La concentration capitaliste a revêtu au Congo belge, après la guerre, une importance considérable. En fait, une seule banque, la Société Générale, à la suite de sa fusion avec une banque d'affaires, la Banque d'outre-mer, et grâce à son influence prépondérante sur le marché des capitaux, est parvenue à exercer, par l'intermédiaire d'environ 65 compagnies filiales, un monopole de fait qui s'étend à plusieurs branches de l'activité coloniale : transports par mer, fer, air et voie fluviale, mines de métaux non ferreux et force motrice. Par le régime des concessions, cette influence s'étend, du point de vue agricole et pastoral, sur des provinces entières.

Les pratiques suivies par les grands propriétaires de l'époque carolingienne pour mettre en valeur leurs domaines nous sont connues grâce aux polyptyques ou censiers. Ces sortes d'inventaires qui dénombrent les différents domaines relevant d'un même seigneur, indiquent pour chacun d'eux, avec l'état de ses éléments constitutifs, la liste des profits de toute nature résultant de son exploitation. De ces recueils, au total peu nombreux, qui n'intéressent que les seigneurs ecclésiastiques et dont les plus anciens ne dépassent pas le début du IXe siècle, se dégagent avec une netteté suffisante les principes qui présidaient dès cette époque à l'exploitation des grands domaines ou villae.

C'est, en principe, problème par problème que je voudrais grouper ici les résultats de quelques études récentes. Mais sans doute ne sera-t-il pas inutile de caractériser d'abord, en eux-mêmes, les principaux ouvrages. Aussi bien certains d'entre eux dépassant, de beaucoup, par leur champ d'étude, l'horizon auquel je compte me limiter ici, paraître les y réduire serait manquer à leur rendre pleine justice.

Ce n'est pas par amitié, ni en raison des liens qui m'unissent depuis si longtemps à Henri Berr et à ses œuvres, que je tiens à signaler ici le volume : En marge de l'Histoire Universelle dans lequel il a eu l'excellente idée de réunir une partie des Introductions qu'il compose, comme on sait, et publie en tête de chaque volume de sa belle collection, l'Évolution de l'humanité; c'est parce que, dans ces textes riches d'expérience et chauds de l'enthousiasme agissant pour la Science qu'on lui connaît, — on trouvera matière abondante à réflexion et à méditation, qu'il s'agisse, à propos de la main et de l'outil, des gros problèmes de la technique appliquée aux époques primitives ; ou, plus loin, de l'organisation sociale et de ses phases (plus spécialement, des primitifs et de l'origine de la société) ; ou encore, à propos de la science grecque et de sa genèse, de tout ce que soulèvent de questions ces mots : Histoire de la Science.

Quand nous aurons dit, d'un air dédaigneux : « L'Atlas de la Sarre ? un instrument de propagande ! » — et puis, d'un air admiratif : « Ce qu'ils ont dû dépenser, pour l'établir ! » — le fait sera toujours là. Il y a un Atlas de la Sarre et qui va faire le tour du monde. Un Atlas de la Sarre qui est, sans doute, un instrument de propagande, mais qui n'en est pas moins une œuvre de savoir et d'ingéniosité. Un Atlas de la Sarre qui a coûté beaucoup d'argent : certes ; mais enfin, il y a pas mal de pays autres que l'Allemagne, qui dépensent pour la propagande des sommes plus Ou moins importantes ; seulement, ces sommes passent on ne sait trop où. Pas dans des oeuvres durables, et de science, à coup sûr. L'Allemagne, elle, pour sa propagande, établit des atlas. Hier, l'Atlas d'Alsace-Lorraine.

Le Philip's historical Atlas, mediaeval and modern est, depuis bien des années, un outil familier à tous les historiens, maîtres ou apprentis, des pays de langue anglaise. Ses auteurs, cependant, n'ont point cru que le succès de leur oeuvre les dispensât de chercher à la perfectionner. Ils viennent d'en donner une nouvelle édition, revue et considérablement augmentée. Les innovations sont intelligentes. Elles sont aussi — peut-être à l'excès — marquées au coin d'un grand esprit de prudence. A feuilleter l'ouvrage et, compte tenu, naturellement, des particularités nationales propres au public que vise la maison Philip, on prend une idée assez juste de ce qu'est aujourd'hui, couramment, la géographie historique ad usum scholarum. Faisons donc le point.

Beaucoup plus qu'un ouvrage d'économie, le gros livre de bernhard Laum sur l'économie fermée — Die geschlossene Wirtschaft — est un document.

Qu'on se présente, en effet, un pays s'incVistrialisant de jour en jour, devenant un des principaux foyers de l'économie mondiale. L'artisan, l'épicier, le petit fonctionnaire, l'employé au service de petites entreprises — tous se sentent de plus en plus privés d'influence sociale, étrangers aux idées de l'heure, au système économique triomphant. Tant que la prospérité règne, ils essaient d'y participer, de se mêler à la grande vie. La capitale les séduit, ils aspirent à se débarrasser de leurs vieilles traditions patriarcales. Vienne la crise : ils sont les premiers atteints. Et voilà que leur attitude change. Hier, ils admiraient ; maintenant, ils se déprennent. Ils ricanent.

A côté de l'enquête de longue haleine que mènent les géographes sur l'habitation rurale en Europe, voici, sur un plan assez différent, un curieux livre consacré à un type qui domine dans tout le Sud-Est de l'Asie. L'auteur décrit ses diverses formes, peuplade par peuplade, d'après les voyageurs surtout et les reconstitutions des musées hollandais ou romains. Puis il en dégage les traits communs.

Mr E. Franz a étudié de très près, au moyen d'investigations minutieuses dans les archives allemandes, autrichiennes et françaises, un des épisodes les plus dramatiques de l'histoire du Zollverein, un de ceux aussi qui mettent en pleine lumière l'influence du facteur économique dans l'unification de l'Allemagne.

Publiée sous le n° 9 des « Publications de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales (Genève)», l'étude de Mr Georges de Leener, Professeur à l'Université libre de Bruxelles, vient particulièrement à son heure. Dans un monde hérissé de barrières douanières, la Belgique reste un des rares îlots où le libre-échange, avec les quelques restrictions que légitime l'attitude des autres pays, reste, peut-on dire, la base des relations d'affaires avec l'étranger. Étudier la politique commerciale de la Belgique, c'est montrer comment un peuple travailleur peut s'accommoder d'une conception libérale des échanges internationaux et même en tirer en fin de compte de réels profits.