L'histoire des hommes dans la vallée du Nil ne se conçoit pas hors de déterminations géographiques bien connues. L'idée vient assez naturellement à l'esprit que les évolutions de tous ordres qui ont marqué le pays depuis la conquête arabe en 640, ont été nécessairement vécues à travers le même cadre naturel contraignant, semblablement appréhendé au cours des temps. Dans un espace que les lenteurs des déplacements font encore sentir comme immensément distendu, le Nil et ses canaux mettent cependant à portée de barque les parcelles du terroir cultivé les plus éloignées. L'administration de la crue, par le système des bassins, et l'exploitation fiscale du sol mis en valeur, par le cadastre, ont imposé des habitudes unitaires entre la première cataracte et la mer, qu'aucune situation politique ne peut remettre en cause.