Durant ces dix dernières années — (le rapport de MM. Cipolla, Dhondt, Postan et Wolff au Congrès International de Paris, 1950 nous sert de point de départ) — nul doute que notre connaissance de la démographie de l'Europe médiévale n'ait progressé et que ce progrès n'ait posé et reposé des problèmes, ceux-ci déjà connus, ceux-là d'une nouveauté évidente. Notre intention est de le montrer ou de le suggérer à propos de la seule démographie française et du seul XIVe siècle, ce double choix dans le temps et l'espace pouvant se justifier, mais s'expliquant avant tout par nos recherches personnelles, axées sur la vaste et complexe histoire des épidémies. Celle-ci nous a conduits naturellement vers le XIVe siècle et la Grande Peste — époque et événement « privilégiés », si l'on veut saisir dans son ensemble une situation démographique, bien avant les époques où le calcul statistique peut se mettre sûrement en place.