Des recherches intéressantes et nombreuses, à l'étranger comme au Japon, ont utilisé le concept de souillure pour analyser les particularités de la société japonaise. Pourtant, certaines disciplines traditionnelles comme les études d'ethno-folklore, la science des religions ou l'histoire du shinto, font peu de distinction entre les concepts, proches mais pourtant différents de souillure (kegare), faute (tsumi) ou calamité (wazawai), et elles ne portent guère d'attention à l'évolution historique même de ces concepts pas plus qu'à l'histoire des règles qui permettaient leur évitement. De fait, il s'agit trop souvent d'interprétations abstraites et souvent schématiques. Ces dernières années cependant, des discussions ont eu lieu relatives au rapport entre la souillure et le statut social mais la plupart des participants à ces débats empruntaient les résultats d'études folkloristes ou de travaux anthropologiques sans procéder à de nouvelles recherches. Récemment, des études ont été effectuées sur la souillure et les conduites d'évitement en tant que processus historique. Je voudrais ici expliciter les relations organiques qui existent entre le système de valeurs, les structures sociales et les conceptions du rejet de la souillure à chacune des étapes du développement historique et plus particulièrement entre le 8e et le 10e siècle, c'est-à-dire l'époque de Nara (710-784) et la première moitié de l'époque de Heian (794-1185).