Deux fois déjà, depuis le commencement de cette année, nous avons eu à vous annoncer la formation de nouvelles sociétés de secours dans l'Europe orientale (au Monténégro et en Serbie), et nous venons aujourd'hui vous faire part de la fondation d'une soeiété du même genre en Roumanie. La jeune Société roumaine de la Croix rouge nous a témoigné le désir d'être mise en rapport avec les sociétés des autres pays, et nous nous empressons de faire droit à sa requête. Il y a longtemps que nous souhaitions de voir la Croix rouge arborée sur le Bas-Danube; aussi avons-nous appris avec satisfaction, par une lettre datée du 27 juillet, que les difficultés qui s'y opposaient avaient été victorieusement surmontées. Les événements dont la Serbie est actuellement le théâtre, suivant de près l'adhésion du gouvernement roumain à la Convention de Genève, semblent avoir déterminé la création de la société dont nous parlons.

Par notre 33me circulaire, datée du 8 juillet 1876, nous avons exposé l'inaction absolue de la Société ottomane de secours aux blessés, fondée en 1868, et nous avons annoncé en même temps que nous ne négligerions rien pour remédier à cet état de choses. Aujourd'hui, bien que nous ne soyons pas encore en mesure de notifier régulièrement aux Comités centraux la résurrection de la Société ottomane, nous pouvons cependant donner ici quelques informations anticipées, qui nous permettent d'espérer que notre but sera prochainement atteint.

La suspension acluelle des hostilités en Turquie donne aux combattants un moment de répit, dont nous-mêmes désirons profiter pour vous entretenir de la guerre de Serbie, dans ses rapports avec la Convention de Genéve.

La Convention de Genève au point de vue historique, critique et dogmatique par C. Lueder, professeur de droit à l'Université d'Erlangen. Ouvrage qui a remporté le prix offert en 1873 par S. M. l'Impératrice d'Allemagne. Traduit par les soins du Comité international de la Croix rouge. Erlangen, Edouard Besold, éditeur, 1876. In-80. 414 p.

On a beaucoup remarqué, en Allemagne, un article publié dans la Revue internationale de New-York, sous ce titre: « L'impératrice Augusta et la Croix rouge en Allemagne. »

Nous regrettons vivement de ne pas pouvoir donner suite au. projet que nous avions formé de réunir à Bruxelles, pendant l'Exposition d'hygiène et de sauvetage, une Conférence intime des délégués des diverses sociétés de secours aux blessés.

Avant d'entrer dans les détails je vous dirai, d'une manière générale, qu'au milieu de cette exposition, si intéressante a tant d'égards et si bien réussie, les objets destinés aux secours pour les blessés occupent une place considérable et fort honorable.

Je ne voudrais pas que le prochain Bulletin parût sans une lettre de votre délégué au Congrès de Bruxelles; mais le temps qui me presse ne me permettra peut-être pas d'entrer dans beaucoup de détails.

M. le docteur Merchie, avec l'autorité que lui donnent ses anciennes fonctions d'inspecteur général du service de santé de l'armée beige, vient de faire paraître un livre tout plein de renseignements exacts sur les secours aux blessés après la bataille de Sedan. Le but de l'auteur est principalement de rendre justice à ce qu'il appelle lui-même la charité officielle, c'est-à-dire l'administration supérieure du service sanitaire.

Le rapport présenté le 7 avril dernier sur l'exercice de 1875 est surtout financier; les détails purement administratifs qu'il renferme ne sont par conséquent pas d'un intérêt général. L'énumération des dépenses annuelles nous indique cependant ce qui fait, en temps de paix, l'objet de l'activité de cette section de la Société française de secours aux blessés des armées de terre et de mer.

A la suite des récits lamentables parvenus en Angleterre, au sujet des souffrances endurées par les malades et les blessés du conflit turco-serbe, souffrances aggravées non-seulement par l'absence de chirurgiens, mais encore par celle des soins les plus ordinaires, les membres directeurs de l'Ordre anglais de Saint-Jean pensèrent que des mesures immédiates devaient être prises, en vue de besoins si urgents et si dignes de pitié.

Ce manuel, destiné à l'instruction des infirmiers militaires, pourra être utilisé avec fruit par tous les volontaires qui, en temps de guerre, se vouent au soulagement des blessés. Il se distingue par une grande clarté dans l'exposition et le soin avec lequel il évite les termes trop techniques. Le premier chapitre est consacré à une esquisse succincte et populaire de l'anatomie du corps humain. Le second chapitre expose les bandages les plus importants, le troisième les pansements, le quatrième les premiers soins à donner aux blessés sur les champs de bataille; les chapitres suivants sont consacrés aux divers modes de transport des blessés. Enfin, dans un appendice, l'auteur décrit en détail l'équípement des infirmiers anglais en campagne. Ce petit livre est accompagné de figures dans le texte, qui facilitent la compréhension des appareils et des procédés décrits.

La première des batailles livrées dans la seconde moitié de notre siècle qui ait épouvanté, par le nombre des victimes, fut celle Solferino. De part et d'autre, douze mille cadavres jonchèrent une étendue de quinze kilomètres; le chiffre des blessés s'éleva à près de vingt mille.

La Société monténégrine de la Croix rouge a vaillamment fait son devoir cet été pendant la guerre; mais, avec des ressources extrêmement restreintes, elle n'a pu faire face que très imparfaitement à tous les besoins. L'appel qu'elle avait adressé, au début des hostilités, à tous les comités centraux, est demeuré à peu près infructueux. A l'exception d'un don nécessairement très-modeste du Comité international, d'une somme de cinq mille francs envoyée par le Comité de Berlin, el d'un peu de matériel offert, par le Comité de Padoue, les Monténégrins n'ont guere été assistés que par la Société russe de la Croix rouge. Bien que de ce côté ils aient reçu des secours abondants, ils ont senti cruellement l'absence d'autres ambulances étrangères, et ils ont probablement vu avec un certain regret le grand courant de la charité passer à côté de chez eux sans s'y arrêter, pour se porter en Serbie. Ils se louent beaucoup des Russes; leurs médecins et leurs diaconesses, disent-ils, sont admirables de zèle et de dévouement, mais, par ordre de leurs supérieurs, ils se sont tenus généralement trop loin du théâtre de l'action, ce qui s'explique fort naturellement, il faut en convenir, par la conduite barbare des Turcs qui ne respectaient pas la Croix rouge.

M. le Dr Carsten, secrétaire général de la Société néerlandaise, a Men voulu nous transmettre le résumé suivant du compte-rendu de la section de la Croix rouge établie aux Indes-Orientales, pour l'année 1875.

Une Société est constituée sous le nom de Société de la Croix rouge de Roumanie.

A peine fondée, la Société roumaine de la Croix rouge s'est mise à l'œuvre, pour se conformer à l'article 21 de ses statuts, qui lui prescrit de venir en aide aux sociétés des autres pays, lorsque cellesci sentent le besoin d'une assistance étrangère. Elle a envoyé à l'armée serbe une ambulance très-bieu montée, et voulant montrer clairement qu'elle comprenait le devoir, pour la Croix rouge, de planer dans les sphères élevées de la charité sans faire acception des partis politiques, elle offrit aux Turcs une aide pareilie à celle qu'elle fournissait aux Serbes. Cette généreuse proposition fut repoussée, comme nous l'avons dit ailleurs, et la Société roumaine, après avoir donné ainsi la preuve de son impartialité, concentratous ses efforts sur la Serbie.

Le 15/27 avril 1876, à deux heures après midi, le président, M. le général de Baumgarten, déclare la séance de l'assemblée générale ouverte, en présence de 70 membres.

Dans le no 26 du Bulletin international, nous avons eu l'occasion d'indiquer sommairement les secours sanitaires envoyés par la Russie au Monténégro, pour venir en aide aux réfugiés de l'Herzégovine. Les ambulances établies à cet effet à Cettigne et à Grahovo y ont été maintenues aux frais de la Société russe de la Croix rouge; le personnel de ces ambulances a même été notablement augmenté, ainsi que le matériel de pansement. En outre, une troisième ambulance a été établie à Niegoush. Les premières mesures furent prises aussitôt qu'on eut avis de la participation directe du Monténégro à la guerre.