Les Āryas en Asie centrale, en Iran et en Inde», Annuaire du Collège de France, 2000-2001, pp. 755757.Google Scholar

24 - Autre mode de calcul possible : 6,5 millions de briques employées au rempartd’Afrasiab (chiffre calculé par Elena Kurkina), divisées par 100 briques par jour/ouvrier(chiffre admis en Mésopotamie)= 65 000 jours = 684 jours en comptant 19 équipes de 5 modeleurs de briques. Même dans ce cas de figure minimal, la construction du rempartn’aurait pris que deux ou trois ans. De telles conclusions rejoignent celles des archéo-logues de la Mésopotamie, qui ont l’atout supplémentaire de disposer de textes relatifsà la gestion des chantiers (MARTIN SAUVAGE, La brique crue et sa mise en œuvre en Mésopo-tamie des origines à l’époque achéménide, Paris, Éditions Recherche sur les civilisations,1998, pp. 76-84). En 1939, au Ferghana, le creusement d’un canal de 32 km de longueurqui avait demandé l’enlèvement de 320 000 m 3 de terre, cubage tout à fait compa-rable à celui nécessaire à la fabrication des briques du rempart d’Afrasiab, mobilisa30 000 kolkhoziens et fut achevé en dix-sept jours, presque sans recours à la technologiemoderne ( Masson, M. E., Iz vospominanij sredneaziatskogo arheologa, Tachkent, izd. im.Gafura Guljama, 1976, pp. 91-92)Google Scholar.

25 - La forme actuelle du nom atteste toujours son origine antique (ancien iraniendargamancontenant l’élément darga, « long»).

26 - I. D. IVANICKIJ et O. N. INEVATKINA, « Periodizacija i ètapy razvitija vodosnabženijaAfrasiaba», Istorija material’noj kul’tury Uzbekitana, Samarkand, Institut arheologii, 30,1999, pp. 96-103. Le rempart a été assis sur une couche de glaise, et la fabrication desbriques demandait de grandes quantités d’eau, mais celle-ci aurait pu être fournie parles ruisseaux situés au bas du plateau. L’étude des canaux a été reprise par le géographePierre Gentelle dans le cadre des travaux de la MAFOUZ : voir sa présentation prélimi-naire (dont les conclusions, à quelques détails près, rejoignent les nôtres) dans son livreTraces d’eau. Un géographe chez les archéologues, Paris, Belin, 2003, pp. 172-231.

27 - Vidē;vdād I. 4. On peut reconnaître ici alhagi camellorum, l’« herbe à chameau» quipousse en abondance en Sogdiane.

28 - V. Vjatkin, , Kandia Malaja…, op. cit., p. 250.Google Scholar

29 - Plus réconfortante encore pour les archéologues serait l’explication complète du nomrécemment proposée par XAVIER TREMBLAY, «La toponymie de la Sogdiane et le trai-tement de *xθet *fθen iranien», Studia iranica, 33, 2004, pp. 113-149 : zmar-kanthā« fossé/talus dans la terre». Voir cependant les objections de PAVEL LURJE, «The ele-ment -kaθ/-kand in the place-names of Transoxiana», Studia iranica, 32, 2003, p. 186, n. 3.

30 - Anabase, III. 30. 6 ; IV. 3. 6-7 ; 5. 2-3 et 8-9 ; 16. 2-3.

31 - Histoires, VII. 6. 10 ; 6. 24 ; 9. 20 ; VIII. 1. 7 ; 1. 19-2 à 2. 13.

32 - L’étude la plus poussée est celle de PAUL BERNARD, « Fouilles de la mission franco-soviétique à l’ancienne Samarkand (Afrasiab) : première campagne, 1989», inP. BERNARD,F. GRENET, M. ISAMIDDINOV et alii, Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1990, pp. 356-380, ici pp. 366-369 sur la topographie historique. Voir aussi PAULBERNARD, «Maracanda-Afrasiab colonie grecque», in Convegno internazionale sul tema:La Persia e l’Asia centrale da Alessandro al X secolo (Roma, 9-12 novembre 1994), Rome,Accademia nazionale dei Lincei, 1996, pp. 331-365.

33 - CLAUDE RAPIN, «Fortifications hellénistiques de Samarkand (Samarkand-Afrasiab)»,Topoi, 4, 1994, pp. 547-565.

34 - Lyonnet, Bertille, «Les Grecs, les nomades et l’indépendance de la Sogdiane,d’après l’occupation comparée d’Aï Khanoum et de Markanda au cours des dernierssiècles avant notre ère», Bulletin of the Asia Institute, 12, 1998 [paru en 2001], pp. 141159.Google Scholar

35 - C. RAPIN, « Fortifications hellénistiques…», art. cit.

36 - Les « Portes de Fer» de Derbent : rapport de fouilles et de prospections parSh. Rakhmanov et C. Rapin (à paraître) ; voir pour le moment B. LYONNET, «LesGrecs…», art. cit., p. 153.

37 - Fouille en cours par LaurianneMartinez-Sève, Charlotte Baratin etNadejda Almazova.

38 - P. BERNARD, «Maracanda-Afrasiab…», art. cit., pp. 346-347. Mais à Nurtepa, siteproche de Khodjent (alors Alexandrie Eschatè), un strigile trouvé en fouilles atteste lapratique du bain à la grecque : M. Hasanov, , «Ob odnoj grečeskoj nahodke s gorodiščaNurtepa», Istorija material’noj kul’tury Uzbekistana, 29, 1998, pp. 4346.Google Scholar

39 - P. BERNARD, «Maracanda-Afrasiab…», art. cit., pp. 347-348.

40 - OSMUND BOPEARACHCHI, «La production monétaire en Asie centrale et dans l’Indedu Nord-Ouest du Ve siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C.», inR. GYSELEN etM. SZUPPE (dir.), «Matériaux pour l’histoire économique du monde iranien», Studiairanica, 21, 1999, pp. 79-100.

41 - Une exception possible serait le débitage de la turquoise, dont on retrouve deséclats dans les niveaux grecs d’Afrasiab. La mine la plus proche était près de Khodjent,à 230 km au nord-est.

42 - Cf. Braudel, Fernand, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque dePhilippe II, Paris, Armand Colin, 1990, I, pp. 538540 :Google Scholar «Le millet, se conservant mieuxque le blé (souvent plus de dix ans), est la céréale par excellence des magasins mili-taires.» Sur l’orge comme nourriture de base des soldats, des esclaves et des chevauxdans le système des rations de l’empire achéménide, voir maintenant SUZANNEAMIGUES,” Pour la table du Grand Roi», Journal des savants, 2003, pp. 3-59, ici pp. 24-36 sur lesdivers usages du gruau d’orge (l’une des pièces du grenier d’Afrasiab contenait de l’orgedéjà concassée).

43 - Voir E. V. ZEJMALʾ, « Problèmes de circulation monétaire dans la Bactriane hellénis-tique», in L’archéologie de la Bactriane ancienne. Actes du colloque franco-soviétique, Dushanbe(URSS), 27 octobre-3 novembre 1982, Paris, Éditions du CNRS, 1985, pp. 273-279 (l’articleconcerne aussi la Sogdiane).

44 - Ce dernier facteur est mis au premier plan par Marshak, Boris, «Les fouilles dePendjikent», Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1990, pp. 286313.CrossRefGoogle Scholar

45 - IBN HAUQAL, Configuration de la terre…, op. cit., p. 474 ; V. VJATKIN, Kandia Malaja…,op. cit., p. 242. Pour le temple, voir ci-après note 54.

46 - La contribution principale du site d’Afrasiab à la connaissance de cette période estla « peinture des ambassadeurs» et les recherches qu’elle a suscitées (voir supra, note 11et fig. 3), mais le site-clef est une ville moyenne et excentrée, Pendjikent, où ces niveauxsont plus directement accessibles : pour un bilan assez récent voir B. MARSHAK, «Lesfouilles de Pendjikent», art. cit.

47 - Maintenant intégralement disponible dans une traduction anglaise commentée, engénéral très fiable : EHSAN YARSHATER (dir.), The history of al-Ṭabarī. An annotated trans-lation, Albany, State University of New York Press, 1989-1999 (désormais ṬABARĪ).

48 - Dans ses contributions à A. M. BELENICKIJ, I. B. BENTOVIČ et O. G. BOL’ŠAKOV,Srednevekovyj gorod…, op. cit., notamment, pour l’analyse des sources écrites sur leVIIIe siècle, voir le chapitre « Suites de la conquête arabe», pp. 143-162. Dans la litté-rature occidentale, Elton DANIEL, L., The political and social history of Khurasan underAbbasid Rule, 747-820, Minneapolis-Chicago, Minneapolis University Press, 1979,Google Scholar estsûr et complet, mais un peu éloigné des réalités du terrain.

49 - Il s’agit en fait d’instructions laissées par Qutayba à son frère qu’il a nommé gouver-neur de Samarkand en repartant, durcies par rapport au traité lui-même : «Ne laisseaucun polythéiste entrer par aucune des portes de Samarkand sans avoir un sceau surla main. Si l’argile a séché avant qu’il ne sorte, tuez-le. Si on trouve sur lui un morceaude fer, ou un couteau, ou quoi que ce soit d’autre, tuez-le. Si vous fermez la porte lanuit et que vous trouvez l’un d’eux [dans la ville], tuez-le» (ṬABARĪ, ii, 1252, trad. angl.,vol. XXIII, p. 199).

50 - O. G. Bol’šakov, dans A. M. BELENICKIJ, I. B. BENTOVIČ et O. G. BOL’ŠAKOV, Sredne-vekovyj gorod…, op. cit., p. 161.

51 - Voir notamment G. V. ŠIŠKINA, «Gorodskoj kvartal VIII-XI vv. na severo-zapadeAfrasiaba», Afrasiab II, 1973, pp. 117-156.

52 - V. Vjatkin, , Kandia Malaja…, op. cit., p. 250:Google Scholar «Cette Mosquée du Vendredi quiexiste aujourd’hui à Samarkand était autrefois le temple et la maison des idoles desinfidèles. Sous le califat d’Othman [anachronisme pour l’UmayyadeWalid I] Samarkandfut conquise, on y brisa les idoles et on les renversa tête la première, et le temple futconverti en mosquée.» ṬABARĪ, II, 1245-1246 (trad. angl., vol. XXIII, pp. 193-194, icimodifiée d’après l’original) : « [Les envoyés de Qutayba] vidèrent la ville, construisirentune mosquée et dressèrent une chaire. Qutayba entra dans la ville avec 4 000 hommesqu’il avait choisis. Quand il fut entré, il alla à la mosquée, pria et lut le prône. Puis ilprit le repas […]. Il se fit apporter les idoles qui furent dépouillées puis placées devantlui ; elles faisaient comme une énorme tour. Il ordonna de les brûler. […] Dans leursrestes on trouva des « clous» [plaques cloutées ?] d’or et d’argent pour 50 000 mitqāl(= 220 kg)».

53 - DU HUAN, Jing-xin-ji (Shiratori, Kurakichi, « A study on Su-t ʿê, or Sogdiana»,Memoirs of the Research Department of the Toyo Bunko, 2, 1928, p. 109):Google Scholar « Ils [les gens deSamarkand] ont un temple sacré qui est appelé po» (= moyen chinois bwat= sogdienpwādheē, « temple»).

54 - Version syriaque du Roman d’Alexandre(d’après ERNEST ALFRED WALLIS BUDGE,The history of Alexander the Great, Cambridge, 1889, p. 115) : « J’ordonnai [c’est Alexandrequi parle] qu’une ville soit bâtie et qu’on l’appelle Samarkand. J’ordonnai qu’on bâtisseà l’intérieur un temple à la déesse Rhea, qu’ils appellent Nana, et quand ils l’eurentbâti j’ordonnai qu’il fût peint avec de l’or et les plus précieuses couleurs […] ; et j’ordon-nai que tous les Sogdiens viennent à cet endroit et fassent une fête à Rhea et lui offrentdes sacrifices.» Les renseignements sur Samarkand ont vraisemblablement été transmisvers l’Ouest par des chrétiens nestoriens à l’époque sassanide.

55 - Fouille menée par Ludmila Sokolovskaja, disparue en 1998 mais dont le rapportsera publié avec les travaux de la MAFOUZ.

56 - FRANTZ GRENET et CLAUDE RAPIN, «De la Samarkand antique à la Samarkandmédiévale : continuités et ruptures», in Gayraud, R.-P. (dir.), Colloque international d’ar-chéologie islamique (IFAO, Le Caire, 3-7 février 1993), Le Caire, Institut français d’archéo-logie orientale, 1998, pp. 387-402 Google Scholar (voir en particulier le plan, fig. 1).

57 - Šiškina, G. V., Remeslennaja produkcija srednevekovogo Sogda. Steklo, keramika (vtorajapolovina VIII-načalo XIII v.), Tachkent, Fan, 1986.Google Scholar L’usage de sertir des disques de verredans les fenêtres apparaît très tôt, dès la seconde moitié du IXe siècle, y compris dansdes maisons d’artisans (pp. 27-30, fig. 12 : 1, 13).

58 - F. GRENET et C. RAPIN, «De la Samarkand antique…», art. cit., p. 393 et plan,fig. 2 (état du chantier en 1993) ; Grene, Frantz [GRENET], Ivanickij, I. D., «Dvorecomejadskogo namestnika pod mečet’ju abbasidskogo perioda na Afrasiabe», in Arheo-logija, numizmatika i èpigrafika srednevekovoj Srednej Azii, Samarkand, Institut Arheologii,2000, pp. 5862.Google Scholar

59 - Ce document, écrit à l’encre sur un morceau de brique cuite, est archéologiquementdatable entre 740 et 780 et offre l’un des plus anciens exemples de l’alphabet arabedans l’ordre «moderne» (tenant compte des signes diacritiques). Il sera publié parFrançois Déroche.

60 - Y. V. KAREV, «Un palais islamique du VIIIe siècle à Samarkand», Studia iranica, 29,2000, pp. 273-296 ; pour l’analyse des sources écrites, voir ID., «La politique d’Abū Muslimdans le Māwarāʾannahr. Nouvelles données textuelles et archéologiques», Der Islam, 79,2002, pp. 1-46. C’est sans doute dans cette perspective qu’on doit aussi envisager laconstruction insolite et inachevée d’un palais d’allure analogue, mais en pierre, à Aqyr Tash dans la steppe kazakhe, près des lieux où, en 751, les généraux d’AbūMuslim avaient remporté la bataille du Talas contre les armées chinoises (ID., «Un palais islamique…», art.cit., pp. 292-293). Tout aussi inattendue a été la découverte à Afrasiab d’un pavillon royalqarakhanide (fin XIIe-début XIIIe siècle), décoré de peintures figurées dont on ne connaissaitjusque-là aucun exemple pour cette période (voir YURI KAREV, «Qarakhanidwall paintingsin the citadel of Samarqand», Muqarnas, 22, à paraître en 2005).

61 - L’« hôtel du gouvernement» en ruines mentionné à la citadelle par Ibn Hawqaln’est sans doute pas le palais d’Abū Muslim, mais un bâtiment d’époque samanideédifié sur son emplacement.

62 - Le contraste entre les deux villes est justement souligné par É.De La Vaissière, ,Histoire des marchands sogdiens, op. cit., pp. 244245.Google Scholar

63 - Rapin, Claude, Isamiddinov, Mukhammadjon et Khasanov, Mutallib, «La tombed’une princesse nomade à Koktepe près de Samarkand», Comptes rendus de l’Académiedes inscriptions et belles-lettres, 2001, pp. 3392,CrossRefGoogle Scholar ici pp. 61-64 et fig. 10 : 14 et 11 : 2 pourl’objet en question. La défunte portait dans ses cheveux des perles en verre, dontl’analyse a depuis montré qu’elles avaient été fabriquées en Syrie-Phénicie ; mais ellesont pu transiter par l’Inde du Nord-Ouest, où des perles analogues ont été trouvées àTaxila. Comme dans bien d’autres cas, c’est le trafic des verroteries qui semble avoirici préparé la voie au grand commerce occidental.

64 - Karev, J. V., « Statuètka Bodhisattvy Avalokitešvary iz Samarkanda», Vestnik DrevnejIstorii, 1998, pp. 108117.Google Scholar

65 - L’objet, trouvé en 2001, est encore inédit ; pour des parallèles chinois très proches,voir Desroches, Jean-Paul (dir.), L’Asie des steppes d’Alexandre le Grand à Gengis-Khān, Paris, Musée des Arts asiatiques-Guimet, 2000, pp. 182183.Google Scholar

66 - Sokolovskaia, Ludmila et Rougeulle, Axelle, « Stratified finds of Chinese porce-lains from pre-Mongol Samarkand (Afrasiab)», Bulletin of the Asia Institute, 6, 1992 [paruen 1993], pp. 8798.Google Scholar

67 - Shishkina, Galina V. et Pavchinskaja, Ludmilla, Terres secrètes de Samarcande. Céra-miques du VIIIe au XIIIe siècle, Paris, Institut du monde arabe, 1992, pp. 7072.Google Scholar

68 - É. DE LA VAISSIÈRE, Histoire des marchands sogdiens, op. cit., passim.

69 - Kageyama, Etsuko, «Use and production of the silks in Sogdiana», Bulletin of thesociety for Near Eastern studies in Japan (Nippon Oriento Gakkai), 45, 1, 2002, pp. 3755 CrossRefGoogle Scholar(en japonais, avec résumé en anglais).

70 - Malgré l’opinion d’Aleksandr Belenitskij, dans Belenickij, A. M., I. Bentovič, B. et Bol’Šakov, O. G., Srednevekovyj gorod…, op. cit., pp. 99100,Google Scholar qui publie une installationde tissage et, prétendument, d’ébouillantage des cocons, trouvée à Pendjikent.