Par notre circulaire du premier juin dernier, nous avons prié les comités centraux de rédiger les questions qu'ils désirent voir étudiées par la Conférence préparatoire à la Conférence de Vienne, et nous leur avons demandé de nous les communiquer avant le premier août.

7me année. No 2. Août 1871. — Orphelinats de la guerre à Paris et à Bordeaux. — Ambulances civiles. — Extrait d'un discours lu par le colonel R.-J. Lindsay, président du Comité central, dans la séance du 31 mai 1871 de l'institution anglaise de la Croix rouge, présidée par S. A. R. le duc de Cambridge. — Lettre de M. Jules Favre à M. le comte de Flavigny.

Die Genfer Convention im Kriege von 1870–71. — Beitrag zur Beurtheilung derselben in der praktischen Durchführung, von Dr v. C. — Carlsruhe, 1871. In-80, 25 p.

Nachrichten des Centralkomites des badischen Frauen-Vereins. — Carlsruhe. In-80, 1871 (Suite). Nos 54 à 66.

Il y a trois sujets sur lesquels nous attirerons aujourd'hui l'attention des lecteurs du Bulletin international.

10 Le rapport qui vient de paraître « sur l'activité des sociétés libres de secours aux blessés, dirigée par l'inspecteur militaire, pendant la guerre de 1870–1871 »; 20 l'activité non interrompue du Comité central des sociétés allemandes de secours aux blessés, et la Constitution qui vient d'être adoptée pour l'administration définitive de la société Kaiser-Wilhelm (Empereur Guillaume) pour les invalides allemands; 30 enfin, l'important établissement d'une Alliance entre les grandes associations de femmes allemandes.

Le titre seul de la brochure allemande du Dr v. C. (von Corval?) en révèle l'importance. Elle n'a cependant pas été écrite, comme on pourrait le supposer, pour raconter comment les choses se sont passées, ni pour prouver ou pour contester les violations de la Convention que les belligérants se sont réciproquement reprochées. Le but de léauteur est plus pratique que cela. Selon lui, la Convention de Genève a évidemment besoin d'être révisée le plus tôt possible, et pour ce travail il faudra mettre à profit les enseignements de la dernière guerre. Il est done bon que chacun divulgue ses expériences personnelles, et c'est ce que le Dr v. C. a fait en ce qui le coucerne.

Tandis que les droits de la femme sont l'objet de vives controverses, que l'on discute dans les journaux et même dans de gros volumes, dans les clubs et jusque dans les assemblées législatives, son assimilation civile et politique au sexe fort, elle s'est déjà conquis une place que nul ne songe plus à lui contester, quoiqu'elle l'introduise dans le domaine le plus viril, dans celui qui semblerait devoir lui rester le plus étranger: la guerre.

Sous ce titre, l'auteur, qui est russe, adresse à l'Académie royale de médecine de Belgique, dont il est membre correspondant, un mémoire peu voluminenx, mais fondé sur des observations personnelles, et très-instructif par ses conclusions pratiques. Pendant cinq mois il a dirigé à Neuwied (sur le Rhin) un lazaret de deux cents lits. Cet établissement hospitalier était vraiment international, soit par les nationalités variées des médecins, soit par la provenance tout aussi variée des dons reçus.

Le Département sanitaire relevant du ministère de la guerre, à Washington, a publié un volumineux et instructif rapport sur les baraques et les hôpitaux des divers postes militaires de l'armée des Etats-Unis. Cet immense travail est le résumé de tous les rapports spéciaux envoyés au département, par les médecins de l'armée, sur l'organisation sanitaire et hygiénique de leur poste, au point de vue des constructions, de la ventilation, des approvisionnements d'eau, du drainage, etc.

Nous extrayons ce qui suit d'une lettre que nous a adressée M. le comte de Flavigny, président du Comité central français, en date du 22 septembre 1871:

« Le 6 du présent mois, le ministre de la guerre, dans son exposé d'un projet de loi qui a pour but d'instituer une médaille spéciale, a renouvelé les déclarations de son collègue des affaires étrangères; j'en extrais le passage suivant:

« Vous connaissez les bienfaits immenses que nous devons à des « sociétés qui se sont formées spontanément; la médaille que je « vous propose d'instituer, est destinée à suppléer la croix et à « être donnée même aux femmes qui ont pris une si large part à « tous les actes de bienfaisance et d'humanité accomplis pendant « la crise malheureuse que nous venons de traverser.…

Les matériaux nous manquent encore pour donner une idée générale de l'œuvre française pendant la dernière guerre, mais, à défaut d'une vue d'ensemble, nous emprunterons aux publications partielles qui ont déjà paru quelques éléments pour une synthèse future. Jusqu'à ce jour il nous est parvenu des départements huit rapports, qui permettent de discerner comment la Croix rouge a été comprise dans les diverses parties de la France. Les localités auxquelles ils se rapportent appartiennent à l'est et an sud du pays, et forment une ligne qui va de Colmar à Bordeaux, en passant par Montbéliard, Mâcon, Chambéry, Montpellier, Toulouse et Pau.

Membre du Conseil de la Société française, M. le Dr Piotrowski, nommé chirurgien en chef de la 6e ambulance parisienne, a fait, en cette qualité, la campagne de Sedan; plus tard, il s'est occupé des évacuations de blessés dans la région de la Loire, et, sur ce double théâtre, il a recueilli des observations qui font de son rapport un document utile à consulter au point de vue qui nous occupe ici, c'est-à-dire quant à l'expérimentation du service des sociétés de secours et à la mise en pratique de la Convention de Genève.

La Société anglaise de secours pour les blessés vient de publier, sous le titre de Questions et Réponses, un document curieux à consulter et important par les divers résultats qu'il enregistre.

Le docteur Steinberg, qui plaida avec tant de chaleur et de zèle la cause des secours volontaires en mer, dans la Conférence internationale de Berlin, en 1869, s'est acquitté avec succès de la tâche qui lui incombait pendant la dernière guerre; il avait à diriger tous les hôpitaux de la capitale, avec le titre de Directeur général des hôpitaux de Berlin. Son ouvrage, éminemment instructif, rend compte de ce qui s'est accompli sous sa direction. En faisant des vœux pour que cette petite brochure (qui, avec ses nombreuses notes, ne compte que 180 pages in-80) atteigne un plus grand cercle de lecteurs, nous nous bornerons à quelques courtes observations sur son contenu.

Malgré son titre, qui pourrait faire supposer qu'elle méconnaît ses obligations internationales, la Société de secours aux militaires suisses et à leurs familles a bien mérité de la Croix rouge pendant la dernière guerre; aussi est-ce avec un véritable regret que nous avons appris qu'aucun rapport général ne serait rédigé sur ses actes. L'exposé sommaire qu'en a présenté, dans sa dernière séance, le secrétaire, M. le Dr Aeby, ajoute peu de chose à la note que nous avions déjà publiée dans notre cinquième Bulletin, et éveille la curiosité plus qu'il ne la satisfait.

Le gouvernement suisse, sur la généreuse initiative du général Herzog, a envoyé sur le théâtre de la guerre 31 médecins militaires, dont 17 dans l'armée allemande et 14 dans l'armée française. Une brochure substantielle, que nous avons sous les yeux, contient le rapport que l'un de ces délégués, M. le Dr A. Burckhardt, de Bâle, a adressé au Conseil Fédéral. Sous la forme d'un compte rendu, l'auteur donne un récit fort complet de l'activité du feldlazaret auquel il était attaché et dont il a partagé les travaux pendant quatre mois consécutifs.

Le gouvernement helvétique a publié un ouvrage important quant à l'organisation sanitaire de l'armée suisse; il complète en effet les anciennes ordonnances, et les modifie de façon à les mettre au niveau des expériences modernes relatives au meilleur matériel du service de santé dans une armée.

Les trains sanitaires du Wurtemberg, dont nous avons déjà parlé dans nos précédents Bulletins, viennent de faire l'objet d'une belle publication. Trois grandes feuilles chromo-lithographiées figurent, dans tous leurs détails, les wagons que la Société sanitaire wurtembergeoise avait installés pour son service, et qui lui font le plus grand honneur. Les voitures consacrées au transport des blessés pouvaient recevoir chacune seize hommes couchés, soit huit, en deux étages superposés, de chaque côté du couloir central; chaque train avait aussi sa cuisine ambulante. L'une des planches montre l'aménagement intérieur de ces wagons, les deux autres en donnent la coupe, le plan, le profil, ainsi que l'aspect général du train.

Un français, M. de Chaulin, qui, pendant toute la durée de la dernière guerre, a séjourné en Wurtemberg, a consacré son temps et sa peine à l'assistance de ses compatriotes prisonniers, principalement de ceux qui étaient malades ou blessés. Il s'est dévoué pour eux d'une manière remarquable, et sans se rattacher à aucun comité. Son œuvre a été tout individuelle, ce qui ne l'a pas empêchée de prendre de grandes proportions. Grâce à de nombreux amis, il a collecté 22,550 fr. en argent et des dons en nature d'une valeur qu'il estime plus grande encore.