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Grecs et « indigènes » sur la côte tyrrhénienne au VIIe siècle : la transmission des idéologies entre élites sociales

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Bruno d'Agostino*
Affiliation:
Surintendance aux Antiquités (Salerne)

Extract

Sur la côte tyrrhénienne, la fondation de Cumes marque le passage de la phase précoloniale à la phase coloniale de l'expansion grecque. Bien avant cet événement, en effet, des navires grecs provenant surtout des Cyclades avaient déjà accosté sur la côte tyrrhénienne. Les traces les plus anciennes remontent aux environs de l'an 800, et vers 775 les Eubéens possédaient déjà un véritable comptoir à Pithécusses (Ischia). En fait les navigations précoloniales, motivées surtout par la nécessité d'approvisionnements en métaux, correspondaient à des voyages occasionnels et à l'établissement de comptoirs. Ce n'est qu'avec la fondation de colonies stables du type de Cumes qu'on peut parler d'une présence politique grecque sur la côte de Campanie.

Summary

Summary

The necropolis of Pontecagnano in the province of Salerno in Campania is of exceptional interest. Because it contains an important number of burials, especially in the case of the first two groups (first Iron Age and period of Eastern influence) it is a rewarding site for the study of the phenomena of acculturation between Greeks and the indigenous population. A study of funeral rituals makes it possible to distinguish the presence of an “aristocratie” élite whose ideological models are closely patterned on the hero cults of Greece. By analysing the placement and contents of two “royal” cremation tombs, the author is able to discern two distinct groups of offerings, corresponding to the spheres of the “agalmata” and the “klémata” which are distinctly separate in the world of Homer. The author emphasizes especially the close connections to be found between this type of burial and similar groups at Cumes, Praeneste, Caere and Vetulonia as well as with hero tombs of Eritrea and Euboea. One can see, from the time of the aristocrats in eighth-century Greece, the progress of the ideology of a dominant social group which sees itself primarily as a warrior group.

Type
Le Domaine Grec
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1977

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References

Notes

1. Le pattern économique qui correspond à la création du comptoir eubéen à Pithécusses semble encore de type précolonial ; sur ce problème voir B. d'Agostino, dans Atti Convegno Taranto 1972 en cours de publication.

2. Sur ces problèmes voir Ridgway, D., St. Etr., 35, 1968, pp. 311 Google Scholar ss. ; « Incontro di studi sugli inizî della colonizzazione greca in occidente. Napoli-Ischia, 1968 », dans Dialoghi di Archaeologia, 1-2, 1969. Id., “ The First Western Greeks: Campanian coasts and Southern Etruria”, dans Greeks, Celts and Romans, Londres, 1873, pp. 5 ss.

3. Sur Pontecagnano, Sestieri, voir P.C., St. Etr., 28, 1960, pp. 73 Google Scholar ss. ; Mostra della preistoria e della protostoria nel Salernitano. Catalogo, Naples, 1962, pp. 105 ss. ; d'Agostino, B., La parola del Passato, 1963, pp. 62 Google Scholar ss. ; S. Ferni, ibid., pp. 228 ss. ; Vaccaro Melucco, A., St. Etr., 31, 1963, pp. 241 Google Scholar ss. ; d'Agostino, B., St. Etr., 33, 1965, pp. 671 Google Scholar ss. ; id., N. Sc., 1968, pp. 75 ss. ; id., E.A.A., Suppl, Pontecagnano, S.V. ; id., Seconda mostra della preistoria e della protostoria nel Salernitano, Salerne, 1974, pp. 87 Google Scholar ss.

4. Eretria, 3, p. 24, pl. A 1, pp. 6-24. A Érétrie le rebord du chaudron est cependant fort différent du chaudron de Pontecagnano et des exemplaires « atlantiques » étudiés par Hawkes, C. F. - Smith, M. A., Ant. J., 37, 1957, pp. 191 CrossRefGoogle Scholar ss.

5. Pour ce type d'œnochoé, Camporeale, voir G., Ar. Cl, 14, 1962, pp. 61 Google Scholar ss. ; Strøm, pp. 127 ss. avec bibliographie.

6. Sur les exemplaires partessiens et chypriotes, Blanco Freueiro, voir A., A.E.Arq., 29, 1956, p. 1 Google Scholar ss. ; Garcia y Bellido, A., ibid., 37, 1964, pp. 50 Google Scholar ss. ; id., ibid., 42, 1970, pp. 28 ss. Les ivoires cités sont publiés dans Barnett, R. D., Nimrud Ivoires, 1957, pp. 181 Google Scholar ss., pl. X D 10 b-c ; XI F3, XII F2.

7. C'est le jugement émis par A. Roccati, Inspecteur au musée égyptologique de Turin, qui a bien voulu étudier l'inscription.

8. Coupe d'Eshmunyaad : M.A.A.R., III, 1919, p. 44, pl. 22, 23 ; H. Mühlestein, Die Kunst der Etrusker. Die Ursprünge, Berlin, 1929, pl. 7, 8 ; Hardeen, D., The Phoenicians, Londres, 1962, p. 188 Google Scholar ; Hopkins, C., Studi in onore di L. Banti, Rome, 1965, pp. 191 Google Scholar ss. ; Strøm, pp. 124 ss. L'existence en Syrie, à cette époque, d'un artisanat qui produisait des vases d'argent décorés a été récemment démontrée par Barnett, R. D., « A Syrian silver vase », Syria, 34, 1957, pp. 243 CrossRefGoogle Scholar ss.

9. Eretria, 3, pp. 25 ss., pl. 7-27. J'ai pu vérifier cette relation grâce au dessin que m'a courtoisement transmis C. Bérard ; l'analogie centre les deux lébès est très claire et caractérise aussi la forme du rebord.

10. Tombe Bernardini : M.A.A.R., III, 1919, n° 80, p. 77, pl. 56.2; Cumes : M.A.L.,13, 1903, n°24, cc. 249 ss., fig. 25.

11. M.A.A.R.,III, 1919, n° 2 b , p. 21, pl. 3-3, 4, 5.

12. GERNET, pp. 96, 129 ss.

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14. Ed. Will, « De l'aspect éthique des origines grecques de la monnaie », Revue Historique, 1954, p. 213, n. 2.

15. GERNET, pp. 95 ss.

16. Sur ce point voir l'article clarificateur de Parise, N. F., «Note per una discussione sulle origini della moneta », dans Studi Miscellanei, 1969, pp. 3 Google Scholar ss., et surtout p. 12, n° 30.

17. Vidal-Naquet, P., «Économie et société dans la Grèce ancienne: l'Œuvre de Moses I. Finley », Archives Européennes de Sociologie, VI, 1965, p. 131 Google Scholar : Ed. WILL, art. cit., p . 225.

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19. Godelier, M., op. cit., pp. 288 ss., n° 37.Google Scholar

20. GERNET, ibid.

21. Voir la bibliographie dans Burial Customs, p. 364. Sur Argos voir B.C.H.,81, 1957, pp. 370 ss. ; 83, 1959, pp. 217 ss. ; sur Salamine : B.C.H., 91, 1967, pp. 337 ss. ; sur Kavousi : Krētika chronika, 23, 1971, pp. 5 ss. ; sur Patriki : Karageorghis, V., Report Dept. Antiquities Cyprus, 1972, pp. 161 Google Scholar ss.

22. Il. I, 463 ; Od. 3, 460. Le terme est d'interprétation controversée : V. Bérard traduit « quintuples brochettes » (éd. Belles Lettres), tandis que Liddell, Scott et Jones entendent « fivepronged fork ». Je pense que l'interprétation la meilleure serait : « groupe de cinq broches ». Sur ce point, Garrucci, voir R., « Il pempobolo omerico in sepolcro cumano », Bull. Archeol. Nap., N.S.I., 1853, pp. 130 Google Scholar ss. ; Déchelette, J., R.N., 1911, pp. 1 Google Scholar ss.

23. Voir supra, n. 20.

24. Courbin, P., Annales E.S.C., 1959, p. 225.Google Scholar

25. P. Courbin, ibid.

26. Hérodote, II, pp. 134-135. Sur la base probable du don de Rhodopis, Jeffery, voir L. H., The local scripts of archaic Greece, Oxford, 1961, pp. 102 Google Scholar ss., n. 7 avec bibliographie. Sur les inscriptions dans lesquelles apparaît le terme d'obelos, -oi, Guarducci, voir M., « Tripodi, lebeti e oboli », Riv. Fil., 72-73, pp. 171 Google Scholar ss. ; Tod, M., « Epigraphical notes on Greek coinage, obolòs », N.C., 1947, pp. 1 Google Scholar ss. ; id., « Addenda », N.C., 1955, pp. 125 ss. ; Pritchett, W. K., Hesperia, 25, 1956, p. 313.CrossRefGoogle Scholar

27. Voir supra, n. 23.

28. Cette suggestion m'a été faite par M. Detienne que je remercie.

29. Voir Salamine, tombe 79, B.C.H., 91, 1967, pp. 337 ss.

30. Gernet, pp. 386 ss., Vernant, J.-P., Mythe et pensée chez les Grecs, I, pp. 124 Google Scholar ss., et tout spécialement pp. 126 et 132.

31. Ces idées ont été émises par J.-P. Vernant au cours d'une discussion à l'École des Hautes Études (VIe Section) à Paris le 28 janvier 1974.

32. On peut rappeler que, dans l'inscription de Chorsiae connue comme « l'inventaire de Thespies », les chenets sont définis comme Hiera chrēmata. L'interprétation « symbolique » est soutenue par Déchelette, J., R. N., 15, 1911, pp. 28 Google Scholar ss. ; Faider-Feytmans, G., Ant. Cl., 27, 1948, pp. 175 CrossRefGoogle Scholar ss. ; Deonna, W., B.C.H., 83, 1959, pp. 217 Google Scholar ss. ; Karageorghis, V., B.C.H., 87, 1963, pp. 292 Google Scholar ss. ; voir aussi S. PIGGOT, dans Mélanges C.F.C. Hawkes, pp. 245 ss. et spécialement p. 263.

33. Courbin, P., B.C.H., 81, 1957, pp. 370 Google Scholar ss. ; id., B.C.H., 83, 1959, pp. 252 ss.

34. Benoit, F., O.G.A.M., 37, 1955, p. 31 Google Scholar, n° 17.

35. Sur les tombes de la vallée du Sele, Sestieri, voir P. C., B. d'A., 1958, pp. 46 Google Scholar ss., et spécialement fig. 2, pp. 57 ss., fig. 22. L'usage est commun dans les tombes du IVe siècle de Paestum, Pontecagnano, Eboli, Oliveto Citra et Serradarce. Quant au « candélabre » auquel sont suspendus les accessoires du foyer, un exemplaire portant encore des vases accrochés à ses branches a été découvert récemment dans un tumulus du Vie siècle à Castelvecchio de Vetulonia, voir N.S.C., 1966, p. 37, flg. 20, n° 64.

36. Il., 23, pp. 218 ss. ; Od., 11, pp. 26 ss.

37. Pour l'offrande du vin sur une tombe, Kircher, voir K., Die Sakrale Bedeutung des Weines im Altertum, Giessen, 1910, p. 12 Google Scholar ; Nilsson, M. P., Gesch. Griech. Religion, I, p. 180 Google Scholar ; Burial Customs, pp. 186 et 200; Totenkult, W 93.

38. Amphores vinaires à Salamine de Chypre : A.A.,1963, pp. 161 ss. ; Cumes, M.A.L.,13, 1903, c. 261 ss., fig. 42, n. LII; Strøm, pp. 112 ss. ; p. 148, fig. 74 ; n. 55 a, p. 234. L'amphore de type « SOS » de la tombe de Regolini Galassi n'a pas été identifiée ; cf. Pareti, L., La tomba Regolini Galassi, Città del Vaticano, 1947, pp. 344 Google Scholar ss., n. 384. Autres cas : Caere, N.S.C.,1955, pp. 57 ss., flg. 16, t. 5 ; p. 62, fig. 5-10, t. 6, Vulci, Hall Dohan, E., Italic Tomb-Groups in the University Museum, Philadelphie, 1942, pp. 97 Google Scholar et 101, pi. 51, 1-2.

39. Il., 23, pp. 236 ss. ; 24, pp. 791 ss. Voir Totenkult, W 29 ; Burial Customs, pp. 186, 204, 210.

40. Une olla du même genre apparaît par exemple dans la tombe 123, de San Marzano sul Sarno, dans l'arrière-pays de Pompéi. C'est une tombe à inhumation, féminine, caractérisée par un mobilier exceptionnel qui exprime une conception purement quantitative de la richesse.

41. L'étude des ossements animaux a été menée à bien par le professeur Graeme Barker de l'Université de Sheffield, et les citations dans le texte sont extraites de sa relation.

42. Dikaios, Voir P., «A Royal Tomba at Salamine, Cyprus », A.A., 1963, p. 126.Google Scholar Selon Dikaios la tombe fut construite pour le personnage incinéré et ce n'est que plus tard que l'on aurait procédé à une inhumation dont atteste une « part of an adult's mandible ». L'existence de deux dépositions différentes est démontrée par « two burial layers of sacrificed horses » dans le dromos. L'interprétation de la tombe donnée dans le texte est cependant différente de celle de l'éditeur, encore que cette dernière soit encore plus favorable à ma théorie. L'incinération à cette période est au reste tout à fait exceptionnelle à Chypre, Karageorghis, voir V., Salamis I, Nicosie, 1967, pp. 119 Google Scholar ss.

43. M.A.A.R.,III, 1919, pp. 12 ss.

44. Voir supra, p. 4.

45. Sur la tombe et les caractéristiques du dépôt funéraire, voir M.A.L., 13, 1903, c. 225 ss. Sur le bouclier et les fibules étrusques, voir Strøm, pp. 21, 43, 146 ss.

46. Ce sont les tombes éditées dans M.A.L., 22, 1913, n. 1, c. 214, 2 c. 214 s., 11 c. 223, 43 c. 248 ss., 56 c. 259 ss., 59 c. 265.

47. Il s'agit de la tombe 1, M.A.L., 22, 1913, c. 214.

48. Eretria, 3, p. 29, n. 23.

49. Voir Strabon, X.1.12. A. Mêle a présenté sur ce sujet une communication au cours d'une réunion tenue au Centre Jean Bérard de Naples, le 7 décembre 1973.

50. Strøm, p. 147.