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Structures familiales et coutumes d'héritage en France au XVIe siècle : Système de la coutume

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Emmanuel le roy Ladurie*
Affiliation:
Paris-Sorbonne

Extract

Au point de départ d'une anthropologie historique de la France, — discipline qui serait, dans l'esprit même de ce numéro spécial, l'une des franges pionnières d'une histoire neuve — il n'est pas possible, hélas (au moins pour la période 1450-1700), de mettre ces « structures élémentaires de la parenté » qui sont venues voici vingt ans donner son assise universelle à l'ethnographie du monde sauvage : en dépit d'une évidente endogamie villageoise, les règles du mariage et de la parenté, même paysannes, dans la France classique, sont trop ouvertes et trop « anomiques » (les ordinateurs eux-mêmes y perdent leur fortran!) pour qu'on puisse chercher parmi elles les critères d'une différenciation régionale, comparables à ceux qu'a proposés Claude Lévi-Strauss dans le domaine des sociétés indigènes.

Type
Systèmes Familiaux
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1972

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References

1. L'auteur de cet article s'est efforcé de proposer diverses voies pour la constitution d'une anthropologie historique du peuple français, grâce notamment aux archives militaires, dans des articles parus dans Studi Storici (1969), Daedalus (printemps 1971); et dans une Introduction à A. D'Angeville, Essai sur la statistique de la population française (réédition, Mouton, 1969). Voir aussi un article, qui doit paraître en 1972 dans Annales de démographie historique.

2. Jean Yver, Essai de géographie coutumière, Paris, Sirey, 1966. Et, du même auteur, « Les caractères originaux du groupe de coutumes de l'Ouest de la France », Revue historique de droit français et étranger, 1952, n° 1, pp. 18-79; ainsi que « Les deux groupes de coutumes du Nord », Revue du Nord, numéros d'octobre 1953 et de janvier 1954; Henri Klimrath, « Études sur les coutumes », dans ses Travaux sur l'histoire du droit français, éd. posthume, Paris-Strasbourg, 1843 (2 vol.; carte de la France coutumière dans le tome II).

3. Ch. Bourdot de Richebourg, Nouveau Coutumier général…, Paris, 1724.

4. Les passages en italique dans ce paragraphe sont de Jean Yver (Revue du Nord, janvier 1954, p. 11). Les mots en romain ont été insérés et ajoutés par moi. A propos des diverses solutions évoquées dans le paragraphe, je rappellerai l'excellente comparaison à moi proposée par Pierre Bourdieu : le but des coutumes successorales est presque toujours (mais pas toujours, voir le cas aberrant de la Bretagne) d'éviter un morcellement successoral abusif; …tout comme aux échecs, le but commun aux divers joueurs, c'est de mettre échec et mat le roi de l'adversaire. Mais de même que certains joueurs commenceront de préférence leur partie par le « coup du berger », et d'autres par telle ou telle autre tactique, de même les coutumes des diverses provinces choisissent respectivement des solutions et des moyens très différents, pour atteindre un objectif généralement identique, qui est d'empêcher un effritement exagéré du lopin familial.

5. Voir de même pour l'Angleterre, Homans, C., English Villagers of the 13th century, Harvard, University Press, 1941 Google Scholar, réédité par Harper (Torchbooks), 1970.

6. « A Paris cette pratique d'exclusion des enfants établis devait se concilier avec un principe d'égalité entre les enfants venant à succession; d'où allait sortir un régime bien connu d'option et de rapport » (J. Yver, 1953-1954, p. 211).

7. P. Goubert, Bearnais et le Beauvaisis au XVIIe siècle, Paris, 1960.

8. C'est le système dit de la « simple égalité ».

9. J. Yver, Essai de géographie…, chap. I et IV.

10. Yver, J., Essai de géographie…, p. 277 Google Scholar.

11. Ibid.

12. Jean Yver, 1953-1954, p. 30 (50).

13. Jean Yver, 1953-1954, p. 34.

14. Jean Yver, 1953, p. 38. (Je laisse de côté le problème des serviteurs co-résidents, qui par définition n'ont pas part à la succession.)

15. R. Fossier, La terre et les hommes en Picardie, Louvain, 1968.

16. J. Hilaire, Le régime des biens entre époux dans la région de Montpellier, Montpellier, Causse, 1957.

17. Yver, Jean, Essai de géographie…, pp. 273 Google Scholar et pass.

18. Rédaction de 1510, dans Yver, , ibid., pp. 2122 Google Scholar.

19. Ibid., pp. 43, 66.

20. Rosamund Faith, « Peasant families and inheritance customs in Medieval England », Agricultural History Review, 1966.

21. Yver, Jean, Essai de géographie…, p. 253 Google Scholar et 1953-1954, pp. 9 et 30.

22. Yver, Jean, Essai de géographie.., p. 21 Google Scholar.

23. Jean Yver, 1953-1954.

24. Jean Yver, 1952 et Essai de géographie,.., chap. II.

25. Ibid.

26. Jean Yver, 1952, p. 32.

27. Yver, Jean, Essai de géographie…, p. 113 Google Scholar.

28. Ibid,. p. 122.

29. Yver, Jean, Essai de géographie…, p. 123 Google Scholar, note.

30. Ibid., p. 127.

31. Ibid., pp. 145-146.

32. Ibid., pp. 111-112.

33. Ibid., p. 111.

34. Ibid., pp. 21 et 266.

35. Besnier, dans Jean Yver, 1952, p. 34.

36. Ibid., p. 38; et aussi, pour d'intéressants problèmes de frontières des coutumes, ibid., p. 61, note 2.

37. « Les biens paternels aux personnes du lignage paternel, les biens maternels aux personnes du lignage maternel ».

38. Ibid., p. 46, note 3 (texte de Basnage, 1778).

39. D'après Jean Yver, 1952, p. 5, note 2.

40. Yver, Jean, Essai…, pp. 109 Google Scholar et 120.

41. Jean Yver, 1954, p. 4.

42. Les systèmes préciputaires, selon la terminologie des historiens du droit et spécialement de Jean Yver, sont ceux qui permettent à un père d'avantager durablement, par donation ou par testament, tel ou tel de ses enfants ou héritier ( Yver, Jean, Essai…, pp. 155 Google Scholar et 158).

43. Voir la plus ancienne coutume de Montpellier (XIIIe siècle) qui contient à la fois la vieille disposition coutumière d'exclusion des enfants dotés; et déjà la liberté toute romaine reconnue au père d'avantager à son gré tel ou tel enfant ( Yver, Jean, Ibid., pp. 156 Google Scholar et 25).

44. J. Hilaire, op. cit.; L. de Charrin, Les testaments dans la région de Montpellier, Montpellier, 1961, notamment in fine.

45. Parmi les coutumes majeures du Midi influencées par le droit romain (Montpellier, Bordeaux, Bayonne, Agen) qu'utilise Jean Yver à ce propos, il suffit de citer ici l'ancienne coutume d'Agen : « bien peut le père avantager celui de ses enfants qu'il voudra et à sa volonté » (cité par Yver, J., Essai…, p. 157 Google Scholar, note 305). Pour la pratique rurale, cf. J. Hilaire, op. cit.

46. L. de Charrin, op. cit.

47. R. Forster, The nobility of Toulouse in the 18th century, Baltimore, 1960.

48. Yver, Jean, Essai…, p. 156 Google Scholar.

49. Textes des parlements de Toulouse et de Bordeaux, respectivement datés de 1584 et de 1587 ( Yver, Jean, Essai…, p. 158 Google Scholar).

50. Cf. par exemple, en Auvergne : Yver, Jean, Essai…, p. 160 Google Scholar. Sur la donation entre vifs, conçue comme étant de droit écrit, par opposition aux coutumes du Nord, cf. Molière, le Malade imagirtaire, I, 7 et passim.

51. Yver, Jean, Essai…, p. 166 Google Scholar.

52. Textes et analyses décisives dans Thuillier, G., Aspects de l'économie nivernaise au XIXe siècle, Paris, 1966, pp. 3245 Google Scholar.

53. Cette zone inclut l'Amiénois, l'Artois, le Cambrésis, le Hainaut, la Flandre française et le pays wallon.

54. Yver, Jean, Essai…, pp. 201221 Google Scholar et 1953-1954, pp. 17-213.

55. Jean Yver, 1953-1954, pp. 13 et 209.

56. Ibid., pp. 16-36 et note 3.

57. Ibid., pp. 21, 217.

58. Ibid., pp. 8, 28.

59. Yver, 1953-1954.