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XXXI.—Colline de Sacrifices de Chavannes sur le Veyron. Décrite par Frédéric Troyon. Communicated through John Yonge Akerman, Esq. Secretary

Published online by Cambridge University Press:  12 June 2012

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Les habitants de Chavannes ont conservé une ancienne tradition d'après laquelle les payens sacrifiaient autrefois à leurs dieux sur la Motte du Châtelard, située près du village, au bord d'un précipice accidenté au fond duquel est le torrent du Veyron. Jusq'à ces dernières années, on voyait sur le lieu attribué aux sacrifices une colline artificielle, de la forme d'un mamelon arrondi, haute de 22′ sur 114 de diamêtre à sa base, et entourée de deux fossés, disposes en cercles concentriques, qui mesuraient chacun 35′ d'ouverture sur 10 de profondeur; ces fossés étaient séparés l'un de l'autre par une bande de terrain de 40′ de largeur, légèrement exhaussée au-dessus du sol environnant. Les frères Bettens, voulant rendre à la culture cette partie de leur domaine, ont rejeté dans les fossés la terre du mamelon, en pratiquant sur celui-ci des coupes verticales qui m'ont permis d'examiner avec soin l'intérieur de ce monticule. A la base, l'aire de la colline était couverte d'une couche de eendres et de charbons de 8 à 10″ d'épaisseur, sur laquelle reposait un lit de cailloux roulés et de terre argileuse. Au-dessus, venait un nouveau lit de eendres et de charbons, recouvert de terre, et ces couches alternatives se reproduisaient jusqu'au sommet du mamelon. Il est cependant à remarquer que les lits de eendres et de charbons, disposés en 7 à 8 étages irréguliers, ne présentaient pas tous l'épaisseur et la continuité de la couche inférieure. Les lits supérieurs étaient souvent interrompus et quelquefois sépares par des cavités d'autant plus surprenantes que la terre, qui en formait les parois, n'était soutenue par aucun corps solide (PI. XVII. fig. 1. D.); il est probable qu'une matière décomposable a facilité la formation de ces vides, difficiles du reste à expliquer d'une manière satisfaisante. Les tranchées verticales ont mis à jour la composition des couches, dont la couleur variait du noir au gris et au rouge, suivant qu'il y avait eu sur un point ou sur un autre accumulation de charbons, de cendres ou de terre brûlée. Ces divers foyers étaient separés par des couches de 2′ à 8′ d'épaisseur, d'une terre argileuse extrêmement compacte, tandis que le sommet de la colline était formé d'un lit de terre végétale de 2′ d'épaisseur.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © The Society of Antiquaries of London 1854

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References

page 396 note a Village du Canton de Valid, en Suisse, à 3½ lieues au N. O. de Lausanne.

page 396 note b La PL XVII. fig. 1, donne la coupe: A, de la colline; B, des fossés; C, de la bande de terrain entre les fossés; et E, du lit du torrent. Les anciens plans de cadastre de la commune de Chavannes représentent cette colline avec ses deux fossés intacts. Dès lors, on a exploité au fond du ravin une carrière de mollasse, ce qui a déterminé l'éboulement; du terrain supérieur, en sorte que, depuis plusieurs années, les fossés ne dessinaient plus que deux grands arcs de cercle, interrompus sur le bord du précipice. Il reste encore à enlever une petite partie du mamelon, qui ne tardera pas à disparaître tout à fait.

page 397 note a On n'a rien trouvé dans ces cavités, si non, une ou deux fois, quelques ossements concassés.

page 397 note b Il va sans dire qu'il n'est question que des cassures antiques, faciles à distinguer des fractures résultant de la fouille.

page 398 note a Plusieurs canons de veau ont été recueillis, et la variété dans leur grandeur, ainsi que la découverte de quelques dents prouvent qu'une bonne partie provient de jeunes bêtes et non d'une petite espèce de vaches.

page 398 note b A environ 1,000′ au nord de la Motte du Châtelard, on a trouvé dans une masse de cendres contenue entre des pierres, à 3′ de profondeur sous la surface du sol, une pointe de javelot d'une forme très rare en Suisse (PI. XVII 4) et qui provient d'une sépulture sans doute contemporaine de la colline de sacrifices. II est à remarquer que, dans le Canton de Vaud, l'ustion n'a jamais été observée ailleurs qu'avec les urnes cinéraires de l'époque romaine, malgré les nombreuses tombes antérieures à l'ére chrêtienne découvertes dans ce pays.

page 398 note c J'ai retrouvé quelquefois des éperons dans des tombes antiques, mais le mort n'en portait jamais qu'un seul, qui était fixé au pied gauche.

page 398 note d Ma Description des tombeaux de Bel-Air.—PL V. fig. 13.

page 398 note e Abhandlung über einige alte Grabhügel, bei Amberg, von David Popp, 1821.

page 399 note a M. de Bonstetten a trouvé dans le cimetière helveto-burgonde de Bofflens une clef pareille, à l'exception du panneton.

page 399 note b Les propriétaires de la colline ont fait forger cette barre de fer pour un instrument aratoire, qui n'a pas tardé à se casser, à cause, disent-ils, de la grossiereté du grain.

page 399 note c L. v. c. 13.

page 400 note a Dans les cercles de Rakonitz et de Bunzlau, près de Teirowitz et de Msseno.

page 400 note b Keferstein, Kelt. Alt. s. 165.

page 400 note c Dans ces couches on trouve de nombreux débris d'ossements fracturés, d'ustensiles et de poterie qu'on envisage généralernent comme les restes de repas sacrés. M. le Comte de Gobineau a observé près de Guémène, dans le département du Morbihan, un Hradische ou cercle d'environ 100 pas de diamètre, entouré d'un fossé et formé par une levée de terre de 10 à 15′ de hauteur, à l'intérieur du quel sont des cendres et quelques débris de poterie; mais il envisage ce fait comme exceptionnel en France et tout à fait étranger aux usages celtiques.

Ou pourrait mentionner encore la découverte remarquable, faite en Irelande, dans le comté de Meath, près du village de Dunshaughlin, où une colline de 520 pas detour, sur environ 8′ de hauteur, contenait un si grand nombre d'os de chevaux, de vaches, d'ânes, de cochons, de chèvres, de chiens, de cerfs, de renards, et d'oiseaux, qu'on en chargea, dit-on, 150 voitures. Mais les ossements n'étaient pas concassés, et, au centre de la colline, à environ deux pieds sous la surface du sol, étaient couchés deux squelettes humains, en l'honneur des quels eut sans doute lieu ce sanglant sacrifice. (Neue Mittheilungen von Halle, VIter Band, IItes Heft s. 155.) Malgré les recherches faites sous la colline de Chavannes, on n'a trouvé que le sol vierge, sans aucun indice de sépulture pareille, en sorte qu'il faut l'envisager comme répondant à un autre ordre de faits.

page 401 note a Les tumuli des Suèves que j'ai ouverts en Suède, sur File de Munsön, dans le lac Mélar, présentaient, soit dans les urnes cinéraires, soit dans les charbons répandus à l'entour, de nombreux restes d'ossements calcinés, mais encore assez conservés pour permettre à M. le professeur A. Retzius d'y reconnaître le cheval, la vache, le mouton, le cochon, le chien, le chat, et la poule. Les os de ces animaux étaient toujours en dehors des urnes dont les cendres ne contenaient que des débris humains. Je n'ai remarqué dans aucune fouille une action du feu aussi forte qu’ à Chavannes. II serait cependant possible que les portions de la victime jetées sur le bucher fussent essentiellement les entrailles, vu qu'on retrouve presque toutes les parties du squelette dans les os provenant du repas sacreé.

page 401 note b Dans l'ancienne Grèce, le chien n'était sacrifié que chez les Colophoniens et les Spartiates (Pausanias, 1. iii. c. 14.)—On verra plus loin qu'il l'était aussi chez les Slaves.

page 401 note c On peut se faire une idée de l'immense variété des offrandes par celle des ex-voto, déposés de nos jours dans les temples de plusieurs contrées au pied du Caucase. (Voyage autour du Caucase par Du Bois de Montpéreux, passim.)

page 401 note d Exode xii. 46.—On sait que cette ordonnance avait trait au corps du Sauveur, dont les os ne devaient pas être brisés, mais 1'observation sur l'usage contraire n'en est pas moins fondée.

page 402 note a Cette extinction du bucher avait peut-être lieu par des libations: quoiqu'il en soit on ne peut la mettre en doute quand on voit l'épaisseur des couches de charbons qui se seraient nécessairement réduits en cendres si le feu n'avait été éteint. D'autre part, les os du repas jetés sur les foyers auraient été consumés en partie, tandis que je n'en ai trouvé qu'un seul qui ait été en contact avec des charbons ardents, c'est un fémur légèrement carbonisé sur le milieu de sa longueur, mais nullement à ses extrémités, en sorte qu'il n'a point passé par le bucher.

page 402 note b Il est probable que la terre était prise dans les fossés dont la profondeur augmentait à mesure que la colline s'élevait. Le lit de charbons inférieur étant à environ 2′ au dessus du sol environnant, on pourrait admettre que cette couche provenait du premier tracé des fossés d'enceinte. La terre argileuse dont est formi le mamelon correspond du reste à la nature du sol sur lequel il a été construit.

page 403 note a Quelques savants admettent que les Gaulois ne connaissaient pas le fer avant la conquête de César, bien que plusieurs passages d'auteurs anciens indiquent le contraire. Cette question ne pouvant être traitée dans cette notice, je réserve pour un travail spécial les données que j'ai recueillies sur l'époque de rintroduction du fer dans divers pays de l'Europe.

page 403 note b L. iv.

page 403 note c Xenophon (De re Equest.)—Enéide, xi. 714.—Silius Italicus vii. 696.—Tite Live ii. 6; iv. 19, 33.— Cicéron, Att. vi. 1; Orat. iii. 9.—On a trouvé des éperons dans les ruines romaines d'Augst, près de Bâle.

page 403 note d Voir la note e, p. 398.

page 404 note a C'est aux Vendes que le Dr. Lisch attribue l'introduction du fer dans le nord de l'Allemagne.

page 404 note b Necrolivonica von Krusepassim—Die Gräber der Liven von J. K. Bähr, Taf. X. 2, 3; XXI. 4a. d.

page 404 note c Handbuch der Alterthümer in Deutschland, von S. C. Wagener, S. 97, Taf. CXXXVIII. fig. 1331.

page 404 note d Près de Gnevikow, dans le Brandenbourg, par M. le Général de Minutoli, et dans plusieurs localités du duché de Mecklenbourg-Schwerin.—Jahresbericht des Vereins für Meklenburgische Geschichte und Alterthumskunde VI. s. 144, flgd. VIII. s. 44, taf. II. 14.

page 404 note e Wagener, s. 97, Taf. IX- f. 93.—Un fer de cheval a aussi été découvert dans un tumulus du Canton de Berne, mais sa forme est exactement celle qu'on retrouve dans les ruines romaines; il était aussi accompagné d'un éperon à courte point, cornme ceux de Bel-Air. Mittheil. der Antiquar. Gesell. in Zurich VIIer. Bd. Die Ausgrabungen zu Grächwyl im Kanton Bern von A. Jahn, Taf. II.—On voit des fers de chevaux pareils à ceux de Chavannes, mais d'un travail plus avancé, provenant du champ de bataille de Crécy et conservés dans le Musée de l'Artillerie, à Paris. La Collection d'Antiquités de la Somerset House, à Londres, posséde un fer du même genre, trouvé en terre à 9′ de profondeur, près de Lewes, dans le comté de Sussex.

page 405 note a Rzut oka na zrzódla archeologii Krajowéj. PL IV. Wilno, 1842.

page 405 note b Du moins à en juger par les dessins: Akerman's Archæological Index, pl. XV. Fairford Graves, by W. M. WyUe, pi. XI.

page 405 note c On trouve fréquemment dans leurs tombeaux la représentation de symboles chrétiens, tels que le prophète Daniel dans la fosse aux lions, le Christ bénissant, des hommes en attitude d'adoration devant la croix, etc. Voir ma Description de Bracelets et Agrafes Antiques du Canton de Vaud, pl. II. et III.

page 405 note d Liutprand—Frodoard—La reine Berthe et son temps par Ls. Vulliemin.

page 405 note e Ces dénominations slaves ne sont pas entièrement étrangeres à la Suisse orientale. Cernetz ou Zernetz, est le nom d'un village du Canton des Grisons, situé entre la haute et la basse Engadine, qui signifie roche noire, de même que le Zornebock ou Cĕrn bog, esprit mâlin du Eiesengebirge, est le dieu noir. Ou voit en effet près de Cernetz des masses noires de roches amphiboliques qui font saillie au fond de la vallée, et sont l'un des traits les plus marquants de la localité. (Communication de Mr. de Morlot.) Mr. G. de Bonstetten a observé près de Coire une vingtaine de collines, entourées de fossés, sur le sommet desquelles on trouve des ossements de chevaux. Le lac de Thoune, dans le canton de Berne, portait anciennement le nom de Wendelsee.

page 407 note a Voir le dessin de cette pierre dans la Description de quelques monuments celtiques par Blavignac, architecte. Eusèbe Salverte en a fait un monument astronomique.

page 407 note b Les prêtres d'Ifa, déesse des palmiers, chez les Yorubas, en Afrique, portent le nom de Babba-lao.

page 407 note c J'ai vu trois de ces baba, en grès, conservées dans le bâtiment de l'Université à Moscou, qui proviennent des contrées environnantes. L'une de ces statues, tenant toujours cet objet mystérieux entre les mains, est surmontée d'une tête d'animal. Je ne sais si Ton pourrait voir quelque chose de pareil dans une pierre assez mutilée des iles Orcades, représentée dans “Account of some of the Celtic Antiquities of Orkney, by F. W. L. Thomas,” p. 37.

page 407 note d C'est auprès de la Pierre-aux-Dames qu'on allume encore le premier feu des Brandons, qui sert de signal pour les autres feux de la contrée

page 408 note a La différence de poterie fait seule exception, mais il est possible que sa richesse en Allemagne soit le résultat d'un séjour plus prolongé.