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Du mythe à la raison. La formation de la pensée positive dans la Grèce archaïque

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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La Pensée Rationnelle a un état civil ; on connaît sa date et son lieu de naissance. C'est au VIe siècle avant notre ère, dans les cités grecques d'Asie Mineure, que surgit une forme de réflexion nouvelle, toute positive, sur la nature. Burnet exprime l'opinion courante quand il remarque à ce sujet : « Les philosophes ioniens ont ouvert la voie, que la science, depuis, n'a eu qu'à suivre ». La naissance de la philosophie, en Grèce, marquerait ainsi le début de la pensée scientifique, — on pourrait dire : de la pensée tout court. Dans l'Ecole de Milet, pour la première fois, le logos se serait libéré du mythe comme les écailles tombent des yeux de l'aveugle. Plus que d'un changement d'attitude intellectuelle, d'une mutation mentale, il s'agirait d'une révélation décisive et définitive : la découverte de l'esprit. Aussi serait-il vain de rechercher dans le passé les origines de la pensée rationnelle. La pensée vraie ne saurait avoir d'autre origine qu'elle-même.

Type
Etudes
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Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1957

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References

page 183 note 1. Early greek philosophy, 3e éd., Londres, 1920, p. v. L'ouvrage a été traduit en français sous le titre : L'aurore de la philosophie grecque.

page 183 note 2. On trouve encore cette interprétation chez Bruno SNELL dont la perspective, pourtant, est historique. Cf. Die Entdeckung des Geistes. Studien zur Entstehung des europâischen Denkens bei den Griechen, Hambourg, 1948.

page 183 note 3. Greek philosophy front Thales to Plato, Londres, 1914, p. 10. Comme l'écrit Mlle Clémence Ramnoux, la physique ionienne, selon Burnet, sauve l'Europe de l'esprit religieux d'Orient : c'est le Marathon de la vie spirituelle ( « Les interprétations modernes d'Anaximandre », Revue de Métaphysique et de Morale, n° 3, juil.-sept. 1954).

page 184 note 1. Iliade, XV, 189-194.

page 184 note 2. Principium sapientiae, p. 159 à 224. La démonstration est reprise par Thomson, G., Studies in ancient greek society, Vol. II, Thefirst philosophera, Londres, 1955, p. 140 à 172.Google Scholar

page 185 note 1. Hésiode, Théogonie, 820-871.

page 185 note 2. Comme le note M. E.R. Dodds, qui a revu et publié le manuscrit de Cornford, l'hypothèse d'une filiation entre les mythes cosmologiques de la Théogonie d'Hésiode et un ensemble mythico-rituel babylonien a été renforcée par la publication récente d'un texte hittite, l'épopée de Kumarbi, qui fait le lien entre les deux versions (Principium sapientiae, p. 249, n. 1). M. G. THOMSON insiste aussi sur le rôle d'intermédiaire qu'a pu jouer une version phénicienne du mythe, dont on trouve l'écho, à date tardive, chez Philon de Byblos, o. c., p. 141 et 153.

page 185 note 3. A Babylone, le rite se célèbre tous les ans, durant les onze jours qui, ajoutés à la fin d'une année lunaire, permettent de la faire coïncider avec l'année solaire, et assurent ainsi, avec la connaissance exacte des saisons, la possibilité de prévoir et d'organiser l'échelonnement des travaux agricoles. Le moment choisi pour intercaler dans l'année les onze jours, t hors temps » était celui de l'équinoxe de printemps, avant le début des labours. Sur les rapports entre la fonction royale, le développement de l'agriculture, le contrôle du temps saisonnier grâce à l'invention du calendrier solaire ou luni-solaire, on trouvera des indications intéressantes dans G. Thomson, o. c., p. 105-130.

page 186 note 1. Théogonie, 116 sq.

page 186 note 2. Ibid., 132. Cf. Cornford, o. c., p. 194 sq. ; Thomson, o. c., p. 151.

page 186 note 3. L'année comprend quatre saisons, comme le cosmos quatre régions. L'été correspond au chaud, l'hiver au froid, le printemps au sec, l'automne à l'humide. Au cours du cycle annuel, chaque « puissance » prédomine pendant un moment, puis doit payer, suivant l'ordre du temps, le prix de son « injuste agression » (Anaximandre, fr. I), en cédant à son tour la place au principe opposé. A travers ce mouvement alterné d'expansion et de retraite, l'année revient périodiquement à son point de départ. — Le corps de l'homme comprend, lui aussi, quatre humeurs (HIP., Nat. Hom., 7) qui dominent alternativement, suivant les saisons. Cf. Cornford, o. c., p. 168 sq. ; Thomson, o. c., p. 126.

page 186 note 4. La lutte des opposés, figurée chez Heraclite par Polemos, chez Empédocle par Neikos, s'exprime chez Anaximandre par l'injustice — adikia — qu'ils commettent réciproquement à l'égard les uns des autres. L'attraction et l'union des opposés, figurées chez Hésiode par Eros, chez Empédocle par Philia, se traduisent chez Anaximandre par l'interaction des quatre principes, après qu'ils se sont séparés. C'est cette interaction qui donne naissance aux premières créatures vivantes, quand l'ardeur du soleil réchauffe la vase humide de la terre. Pour G. Thomson (o. c., p. 45,91 et 126), cette forme de pensée, qu'on pourrait appeler une logique de l'opposition et de la complémentarité, doit être mise en rapport avec la structure sociale la plus archaïque : la complémentarité dans la tribu des deux clans opposés, exogames avec intermariages. La tribu, écrit G. Thomson, est l'unité des opposés.

Pour la conception cyclique, Cornford en montre également la persistance chez les Milésîens. Comme l'année, le cosmos revient à son point de départ : l'unité primordiale. L'Illimité — apeiron — est non seulement origine, mais fin du monde ordonné et différencié. Il est principe — arche — source infinie, inépuisable, éternelle, dont tout provient, où tout retourne. L'Illimité est « cycle » dans l'espace et dans le temps.

page 187 note 1. Cornford, o. c., p. 187-188.

page 187 note 2. Une des parties les plus suggestives du livre de G. Thomson est celle où il rattache le cycle de Voctaétéris, qui fait coïncider, en Grèce, l'année lunaire avec l'année solaire, aux formes archaïques de la royauté. On sait que tous les neuf ans Minos fait renouveler dans l'antre de Zeus son pouvoir royal, comme tous les neuf ans, à Sparte, les éphores inspectent les étoiles pour confirmer celui de leurs rois. Les fêtes octenniales des Daphnephories à Thèbes et du Septerion à Delphes seraient en liaison étroite à la fois avec l'établissement du calendrier à date beaucoup plus ancienne que ne le suppose Nilsson, et avec l'institution royale.

page 187 note 3. Le souvenir affleure encore chez Homère (Odys., XIX, 109), mais, dans l'histoire de Salmoneus, le personnage du roi-magicien et faiseur de temps ne sert plus déjà qu'à illustrer le thème de l'hybris humaine et de sa punition par les dieux.

page 188 note 1. Et il l'effectue, lui aussi, à l'occasion: Empédocle connaît l'art d'arrêter les vents et de changer la pluie en sécheresse. Cf. Gernet, L., « Les origines de la philosophie », Bulletin de l'Enseignement public du Maroc, n° 183, Oct.-Déc. 1945, p. 9.Google Scholar

page 188 note 2. Jaeger, Werner, The theology of the early greekphilosophers, Oxford, 1947, p. 2021 Google Scholar ; Cornford, o. c., p. 259. L'exemple de Gaia, retenu par Cornford, n'est pas d'ailleurs des plus heureux. Comme le note Aristote, — et pour les raisons qu'il en donne,—les Milesiens ne font pas jouer, en général, dans leur Physique, un rôle de premier plan à la terre (Meta., A, 8, 989 sq.). D'autre part, Gaia, comme puissance divine, est assez peu humanisée.

page 188 note 3. Cf. Snell, B., The discovery of the mind, p. 227 sq.Google Scholar

page 189 note 1. L'âme humaine est un morceau de la nature; taillé dans l'étoffe des éléments. Le divin est le fond de la nature, l'inépuisable tissu, la tapisserie toujours en mouvement où, sans fin, se dessinent et s'effacent les formes.

page 189 note 2. Cornford, O. C, p. 180-181.

page 189 note 3. Le recours à un modèle technique ne constitue pas nécessairement, par lui-même, une transformation mentale. Le mythe se sert d'images techniques comme le fait la pensée rationnelle. Il suffit de rappeler la place que l'imagination mythique accorde aux opérations de liage, de tissage, de filage, de modelage, à la roue, à la balance, etc. Mais, à ce niveau de pensée, le modèle technique sert à caractériser un type d'activité, ou la fonction d'un agent : les dieux filent le destin, pèsent les sorts, comme les femmes filent la laine, comme les intendantes la pèsent. Dans la pensée rationnelle, l'image technique assume une fonction nouvelle, structurelle et non plus active. Elle fait comprendre le jeu d'un mécanisme au lieu de définir l'opération d'un agent ; cf. Snell, Bruno, The discovery of the mind, p. 215 sqGoogle Scholar. L'auteur souligne la différence entre la comparaison technique quand il arrive à Homère de l'utiliser, et le parti qu'en tire, par exemple, un Empédocle. Empédocle ne cherche plus à exprimer une manifestation vitale et active, mais une propriété, une structure permanente d'un objet.

page 190 note 1. Cf. W. Jaeger, o. c. , p. 160 et sq.

page 190 note 2. M. P. M. Schuhl a montré que ces deux courants correspondent aux deux tendances antagonistes de la religion et de la culture grecques, et que leur conflit sert d'élément moteur au développement de la philosophie (Essai sur la formation de la pensée grecque. Introduction historique à une étude de la philosophie platonicienne, 2e éd., 1949).

page 190 note 3. B. snell a suivi, à travers la poésie lyrique grecque ancienne, la découverte de l'âme humaine, dans ce qui constitue ses dimensions proprement spirituelles : intériorité, intensité, subjectivité. Il note l'innovation que constitue l'idée d'une « profondeur » de la pensée. Homère ne connaît pas des expressions comme : au penser profond ; il dit : au multiple penser. La notion que les faits intellectuels et spirituels (sentiment, réflexion, connaissance) ont une « profondeur », se dégage dans la poésie archaïque avant de s'exprimer, par exemple, chez Heraclite (o. c., p. 36-37).

page 190 note 4. L'antithèse, fondamentale dans la pensée religieuse, des : les choses visibles, et des : les choses invisibles, se retrouve transposée dans la philosophie, dans la science, et dans la distinction juridique des biens apparents et non apparents : cf. P. M. Schuhl, « Adèla », Homo. Etudes philosophiques, I, Annales publiées par la Faculté des Lettres de Toulouse, mai 1953, p. 86-94 ; Gernet, L., « Choses visibles et choses invisibles », Bévue philosophique, janvier-mars 1956, p. 7987 Google Scholar.

page 191 note 1. Dans la religion, le mythe exprime une vérité essentielle ; il est savoir authentique, modèle de la réalité. Dans la pensée rationnelle, le rapport s'inverse. Le mythe n'est plus que l'image du savoir authentique, et son objet, la génésis, une simple imitation du modèle, l'Etre immuable et éternel. Le mythe définit alors le domaine du vraisemblable, de la croyance, TU'O-TIÇ, par opposition à la certitude de la science. Pour être conforme au schème mythique, le dédoublement de la réalité, par la philosophie, en modèle et image n'en a pas moins le sens d'une dévaluation du mythe, ravalé au niveau de l'image. Cf. en particulier Platon, Timée, 29 sq.

page 191 note 2. P.-M. Schuhl, o. c. , p. 151-175.

page 191 note 3. Farrington, B., Greek science, t. I, Londres, 1044, p. 36 sq.Google Scholar

page 192 note 1. G. Thomson, o. c., p. 171-172.

page 192 note 2. Rohde, E., Psyché, Fribourg, 1894 Google ScholarPubMed ; éd. française par A. Reymond, Paris, 1932, p. 336 sq.

page 192 note 3. Halliday, W. R., Greek divination. A study of its methods and principles, Londres, 1913.Google Scholar

page 193 note 1. Cornford, o. c., p. 89 sq.

page 193 note 2. Iliade, I, 70 ; cf. Cornford, p. 73 sq.

page 193 note 3. C'est la même formule qu'HÉsiODE emploie dans Théogonie, 32 : les Muses l'ont inspiré pour chanter les choses qui furent et qui seront, —etlbid., 38 : elles disent les choses qui sont, qui seront, qui ont été. D'autre part, la divination ne concerne pas moins, dans le principe, le passé que le futur. Un prophète purificateur, comme Epiménide, pourra même restreindre sa compétence divinatoire exclusivement à la découverte ^les faits passés, demeurés inconnus (Aristote, Rhét. III; 17 ; 10).

page 193 note 4. Hésiode, Théogonie, 43 sq. Cf. Cornford, o. c., p. 77.

page 193 note 5. Cf. Gernet, L., Les origines de la philosophie, l. c., p. 2.Google Scholar

page 193 note 6. Sur le rapport entre le vocabulaire, les images, les thèmes de pensée, chez un Parménide et dans une tradition de sectes mystiques, cf. L. Gernet, l c, p. 2-6 ; G. Thomson, o. c., p. 289 sq.

page 194 note 1. L. Gernet, l c, p. 4. M. Gernet souligne la valeur religieuse du terme beatus (eudaimôn) qui désigne le plus haut degré de la hiérarchie et qui se décompose en doctus, perfectus, et sapiens ; cf. aussi Cornford, O.C, p. 110.

page 194 note 2. Heraclite, fr. I; cf. Cornford, o. c., p. 113 ; G. Thomson, o. c., p. 274.

page 194 note 3. L. Gernet, l. c , p. 7 ; Cornford, o. c. , p. 45-61 et 76 sq.

page 194 note 4. E. Rohde, o. c., p. 278-279.

page 194 note 5. La différence est très fortement soulignée par Dodds, E. R., The Greeks and the irrational, University of California Press, 1951, p. 140 sq.Google Scholar

page 195 note 1. Le rapprochement est indiqué en passant par E. Rohde, o. c., p. 283. La thèse du shamanisme grec a été développée par Meuli, « Scythica », Hermès, 1935, p. 121 -177 ; cf. aussi, L. Gernet, l. c., p. 8 ; E. R. Dodds, o. c., dans le chapitre intitulé : « Le shamanisme grec et le puritanisme », Cornford, o. c., dans le chapitre « Shamanisme ». — Cornford suppose, avec N. Kershaw Chadwick (Poetryand prophecy, Cambridge, 1942, p. 12), que la Thrace a pu être pour la Grèce le maillon qui l'a reliée, par ses contacts avec les Germains au Nord, les Celtes à l'Ouest, au système mantique apparenté au shamanisme d'Asie du Nord. MEULI et DODDS font une place, en dehors de la Thrace, à la Scythie avec laquelle la colonisation du littoral de la mer Noire a «nis les Grecs en contact. On notera l'origine nordique des Mages, Aristeas, Abaris, Hermotime, et leur accointance avec le monde hyperboréen. Il est vrai qu'Epiménide, lui, est Cretois. Mais, après sa mort, on constate que son cadavre est tatoué ; le tatouage était une pratique, nous dit HÉRODOTE, en usage dans la noblesse thrace (V, 6, 3). On sait, d'autre part, la place de la Crète dans les légendes hyperboréennes.

page 195 note 2. Cf. L. Gernet, o. c., p. 8. Ernst Bickel a souligné le rapport entre une notion archaïque de l'âme et le souffle respiratoire (Homerischer Seelenglaube, Berlin, 1925). Cf. aussi, sur ce point, Onians, The origins of european thought about the body, the mind, the soûl, the world, time andfate, Cambridge, 1951.

page 195 note 3. Cf. L. Gernet, l. c., p. 8.

page 197 note 1. L. Gernet écrit : « Les Pythagoriciens n'ont pas de “mystères”, il est vrai, mais c'est que la “ philosophie ” pour eux en est justement un » (l. c., p. 4). C'est à travers la discussion et la controverse, par la nécessité de répondre aux arguments de l'adversaire, que la philosophie se constitue comme une discipline intellectuelle spécifique. Même lorsqu'il ne polémique pas, le philosophe réfléchit en fonction des problèmes posés par ses devanciers et ses contemporains ; il pense par rapport à eux. La pensée morale prend la forme rationnelle du jour où Socrate discute publiquement sur l'agora avec tous les Athéniens de ce que sont le courage, la justice, la piété, etc.

page 197 note 2. Thomson, G., « Prom religion to philosophy », Journal of hellenic Studies, 1953, LXXIII, p. 7784 CrossRefGoogle Scholar. L'auteur a repris son étude dans The first philosophers, p. 131-137,

page 197 note 3. « Pour parler avec intelligence, il faut se prévaloir de ce qui est universel, comme la Cité s'appuie sur la loi » (Heraclite, fr. 128, trad. Battistini).

page 198 note 1. Cf. G. Thomson, o. c. , p. 228 sq.

page 198 note 2. Cf. Gernet, L., Recherches sur le développement de la pensée juridique et morale en Grèce, p. 6 et 26Google Scholar, avec référence à Hirzel, Themis, Dike, und Verwandtes. E. Laroche a montré (Histoire de la racine nem en grec ancien, 1949) que nomos a d'abord un sens religieux et moral assez voisin de cosmos : ordre, arrangement, juste répartition. Il prendra, après les Pisistratides, à Athènes, celui de loi politique, eii remplacement de thesmos, grâce à son association à l'idéal démocratique de l'isonomia. La loi (nomos), qu'elle s'appuie sur une égalité absolue ou proportionnelle, garde un caractère distributif. Un autre sens de nomos, affaibli par rapport au sens premier de règle, est celui qu'on rencontre, par exemple, chez Hérodote, de coutume, usage, sans valeur normative. Entre le sens de loi politique et de coutume, un glissement peut se produire dont la pensée philosophique, spécialement avec les Sophistes, tirera parti.

page 199 note 1. Cf. G. Thomson, o. c., p. 224 sq.

page 199 note 2. Constitution d'Athènes, 21, 3.

page 200 note 1. « La notion mythique de la valeur en Grèce », Journal de Psychologie, 1948, p. 415- 462.

page 200 note 2. D'après Hérodote, I, 94, la première monnaie frappée l'aurait été par les rois de Lydie. Cf. P.-M. Schuhl, o. c. , p . 157-158, et G. Thomson, o. c., p. 194.

page 200 note 3. Gernet, L., Recherches, p. 21 Google Scholar sq. ; G. Thomson, o. c. , p . 195.

page 201 note 1. Cf. Gernet, L., « Le temps dans les formes archaïques du droit », Journal de Psychologie, 1956, p. 401 Google Scholar. L. Gernet note que le paiement de l'intérêt devait se régler à chaque lunaison (cf. Aristophane, Nuées, 1659).

page 201 note 2. G. Thomson, o. c., p. 297, 300 et 315. L'auteur écrit, au sujet de Parménide : « Just as his universe of pure being, stripped of everything qualitative, îs a mental ref lex of the abstract labour embodied in commod'ties, so his pure reason, which rejects everything qualitative, is a fetish concept ref lecting the money form of value. »

page 201 note 3. Sur le caractère spécifique des divers types d'oeuvres et d'activités mentales, cf. Meyeeson, I. « Discontinuités et cheminements autonomes dans l'histoire de l'esprit », Journal de Psychologie, 1948, p. 28 sq.Google Scholar ; « Problèmes d'histoire psychologique des oeuvres », Hommage à Lucien Febvre, Paris, A. Colîn, 1954, I, p. 207 sq.

page 201 note 4. Marx a souligné que le point de vue de la valeur d'usage reste dominant dans toute l'Antiquité classique. Dans la perspective marxiste qui est la sienne, Thomson nous paraît commettre un anachronisme : c'est seulement quand le travail libre et salarié deviant lui-même marchandise que « la forme marchandise des produits devient la forme sociale dominante » (Capital, éd. Molitor, I, p. 231-232), et que le travail devient travail abstrait (Critique de l'économie politique, p. 70). Cf. Vernant, J. P., « Travail et nature dans la Grèce ancienne », Journal de Psychologie, 1955, p. 1138 Google Scholar ; « Les aspects psychologiques du travail dans la Grèce ancienne », La Pensée, 1956, n° 66, p. 80-86.

page 202 note 1. Cf. Gernet, L., « Choses visibles et choses invisibles », Revue philosophique, Janvier-Mars 1956, p. 85.Google Scholar

page 202 note 2. Ibid., p. 79-87.

page 202 note 3. Ethique à Nicomaque, IV, 9 b 26. Cité par L. Gernet, l. c., p. 82.

page 203 note 1. La formule célèbre d'Heraclite : « Le Tout est transmuté en feu, et le feu en toutes choses, comme les marchandises sont échangées contre l'or, et l'or contre les marchandises ». ne nous paraît pas se situer encore sur ce plan d'un rationalisme mercantile.

page 203 note 2. W. Jaeger, o. c., ch. II, n. 2, p. 197.

page 204 note 1. Cf. Parménide, 18 B 8, v. 38-39 et 50-53 ; sur les rapports des mots et du logos, chez Parménide, cf. P. M. Schuhl, o. c., p. 283 et 290, et la note 3 de la p. 290.

page 204 note 2. Ibid., p. 293 sq.

page 205 note 1. Cf. La préface de L. Brunschvicg à l'ouvrage d'Arnold Reymond, Histoire des sciences exactes et naturelles dans VAntiquité greco-romaine, 2e édit., Paris, 1955, p. VI et VII. La théorie des Idées-Nombres, chez Platon, illustre cette intégration du mathématique dans le logique. Reprenant une formule de J. Stenzel, A. Lautman note que les Idées-Nombres constituent les principes qui à la fois ordonnent les unités arithmétiques à leur place dans le système et explicitent les différents degrés de la division progressive des Idées : “ Les sehèmes de division des Idées dans le Sophiste, écrit-il, s'organisent ainsi selon les mêmes plans que les sehèmes de génération des nombres ” (Essai sur les notions de structure et d'existence en mathématiques, Paris, 1937, p. 152).

page 205 note 2. Cf. Koybé, A., « Du monde de l'a peu près à l'univers de la précision », Critique, 1948, p. 806888.Google Scholar

page 206 note 1. Sur le passage de la rhétorique et de la sophistique à la logique, cf. De Romilly, J., Histoire et raison chez Thucydide, Paris, 1956, p. 181239 Google Scholar. La pratique des discours antithétiques, des antilogies, conduira, par l'établissement des « lieux communs » du discours, l'analyse des structures de la démonstration, la mesure et l'arithmétique des arguments opposés, à une science du raisonnement pur.