Deux fois déjà, en 1878 et en 1880, nous avons entretenu nos lecteurs de la marche de notre journal, et nous ne leur en reparlerions pas maintenant si nous n'avions à marquer, comme une étape de quelque intérêt, le vingtième anniversaire de sa naissance. La table générale des matières, que nous avons publiée avec la dernière livraison, a clos la deuxième période décennale de cette publication, et le présent numéro inaugure la troisième. Rien ne fait présager son déclin, et nous espérons bien que, parvenue saine et sauve à l'âge de la majorité, elle fournira encore une longue carrière.

Aux indications contenues dans notre dernier Bulletin (T. XX, p. 177) relativement au concours que nous avons ouvert sur l'emploi abusif de la Croix-Rouge, nous pouvons joindre aujourd'hui es noms des membres du jury. Ce sont :

M. le commandant professeur Marco Tabarrini, président du Sénat et membre du Comité central de la Croix-Rouge italienne, à Rome.

Kriegerheil. Organ der deutschen Vereine vom rothen Kreuz (mensuel) 1889, nos 9 à 11. — Berlin, 40.

Le présent Bulletin était déjà sous presse quand la Croix-Rouge a dû prendre le deuil d'une princesse éminente, éclairée et charitable, qui a été sa providence terrestre pendant plus d'un quart de siècle. Nulle perte ne pouvait lui être plus sensible que celle de l'impératrice-reine Augusta, dont le souvenir est intimément lié, et de la façon la plus bénie, à toutes les phases de son histoire. Aussi tenons-nous à dire ici, en quelques mots tracés à la hâte, l'impression douloureuse que nous avons ressentie à la nouvelle de sa mort.

S. M. l'impératrice-reine Augusta a daigné répondre, par la lettre suivante, à l'adresse de félicitations que lui avait adressée le Comité central des associations allemandes de la Croix-Rouge, à l'occasion de l'anniversaire de sa naissance:

« J'ai reçu les vœux du Comité central des associations allemandes de la Croix-Ronge avec d'autant plus de reconnaissance que je puis espérer, dans l'avenir qui s'ouvre devant nous, de voir, s'appuyant sur les expériences de vingt-cinq années, les problèmes qui se posent aux sociétés résolus d'une manière toujours plus satisfaisante et l'organisation uniforme de l'assistance volontaire de la Croix-Rouge se perfectionner toujours davantage. Le concours qui a eu lieu cette année ayant donné des résultats satisfaisants au point de vue du développement de l'assistance aux malades, je suis heureuse de pouvoir, à cette occasion, remercier encore tous ceux qui ont consacré, avec tant de succès, leurs peines à sa réussite.

Par une circulaire en date du 5 août 1889, le Comité central allemand a informé les sociétés allemandes de la Croix-Rouge que, avec le consentement des comités de la Société badoise des dames et de la Société de secours des hommes, le Comité central de la Société badoise de secours, prendrait dorénavant le titre de « Direction générale de la Société badoise de la Croix-Rouge. » (Gesammt-Vorstand des Badischen Landes-Vereins vom Rothen Kreuz.)

Nous empruntons au procès-verbal de l'assemblée générale de la Société bavaroise, tenue le 23 mars 1889 sous la présidence de M. le comte de Castell, les renseignements suivants sur l'activité de cette Société :

Le protecteur de la Société, S. A. R. le prince régent, a concédé à la Société l'usage de nouveaux locaux dans son propre palais.

Les 11, 12 et 13 juin 1889, se sont réunis à Paris, sons la présidence de M. le maréchal de Mac-Mahon, les membres du Conseil de la Société française, ceux du Comité des dames et des délégués des comités régionaux, pour discuter, dans des conférences qui précédèrent l'assemblée générale de la Société, plusieurs questions, concernant les unes l'organisation intérieure de la Société, les autres des sujets d'un intérêt plus général pour la Croix-Rouge.

Une séance des conférences générales de la Société française tenues au mois de juin 1889, a été consacrée à l'étude de l'intervention des sociétés de la Croix-Rouge dans les guerres maritimes.

Ce sujet fut introduit par un intéressant rapport de M. le marquis de Vogüé, dont les conclusions, appuyées par M. l'amiral Rallier du Baty, furent ratifiées sans discussion par l'assemblée et transmises à M. le ministre de la marine. Ce dernier a fait savoir ultérieurement qu'il avait confié l'examen de ce document au Conseil d'amirauté.

Le Conseil central de la Société française de secours aux blessés militaires a eu la douleur de perdre l'un de ses membres les plus éminents, M. le docteur Ricord, président de son comité médical.

Sur la tombe du défunt, le secrétaire général de la Société, M. le comte de Beaufort, s'est fait, dans les termes qui suivent, l'interprète des regrets du Conseil:

«La Société de secours aux blessés militaires veut aussi faire entendre sa voix dans cette manifestation de sympathie et de regrets.

Le numéro 80 du Bulletin international des Sociétés de la Croix-Rouge contient, aux pages 198 et 199, des passages sur l'inexactitude desquels nous croyons devoir appeler votre attention et que nous vous prions de faire rectifier.

Citant, d'après l'Echo du Nord, le rapport annuel du délégué régional de la Société de secours aux blessés, vous dites que cette Société est «seule, à l'exclusion de toutes autres, associée aux services de l'armée; seule elle peut être appelée à créer des hòpitaux auxiliaires.»

L'an dernier, nous avons parlé de la perte qu'avait faite la Société norwégienne en la personne de M. le lieutenant-colonel Schnitler2, et M. le président Selmer, qui nous avait fait part de cette triste nouvelle, n'a pas tardé lui-même à quitter ce monde.

Le ministre d'Etat Christian-Auguste Selmer, entré en 1880 dans le Comité directeur de la Croix-Rouge norwégienne, l'a présidé jusqu'à sa mort, survenue le 1er septembre 1889.

Par des circulaires du 18 décembre 1887 et du 25 novembre 1888, le Comité central prussien avait invité les comités provinciaux et locaux du royaume de Prusse à lui fournir, d'après des formulaires préparés d'avance, des rapports sur la situation et l'activité des diverses sociétés en temps de paix. Les rapports que demandait le Comité central lui sont parvenus, et, par une circulaire du 5 novembre 1889, il a communiqué aux comités prussiens les résultats généraux de cette enquête, ainsi que quelques réflexions qu'elle lui a suggérées. C'est de cette dernière circulaire, qui nous paraît renfermer des observations d'un intérêt général pour la Croix-Rouge, que nous donnons ici un résumé:

Les nouvelles conditions qui sont résultées pour l'assistance volontaire du plan d'organisation du 3 septembre 1887 ont, dans la plupart des provinces, réveillé l'intérêt au profit des œuvres de secours volontaires. Ce réveil de l'intérêt de la population eut pour conséquence la réorganisation dessociétés existant depuis 1870, et la fondation d'un grand nombre de nouvelles sociétés.

La Société de secours aux soldats blessés et malades du Schleswig-Holstein, fondée le 15 mars 1878, est arrivée en 1888 au terme de la dixième année de son existence. Elle comptait encore à cette époque 76 de ses fondateurs. Elle a vu se fonder, le 27 mai 1888, une Société de dames dans la ville de Wilster. La Société possède une colonne sanitaire de volontaires, dont la section mobile compte 24 hommes et la réserve 22. Cette colonne a obtenu de l'administration des chemins de fer du Schleswig-Holstein l'usage de wagons, avec lesquels elle a pu faire des exercices de chargement et de déchargement de blessés; elle a acquis une civière sur roues du modèle de M. Furley, adopté par l'Association ambulancière de St-John. La Société possède une petite bibliothèque. Son avoir s'élève à 121 marks; la valeur du matériel de la colonne sanitaire est de 250 marks.

L'Hôpital-Baraque du quartier Rojdestvensky, à Saint-Pétersbourg, est une création du Comité de lazaret des dames de la Croix-Rouge, qui lui-même a été fondé en 1871, sous le patronage de feu l'impératrice Marie-Alexandrovna, et qui aujourd'hui fonctionne sous la haute protection de l'impératrice actuelle, Marie-Teodorovna.

Le jeudi 7 novembre 1889 a eu lieu à Fribourg l'assemblée générale de la Société centrale suisse de la Croix-Rouge. C'était la première fois qu'elle se tenait dans une ville de la Suisse romande.

La réunion, présidée par M. le Dr Stähelin (d'Aarau), a approuvé le rapport et les comptes pour l'année 1888. A la fin de cette année, la Société comptait 3517 membres et disposait d'un capital de 16,213 francs. Ces chiffres sont bien minimes, si on les compare aux résultats obtenus dans les autres pays qui ont adhéré à la Convention de Genève. Le Dr Stähelin et les orateurs qui l'ont suivi ont insisté sur la nécessité de donner un plus grand développement à l'œuvre de la Croix-Rouge suisse, encore à peine connue dans plusieurs cantons. On a appris avec plaisir les progrès récents faits dans le canton de Fribourg, où la Société vient de recruter plusieurs centaines d'adhérents.