J'ai toujours admiré le Kim de Kipling. C'est la meilleure introduction possible à la foule nord-indienne, avec sa bigarrure de costumes, sa multitude de langues, la diversité de ses coutumes. Pas d'apparence d'unité dans cette cohue, sauf le système de communications et l'administration britannique. Les frontières de l'Inde2 s'arrêtent là où s'arrête l'armée du British Raj. Pour beaucoup d'observateurs extérieurs, la situation n'a guère changé : la partition, trois guerres indo-pakistanaises, une guerre sino-indienne, d'autres événements tragiques encore montrent bien que l'unité et les frontières des États indiens dépendent de l'efficacité de leur administration centrale et de leurs forces armées. L'appartenance à une caste, à un groupe linguistique, à une communauté religieuse paraissent toujours passer avant le sentiment de faire partie d'une même nation.