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Nobles et noblesse dans la Provence médiévale (Ca. 850-1100)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Stephen Weinberger*
Affiliation:
Dickinson College

Extract

Depuis la publication, en 1902, de l'étude de Guilhiermoz, Essai sur les origines de la noblesse en France, le sujet n'a pas cessé d'alimenter une importante littérature. Le problème, de loin le plus crucial et le plus controversé que toutes ces études se proposent de résoudre, est de déterminer ce qu'il faut entendre par le mot noble. Certaines qualités ou fonctions étaient-elles jugées nécessaires pour devenir membre de cette élite sociale ? Il va sans dire que les historiens sont profondément divisés sur ce point. Sil'on se réfère aux ouvrages de Guilhiermoz, de Marc Bloch, et à un moindre degré à ceux de Georges Duby, pour devenir noble, il fallait essentiellement avoir rempli des fonctions militaires.

Summary

Summary

The purpose of this study is to consider what it meant to refer to someone as “noble” during the eleventh century. Previous studies have argued that to be judged “noble”, one had to possess certain essential characteristics : high birth, freedom, military prowess, governmental authority, or a combination of these. The underlying assumption here is that the standards by which one was judged “noble” were objective—one either possessed these essentials or he did not. However, the monastic charters of the eleventh century reveal that the monks often applied subjective considerations in the use of this term : in addition to the element of high birth, the quality of the service one performed for the monks was of crucial importance. By introducing a subjective element into the consideration of one 's nobility, the monks quite possibly influenced the development of chivalry—the code of behavior which emphasized not only high birth, but character and integrity as well.

Type
L'Europe Médiévale
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1981

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References

Notes

1. Guilhiermoz, A., Essai sur les origines de la noblesse en France au Moyen Age, Paris, 1902.Google Scholar

2. Deux excellents recueils d'articles sur la noblesse ont paru récemment : Duby, Georges, The chi va trous society, Londres, Edward Arnold, 1977, 246 p.Google Scholar (trad. frse Cynthia Postan) ; et Reuter, Timothy, The médiéval nohilily. Studies on the ruling classes of France and Germany from the sixth to ihe iwelfih cenlury, Amsterdam, North-Holland Publishing, 1979, 376 p.Google Scholar (particulièrement pp. 331- 366). Ce second ouvrage contient également la bibliographie disponible, la plus complète et la plus récente sur la noblesse.

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11. Ibid., 5(855-860).

12. Ibid., 42(903).

13. Ibid., 50(908).

14. Ibid., 6(860).

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18. Ibid., 52 (912), « … Hugo, inclitus dux et marchio Jam dictam Villam Novam malo ordine tenebat atque injuste eam… abstrahebat.»

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24. Dom Chantelou, « Histoire de l'abbaye de Montmajour », Revue d'Histoire de Provence, I, 1890-1891, 179(1067). « Itaque ingruente siccitate atque importuna, gens civitatis nobiles sive ignobiles coepit excolere atque vi rapere terras…»

25. Ibid., 129-131 (1060).

26. Saint-Victor, 27 (cl020).

27. Les moines avaient vivement conscience des avantages des documents écrits. Une charte du monastère de Lérins explique que ce document est nécessaire : « … scribatur carta, ne aliquisfacte traditioniobviet, ne oblivione datum a memoria décidât… » ; MoRiset, H. Bianc, E. éds, Cartulaire de l'abbaye de Lérins, Paris, 1883, 1 (1094).Google Scholar Une charte de Saint-Victor explique des sentiments quelque peu similaires : « Quoniam quidem multi donatores postea sunt falsores, et antiquitus nihil vaiebat datum, nisi essel incarlatum… » Saint-Victor, 240(1032-1039).

28. Saint-Victor, 27 (cl020).

29. Ibid., 28 (840).

30. Ibid., 83(781).

31. Ibid., 29(965), 321 (1038), 1041 (950).

32. Montmajour, 129-131(1040). La seule autre occasion où Lambert apparaît comme « noble » est un conflit qui éclate en 1067 à propos d'une donation qu'il avait faite : Montmajour, 179 (1067).

33. Saint-Victor, 29 (965).

34. Ibid.,

35. Ibid., 11 (c. 993).

36. Ibid., « Nunc itentis auribus audiatur et mente figatur, idcirco scripsisse me hanc noticiam, instigante pâtre meo, quoniam terram sancti Victoris videbamus membratim carpere et ceu a beluis particulatim dilaniare, ab Arnulfo scilicet Sebenco, qui fraudulenter adquisivit sibi quartonem Cathedre ab antecessore meo Bernardo, necnon et a Wilelmo vicecomite, qui nuper professus est se esse terre sanctuarie defensorem. Mortua uxore sua, datavit Cathedram uxori sue Ermengarde, quam postea duxit, et hec omnia consiliante Arlulfo, filio suo. »

37. Ibid., 589 (1069), « Frater autem ejus, mundialis ac secularis animi, Pondus nomine… »

38. Le premier exemple que nous avons trouvé apparût aux environs de 1050 dans une malédiction qui mettait en garde « Sane si quis, archiepiscopus, episcopus, rex, cornes aut vicecomes, parva seu magna persona, nobilis seu ignobilis… », Lérins, 269 ( 1046-1052) ; voir aussi Montmajour, 179(1067) ; Saint- Victor, 90 ( 11 th c.).

39. Pour un débat sur ce phénomène, voir Poly, op. cit., pp. 172-209 ; voir aussi, Lewis, A. R., The development of Southern French and Catalan Society, Austin (Texas), 1965, pp. 287404.Google Scholar

40. Bien que la paix et la trêve de Dieu aient réussi à introduire des considérations morales dans l'évaluation de ce qui faisait l'aristocratie, Bonnaud-Deiamare, R., « Fondement des institutions de Paix au xic siècle », Mélanges d'histoire du Moyen Age dédiés à la mémoire de Louis Halphen, Paris, 1951, pp. 1926 Google Scholar ;G. Duby,” Les laïcs et la paix de Dieu »,IlaicinellasocietaschristianideisecoliXIe XII, Atti délia terza settimana internationale di studio délia Mendola(21 -27 août 1965, Milan, 1966), pp. 448-461, il ne semble pas que le Mouvement de la Paix ait eu une influence significative sur l'utilisation subjective du terme « noble ». Un examen des décrets des Conseils de la Paix, révèle qu'ils utilisaient le terme « noble » uniquement dans le sens le plus traditionnel d'« aristocratie », sans aucune des considérations subjectives qui étaient si importantes pour les moines. Par exemple, ceux qui avaient suivi le Conseil de Narbonne en 990 se plaignirent de la violence et de la cruauté des nobles : « Ermengaudus Narbonensis archiepiscopis provinciale concilium habuit adversus nobiles viros, qui non tantum ecclesiasticorum bona omnia invadebant, sed in eos etiam saeviebant. » Huberti, L., Studien zur Rechtsgeschichte der Gottesfrieden und Landfrieden, Ansbach, 1892, 37.Google Scholar Pour d'autres exemples, voir 123-124, 157, 166, 317, 343.