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Circulation des lettrés et cercles littéraires. Entre Asie centrale, Iran et Inde du Nord (XVe-XVIIIe siècle)

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Maria Szuppe*
Affiliation:
CNRS

Résumé

Àla disparition de l’État timouride (1507) qui, au XVe siècle, avait englobé un vaste territoire (de l’Asie centrale jusqu’en Iran central) et favorisé l’épanouissement d’une civilisation turco-iranienne particulièrement rayonnante, trois régimes se réclament de son héritage politique et culturel : les Safavides en Iran, les dynasties ouzbèkes en Asie centrale et les Grands Moghols en Inde. Les recueils de biographies (tazkera) de lettrés contemporains permettent de définir les conditions socioculturelles de la préservation, durant les XVe- XVIIIe siècles, de contacts littéraires l’intérieur de cet espace post-timouride politiquement divisé. Accédant à des milieux sociaux plus vastes que ceux de la cour, connus par ailleurs, les tazkera témoignent de l’ampleur et de la diversité du milieu lettré. L’analyse des textes (mais aussi l’étude des notices, signatures, marques et commentaires dans les marges des manuscrits) permet d’appréhender les caractéristiques de cette culture lettrée ainsi que les facteurs de sa vivacité et de son universalité. C’est à travers les pratiques d’une érudition où l’écrit et l’oral étaient valorisés à part égale que l’activité littéraire non seulement se maintint dans toutes les couches sociales, mais aussi nécessita une circulation rapide et régulière des oeuvres. L’échange de productions orales, de manuscrits ou simplement de nouvelles pour satisfaire l’intérêt intense de ce milieu pour les nouveautés littéraires fut grandement facilité par l’usage universel du persan comme vecteur principal de cette érudition, alors que la mobilité spatiale des lettrés, voyageant couramment sur des longues distances, permit la diffusion littéraire entre Ispahan, Boukhara et Delhi. Malgré d’indéniables différences entre les États de l’Asie centrale, de l’Iran et de l’Inde du Nord, la circulation des lettrés et de leurs oeuvres sur ces itinéraires croisés traduit l’existence d’un espace culturel perçu comme commun et partageant des références identiques.

Abstract

Abstract

During the 15th century, the influence of the Timurid Turco-Iranian civilisation extended over a large territory going from Central Asia to Central Iran. After the fall of the Timurids in 1507, three new states claimed this political and cultural heritage: the Safavids in Iran, the Uzbek dynasties in Central Asia, and the Great Moghuls in India. A scrutiny of the contemporary biographical anthologies (tazkera) of poets and writers enables us to understand the general social and cultural conditions that helped preserve literary contacts inside the politically divided post-Timurid space during the 16th-18th centuries. The tazkera texts broaden our view beyond court life, which has usually been studied, and they show how socially diversified the literary milieu actually was. Further analysis of the texts combined with information from the study of notes, signatures, bookmarks and commentaries found in the margins of manuscripts, sheds light on the main features of this literary culture and on the factors that contributed to its liveliness and universality. The literary practices related to both written and oral erudition helped to maintain literary activity in all social levels, and depended on a rapid and regular circulation of literary works. This milieu's strong interest in literary novelty was satisfied by continuous exchanges of oral verses, manuscripts or even news. These contacts were greatly facilitated by the widespread use of Persian. Furthermore, travelling short and long distances was a common practice among the literati, and it was instrumental in circulating literary works between Isfahan, Bukhara and Delhi. Thus, in spite of differences between political entities in Central Asia, Iran and north India, the travels of writers and the circulation of their works bear witness to the existence of a cultural space perceived as a common one with the same references.

Type
Une triangulation culturelle
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2004

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References

1 - Quelques travaux récents : Lentz, Thomas W. et Lowry, Glenn D. , Timur and theprincely vision. Persian art and culture in the fifteenth century, Los Angeles-Washington,Smithsonian Institution Press, 1989;Google Scholar Subtelny, Maria E., Le monde est un jardin. Aspectsde l’histoire culturelle de l’Iran médiéval, Paris, AAEI/Peeters diff., « Cahiers de Studia iranica-28», 2002 ;Google Scholar également, les articles rassemblés dans Canfield, Robert (dir.),Turko-Persia in historical perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 1992;Google Scholar Golombek, Lisa et Subtelny, Maria E. (dir.), Timurid art and culture. Iran and Central Asiain the fifteenth century, Leyde, E. J. Brill, « Supplement toMuqarnas-VI», 1992;Google Scholar Bernardini, Michele (dir.), La civiltà timuride come fenomeno internazionale, Rome, Istituto perl’Oriente C. A. Nallino, «Oriente moderno N.S. XV (LXXVI/2)», 1996,Google Scholar 2 vols ; « L’héri-tage timouride : Iran-Asie centrale-Inde, XVe-XVIIIe siècles», Cahiers d’Asie centrale, 3-4,1997.

2 - Ce différend fut maintes fois exprimé par les chroniques historiques safavideset ouzbèkes. L’aspect idéologique de cette confrontation a été étudié par MARTINB. DICKSON, Shàh Tahmàsb and the Uzbegs. The duel for Khuràsàn with ʿUbayd Khàn, 930-946/1524-1540, Ph. D., University of Princeton, 1958, et ses conditions socio-économiques par nous-même (MARIA SZUPPE,Entre Timourides, Uzbeks et Safavides. Ques-tions d’histoire politique et sociale de Herat dans la première moitié du XVIe siècle, Paris, AAEI,Peeters diff., « Cahiers

3 - Les travaux les plus récents tendent cependant à remettre en cause cette vision deschoses : ROBERTD.MCCHESNEY, « “Barrier of heterodoxy”: rethinking the ties between Iran and Central Asia in the 17th century», in Melville, C. (dir.), Safavid Persia. The history and politics of an Islamic society, Londres, I. B. Tauris, 1996, pp. 231267.Google Scholar

4 - Voir les articles rassemblés dans Cahiers d’Asie centrale, 7, 1999, « Patrimoine manuscritet vie intellectuelle de l’Asie centrale islamique», et Cahiers d’Asie centrale, 8, 2000,«La mémoire et ses supports en Asie centrale», pp. 23-100.

5 - Voir De Bruijn, J. T. P., «Tadhkira 2. Dans la littérature persane», Encyclopédie del’Islam, Leyde, E. J. Brill, 1975, vol. X, s. v(éd. fr. 1998).Google Scholar

6 - Ces critères ne sont pas mutuellement exclusifs et peuvent se combiner.

7 - Ces voyages répondent donc à une autre quête que celle de la traditionnellerecherche du savoir (ʿilm)par les lettrés musulmans ; cf. Touati, Houari, Islam et voyageau Moyen Âge. Histoire et anthropologie d’une pratique lettrée, Paris, Le Seuil, 2000.Google Scholar

8 - Solṭān-Moḥammad|MoǦdrebi Samarqandi,Taẕkerat al-šoʿarāʾ,éd. par Aṣġh ar Jānfadāet ʿAli Rafiʾi ʿAlāʾMarvdašti,Téhéran, Āyina-ye Mirās, 1377š./1998 [Tazkera]; MOṬREBISAMARQANDI, Nosḫa-ye zibā-ye Jahāngir,éd. par Esmā’il Bīkjānūf et Seyyed ʿAli Mawjāni,Qom, Ketābhe āna-ye Marʿaši Najafi, 1377š./1998 [Nosḫa].Ces textes ont été composésrespectivement en 1013h/1604 et 1035h/1625.

9 - Voir Ḫ WĀNDAMIR, Nāma-ye nāmi,Bibliothèque nationale de France [BNF], Dpt desmanuscrits orientaux, Supplément persan 1842, f. 59r. Lemême auteur place les métiersdu livre tels que peintre (ibid., f. 63v.), relieur et libraire (ibid., f. 67r.) parmi les couchesmoyennes de la société (awsāṭal-nās).

10 - Voir GUGLIELMO CAVALLO, «Les bibliothèques monastiques et la transmission destextes en Occident», inL. GIARD et C. JACOB (dir.), Des Alexandries I, Du livre au texte,Paris, BNF, 2001, pp. 263-274 ; PIERRE RICHÉ, «Les bibliothèques et la formation dela culture médiévale», in M. Baratin, et Jacob, C. (dir.), Le pouvoir des bibliothèques. Lamémoire des livres en Occident, Paris, Albin Michel, 1996, pp. 273284.Google Scholar

11 - Un verset coranique [58,1] est souvent cité pour encourager la pratique de la calli-graphie ; celle-ci faisait partie des arts enseignés aux enfants des deux sexes (nombreuxexemples pour l’Iran, l’Asie centrale et l’Inde aux XVe-XVIIIe siècles).

12 - Pour quelques indications sur la diffusion des livres de qualité moyenne et basseen Asie centrale, voir Szuppe, Maria, «Lettrés, patrons, libraires. L’apport des recueilsbiographiques sur le rôle du livre en Asie centrale aux XVIe et XVIIe siècles», Cahiers d’Asiecentrale, 7, 1999, pp. 99115,Google Scholar notamment pp. 109-110 ; LARISA et LOLA DODKHUDOEVA,«Manuscrits orientaux du Tadjikistan : la collection Semenov», Cahiers d’Asie centrale,7, 1999, pp. 39-55, ici p. 51 ; pour l’Iran et l’Inde, voir YVES PORTER, Peinture et arts dulivre. Essai sur la littérature technique indo-persane, Paris-Téhéran, IFRI, « Bibliothèqueiranienne-35», 1992, pp. 169-170. Le fonctionnement des bazars aux livres est le mieuxconnu sur l’exemple d’Istanbul, voir FRÉDÉRIC HITZEL, «Manuscrits, livres et culturelivresque à Istanbul», Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée [RMMM], 87-88,1999, «Livres et lecture dans le monde ottoman», pp. 19-38, ici pp. 20-23.

13 - MOṬREBI, Nosḫa…, op. cit., p. 158.

14 - FRANCIS RICHARD, «Nasg r al-Solṭāni, Nasg ir al-Din Mozahheb et la bibliothèqued’Ebrāhim-Solṭān à Širāz», Studia iranica, 30-1, 2001, pp. 87-104.

15 - Ibid., p. 97. L’original, publié par KARĀMAT RAʾNĀ ḤOSAYNI, «Manšur-e kalāntari-ye Ḥwāja Nasg ir Mozahheb», Farhang-e Irān-zamin,27, 1366š./1987, pp. 69-72, est àcomparer avec la lettre de nomination de Kamāl al-Din Behzād de Herat, considérécomme le plus grand peintre timouride, à la direction de la bibliothèque-atelier desShahs safavides à Tabriz (928/1522). Le texte du document est donné par He WĀNDAMIR,Nāma-ye nāmi, op. cit., ff. 152v.-154r.

16 - Un exemple, parmi bien d’autres directement liés à l’Asie centrale, est la magnifiquecopie de l’Eskandar-nāma (Roman d’Alexandre) en vers, de Badr al-Din Kašmiri, dédiéeau Shaybanide ʿAbdallāhHe ān II (1583-1598) (BNF, Dpt des manuscrits orientaux, Sup-plément persan 501).

17 - Voir HOUARI TOUATI, «La dédicace des livres dans l’Islam médiéval», Annales HSS,55-2, 2000, pp. 325-353 ; ROGER CHARTIER, «Le prince, la bibliothèque et la dédicace»,inM. BARATIN et C. JACOB (dir.), Le pouvoir des bibliothèques…, op. cit., pp. 204-223, icip. 219 ; ID., Culture écrite et société. L’ordre des livres (XIVe-XVIIIe siècle), Paris, Albin Michel,1996, chap. 3, « Patronage et dédicace», pp. 81-106.

18 - D’après les sources ottomanes, ce volume de luxe était accompagné de soixanteautres livres : voir LALE ULUÇ, «Ottoman book collectors and illustrated sixteenth cen-tury Shiraz manuscripts», Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 87-88, 1999,pp. 85-107, ici p. 91 et passimpour d’autres exemples d’échange de livres commecadeaux, en particulier entre un prince timouride et le sultan, en 1514 (ibid., p. 94).

19 - «MUTRIBI» AL-ASAMM OF SAMARQAND, Conversations with Emperor Jahāngir,trad.par Richard C. Foltz, Costa Mesa, Mazda Publishers, 1998, pp. 26-27 (désormaisMUTRIBI) : il s’agit de la traduction de la dernière partie du Nosḫade Moṭrebi.

20 - OLEG F. AKIMUŠKIN, « Biblioteka Šibanidov v Buxare XVI veka», in Baldauf, I. etFriederich, M. (dir.), Bamberger Zentralasienstudien, Berlin, K. Schwarz Verlag, 1994,pp. 325341.Google Scholar

21 - MOṬREBI, Nosḫa…, op. cit., pp. 231-232 ; voir aussi M. SZUPPE, «Lettrés, patrons,libraires…», art. cit., p. 108.

22 - Porter, Y., Peinture et arts du livre…, op. cit., pp. 167168.Google Scholar

23 - Pour les bibliothèques de Boukhara, centre majeur du savoir dans le monde musul-man aux Xe-XIVe siècles, voir MARIA E. SUBTELNY, «The making of Bukhārā-yi Sharīf:scholars and libraries in medieval Bukhara (the library of Khwāja Muḥammad Pārsā)»,in Deweese, D. (dir.), Studies on Central Asian history in honor of Yuri Bregel, Bloomington,Indiana University Press, 2001, pp. 79-111, ici pp. 9293.Google Scholar Pour la comparaison avecle monde turc ottoman, voir F. HITZEL, «Manuscrits, livres et culture…», art. cit.,pp. 24-32, et avec les pratiques en vigueur en Occident, on peut se reporter à ANTHONYGRAFTON, «Comment créer une bibliothèque humaniste : le cas de Ferrare», et JACQUESREVEL, «Entre deux mondes : la bibliothèque de Gabriel Naudé», inM. BARATINet C. JACOB (dir.), Le pouvoir des bibliothèques…, op. cit., respectivement pp. 189-203 etpp. 243-250.

24 - M. SZUPPE, «Lettrés, patrons, libraires…», art. cit., p. 103.

25 - Voir M. E. SUBTELNY, «The making of Bukharā-yi Sharīf…», art. cit., pp. 108-110 ;ASHIRBEK MUMINOV et SHAVASIL ZIYADOV, «L’horizon intellectuel d’un érudit du XVe siècle : nouvelles découvertes sur la bibliothèque de Muḥammad Pārsā», Cahiersd’Asie centrale, 7, 1999, pp. 77-98, ici p. 79, pour la plus ancienne annotation en marged’un manuscrit de cette bibliothèque, faite par l’arrière-grand-père de He wāja Pārsā,Ḥāfezg al-Din Moḥammad b. Moḥammad b. Nasg r (m. 1291) ; LOLA DODKHUDOEVA,«La bibliothèque de Khwâja Mohammad Pârsâ à Boukhara», Cahiers d’Asie centrale,5-6, « Boukhara-la-Noble», 1998, pp. 125-127 ; A. B. XALIDOV, «Rukopisi iz bibliotekiMuḥammada Pārsā», Peterburgskoe Vostokovdenie, VI, 1994, pp. 506-519.

26 - MAḤMUDB. VALI, Baḥr al-asrār fī manāqib al-aheyār, Tachkent, Institut Vostokovede-nija Respubliki Uzbekistan [IVRU], ms no 2372, ff. 3v.-4r.

27 - MOṬREBI, Nosḫa…, op. cit., pp. 183-185 ; le nom de son mécène était Malek-Moḥammad Bey Durmān.

28 - Le catalogue de Ṣadr-e Ẓiyāʾ contient 278 notices, et il n’est pas complet ; voir SHADMAN VAHIDOV et AFTANDIL ERKINOV, «Le fihrist(catalogue) de la bibliothèque de Ṣadr-i Ẓiyā : une image de la vie intellectuelle dans le Mavarannahr, fin XIXe-début XXe siècle», Cahiers d’Asie centrale, 7, 1999, pp. 141-173. Pour le prix des manuscrits,ibid., pp. 148-149.

29 - Voir MARIA E. SUBTELNY, «The symbiosis of Turk and Tajik», in Manz, B. F. (dir.),Central Asia in historical perspective, Boulder-San Francisco-Oxford,Westview Press, 1994,pp. 45-61, ici pp. 4850;Google Scholar Fragner, Bert G., Die Persophonie: Regionalität, Identität undSprachkontakt in der Geschichte Asiens, Berlin-Halle, Das Arabische Buch, « ANOR-5»,1999, pp. 2239 et 78-93;Google Scholar Bombaci, Alessio, La letteratura turca, Florence, Sansoni Acca-demia, 1969, pp. 133183.Google Scholar Sur l’usage du persan dans l’Empire ottoman, voir FRANCISRICHARD, «Lecteurs ottomans des manuscrits persans», Revue des mondes musulmans etde la Méditerranée, 87-88, 1999, pp. 79-84.

30 - SĀM MIRZĀ, Tazkera-ye Toḥfa-ye Sāmi,éd. par Rokn al-Din Homāyun Nafarrohe ,Téhéran, ʿElmi, s. d., pp. 334-360 [Toḥfa]. Son auteur, frère de Šāh Ṭahmāsp Ier, a passésa jeunesse à Herat en tant que gouverneur du Khorassan entre 1521-1529 et 1534-1535.

31 - À Boukhara,Moḥammad-Raḥim Ḫān Ḫwārezmi (MOṬREBI,Tazkera, op. cit., p. 173) ;à Kashghar, Dust-Vafā Bey Durmān (MOṬREBI, Nosḫa…, op. cit., pp. 234-236) ; à Samar-kand, Mogh ul He ātun, épouse d’un khan ouzbek (SOLṬĀN-MOḤAMMAD B. AMIRI FAḪRIHERAVI, Tadhkira Rowdhatal-Salatin and Jawaharal-Ajaib (with Divan Fakhri Harvi), éd.par S. H. Rashdi, Hyderabad, Sindhi Adabi Board, 1968, [Javāher],pp. 127-128.

32 - Incident survenu lors d’un débat sur un point des règles d’héritage, voir FAẒLALLĀHB. RUZBEHĀN ḪONJI,Mehmān-nāma-ye Boheārā,éd. par M. Sotuda, Téhéran, 1341š./1962,pp. 27-28.

33 - SĀM MIRZĀ, Toḥfa, op. cit., no 258, p. 140.

34 - MOṬREBI,Nosḫa, op. cit., p. 232. Il s’agissait d’un grand classique, leDivān de ḪāqāniŠirvāni (m. 594/1198).

36 - Pour le cas d’un paysan, voir ʿALĀʾAL-DAWLA B. YAḤYĀ KĀMI QAZVINI, Nafāyes al-mo’āsger, ms IVRU no 1858/I, f. 85r. Cette question a particulièrement attiré l’intérêtdes chercheurs soviétiques : cf. Ahmedov, Bori A., Istoriko-geografičeskaja literatura Sred-nej Azii XVI-XVIII vv. (pisʾmennye pamjatniki), Tachkent, Fan, 1985, pp. 168169 Google Scholar et passim.Par ailleurs, des éléments pour une analyse sociologique peuvent être trouvés dans ROBERT D. MCCHESNEY, «The anthology of poets: Muzakkir al-Ashabas a source forthe history of seventeenth-century Central Asia», in Mazzaoui, M. M. et Moreen, V. B.(dir.), Intellectual studies on Islam. Essays written in honor of Martin B. Dickson, Salt Lake City, The University of Utah Press, 1990, pp. 5784.Google Scholar

37 - Voir MARIA E. SUBTELNY, « Scenes from the literary life of Tīmūrid Herāt», in Savory, R. M. et Agius, D. A. (dir.), Logos Islamikos: studia islamica in honorem GeorgiiMichaelis Wickens, Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, « Papers inMediae-val Studies-6», 1984, pp. 137155;Google Scholar voir M. SZUPPE, «Lettrés, patrons, librairies…»,art. cit., pp. 102-107.

38 - IRAJ AFSHAR, « ʿArż dans la tradition bibliothéconomique irano-indienne», in Déroche, F. et Richard, F. (dir.), Scribes et manuscrits du Moyen-Orient, Paris, BNF, 1997,pp. 334343.Google Scholar Dans les manuscrits de l’Asie centrale, aussi bien que ceux d’Iran et d’Inde,le ʿarż est habituellement inscrit en persan.

39 - FRANÇOIS DÉROCHE et alii, Manuel de codicologie des manuscrits en écriture arabe,Paris, BNF, 2000, pp. 352-353, avec renvois aux références de base ; voir également,H. TOUATI, Islam et voyage…, op. cit., pp. 116-121 ; GREGOR SCHŒLER,Écrire et transmettredans les débuts de l’islam, Paris, PUF, « Islamiques», 2002, pp. 40-41.

40 - Les sources de l’époque ne mentionnent pas, à notre connaissance, un préposéofficiel à la lecture auprès du souverain, comme c’était le cas à la cour des rois de France,au XVIe siècle, où la lecture publique était une pratique encore courante et où officiaitun « lecteur ordinaire du roi» (voir R. CHARTIER, «Le prince, la bibliothèque…», art.cit., pp. 211-212 et 218).

41 - Mutribi, , Conversations…, op. cit., pp. 70 et 88.Google Scholar

42 - MOṬREBI, Nosḫa, op. cit., p. 232 ; M. SZUPPE, «Lettrés, patrons, libraires…», art.cit., p. 108.

43 - La publication et la diffusion des œuvres poétiques par récitation ou lecturepublique, tout comme celles des autres types de textes, sont connues dès les premierssiècles de l’islam, et ses racines sont à chercher, pour une partie tout au moins, dansles pratiques poétiques de l’Arabie préislamique ; voir notamment OLGA M. DAVIDSON,«La “publication” des textes arabes sous forme de lectures publiques dans lesmosquées», in L. Giard, et C. Jacob, (dir.), Des Alexandries I…, op. cit., pp. 401410;Google ScholarG. SCHŒLER, Écrire et transmettre…, op. cit., pp. 17-26.

44 - FAḪRI, Javāher, op. cit.

45 - Ibid., pp. 124-127. Il faut souligner la participation des femmes à la vie littéraire,qui a été particulièrement notable aux XVe-XVIe siècles, mais n’a pas disparu plus tard :voir MARIA SZUPPE, «The female intellectualmilieuin Timurid and post-TimuridHerat:Faxri Heravi's biography of poetesses, Javāher al-ʿajāyeb», inM. BERNARDINI (dir.), Laciviltà timuride…, vol. I, op. cit., pp. 119-137. Sur les activités des femmes dans le domainedes sciences à cette époque, voir ZIVA VESEL, «Les femmes et la science dans l’Iranmédiéval : la rareté des sources est-elle significative de la réalité ?», in Palmier-Chatelain, M.-E. et D’Ortigue, P. Lavagne (dir.), L’Orient et les femmes, Paris, ENS Éditions,2002, pp. 7583.Google Scholar

46 - Mutribi, , Conversations…, op. cit., pp. 30 et 33.Google Scholar

47 - FAḪRI, Javāher, op. cit., p. 131.

48 - Notamment à Ispahan à la fin du XVIIe siècle ; voir BADIʿ-MOḤAMMAD SAMARQANDIMALIḤĀ, Mozakker al-asgḥāb, ms IVRU no 4270, f. 65r., 268r. et passim. Sur les qahva-heānasafavides comme lieux de vie littéraire, voir R. D. MCCHESNEY, «The anthologyof poets…», art. cit., p. 61.

49 - Lameilleure description d’unmajleslittéraire est donnée par l’un de ses participants,Zayn al-Din Mahgmud Vāsgefi, dans son Badāyeʿ al-vaqāyeʿ(éd. par A. N. Boldyrev,Moscou, Vostočnaja Literatura, 1961 ; 2e éd. : Téhéran, Bonyād-e Farhang-e Irān, 1970) ;voir M. E. SUBTELNY, «Literary life…», art. cit. Pour quelques exemples d’improvi-sations, voir FAḪRI, Javāher, op. cit., pp. 124-127, 139 ; MUTRIBI, Conversations…, op. cit.,p. 63.

50 - Moṭrebi, , Tazkera, op. cit., p. 333.Google Scholar

51 - ID., Nosḫa, op. cit., p. 231. Un autre concours de javāb,à Samarkand est décrit par Moṭrebi, , Tazkera, op. cit., pp. 255256.Google Scholar

52 - Ibid., pp. 277-278.

53 - ID., Nosḫa, op. cit., pp. 165 et 176.

54 - Cette contradiction apparente fut débattue par les lettrés eux-mêmes, à l’époquetimouride, à Herat et, plus tard, en Asie centrale, où de nombreux écrivains se sonttrouvés bridés dans l’expression de leur originalité : voir notamment AFTANDIL ERKINOV,«La querelle sur l’ancien et le nouveau dans les formes littéraires traditionnelles.Remarques sur les positions de Jâmi et de Navâʾi», Annali, 59-1/4, Naples, IstitutoUniversitario Orientale, 1999, pp. 18-37.

55 - Moṭrebi, , Tazkera, op. cit., p. 605.Google Scholar Cet ouvrage est également cité par MALIḤĀ(Mozakker al-aṣḥāb,f. 40r.) comme une de ses sources. Voir aussi Ahmedov, B. A.,Istoriko-geografičeskaja literatura…, op. cit., pp. 167168.Google Scholar

56 - Ceci est bien visible notamment dans les écrits historiographiques : cf. Rosenthal, Frantz, A history of Muslim historiography, Leyde, E. J. Brill, [1952] 1968, p. 81.Google Scholar

57 - Pour se justifier, Mawlānā Huši répondit qu’il était licite pour un chiite de s’appro-prier les biens d’un sunnite : voir SĀM MIRZĀ, Toḥfa, op. cit., no 309, pp. 225-226.

58 - H. TOUATI, Islam et voyage…, op. cit., pp. 116-121, notamment sur la pratique de wijāda(pp. 119-121), l’acquisition du savoir par lecture du livre sans l’intermediaire d’un maitre.

59 - La pratique du voyage d’agrément, vu comme « inutile» par la tradition islamique,existait bel et bien, comme en témoignent de nombreuses instances de condamnationde ce type de voyage : voir Goldziher, Ignaz, Études sur la tradition islamique extraitesdu tome II des «Muhammedanische Studien», trad. par Léon Bercher, Paris, Adrien Maison-neuve, 1952, pp. 223230.Google Scholar

60 - Par exemple, voir Moṭrebi, , Tazkera, op. cit., p. 303.Google Scholar

61 - ID., Nosḫa, op. cit., pp. 250-251 ; MAḤMUD B. VALI, Baḥr al-asrār…, op. cit., f. 3v.-4r.,et sa traduction russe : MAHMUD IBN VALI, More tajn otnositel’no doblestej blagorodnyh(geografija), trad. par Bori A. Ahmedov, Tachkent, Fan, 1977, introduction, p. 5 ; Foltz, Richard C., «Two seventeenth-century Central Asian travellers to Mughal India», Jour-nal of the Royal Asiatic Society, 3e série, 6/3, 1996, pp. 367377.CrossRefGoogle Scholar

62 - Vāsgefi est l’auteur de mémoires, genre rarissime à l’époque, intitulés Badāyeʿ al-vaqāyeʿ(voir n. 49). Cet ouvrage, composé à la cour de Tachkent pour son jeune souve-rain, est consacré à la vie de l’auteur à Herat dans le milieu des lettrés gravitant autourde Mir ʿAli-ŠirNavāʾi. Pour la biographie de Vāsgefi et l’analyse de son texte, voirA. N. BOLDYREV, Zajnaddin Vasifi, tadžikskij pisatel’ XVI v. (opyt tvorčeskoj biografii), Stali-nabad, Tadžikskoe Gosudarstvennoe Izdatel’stvo, 1957, notamment pp. 87-92 pourson séjour à Mašhad et Nišāpur ; voir aussi M. E. SUBTELNY, «Literary life…», art.cit. ; GIORGIO ROTA, « Vāsgefi e i suoi tempi: une sguardo alle Badāyeʿ oʾl-vaqāyeʿ», inM. BERNARDINI (éd.), La civiltà timuride, I, op. cit., pp. 139-164.

63 - Ces éléments biographiques sont fournis par l’auteur lui-même (références rassem-blées inMOṬREBI, Tazkera, op. cit., « Introduction», par ʿAli Rafiʿi-ʿAlāʾ Marvdašti,pp. 27-49. Voir aussi B. A. AHMEDOV, Istoriko-geografičeskaja literatura…, op. cit., pp. 165-168 et 172-173, et R. C. FOLTZ, «Two seventeenth-century Central Asian travellers…»,art. cit. Sur son séjour à Balkh et à Kashghar, voir M. SZUPPE, « Lettrés, patrons,libraires…», art. cit., pp. 104-105 et 108.

64 - MAḤMUD B. VALI, Baḥr al-asrār…, op. cit., ms. Londres, India Office, no 575,ff. 389r.-408v.

65 - MOṬREBI, Nosḫa, op. cit., pp. 173-175.

66 - MUTRIBI, Conversations…, op. cit., pp. 19 et 21 : Jahāngir questionne notamment Moṭrebi sur l’état du mausolée de Tamerlan à Samarkand (les Grands Moghols descen-daient d’une branche cadette des Timourides). Par ailleurs, voir Foltz, Richard C.,Mughal India and Central Asia, Oxford-Karachi, Oxford University Press, 1998, pp. 68-77 et 109116.Google Scholar

67 - Mutribi profita de l’occasion pour affirmer que les auteurs de la cour de Jahāngirétaient bien connus à Boukhara (ibid., p. 29).

68 - Comme l’historiographe Fazh lallāh b. Ruzbehān He onji Esg fahāni (m. 927/1521),auteur d’une chronique anti-safavide, qui s’enfuit à Boukhara et entra au service desShaybanides pour qui il composa un autre ouvrage historique (voir n. 32). Mais, déjà àla fin du XVe siècle, Amir Nezg ām al-Din Mozg affar, de la cour des Āq-Qouynlu de Tabriz(prédécesseurs des Safavides), se présenta à la cour ouzbèke ; estimant qu’il n’avait pasété apprécié à sa juste valeur, il quitta l’Asie centrale pour se rendre en Inde. AmirNezg ām al-Din Mozg affar avait été, à Tabriz, le patron de Ibn Ruzbehān. Voir SYEDMUHAMMAD FAZLULLAH, « Some Persian poets of Transoxiana (beyond the Oxus)who migrated to India during the early Mughal period (10th c. H./16th c. AD)», in Dandekar, R. N. et alii(dir.), Sanskrit and indological studies Dr V. Raghavan felicitationvolume, Delhi-Patna-Varanasi, Motilal Banarsidass, 1975, pp. 113-126, ici p. 118.Google Scholar

69 - MOṬREBI, Nosḫa, op. cit., p. 189.

70 - Voir aussi n. 3. Les écrits savants de l’école du Khorassan expriment parfois cetteconception d’espaces culturellement séparés, mais la démarcation ne passe pas toujourslà où l’on aurait tendance à l’attendre : voir MARIA SZUPPE, «Le Khorassan aux XIVe-XVIe siècles : la littérature savante comme expression de l’unité avec la Transoxiane»,in La Persia e l’Asia centrale da Alessandro al X secolo. Atti dei Convegni Lincei (Roma,9-12 nov. 1994), Rome, Accademia Nazionale dei Lincei, 1996, pp. 149-164. Voir aussi,dans un cadre plus théorique et diachronique, BERT G. FRAGNER, «The concept ofregionalism in historical research on Central Asia and Iran (a macro-historical interpreta-tion)», inD. Deweese, (dir.), Studies on Central Asian history, op. cit., pp. 341354.Google Scholar

71 - Moṭrebi, , Tazkera, op. cit., pp. 231,Google Scholar 233, 257, 279-280, 319-320, 343-346, 347-349,350, 362-363, 369-370 et 374 ; ID., Nosḫa, op. cit., pp. 138-139 et 189 ; SĀM MIRZĀ, Toḥfa,op. cit., no 449, p. 277.

72 - Moṭrebi, , Nosḫa, op. cit., pp. 138139.Google Scholar

73 - MALIḤĀ, Mozakker, op. cit., f. 112v.

74 - Ibid., f. 152r., 312v., 202r.

75 - Maliḥā mentionne de nombreuses maisons de café à Mashhad (Mozakker, f. 25v.,181r.) et à Ispahan (ibid., f. 65r., 268r.), ainsi qu’une madrasaet une mosquée à Ispahan(ibid., f. 233r.). Le cas de Maliḥā a été étudié en détail par R. D. MCCHESNEY, «Theanthology of poets…», art. cit.

76 - Voir MALIḤĀ,Mozakker, op. cit., f. 221v. ; voir aussi R. D. MCCHESNEY, «The antho-logy of poets…», art. cit., pp. 60-61.

77 - MALIḤĀ, Mozakker, op. cit., f. 139v.

78 - Par exemple, Ayyub fils d’Abuʾl-Baraka, originaire de Keš, établi à Herat, partitvers l’Iran occidental et s’installa au Širvān : voir SĀM MIRZĀ, Toḥfa, op. cit., no 222,pp. 123-124 ; selon S. M. FAZLULLAH, « Some Persian poets of Transoxiana…», art. cit.,pp. 115-116, il a aussi voyagé en Inde. Pour d’autres exemples, voir SĀM MIRZĀ, Toḥfa,op. cit., no 258, pp. 139-140, et no 557, p. 308.

79 - Plus généralement, sur l’apport de l’élément centre-asiatique dans l’empire moghol,voir R. C. FOLTZ, Mughal India…, op. cit., notamment le chapitre 4 : «Cultural inter-change», pp. 68-88.

80 - S. M. FAZLULLAH, « Some Persian poets…», art. cit. Ḫwāja ḤasanNesāri est l’auteurdu Mozakker al-aḥbāb,écrit en 974/1566 à Boukhara, ouvrage qui servit de modèle aussibien à Moṭrebi et Maliḥā qu’à d’autres auteurs.

81 - Ibid., pp. 120-121 ; MOṬREBI, Nosḫa, op. cit., pp. 74-78 : Mošfeqi était né à Merv,était passé par Herat, où il avait rassemblé de nombreux livres, et vécut à Samarkandavant de s’installer à Boukhara (ibid., p. 74).

82 - Notamment un groupe de Samarkandis rencontré à Peshawar, voir MOṬREBI, Nosḫa,op. cit., p. 217.

83 - Ibid., pp. 315-344.

84 - Mirzā, Sām, Toḥfa, op. cit., no 564, p. 311.Google Scholar

85 - MASASHI HANEDA, «Emigration of Iranian elites to India during the 16th-18th cen-turies», Cahiers d’Asie centrale, 3-4, 1997, «L’héritage timouride», pp. 129-143.

86 - Moṭrebi, , Tazkera, op. cit. , pp. 249-251 ; ID., Nosḫa, op. cit., p. 143.Google Scholar

87 - Ibid.,pp. 185-187 et 264-268.

88 - Quelques indications dans M. B. DICKSON, Shàh Tahmàsb and the Uzbeks, op. cit.,appendice I, pp. I-XLIV, et Yuri Bregel, introduction à SHIR MUHAMMAD MIRAB MUNISetMUHAMMADRIZAMIRAB AGAHI,Firdaws al-iqbāl, History of Khorezm, Leyde, E. J. Brill,1999, pp. XIII-XV. Voir par exemple MIR ʿALI ŠIR NAVĀʾI, Tazkera-ye Majāles al-nafāyes,éd. par ʿAli-Asgh ar Ḥekmat, Téhéran, Ketābhe āna-ye Manučehri, 1363š./1984, no 436,p. 146 (la partie sur les poètes du XVIe siècle a été ajoutée par le traducteur persan dece tazkera, Fahe ri Heravi).

89 - MOṬREBI, Nosḫa, op. cit., pp. 116-117.

90 - Ibid., p. 173. Il s’agit d’un poète de l’époque de ʿAbdallāhHe ān II (1583-1598).

91 - Ibid., pp. 190-191.

92 - Mirzā, Sām, Toḥfa, op. cit., no 223, p. 124.Google Scholar

93 - Moṭrebi, , Nosḫa, op. cit., p. 140.Google Scholar