Einstein vient de mourir. Il était né en 1879. Ne parlons pas de « génie », mot prostitué. Disons que, par la nouveauté des idées qu'il conçut, par leur profondeur, par les répercussions de toute nature qu'elles ont eues sur la pensée des hommes d'aujourd'hui, il a mérité d'être inscrit, de son vivant, sur la courte et magnifique liste des huit ou dix plus grands esprits scientifiques de tous les temps et de tous les pays.

Mais pourquoi, mais en quoi peut-il nous intéresser ici, en tant qu'historiens? En quoi et pourquoi l'apparition et l'œuvre de cet homme qui en 1905, à vingl-six ans, simple employé totalement inconnu d'un Service de Brevets à Berne, bouleversait les conceptions de son temps en publiant dans les Annalen der Physik trois articles dont le premier jetait les bases de la théorie de la relativité ; le second réintroduisait en optique l'hypothèse corpusculaire sous la forme des quanta de lumière; et le troisième établissait les lois du mouvement brownien — en quoi et pourquoi cet extraordinaire « éclatement » d'intelligence doit-il être rappelé dans une revue tout entière consacrée à l'élaboration d'une histoire « science de l'homme » : c'est ce qu'il vaut la peine sans doute de dire ici d'un mot.