Unité ou diversité des sciences sociales? On est tenté de répondre immédiatement: oui, elles sont plurielles, et, dès lors, soyons pluralistes, en mettant à la fois le réel et la morale de notre côté. Sur la base de cette réponse, les éléments apportés au débat par Bogumil Jewsiewicki conduisent à toute une série d’interrogations, dont certaines ne paraissent pas trouver de réponse satisfaisante: celle de l’universel et du relatif, celle du dedans et du dehors, celle de l’articulation des savoirs. Dans cette conversation à propos du «pluralisme épistémologique», des difficultés surgissent ainsi très vite parce que, si l’affirmation initiale de la diversité permet bien d’avancer dans la réflexion, elle contient aussi en germe ce qui la freine ensuite. Si bien que, revenant en arrière, l’interrogation de base doit être elle-même questionnée. L’unité exclut-elle la diversité? De quelle unité parlons-nous? Et la diversité n’est-elle pas elle-même susceptible d’être comprise de plusieurs façons différentes? J’essaierai de montrer que les choses peuvent s’éclairer lorsqu’on tente d’en revenir aux données les plus essentielles, en deçà des pressions idéologiques, mais sans quitter l’horizon éthique, lequel est, de toute évidence, celui du débat.