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Pour une augmentation de la liquidité internationale

Published online by Cambridge University Press:  17 August 2016

Alexandre Lamfalussy*
Affiliation:
Université Catholique de Louvain
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Le titre est explicite à dessein; il s’agit d’un article à thèse.

La thèse est contenue dans le titre. Elle recommande l’augmentation fondamentale de la liquidité internationale. Cette recommandation est basée sur deux prémices : sur la conviction que la liberté des échanges est une bonne chose; sur la constatation que les États nationaux — ayant des objectifs et devoirs autres que la réalisation du seul équilibre extérieur — existent. Elle s’appuie en plus sur le jugement de valeur selon lequel la sous-utilisation délibérée des capacités de production et le chômage qui l’accompagne sont inacceptables, au moins autant que des hausses de prix. Sa validité n’exige en aucune manière que l’on soit indulgent à l’égard de l’inflation.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Université catholique de Louvain, Institut de recherches économiques et sociales 1968 

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References

(1) Cette constatation appelle une légère réserve. L’accroissement de la composante « devises » n’est pas due exclusivement au mécanisme « spontané » de l’étalon de change-or; les accords « swap » y interviennent aussi, pour partie, surtout depuis 1965.

(2) C’est inexact littéralement. Il y a eu aussi une légère baisse en 1959, mais elle a un caractère « statistique » plutôt que réel : elle est due au changement de la méthode de comptabilisation des ex-avoirs auprès de l’Union Européenne des Paiements.

(3) La convertibilité extérieure implique la liberté pour les non-résidents de convertir leurs avoirs déposés auprès d’une banque et (par voie de conséquence, dans la plupart des cas) leurs actifs financiers en avoirs ou actifs financiers exprimés en une autre monnaie convertible. En apparence, cette liberté n’a rien à voir avec une liberté du même genre accordée aux résidents, étant entendu que les nationaux ne jouissent pas, dans la plupart des pays, de cette liberté. Mais cette apparence est trompeuse. Il suffit, en effet, qu’un résident parvienne une seule fois à exporter des capitaux, à s’installer sous l’anonymat approprié à l’étranger, pour que les fonds ou avoirs en sa possession deviennent des fonds de non-résident et puissent commencer à participer à la valse internationale des mouvements de capitaux. Il est pratiquement impossible de concevoir un isolement entre résidents et non-résidents. La Suisse n’est pas la seule en cause : on trouvera toujours un « tax-haven » et la possibilité de « dénationaliser» des fonds, que ce soit aux Bahamas, à Curaçao ou ailleurs!

(4) Sans faire de recherches bibliographico-historiques très poussées pour savoir depuis quand le dilemme soulevé dans cette section se trouve exposé dans les manuels élémentaires, on peut cependant citer une référence traditionnelle : International Economics de Sir Roy (à cette époque R.F.) HARROD, publié pour la première fois en 1933 dans la série The Cambridge Economic Handbooks par Nisbet & Cambridge. Dans la dernière édition (celle de 1957), le problème se trouve exposé aux pages 143–152.

(5) L’exception est constituée par le Professeur Triffin qui, dès 1958, insistait sur la précarité de la situation.

(6) L’auteur a développé cette analyse dans un article intitulé « International Trade and Trade Cycles, 1950–1960 », publié dans International Trade Theory in a Developing World, International Economic Association, Macmillan, Londres, 1963 Google Scholar.

(7) Nous reviendrons sur ce point plus loin.

(8) « Reflection ratio », soit la variation relative des importations en présence d’une variation des exportations. Pour le concept et sa mesure, cf. Polak, J. J., An International Economic System, Londres, 1964, p. 42. Pour la démonstration de la proposition qui suit, cf. l’article de l’auteur, op. cit., pp. 246–248Google Scholar.

(9) Gurley, J. G. et Shaw, E. S., Money in a Theory of Finance, The Brookings Institution, Washington, D.C., 1960 Google Scholar; Don, Patinkin, Financial Intermediaries and Monetary Theory, The American Economic Review, mars 1961.Google Scholar

(10) Cette vue idyllique de la concordance d’intérêt n’est point irréaliste. On reconnaîtra le cas de l’Italie en 1964 et celui de l’Allemagne en 1968.

(11) Nous entendons par «ajustement», le retour à l’équilibre; par « processus d’ajustement», le processus spontané — ou stimulé par les pouvoirs publics — ramenant l’économie vers l’équilibre extérieur ou intérieur.

(12) Cela se réalisera d’autant plus difficilement que ces changements dans le rythme de variation de la productivité orienteront le degré d’emploi du travail dans la « mauvaise » direction. On sait d’ailleurs que les revendications salariales sont assez faibles en période de reprise conjoncturelle.

(13) Il suffit d’observer les hausses de productivité spectaculaires réalisées par l’économie allemande à chaque reprise conjoncturelle — notamment entre le début 1967 et 1968 — pour se convaincre de la validité de ce raisonnement.

(14) Pensons au cas de la France en 1968-1969. L’effet d’une augmentation des dépenses intérieures sur la balance des transactions courantes sera-t-il compensé par celui d’une amélioration, lente, de la position compétitive de l’industrie française?

(15) Il s’agit de la définition adoptée dans les International Financial Statistics du Fonds Monétaire International, cf. numéro d’octobre 1968, pp. 14, 16 et 18. C’est aussi sur la base de cette définition qu’a été établi le tableau I.

(16) Même avec cette réserve, la notion du Fonds Monétaire International demeure, dans certains cas, trop restrictive. Elle n’incorpore pas certaines lignes de crédit à utilisation inconditionnelle que se sont accordées certaines banques centrales.

(17) On verra plus loin que, dans le monde contemporain, il devient de plus en plus difficile de saisir statistiquement la différence entre transactions courantes et mouvements de capitaux.

(18) Voici le rappel d’un fait historique à l’intention de ceux qui prétendent que le devoir inconditionnel d’un gouvernement est de combattre le déficit de la balance des paiements par la mise en œuvre immédiate d’une politique monétaire et fiscale restrictive. La balance des paiements des États-Unis a présenté des déficits pratiquement chaque année depuis 1949-1950. Supposons que le gouvernement américain, désireux d’établir un surplus commercial suffisamment élevé pour couvrir les exportations de capitaux et l’aide extérieure, ait appliqué les mesures fiscales et monétaires appropriées dès cette époque. Questions : (a) quel serait aujourd’hui le niveau de réserves extérieures des pays d’Europe occidentale (pour ne pas parler des pays en voie de développement)? (b) quel aurait été le degré d’emploi, tant aux États-Unis qu’en Europe, au cours des vingt dernières années? (c) quel aurait été le taux de croissance de l’économie européenne pendant la même période? (d) quel serait maintenant le régime politique dominant des principaux pays d’Europe occidentale? Ceux qui préfèrent des exemples plus anciens n’ont qu’à consulter l’histoire de la France entre 1929 et 1936. Les réponses s’y trouvent.

(19) Assez curieusement, l’histoire de l’Europe ne semble pas confirmer ce jugement à priori. Au cours des vingt dernières années, il y a eu deux pays en Europe qui ont toujours eu beaucoup de réserves ou des réserves en augmentation : la Suisse et l’Allemagne. Or, miracle!, ce sont ces mêmes pays qui ont eu de manière quasi constante le comportement le plus « sage » : il suffit de comparer l’évolution de leurs prix de détail avec les indices comparables des autres pays. D’autre part, il y a eu, pendant ces mêmes années, un pays qui n’a jamais eu assez de réserves : le Royaume-Uni. Or, de l’avis unanime des autorités orthodoxes, ce fait n’a nullement empêché ce pays de se « méconduire » avec beaucoup de constance. L’absence d’une contrainte extérieure n’a donc pas dévergondé les Allemands ni les Suisses, tandis que l’insuffisance permanente des réserves n’a pas entraîné la stabilisation — même relative — des prix britanniques. Est-ce à dire que les gouvernements sont peut-être moins attentifs aux contraintes imposées par l’état de leurs réserves que ne le croient les praticiens orthodoxes? Ou doit-on conclure qu’il y a des mécanismes économiques (du type « export-led growth») qui sont plus puissants que l’action des gouvernements en matières monétaire et fiscale?

(20) On peut aussi observer que, pour les deux pays à monnaie clé, les réserves sont brutes et ne tiennent donc pas compte des engagements à court terme. Les réserves nettes sont négatives dans les deux cas.

(21) Il n’est guère étonnant qu’il s’agit des quatre pays importants du monde développé qui exercent le plus strict contrôle sur les exportations de capitaux.

(22) Le calcul est vite fait. Les réserves extérieures totales de l’ensemble de ces pays représentaient quelque 56 milliards de dollars, soit (Italie comprise) environ 15 pour cent des masses monétaires globales. Rappelons qu’il s’agit des pays nantis qui possèdent environ les trois quarts des réserves internationales disponibles. Il y a dix ans, le coefficient était de quelque 24 pour cent.

(23) Précisons que cette affirmation s’applique au contrôle durable des mouvements de capitaux. On ne peut guère nier l’efficacité d’un contrôle portant sur quelques mois, éventuellement sur un ou deux ans.

(24) On a vu cependant que le degré de liquidité intérieure ne s’est pas accru dans des proportions très fortes entre 1958 et 1968.

(25) Ou, ce qui revient au même, fixité absolue des taux de change et liberté irrévocable des échanges internationaux.

(26) Reconnaissons cependant qu’une monnaie européenne unique aurait un effet décisif, important : elle éliminerait les mouvements de capitaux perturbateurs, spéculatifs, à l’intérieur de la zone.