Hostname: page-component-848d4c4894-v5vhk Total loading time: 0 Render date: 2024-06-16T21:19:39.175Z Has data issue: false hasContentIssue false

Les Débuts Littéraires de Claude Fauriel: Le Manuscrit Inédit de sa Notice sur La Rochefoucauld

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Par Alfred Maurice Galpin*
Affiliation:
University of Wisconsin, Madison 6

Extract

Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1844, vers la fin de sa 72e année, mourait à Paris Claude-Charles Fauriel, membre de l'Institut. Cet événement est rappelé dans un post-scriptum de 26 lignes (en petit texte) ajouté à la “Chronique de la quinzaine” de la Revue des deux mondes, en date du 31 juillet et signé V. de Mars: “La perte si regrettable et subite de l'auteur du recueil des Chants Populaires de la Grèce a fait une impression profonde auprès des hommes éminens dont M. Fauriel avait été l'ami et sur lesquels son esprit … avait exercé une influence d'autant plus digne de remarque, que le public n'avait guère été à même de l'apprécier.” L'auteur y loue “l‘écrivain à qui Cabanis adressait ses fameuses lettres des Causes premières, l'ami dont Manzoni écoutait l'inspiration et à qui il se faisait honneur de dédier sa première pièce, l'homme que Mme de Staël consultait sur la littérature allemande, qui donnait à M. Cousin le goût de la philosophie ancienne, à M. Raynouard celui des troubadours, à M. Augustin Thierry celui des races du moyen âge, à M. Ampère celui des littératures comparées … ” Si élogieuses que puissent paraître ces observations, elles ne rendent pas complètement compte du rôle de Fauriel dans l'histoire littéraire de son temps. Elles ne disent rien, par exemple, de son rôle d'initiateur de la critique dantesque en France, tel que l'a montré Frédéric Ozanam dans un article du Correspondant en date du 10 mai 1845 et intitulé “M. Fauriel et son enseignement.” Ce n'est qu'après la publication, due aux soins de son amie et exécutrice littéraire Mary Clarke Mohl, des deux volumes sur Dante et les originesde la poésie italienne (Paris: Durand, 1854), qu'on put pleinement apprécier ce rôle. Au cours de cette même année 1854, à l'occasion d'une traduction de l‘Enfer par le président Mesnard, Sainte-Beuve parle de la “fortune” en France de Dante, qui trouvait la faveur après de longs siècles d'oubli. “Il est des révolutions dans le goût et dans les manières de voir qui ne peuvent réussir qu'en s'appelant de leur nom et en se dessinant hardiment … Fauriel était destiné à opérer ce changement profond dans le goût, je ne dirai pas du public, mais de tous les littérateurs instruits et de la portion la plus éclairée de la jeunesse française.”

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1954

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

page 448 note 1 “La seule gloire qui lui soit accordée—de son vivant—c'est d’être élu à l'Académie des Inscriptions le 25 nov. 1836,” Jean Bonnerot, Bibliog. de l’œuvre de S-Bve (Paris: Giraud-Badin, 1949), ii, 200. On peut ajouter que l'Académie de la Crusca l’élut déjà en 1834 et qu'on avait créé à son intention la chaire de littératures étrangères à la Sorbonne en 1830.

page 448 note 2 Cette phrase est citée par Bonnerot, Corresp. gén. de S-Bve, v, 650, n. 4.

page 448 note 3 Reproduit dans le 2e vol. de ses Mélanges, Œuv. choisies de F.O. (Paris, 1859), vii. F. avait désigné Ozanam pour lui succéder en Sorbonne.

page 448 note 4 Lundis (11 déc. 1854), éd. Garnier, xi, 204-205.

page 448 note 5 La lettre de Perrin sollicitant l'honneur de publier l'ouvrage se trouve à la Bibl. de l'Institut, fonds Mohl, carton 2328, corresp. avec éditeurs et libraires (non classée).

page 448 note 6 Pour les détails de cette préparation, v. dans les deux ouvrages de Bonnerot le dossier des documents consultés (Corresp. gén., vi, 165) et l'excellent résumé (Bibliog., ii, 198-212) à propos de la publication des articles dans le volume Portraits contemporains (éd. en 3 vol., ii, 544-592, éd. en 5 vol., iv, 125-268). Nous citerons cet essai avec les seules initiales PC d'après l'éd. en 5 vol.

page 448 note 7 “S-Bve ne se faisait aucune illusion sur le retentissement,” Bonnerot, ii, 210.

page 448 note 8 Voir le passage cité trois par. plus loin.

page 448 note 9 Cette méthode, bientôt abandonnée comme trop coûteuse, est décrite dans le Dict. Gén. de Biog. et d'Hist. de Dezobry et Bachelet, s.v. Herhan (Louis-Etienne, Paris 1768-1854). Ce nom était inconnu à S-Bve qui dans sa corresp. écrit Erhan. On voit dans la Décade de l'an xii, 2e trimestre (329-335) un intéressant compte-rendu des deux séries.

page 448 note 10 An viii (1800), 3e trimestre, 10, 20 et 30 prairial (404-442, 486-492, 528-537); signé “F.”

page 448 note 11 (Paris: Renouard, 1803). Cf. PC 164-165.

page 448 note 12 Voir la Bibliog. de La R. de Jean Marchand (Paris: Giraud-Badin, 1948), pp. 288-289 et 93-96. L'éd. Renouard 1804 des Mémoires ne se trouve plus à la Bibl. Nat.; je dois à la gracieuse courtoisie de Mme Jean Fernet, arrière-petite-fille de A.-A. Renouard, et de sa mère Mme Vve Philippe Renouard, d'avoir pu en examiner un exémplaire.

page 448 note 13 Voir la Bibliog. de Marchand, 96-102.

page 448 note 14 An xii, 3e trimestre, 422-424, 507-508.

page 448 note 15 Jules Barthélémy-St.-Hilaire (1805-95), exécuteur littéraire de V. Cousin et conservateur (1867-95) de la Bibl. V. Cousin.

page 448 note 16 Pour le sentiment exprimé ici, cf. le dernier par. de notre Introd. et la Notice au f. 58, n. 12. Nous citons d'après l'autographe (Institut, carton 2327, corresp.). La leçon “destinés” dans la citation de S-Bve, PC 167, est sans doute une faute d'impression.

page 448 note 17 Voir surtout dans la Notice le passage des ff. 67-68, n. 16.

page 448 note 18 Sans d'ailleurs reconnaître ce qu'il y devait à S-Bve, qui s'en plaignait avec amertume (Lundis, xi, 424-425, et voir Bonnerot, Bibliog., ii, index s.v. Cousin).

page 448 note 19 La notice de Suard, parue d'abord anonyme aux ff. vii à xxiv de l'éd. 1778 (Imprimerie royale) des Maximes, fut très souvent reproduite jusque vers 1829. Voir Marchand, Bibliog., 229-234.

page 448 note 20 L'intention de S-Bve était sans doute de faire une allusion gracieuse à la liaison entre F. et Mary Clarke. Mais l'emploi du pluriel “amitiés,” en rappelant la liaison antérieure entre F. et Mme Condorcet, peut paraître quelque peu perfide. C'est à mon collègue, M. le professeur Pierre Deguise de Wellesley, que je suis redevable de cette interprétation.

page 448 note 21 Pour une liste à peu près exacte de ces articles, voir l'appendice du livre de Galley, ou l'article d'Ozanam cité à la note 3 plus haut.

page 448 note 22 J'exprime ici mes plus vifs remerciements à M. Bonnerot, ancien Conservateur de la Bibliothèque de la Sorbonne, à M. Nabert, Conservateur de la Bibliothèque Victor Cousin de la Sorbonne, à sa gracieuse assistante Mme Raymond Perrin (née Bonnerot), à Mme Thérèse Bressange du service de prêt de la Sorbonne, à Mmes Vve Philippe Renouard et Jean Fernet, tous de Paris, sans lesquels le présent travail aurait été impossible, et à mon ami et collègue de Madison, le professeur André Lévêque, qui a lu et corrigé mon manuscrit avec une admirable patience.

page 456 note 1 La R. est né à Paris, non le 15 déc., mais le 15 sept. 1613. Pour les erreurs, très répandues au xixe sur la date et le lieu de la naissance de La R., voir O.C. de La R., Hachette, 1868-81, i, Notice, ii, n. 1.—Dès l'entrée en matière, F. s'intéresse surtout à l'esprit général de l'époque, se souciant peu de citer des documents ou de s'assurer des faits.

page 456 note 2 Les orthographes eût, eûrent, -erent (passés définis), eû, assés, chés, sont communes dans les premiers MSS de F. On épargnera au lecteur d'inutiles sic pour ceux-ci comme pour de très nombreux cas semblables.

page 456 note 3 C'est-à-dire, “faillit faire échouer l'entreprise”: v. Retz, éd. Michaud-Poujoulat, 1857, p. 111A: “M. de La R., qui avoit plus de cœur que d'expérience, s'emporta de chaleur; il n'en demeura pas à son ordre, et sortit de son poste … le convoi estoit infailliblement perdu si Nourmoustier ne fust arrivé avec le reste des troupes.” Cf. O.C. de La R., ii, 124 sq.

page 456 note 4 Ni S-Bve (Portraits de Femmes, p. 292, n. 2) ni Retz dans ses Mémoires ne voient rien d'ironique dans ce sobriquet qu'on trouve cité dans le Catalogue des imþrimés de la B.N. comme simple pseudonyme de La R.

page 456 note 5 Note de l'auteur en regard (f. 13v): “Voir une rédaction différente des ff. 22-39 aux ff. 85-107.” Nous transcrivons ici la version définitive qui se termine au f. 40 à l'endroit signalé]].

page 456 note 6 Nous en sommes encore à la partie “historique” de la Notice, mais la partie “critique” apparaît déjà; cf. le dernier par. de notre Introd.

page 456 note 7 La phrase qui commence “plus on étudiera …” est citée dans PC, p. 167 avec le seul changement “où il a vécu” introduit sans doute par S-Bve pour abréger. C'est le seul passage où il cite un texte quasi identique au nôtre.

page 456 note 8 Pour la douleur de La R. en cette occasion, cf. S-Bve, Portraits de Femmes, pp. 310-311.

page 456 note 9 La dernière phrase du par. est citée ainsi dans PC 167-168: “Expression, dit F., d'une mélancolie naïve et profonde, et qui semble marquer, dans l'âme à laquelle elle échappe, l'instant où finit cette surprise accablante dont notre imagination est d'abord frappée lorsque la mort vient de nous ravir un être nécessaire à notre bonheur, et où commence la conviction douloureuse d'une perte éternelle!”

page 456 note 10 Lapsus pour 1658, mais la vraie date est 1659, comme le montre J. Marchand dans sa Bibliog. de La R., p. 1. Voir aussi O.C. de La R., ii, 434 sq., pour l'Apologie écrite avant le Portrait mais publiée pour la première fois par V. Cousin dans La Jeunesse de Mme de Longueville, 1855.

page 456 note 11 Voir notre Introd. sur le MS. découvert vers cette époque par Renouard.

page 456 note 12 Voir la conclusion de notre Introd.

page 456 note 13 Ecrivant sur La R. huit ans après son essai sur F. dans les PC, S-Bve cite ainsi cette phrase: “Indépendamment de ses Maximes, on a de lui des Réflexions diverses, qui y tiennent de près, mais qui portent moins sur le fond des sentiments que sur la manière d'être en société. On a dit très-justement qu'on les pourrait aussi bien intituler: Essai sur l'art de plaire en société” (Préface pour les Maximes de La R… . 1853, in Lundis, xi, 412). Dans PC, 168, il cite la phrase suivante en la faisant commencer “L'auteur exprime surtout des vues… .”

page 456 note 14 F. a écrit douteur, et 3 lignes plus bas, élangance.

page 456 note 15 Ce n'est qu'à la fin de la Notice, dans le parallèle qu'il établit entre La R. et Vauvenargues, que F. indique sa foi en la perfectibilité de la nature humaine (foi qu'il avait déjà exprimée à propos de Mme de Staël) et qu'il prend position contre le pessimisme de La R., suspect à ses yeux de jansénisme.

page 456 note 16 Une + nous renvoie ici à des corrections inachevées que F. n'a pas apportées au texte mais où l'on reconnaît le brouillon de la version suivante donnée par S-Bve (PC 168-169): “Même avec les ressources d'une langue très-cultivée, même avec un talent réel, bien écrire est nécessairement un art très-difficile, si du moins par cet art on entend celui d'exprimer avec force et clarté des idées qui soient autre chose qu'une réminiscence, plus ou moins déguisée, de ces idées devenues, par une longue circulation, celles de la société tout entière, et qui forment, pour ainsi dire, la surface de tous les esprits.” Voici les corrections de F. au f. 66v de notre MS: “+et avec du talent, bien écrire, c'est à dire poursuivre la pensée dans ses profondeurs, et jusqu'à ce qu'elle perde le caractère …” et plus bas: “Si du moins par cet art on entend celui d'exprimer avec force et clarté des idées qui soient autre chose qu'une réminiscence plus ou moins déguisée de ces idées qui, vraies ou fausses, sont en quelque sorte devenues par une longue circulation celles de la société tout entière, et de laisser entrevoir dans la manière de les peindre ce qu'il y a de particulier dans l'imagination et dans le sentiment, sans blesser ce qu'il y a de commun et d'invariable dans la manière de sentir de tous les hommes.”

page 456 note 17 Cette variété de tons, cet emploi d'expressions figurées ne se trouvent guère dans le style de F. qui selon S-Bve (PC 171) était “étranger aux couleurs et à leur emploi.”

page 456 note 18 Sans qu'une note de F. nous l'indique cette fois, on constate que le passage entre [[ ]] et qui finit au f. 79, a sa première rédaction aux ff. 109-111 de notre MS.

page 456 note 19 Ce paragraphe est cité tout entier par S-Bve (PC 169) dont le texte présente des variantes à la fin des deux premières phrases: “… le second représente le vice et la vertu sous des traits exclusivement propres à chacun d'eux, et qui ne permettent pas de les confondre ni même de les rapprocher … et qui établit entre elles non seulement une communauté d'origine, mais une sorte d'égalité morale.”

page 456 note 20 Cf. S-Bve PC 169-170: “Fauriel termine par cette conclusion, aussi délicate qu'ingénieuse: ‘On n'estimerait peut-être pas assez La Rochefoucauld, si l'on jugeait de ses sentiments par ses principes; et l'on ne pourrait faire un plus grand tort à Vauvenargues que de supposer son talent étranger à son caractère’.”