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Turin et ses miroirs fêlés

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Carlo Olmo*
Affiliation:
Politecnico de Turin

Extract

Afin d'évaluer s'il existe un marché impersonnel et autorégulé de la terre et du bâti, nous avons procédé au choix de quelques années comme échantillon, pour analyser l'univers des transactions effectuées au cours de ces années. Le choix est d'une certaine façon obligé, si l'on veut mesurer la fréquence des échanges, la nature des transactions et la distribution des prix. En dehors des mouvements cycliques, qui font ressortir les années 1881, 1905 et 1912 comme années centrales de deux phases de croissance et d'un d'effondrement du nombre des transactions, la fréquence des mutations, au cours des années que nous avons analysées, ne paraît pas préfigurer l'existence d'un marché impersonnel de la terre (tableau 1).

Summary

Summary

This article on urban history analyses the relationship between urbanization and industrialization in Turin at an historical moment (1860-1914) which has often been used to verify marginalist and neoclassical économie théories. Using sample areas, it shows to what extent real estate markets remained imperfect, industrial rationality stayedjust short ofthe limit of urban organization, and the construction of residential neighborhoods resulted from the symbolic and formai values of a variety of architectural styles. During its industrial boom, Turin stillproved to be a town built fragmentarily, in accordance with discontinuous modalities.

Type
Études Urbaines
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1989

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References

Notes

1. Cf. surtout A. Lay et L. Pesante, Produttori senza democrazia. Lotte operaie, idéologie corporative, sviluppo economico da Giolitti al Fascismo, Bologne, 1982.

2. L'Industrial Democracy de S. et B. Webb (1897) est publié en 1912, en traduction italienne, dans la cinquième série de la « Biblioteca dell'Economista », dirigée par Jannacone, représentant du groupe, animé par Einaudi, de la « Riforma Sociale ».

3. Cette partie de l'article est basée sur une recherche collective conduite par R. Curto, D. Ferrero et C. Olmo. Les résultats de ce travail ont fait au fur et à mesure l'objet de publications partielles : cf., par exemple, R. Curto et D. Ferrero, « Il posto dell'economia nella costruzione délia città. I mercati immobiliari a Torino fra Ottocento e Novecento », Urbanistica, septembre 1988. La rédaction personnelle de ces pages est donc elle aussi le fruit d'un travail collectif.

4. La source utilisée, conservée à l'Archivio Storico de la Commune de Turin (ASCT) concerne l'univers des mutations foncières et immobilières. Le choix des années-échantillon (1880 et 1881, 1900 et 1901, 1905 et 1906, 1909 et 1910, 1912, 1914 et 1920) a été guidé par de nombreuses considérations, qui vont de l'existence de sources permettant des comparaisons, comme les recensements, à celle de travaux déjà réalisés pouvant servir à vérifier, par exemple, la validité d'hypothèses formulées sur la base de cycles de la construction. Cf. M. Bravi, R. Curto et D. Ferrero, « L'esplorazione orientata délia fonte in due ricerche di storia délia città », Urbanistica, août 1987, pp. 44 ss.

5. Cf. C. Olmo, « Alcuni problemi aperti da una pratica di ricerca di storia urbana », dans L. Bergeron, C. Olmo et M. Roncayolo, Nove lezioni di Storia délia Città, Turin, 1986, pp. 103-104. Sur la naissance de la théorie quantitative du développement de la construction, dans la discussion sur les enquêtes de la fin du XIXe siècle, et, au départ, à Turin, de même que dans le débat qui s'est poursuivi en Italie sur l'origine de la statistique sociale, de Geisser à Magrini, et de Cabiati à Livi, cf. aussi C. Olmo et R. Curto, « La Città tra mercato e industrializzazione », Passato e Présente, 5, 1984, pp. 47-53.

6. M. Gribaudi, Mondo operaio e mito operaio. Spazio e percorsi sociali a Torino net primo Novecento, Turin, Einaudi, 1987, p. 24 (éd. fr. Paris, Éditions de l'EHESS, 1986).

7. L'étude de Marina Bravi sur les déclarations de succession, conservées à l'Intendance des Finances de Turin (et récemment versées, pour les années considérées, à l'Archivio di Stato de Turin, AST) met en lumière une autre « convention », qu'il n'est pas possible de discuter ici : celle de la ville, acceptée à priori comme « limite » pour définir les stratégies spatiales des élites économiques, et pas seulement de celles de Turin. Cf. M. Bravi, « Analisi dei patrimoni immobiliari e fondiari di una borghesia urbana del XIX secolo », Urbanistica, septembre 1988.

8. L'analyse des cadastres urbains s'appuie désormais, à Turin, sur une longue tradition : cf. par exemple, F. Rosso, « La catastazione napoleonica nella città di Torino », et B. Bianco et A. Frisa, « La fonte catastale negli studi sulla formazione dei tessuti urbani : il caso délia barriera di Lanzo a Torino, 1870-1920 », publiés l'un et l'autre dans C. Carozzi et L. Gambi éds, Città e Proprietà immobiliare in Italia negli ultimi due secoli, Milan, 1981, p. 153 sset 231 ss. La référence méthodologique invoquée ici, dans le cas de cette recherche, est plus proche de l'utilisation de la source qu'a proposée par exemple Rouleau.

9. Conservés à l'ASCT, Sezioni Riunite, Elenchi annuali délie richieste dei permessi edilizi (« Listes annuelles des demandes de permis de construire »).

10. ASCT, Regio Consiglio degli Edili, séance du 16 juillet 1844.

11. Cf. J. Summerson, Architecture in Britain, 1530-1830, Harmondsworth, 1977, chap. 21 et la totalité du texte sur la Georgian London, ibid., 1978.

12. ASCT, Ordinati, année 1847, vol. 34, n. 363, CongregazioneXI, art. 21, p. 678, Consiglio art. 25, p. 833.

13. Cf. la dernière section de ce texte.

14. Pour une analyse générale des cas (et des modèles) français de la seconde moitié du XVIIIe siècle, cf. encore M. Gallet, Demeures parisiennes. L'époque de Louis XVI, Paris, 1964. Des expositions et des catalogues récents ont en outre élargi la possibilité de comparaisons utiles, en permettant une analyse plus fine de figures comme De Wailly, Brongniart ou Bélanger, ou de zones ou de quartiers précis de Paris, comme La rue de Lille, l'Hôtel de Salm, Paris, 1983 ; Le Faubourg Saint-Germain : La rue Saint-Dominique, Paris, 1984 ; Le Faubourg Saint-Germain : la rue de l'Université, Paris, 1987.

15. Le 9 juin 1868, le maire présente le projet étudié par l'architecte Carlo Gabetti pour la réhabilitation du Borgo del Moschino (« Choléra. Motion pour la destruction des immeubles du Moschino », dans ASCT, Atti Municipali, 9 juin 1868, p. 405).

16. Le retard dans le simple tracé d'urbanisme représenté par les rues est dénoncé, dans le même conseil municipal, lors de la séance du 13 novembre 1883, et il « conduira » au plan réglementant la construction dans la région de Vanchiglietta entre le Pô, le corso Regina Margherita et le corso San Maurizio (Atti del Consiglio Comunale — imprimés — de 1884, vol. XXXII, Turin, 1884). Des variantes ultérieures en sont décidées par le conseil municipal pendant les années 1887-1897.

17. Facilités liées essentiellement au tracé des canaux et aux multiples « avantages » potentiels de la ressource hydraulique. Les correspondances des Opère Pubbliche (ASCT), rubriques Bealere (canaux de dérivation) ou roues hydrauliques, sont riches en informations sur les conflits, tout comme sur les revenus, qu'engendra à Turin durant ces années la répartition de l'eau. Cf., par exemple, S. Cavallo, « Culture imprenditoriali e condizioni di lavoro, 1850-1900 », dans Terra, Uomini, Istituzioni, Turin, 1984, p. 99 ss.

18. Pour la Barrière de Milan, on a utilisé comme source de référence le registre des mutations du cadastre de la Restauration (ASCT, sezioni catastali 65, 66 et 67).

19. Il s'agit : dans la sezione 65, de M. Luigi Bologna de feu Giovanni (passé à 20 propriétaires), du comte Vittorio Faussone di Lorensito de feu Gioacchino (passé à 114) et de Antonio Perotta (passé à 33) ; dans la sezione 66, de M. Luigi Colla, avocat (passé à 14) et des Frères Lorenzo Pio et Giovanni Paolo Fantini (passé à 23) ; dans la sezione 67 de M. Luigi Martinolo (passé à 36), de M. Marino Valperga fils du comte Carlo Tommaso (passé à 52), de M. Giuseppe Démo (passé à 33), de M. Alessandro Bianchi de feu A. (passé à 158), de l'Hôpital de Saint Louis de Gonzague (passé à 31) et de l'avocat Luigi Colla (passé à 36). Les successions sont en revanche, pour la zone, au nombre total de 510.

20. Cf. tableau 6.

21. AST, Sezioni Riunite, Tribunale di Torino, Atti di Società (désormais : AST, Atti di Société), année 1884, vol. 5, fasc. 38 et vol. 4, fasc. 85.

22. Ibid.

23. AST, Atti di Société , année 1887, vol. 2, fasc. 14. Dans ce cas aussi, la négociation sert à organiser la demande sur place, plus qu'à mettre en route une planification. En 1888, M. Luigi Falchero, propriétaire de la ferme du Chapitre, présentait un projet visant à l'ouverture de rues « sur ses terres », avec planimétrie détaillée, et il observait qu'un tel « tracé » ressemblait à celui qu'avait décidé la Société Anonima del Suburbio Torinese sur ses biens situés près de la Barrière de Milan (ASCT, Corrispondenza dei Lavori Pubblici, année 1888, n. ord. 2434, cart.171, fasc.2). La nature de « prévision simulée » du plan est encore plus évidente, une fois le plan adopté (cf. AST, Atti di Società, année 1891, vol. 2, fasc. 134).

24. Ibid., année 1892, vol. 2, fasc.86. L'hôpital en question est l'hôpital Amédée de Savoie.

25. Lettre de Biancotti à la municipalité de Turin (ASCT, Corrispondenza dei Lavori Pubblici, année 1893, n. ord.2893, cart. 198, fasc. 19). La lettre demandait également (et c'est un autre indice intéressant des retards qui font du fonctionnement, à Turin, un facteur d'organisation territoriale) la destruction du bâtiment de la voie ferrée Turin-Leyni, pour laquelle, du reste, une indemnité de 90 000 lires avait déjà été prévue en faveur de la société concessionnaire (ASCT, ibid., année 1891, n. ord. 2748, cart. 192, fasc. 8).

26. AST, Atti di Società, année 1897, vol. 2, fasc. 119.

27. Ibid., année 1897, vol. 2, fasc. 117.

28. Ibid., année 1894, vol. 3, fasc. 65.

29. Les sources complémentaires utilisées ont été essentiellement : AST, Questura di Torino , « désordres occasionnés par la grève générale », 18-19 septembre 1904, la Miscellanea « Agriculture, Industrie et Commerce » de mars 1906, et la « Liste classée par districts sanitaires des établissements industriels existant dans la juridiction de cette section, avec le nombre respectif des ouvriers affectés à chacun d'eux », 18-23 mai 1914 (ASCT). Du recensement industriel de 1911 a été utilisé le vol. 16, fraction F, section I. Comme source de contrôle ont été utilisés également : ASCT, Affari dell'Ufficio dei Lavori Pubblici, Ingrandimenti fuoricinta (1894-1897), forza motrice (1899), impianti idroelettrici (1917-1922).

30. ASCT, Corrispondenza dei Lavori Pubblici, année 1890, n.ord. 2651, cart. 186, fasc. 8.

31. C'est Giuseppe Martinolo qui se dit disposé à céder certains de ses terrains pour permettre le tracé définitif de la rue, ainsi que la prolongation et la couverture du canal de dérivation (bealera) de Lucento (Ibid.).

32. AST, Questura di Torino , « désordres… », op. cit.

33. C'est encore sur le tracé, le pavage et la numérotation des rues — sur la ville transparente — que s'organise la demande « sociale » et que s'engage la négociation. Cf., par exemple, la négociation entre la municipalité et les associations (Consorzi) chargées des chemins vicinaux de Borgata Monterosa (comprenant 159 usagers) pour la répartition des dépenses des travaux de manutention ordinaire entre l'association et la Commune (ASCT, Corrispondenza dei Lavori Pubblici, 1906, n. ord. 4191, cat. 281, fasc. 3/12). A la négociation s'ajoutent par la suite 95 propriétaires (le 22 mars 1907), pour l'ouverture de certaines rues intérieures et le pavage de certaines autres (Ibid., 1907, n. ord. 4340, cart. 293, fasc. 3). C'est parfois une association qui demande la constitution d'une autre, afin de pouvoir élargir et préciser la négociation. Parfois au contraire c'est l'administration qui demande la formation d'associations : c'est le cas Via Valprato, par exemple, dans notre zone (17 mars 1905). Des formes analogues d'association s'organisent Via Monte Rosa, Via Fossata, Via Monte Bianco (toujours en restant dans notre zone), et en 1912 Via Gressoney : ainsi se dessine une « géographie politique » (ou du moins associative) qui ne respecte pas les critères de la progression vers l'extérieur de la ville ou des axes des rues. C'est le maire Frôla lui-même qui, le 10 janvier 1907, dans une lettre au Président de la Société des propriétaires, négociants et industriels des Borgate Monte Rosa, Monte Bianco et Maddalena (Ibid., année 1900, n. ord. 4390, cart. 294, fasc. 6), reconnaît la nécessité d'adapter les rues et les communications à la « demande politique » qui commence à cette date à poser également les problèmes de la santé (en liaison surtout avec l'obstétrique) et de la sécurité publique (pour laquelle la grève de 1904 avait joué le rôle de détonateur)

34. Cf. note 29. Il faut signaler, parmi les multiples imperfections de ces sources, qui peuvent dessiner un itinéraire, mais non représenter une réalité, la fragilité des données relatives à la natalité et à la mortalité des entreprises artisanales et industrielles. Sur notre itinéraire, les différentes sources signalent la disparition ou le transfert de la Société Anonyme des Fonderies Poccardi (60-68 via Cervino), pour lesquels manquent les observations, de la Société Anonyme d'Industrie Métallurgique (d'abord au 6 via Gressoney, puis transférée au 115), de la boucherie Paolo di Luigi Tabacchi (81/83 Strada di Vercelli), remplacé par une autre boucherie (Zutta) et par un coiffeur (Battagliero), d'un charron (Ricchiardi, 89 Strada di Vercelli) remplacé par un autre charron (Miretti), de l'entreprise des Frère Biesta (Corso Vercelli), dont l'entreprise Trivero prend la place. Dans la Via Courmayeur, disparaît l'entreprise Lamberti, Bussolino et Cie, tandis qu'au 88 de la Via Palermo c'est au contraire un cordonnier (C.Porta) qui fait faillite.

35. L'itinéraire ainsi tracé suit celui qu'avait dessiné le recensement, avec les additions signalées par les sources mentionnées plus haut.

36. La source utilisée est celle des fiches familiales, avec les mises à jour correspondantes du recensement de 1911 (ASCT).

37. M. Gbibaudi, op. cit., p. 101 ss.

38. ASCT, mutation n. 25745 de 1881. Pour une analyse du processus de construction de cette zone, voir aussi A. Milano, « Una zona urbana in costruzione », Mémoire de maîtrise, Faculté d'Architecture, Politecnico de Turin, année universitaire 1986/87.

39. A partir de la mutation n” 28116 (ASCT) de 1884.

40. La géographie peut-être la plus intéressante est cependant celle des propriétaires. La section 24 du Cadastre de la Restauration, comprise entre la voie publique dite d'Orbassano et la route de Stupinigi, contient, en plus de la propriété Rignon, deux autres grandes propriétés (Cacherano di Bricherasio et Curtino-Castagneri), plus deux autres propriétaires de moindre importance (Gianotti et Bogetti), mais que l'on retrouve dans d'autres sections du cadastre. La subdivision des propriétés, au moment même des premiers travaux, témoigne de la préexistence de marchés (ou d'échanges) de la terre.

41. ASCT, mutations n° 59614 et n° 59615 de l'année 1914, qui définissent les legs testamentaires du comte Rignon à sa fille, la comtesse Maria Cristina, et à son fils, le comte Edoardo.

42. Les typologies qui reviennent régulièrement sont celles de l'immeuble de rapport, en moyenne de cinq étages, avec des appartements de 4 à 7 pièces, disposant de commodités diversifiées, et souvent de deux entrées, une façade rythmée par des motifs architecturaux dont le plus fréquent est la bow-window, et avec des escaliers, qui constituent la partie la plus innovatrice et la plus diversifiée du projet.

43. ASCT, mutation n° 54244 de l'année 1910. Les deux mutations suivantes, au nom des soeurs Vigo et de l'ingénieur Morelli sont la 55016 et la 54641 de 1911.

44. ASCT, mutation n° 56858 de 1912. La suivante est la 57105 de 1913.

45. Par exemple dans l'îlot 372, compris entre les via Massena, Antinori et Magellano et le Corso Re Umberto, le géomètre Macciotta se porte acquéreur de 1439 m2 à 20 lires le m2, qu'il fait construire (1909), pour venir ensuite s'y installer. En 1915 il revend à la veuve Bertero 470 m2 à 19 lires le m2, pour une construction de deux étages. Dans le même îlot Macciotta dirige les travaux du chantier de construction de deux immeubles, que le comte Edoardo fait construire sur la via Magellano et sur la via Massena (ASCT, mutation n° 51343 de 1908, et permis de construire n° 45 de 1909). Un autre individu très mobile est, par exemple, le maître-maçon et constructeur Perino, dans l'îlot 369.

46. Le cas de l'ingénieur Marietti n'est pas isolé. G. Boggio est propriétaire, promoteur et maître-maçon lors de la construction de sa propriété, sise à l'angle du Corso Re Umberto et de la Via Vico (ASCT, mutation n° 45971 de 1904, permis de construire n°126 de 1916). L'ingénieur Momo, propriétaire, auteur du projet et constructeur d'un immeuble via Lamarmora (ASCT, mutation n° 54245 de 1910, permis de construire n° 984 de 1910) est aussi l'auteur du projet (ASCT, permis de construire n° 783 de 1910) d'une maison pour la comtesse d'Angrogna. On perçoit à la fois une grande mobilité, et l'existence d'un marché des professions et des entreprises très localisé. Les cas de Macciotta, Boggio, Momo ou aussi de Morelli révèlent à quel point la mobilité, les dimensions réduites des élites et la fragmentation du marché des entreprises et des professions dessinent une situation encore très éloignée de processus de division du travail. Et ceci alors que la concentration des activités d'entreprise et de rédaction des projets est élevée, comme nous le verrons par la suite.

47. Cf. par exemple les cas précédemment cités de Macciotta ou de Momo.

48. ASCT, mutation n° 53969 de 1910, permis de construire n° 537 de 1910, mutation n° 55438 de 1911, mutation n° 57422 de 1913, mutation n° 64231 de 1919.

49. La source est conservée à l'ASCT, qui servira de référence à cette partie de l'article.

50. La comparaison est évidemment possible essentiellement pour les années du recensement : ce sont ces deux séries de sources historiques (permis de construire et recensements) qui ont servi de base aux comparaisons effectuées ici.

51. Dans ce cas aussi les pourcentages se réfèrent aux données du recensement. Un contrôle a été tenté à travers une comparaison entre les professionnels relevés dans les recensements et dans les permis de construire, et les auteurs de projets signalés par les annuaires de Turin, d'abord Marzorati, Paravia ensuite (la série complète en est conservée à l'ASCT). Les résultats ne changent pas de façon significative. Une donnée importante, pour juger de la prudence avec laquelle il convient d'utiliser ces informations, si on voulait en faire aussi, au contraire, des indicateurs d'un changement non seulement dans les formes de sélection sociale et d'organisation de la demande de construction, mais aussi dans l'organisation du travail sur le chantier, est constituée par le nombre encore important de catégories professionnelles qui ne sont pas prises en considération ici, comme les maîtres-maçons/assistants de construction. Ils sont 110 en 1871, 164 en 1881 et 172 en 1901,et leur pourcentage est très proche de celui des géomètres-arpenteurs.

52. Le seul épisode citadin significatif qui va dans cette direction est la via Pietro Micca, à laquelle Daniele Régis consacre sa thèse de doctorat.

53. R. Gabetti et A. Griseri, L'Architettura dell'ecclettismo, Turin, 1973, deuxième partie.

54. Les données avec lesquelles une comparaison sérielle est possible sont encore celles des recensements, compte tenu du retard et de la résistance de cette source à percevoir les changements en cours dans les professions et dans le travail. Cf. E. Finotti, « Modificazioni délia cultura architettonica a Torino tra Ottocento e Novecento (1860-1895) », Mémoire de maîtrise de la Faculté d'Architecture du Politecnico de Turin, année universitaire 1983/84, p. 57 ss.

55. Une étude comparée importante est, dans le cas de Turin, celle de l'École d'Application et du Musée Royal de l'Industrie, et des modalités du transfert de technologies dans une société qui ne connaît pas encore l'industrialisation urbaine.

56. E. Calderini, « Indagini su S.Donato », dans Terra, uomini e istiluzioni in una città che si industrializza, Turin, 1984, p. 22.

57. La négociation avec les particuliers n'est pas, en elle-même, un fait nouveau pour Turin (cf. Colmo, « Torino da città capitale a città industriale », Studi Storici, 1/2, 1983, pp. 219-220.). Ce qui rend cette conjoncture intéressante, c'est la tentative et les formes recherchées pour organiser la demande.

58. W. Barberis, Le Armi del Principe, Turin, 1988.

59. Essentiellement les trois plans partiels d'extension pour les zones de Porta Nuova (Décret Royal du 13 mars 1851), de Porta Susa e Valdocco (Décret Royal du 11 août 1851) et de Vanchiglia (27 novembre 1851).

60. Les archives Promis se trouvent déposées à la Bibliothèque Royale de Turin, mais cette référence est empruntée à ASCT, Corrispondenza dei Lavori Pubblici, année 1852, cart. II, rep. 12, fasc. 2, f. 15, Osservazioni 59.

61. En 1817 la ville de Turin apparaît en possession, à la suite des aliénations napoléoniennes d'abord, des donations de Victor Emmanuel Ier ensuite, d'un total de 2 296 423 m2, par rapport à une surface urbaine bâtie d'environ 1 500 000 m2. Sur les aliénations napoléoniennes concernant Turin, cf. P. Notario, La vendita dei béni nazionali in Piemonte netperiodo napoleonico (1800-1814), Milan, 1980, p. 464 ss. Cf. aussi Vera Comoli, Torino, Bari, 1983.

62. Le rapport de Cassinis à la Commission d'études nommée par le conseil municipal est lue le 21 mai 1850. Signalons l'intérêt tout particulier de l'attribution à l'exécutif de la fixation des limites de la ville (un problème à la fois ancien et nouveau), de la position du problème des bénéfices entraînés pour le privé par le tracé des rues, de la reconnaissance à la Commune du pouvoir d'établissement du plan (et donc de la décision sur les caractères morphologiques, et non pas seulement distributifs des installations). Le rapport de Promis date du même jour, et il intervient directement sur les questions posées dans le texte.

63. La demande du maire au ministère de la Guerre « d'informations » sur les stratégies spatiales de cette institution par rapport à la ville (accompagnée de la suggestion que le ministère s'adapte au plan d'agrandissement suggéré par l'exécutif) date du 18 février 1850.

64. Les formes du transfert de Phaussmannisme en Italie attendent encore une analyse systématique. En ce qui concerne Turin et Gênes, le thème fait l'objet de deux thèses de doctorat en cours, par Régis et Nicoletti.

65. E. Etlin, « L'air dans l'urbanisme des Lumières », Dix-Huitième Siècle, IX, 1977, p. 123 ss.

66. Sur la composition de cette commission, et donc sur les figures juridiques « autorisées » à discuter de la demande normalisée, voir ASCT, Corrispondenza dei Lavori Pubblici, année 1880, cart. 1, rep. I, f. 6.

67. Ibid., cart. II, rep. 12, fasc. 2, f. 15, Osservazioni…, p. 2.

68. ASCT, Ordinati, 1847, v. 34, n. 363, Congregazione IV, art. 14, p. 103, et Consiglio II, art. 14, p. 239.

69. ASCT, Corrispondenza dei Lavori Pubblici , cart. II, rep. 12, fasc. 2, f. 15, Osservazioni…, pp. 5/6.

70. Ibid., année 1851, cart. I.rep. 11, f. 8, art. 3,4et8.

71. Les Archives Promis sont riches, tant pour la correspondance que pour les documents échangés, de notes concernant les relations entre Carlo Promis et les autorités militaires. Sur toutes ces affaires, voir Bibliothèque Royale de Turin, Archivio Promis, scatola 11, fasc. XIX, doc. 152.

72. W. Barberis, op.cit., pp. 225-227.

73. ASCT, Corrispondenza dei Lavori Pubblici, année 1851, cart. II, rep. 12, fasc. 2, f. 75.

74. Le rapport présenté par Promis (avec Revel, Nigra, Casana, Cassinis, Ponte di Pino, Giulio Da Bormida et d'autres) est publié à Turin par les héritiers Botta en 1852.

75. Le cas a été analysé par G. Brino et F. Rosso, « La casa dell'Architetto Alessandro Antonelli », Atti e Rassegna Tecnica, Turin, 5/6, 1972, p. 79 ss.

76. ASCT, Corrispondenza dei Lavori Pubblici, rep. 12, cart. 2, fasc. 1 (procès-verbal d'accord au terme de la rencontre tenue par les propriétaires des terrains à bâtir de Porta Susa, avec plan en annexe, en date du 28 mars 1851).

77. Le 4 mai 1851 se forme l'association des propriétaires de Borgo San Donato. Pour une analyse détaillée de cette affaire, voir E. Calderini, op. cit., pp. 24-26.

78. Ibid., p. 25.

79. Ibid., pp. 23-24.

80. C. Olmo et R. Curto, op. cit., pp. 47-49.

81. Ibid., notes 63, 64, 78, 84, 87, 88 et 95.

82. Ce sont ceux que dénoncent dans La Riforma Sociale Cabiati et Testera en 1908, et que reprend Geisser dans le numéro spécial de la revue de la même année, « Fatti e argomenti intorno alla municipalizzazione ».

83. Cf. note 33.

84. La variante de 1913 constitue, précisément pour la compréhension de la valeur narrative du plan, un instrument de travail plus important que le plan proprement dit de 1906-1908, et elle est à ce titre l'objet d'une étude en cours de publication.