Les actions. — Au cours de 1930, la bourse de Bruxelles n'a pas fait meilleure contenance que pendant l'année précédente. Elle a réglé son allure sur celle des marchés étrangers, sans tenir compte du fait qu'elle avait commencé à baisser bien avant les autres. Pendant les premiers mois de 1930, jusqu'en mai, les actions avaient pu se tenir à un niveau à peu près stable; cette fermeté relative correspondait à l'amélioration qui s'était produite ä New-York. Mais bientôt les cours fléchirent de nouveau; le mois d'octobre, en particulier, fut désastreux. Puis, la bourse parvint â une stabilisation, mais à peu près au minimum enregistré.

La crise mondiale qui s'est déclanchée en 1929 a eu pour la classe ouvrière les graves conséquences que l'on devait redouter. Partout l'on vit le chômage augmenter; il prit bien vite d'inquiétantes proportions en Amérique comme en Europe, et même en Extrême-Orient: près de 5 millions de chômeurs en Allemagne, 3 millions en Angleterre, 5 millions aux États-Unis, près d'un million au Japon, pour ne citer que les pays où il sévit le plus durement. Aussi la question ne laisse-t-elle pas de préoccuper sérieusement les gouvernements et les économistes. C'est pour l'instant une très lourde charge financière: en Angleterre par exemple, la caisse d'assurances, alimentée par les cotisations des patrons, des ouvriers et de l'État, s'est trouvée dans l'obligation de faire appel à des avances du Trésor dont le maximum fixé d'abord à 40 millions de livres, a dû être élevé à 60 millions. Cette limite est d'ores et déjà apparue insuffisante et le ministère se prépare à demander au Parlement de porter à 70 millions de livres, soit plus de douze milliards de francs, le plafond des avances du Trésor public à ce fonds insatiable. Les Allemands sont logés à la même enseigne. Dans son dernier discours le ministre des Finances a évalué à 3 milliards de marks le budget du chômage de l'année en cours. En Belgique, le Fonds national de Crise a eu à sa disposition 52 millions de francs pendant l'exercice 1930. On prévoit 100 millions au budget de 1931. C'est pour l'avenir un point très noir, car il est difficile d'entrevoir une solution à brève échéance.

En exposant l'évolution de la législation sociale pendant l'année 1929 (1), nous signalions spécialement l'importance des projets de loi d'ordre social qui seraient soumis prochainement au vote du Parlement. Les Chambres législatives ont eu, à ce point de vue, d'importantes réformes à réaliser pendant l'année 1930, et des parties considérables de notre législation sociale ont fait l'objet d'une révision complète.

C'est le cas, tout d'abord, de la législation sur l'assurance en vue de la vieillesse et du décès prématuré. Cette matière était réglée, jusqu'à présent, par trois lois: une loi générale du 10 décembre 1924, et deux lois visant des catégories spéciales de travailleurs: les mineurs bénéficiant de la loi du 30 décembre 1924, et les employés, de la loi du 10 mars 1925. Cette dernière loi, qui avait soulevé de vives critiques dès sa promulgation, n'a d'ailleurs jamais été appliquée, et seul le régime provisoire qu'elle prévoyait a été successivement prorogé jusqu'à la fin de l'année 1931.

On ne s'étonnera pas que les chiffres de notre commerce extérieur en 1930 accusent un recul général. Le marasme, qui règne dans les affaires, nous a suffisamment préparés à des nouvelles pessimistes. Nous examinerons cependant si la réalité répond à cette impression et s'il y a lieu de s'alarmer.

Prenons donc connaissance des statistiques officielles, et tout d'abord de celles, qui ont trait à la valeur globale de nos importations et de nos exportations en 1930.

Au cours de l'année qui vient de finir, le malaise qui se faisait déjà sentir dans différentes branches de l'agriculture pendant l'année 1929 s'est encore accentué, au point qu'un nombre considérable de cultivateurs ont travaillé à perte. Ce fut le cas principalement de ceux pour lesquels les cultures industrielles, la production chevaline et les cultures de céréales forment la partie la plus importante de l'exploitation agricole.

La dépression qui sévit dans l'industrie textile depuis le début de 1928, s'est accentuée très nettement dans le courant de l'année 1930. La diminution des exportations, l'augmentation du chômage, l'accroissement des stocks et la baisse continuelle des prix qui désorganise les marchés, sont autant de manifestations évidentes de cette grave épreuve.

On peut déplorer l'extrême indigence des renseignements statistiques relatifs à notre industrie métallurgique, qui sont communiqués au public. Le contraste est frappant entre les données détaillées publiées par exemple par l'hebdomadaire Iron Age sur la production sidérurgique américaine et les quelques chiffres que la direction générale des Mines peut fournir mensuellement.

Si nos statistiques de production sidérurgique sont peu satisfaisantes, que dire de celles qui se rapportent — ou mieux, devraient se rapporter— à l'industrie des métaux non ferreux? Jusqu'en 1929 la production mensuelle de nos usines à zinc était la seule donnée dont nous disposions; depuis janvier 1930 cet unique renseignement a lui-même disparu. Quant à notre production de cuivre, plomb, nickel, cobalt, radium et métaux précieux, elle n'a jamais faic l'objet de publications officielles et on ne dispose à leur sujet que d'estimations faites par des firmes étrangères ou de renseignements annuels, dont la période ne coïncide même pas toujours avec l'année civile, donnés, par exemple, à l'occasion d'une assemblée générale.

L'année 1930 s'est terminée, pour l'économie belge comme pour l'économie mondiale, au fond d'une crise économique qui égale, par sa sévérité, les principales crises survenues depuis une soixantaine d'années. Elle s'était d'ailleurs ouverte sous les auspices les plus défavorables: c'est en effet au cours des derniers mois de 1929 que les reculs commencés à des dates diverses s'étaient précipités. Actuellement, les niveaux des prix et de l'activité sont extrêmement bas. Notre tâche principale sera de déterminer sur quels indices on peut fonder l'espoir d'un statu quo aux niveaux actuels; s'il n'existe pas encore de signes immédiats et certains de reprise des affaires, on peut cependant examiner aussi dans quelle mesure la situation actuelle peut devenir favorable à une telle reprise.

Par suite d'un arrangement conclu avec le Centrant Bureau voor de Statistiek de La Haye, nous serons à même de donner trimestriellement un aperçu de la conjoncture économique des Pays-Bas, comme nous le faisons, en vertu d'un accord conclu avec le London and Cambridge Economic Service et la Harvard Economic Society, pour la Grande-Bretagne et les États-Unis.

La production charbonnière de la Belgique est passée de 26.931.460 t. en 1929 à 27.405.560 t. en 1930, soit donc une augmentation de l'extraction de 474.100 t. (1,8 %). Si nous comparons les chiffres de production de nos deux bassins pendant les trois dernières années nous constatons que l'extraction du bassin du Sud a baissé de 1 million de tonnes en 1929 et est restée stationnaire en 1930; dans le nouveau bassin du Limbourg l'extraction croît d'un demi-million de tonnes environ par an, elle y passe progressivement de la période de mise en marche à la période d'activité normale. Dans le vieux bassin au contraire la production a été limitée en 1929 par la pénurie de main-d'œuvre, en 1930 par la volonté même de nos patrons charbonniers qui ont essayé quelque peu de relentir l'accumulation toujours croissante des stocks.

La dépression sociale, financière, boursière, industrielle et agricole qui affecte le monde entier n'a pas laissé d'exercer son influence néfaste sur l'industrie des transports et en particulier sur l'activité des voies ferrées. Chemins de fer proprement dits et vicinaux ont subi en 1930 de sérieuses pertes de trafic qui se traduisent par une élévation assez forte de leur coefficient d'exploitation.

Le ralentissement de la production industrielle, la fermeture même d'un certain nombre d'usines, les pertes éprouvées par l'agriculture et enfin le marasme boursier ont contribué à la diminution du trafic. On aurait espéré que les fêtes du Centenaire et les deux grandes expositions d'Anvers et de Liège atténueraient fortement, grâce à une augmentation notable des recettes des voyageurs, la diminution enregistrée en ce qui concerne les marchandises. Bien qu'effectivement cette influence se soit fait sentir, il semble qu'un défaut de propagande à l'étranger ne permit pas de tirer de ces circonstances tout le parti commercial qu'on eut souhaité.

De 1851, date de la grande Exposition de Londres, à 1914, on en compte une vingtaine d'importantes. Mais depuis le début du siècle, les gouvernements s'étaient inquiétés de leur multiplication et des charges qu'elles imposaient à l'industrie. Ils se concertèrent en vue de tempérer une mode que ses excès risquaient de rendre nuisible. Une conférence se réunit à Berlin, groupant presque tous les États européens et le Japon. Le 26 octobre 1912 fut signée une convention, qui réglait les conditions dans lesquelles les États signataires pourraient accorder leur patronage aux expositions organisées sur leur territoire. Les dispositions les plus importantes étaient celles par lesquelles on tentait de limiter le nombre des expositions, en fixant le délai minimum qui devrait séparer deux expositions, de même catégories, dans un même pays. Cette convention, malheureusement, à cause de la guerre, ne fut pas ratifiée par les États.