Toute sa vie, Mallarmé poursuit un idéal illusoire. Créer un œuvre parfait qui sera l'étude de l'homme et de l'univers, voilà son rêve. L'idée de ce travail gigantesque s'est brusquement présentée à lui, comme une sorte de révélation fulgurante. A partir de ce moment, le projet du “Grand Œuvre” domine de plus en plus la vie du poète, au point de se transformer en véritable obsession. Mallarmé lui-même n'ignore pas le progrès funeste de ce rêve qui va gâter sa vie. Dans ses lettres intimes, il parle très franchement à ses amis de son travail. Parfois il veut partager avec eux toute la joie que lui cause la révélation de l'idéal; parfois il analyse avec tristesse l'impuissance totale où aboutissent ses efforts.