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L'urbanisation russe a la fin du XIXe siècle

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Daniel Brower*
Affiliation:
University of California

Extract

Les villes de l'Empire russe connurent un essor remarquable dans les dernières années du XIXe siècle. Leur activité commerciale et industrielle se développa rapidement et leur population augmenta à une vitesse jamais connue jusqu'alors dans le pays. Le mouvement massif des populations vers les grandes villes frappa l'imagination des contemporains, tel Léon Tolstoï. Dans son dernier roman Résurrection (achevé en 1899), il décrit le sort des migrants, anciens « paysans affamés », dont « quelques-uns s'étaient adaptés à la vie urbaine, avaient profité des occasions et étaient devenus en quelque sorte comme leurs maîtres », tandis que « d'autres étaient tombés dans une condition pire encore que celle qu'ils avaient connue à la campagne ». Le sort de cette masse de pauvres gens nous est inconnu, mais le jugement de Tolstoï, fondé sur son idée de l'influence corruptrice de la vie urbaine, est pour le moins sujet à caution.

Summary

Summary

The rapid growth of Russian cities in the last years of the nineteenth century marked a new era in the development of Russian society. By 1897, the total population in cities of over 15,000 inhabitants numbered more than 8.5 million, of whom over one-half were urban migrants. Who were these migrants? Where did their migration take them? How did their presence alter the character of urban society? What social and economic forces explain this vast movement of the lower classes to the country's towns and cities? This article provides a statistical analysis of urbanization in those cities of European Russia with a population of over 15,000 (144 cities) and suggests a theory to explain the peculiar nature of Russian urban growth.

The data for this study come from the census of 1897. Twelve social and economic variables identified characteristics of each city's population; computer programs for factor and discriminant analysis permitted the isolation of a special type of city closely associated with a high proportion of migrants. These "migrant towns" represented a unique adaptation of Russian society to the forces of urbanization.

Type
Modèles d'Urbanisation
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1977

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References

Notes

1. Léon Tolstoï, Résurrection (Sobranie sochineniia), XIII, Moscou, 1953, pp. 242-243.

2. Pervaia vseobshchaia perepis’ naselenii Rossiiskoi imperii 1897 g. [Le premier recensement général de la population de l'Empire de Russie, 1897], en 120 volumes, Saint-Pétersbourg, 1899- 1905. En Union soviétique, les seules études sur l'urbanisation durant la période post-émancipation (ou « capitaliste ») traitent de villes considérées isolément ou de régions limitées, telles Istoriia Moskvy [L'histoire de Moscou], en 6 volumes, Moscou, 1952-1957 ; Ocherki istorii Leningrada [Aspects de l'histoire de Leningrad], en 3 volumes, Moscou, 1955-1957 et de la. Vodarskii, Promyshlennye seleniia Tsentral'noi Rossii v période genizisa i razvitiia kapitalizma [Communautés industrielles de la Russie du Centre à l'époque de la montée et du développement du capitalisme], Moscou, 1972. L'ouvrage de William Leasure, J. et Lewis, Robert, Population changes in Russia and the U.S.S.R. : A set of comparable territorial Units, San Diego, Californie, 1966 Google Scholar, fournit d'utiles données géographiques et numériques.

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6. Ibid., p. 263.

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8. Leasure et Lewis, Population changes in Russia, p. 5.

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13. En nous servant des tableaux de l'étude de Semenov-Tianshansky, op. cit., nous avons calculé que, en 1900, les revenus provenant de l'activité industrielle des villes à faible migration, représentaient en moyenne 26 % du total des revenus commerciaux et industriels de chaque ville; dans les villes à forte migration, le niveau était de 27 %.

14. Johnson, p. 64.

15. Rashin, A., Formirovanie rabochego klassa Rossii [La formation de la classe ouvrière en Russie], Moscou, 1958, p. 426.Google Scholar

16. Ibid., p. 443.

17. Ce thème est longuement développé dans le seul roman russe qui existe à notre connaissance sur la migration urbaine : P. Reshetnikov, Gde lutchshe ? [En traduction libre : « La recherche du bonheur»], publié en 1868.

18. Il est intéressant de noter que la plupart des villes dans lesquelles apparurent les soviets révolutionnaires durant la crise de 1905 appartenaient à la catégorie des villes à forte migration (25 sur les 27 pour lesquelles j'ai pu contrôler le pourcentage de migrants en 1897).