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Une grande puissance économique et financière : les débuts de la Compagnie de Jésus au Japon (1547-1583)

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Pierre Chaunu*
Affiliation:
École des Hautes Études Hispaniques, Madrid

Extract

Nous avons lu avec le plus vif intérêt les deux gros ouvrages que Léon Bourdon vient de présenter comme thèses de doctorat devant la Faculté des Lettres de Paris. Des réserves ont été émises sur les conclusions et sur l'économie même du livre ; elles sont peut-être justifiées ; l'ouvrage est le fruit de vingt ans de travail à travers les bibliothèques et les archives d'Europe ; il faudrait, pour le juger, une formation de japonisant et des compétences qui ne sont point les nôtres. Tel qu'il se présente, l'ouvrage de Léon Bourdon est en tout cas pour nous une très heureuse rencontre ; ses recherches recoupent les nôtres ; et sur plusieurs points, nous avons eu la joie de trouver dans les documents portugais qu'il a mis en oeuvre des données qui viennent confirmer toujours, et souvent amplifier, les résultats auxquels nous étions parvenus en partant de documents espagnols. Ce n'est pas une des moindres qualités d'un ouvrage d'une probité totale que de permettre ainsi à un lecteur attentif de reprendre à sa façon le problème des missions jésuites au Japon dans la seconde moitié du XVIe siècle.

Type
Essais et Mises au Point
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1950

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References

page 198 note 1. La Compagnie de Jésus et le Japon. La fondation de la Mission japonaise par François- Xavier (1547-1551) et les premiers résultats de la prédication chrétienne sous le supériorat de Cosme de Torres (1551-1570). (Thèse principale.) Un cinquième chapitre de l'ouvrage, qui nous conduit de 1570 à 1583, est détaché sous le titre de : Alexandre Valignano, visiteur de la Mission japonaise de la Compagnie de Jésus (1573-1583). Il constitue la thèse secondaire. 2 000 pages dactylographiées, notes et-introduction comprises.

page 198 note 2. Souhaitons que le contenu de ces deux ouvrages dactylographiés, replacés dans le cadre de la géographie et de l'histoire japonaise et de l'histoire universelle, soit rapidement ramassé sous forme de livre ; ce pourrait être le premier tome d'une histoire des Jésuites au Japon si l'auteur consentait à en tirer les conclusions qui s'imposent.

page 199 note 1. chang, T'ien Tse, Sino-portuguese Trade from 1514 to 1644, Leiden, 1933 Google Scholar, in-8°, x-157 p.

page 199 note 2. G. Le Gentil (Fernâo Mendes Pinto. Un précurseur de l'exotisme au XVIe siècle, in-8°, 344 p., 1947) dispense, sur la vie et l'oeuvre de ce personnage, de recourir aux travaux antérieurs et notamment aux travaux de Schurhammer.

page 199 note 3. Des marins portugais pris dans une tempête furent jetés deux fois à peu d'intervalle sur les côtes du Japon.

page 200 note 1. Robert Ricard, « Les Jésuites au Brésil pendant la seconde moitié du xvi” siècle (1549- 1597) », Revue d'Histoire des Missions, sept. 1937, p. 325-370, 435-470.

page 200 note 2. Idem., La conquête spirituelle du Mexique, Paris, 1933, in-4°, p. 404

page 201 note 1. Léon Bourdon, Thèse principale, op. cit., p. 176.

page 201 note 2. Robert Ricard, Les Jésuites au Brésil, op. cit., p. 450-451.

page 202 note 1. R. Ricard, La Conquête spirituelle du Mexique, op. cit.

page 202 note 2. Allier, R., La psychologie de la conversion, Paris, 1925, 2 vol. in∼8°, 580 et 550 p.Google Scholar

page 202 note 3. Un ami revenant des Indes récemment nous racontait comment quelques intouchables chrétiens voulant s'approcher de la Table de Communion, dans une chapelle catholique, savaient déchaîné une violente bagarre. Solidité des préjugés de castes !

page 203 note 1. La Suma oriental est la plus vieille description européenne que nous possédions du monde malais, puisqu'elle a été rédigée entre 1512 et 1515 par Tome Pires, l'ambassadeur malheureux auprès de l'empereur de Chine, qui devait finir misérablement ses jours dans une localité chinoise mal déterminée, quelque part sur le Grand Canal, vers 1540. Ce manuscrit que l'on pensait perdu a été fort heureusement découvert dans la bibliothèque du Palais Bourbon et publié par Armando Cortesâo. (Hakluyt Society, The Suma oriental of Tome Pires and the book of Francisco Rodriguez, 2e série, n0B LXXXIX et LXL, 2 vol. in-8°, 1944.)

page 204 note 1. Voir ci-dessous.

page 204 note 2. Op. cit., p. 28-40.

page 205 note 1. Mubdoch, James et Yamagata, , History of Japon, vol. II : During the century of early foreign intercourse, 2e éd., Yokohama, 1925, m-8°, 795 p.Google Scholar

page 205 note 2. G. Le Gentil, op. cit., p. 152-153.

page 206 note 1. L. Bourdon, Thèse principale.

page 207 note 1. Nous n'avons pas conservé, malheureusement, la comptabilité de cette splendide entreprise capitaliste que fut la vice-province jésuite du Japon. Mais les rapports annuels du vice-provincial et ceux du visiteur Valignano ont permis à L. Bourdon de satisfaire une partie de nos curiosités.

page 208 note 1. La soie l'a rapidement emporté sur le poivre, car elle s'est avérée singulièrement plus lucrative. La Mission de François-Xavier avait d'abord vécu, de 1549 à 1551, avec les 1000 cruzados que lui avait procurés la vente de 30 barar de poivre. Xavier avait pensé faire vivre la Mission avec la vente des épiées qu'un navire annuel amènerait directement des Moluques. Mais sous le coup d'ceil clairvoyant d'Almeida, le « businessman procureur », les Jésuites ont substitué la politique de la soie à celle des épiées. Léon Bourdon n'a pas vu tout l'intérêt du passage des épices à la soie, ses données n'en viennent pas moins confirmer une des idées centrales dégagées pour la première fois avec force, dans tous ses tenants et aboutissants, par Fernand Braudel dans son ouvrage capital : la substitution de la soie au poivre à la tête des grandes spéculations internationales à la fin du xvi° siècle. Le Japon semble même, à cet égard, en avance sur le reste du monde.

page 209 note 1. De Rooveh, « Aux origines d'une technique intellectuelle nouvelle, la comptabilité à partie double », Annales d'Hist. écon. et soc, 1929.

page 210 note 1. Elles n'ont poinf été interrogées pour cette période à notre connaissance ; carence ou manque de curiosité de nos contemporains ? Je laisse à d'autres le soin d'y répondre.

page 210 note 2. Une histoire comme celle de José Ferrando, Historia de los dominicos en las Filipinas (Madrid, 1870, 5 vol. in-8» de 750 p. chacun), montre que la vieille querelle n'avait pas perdu toutes ses résonances au xixe siècle, dans les milieux des moines aux solides rancunes.

page 210 note 3. Les maladresses de l'impérialisme bouillonnant des Espagnols des Philippines sont réelles. Les documents espagnols eux-mêmes pullulent d'historiettes, où il y a un peu à prendre et beaucoup à laisser. En voici deux, entre autres ; elles sont connues d'ailleurs : c'est le pilote de la nao San Felipe (1577), tirant orgueil de l'étendue de l'Empire de son Maître. Au shogun surpris et qui l'interroge, il répond que la tâche a été grandement facilitée au Roi catholique par les missionnaires précédant partout ses armées pour leur ouvrir la voie. En 1612, après l'échec de l'ambassade nippone en Europe et l'échec de la liaison annuelle directe Japon- Nouvelle-Espagne, l'action du pilote Vizcaino qui, agissant sur les ordres du vice-roi de Nouvelle- Espagne, procédait au relevé minutieux des côtes nippones, était pour le moins inopportune. Les réactions violentes des Japonais le prouvent. Et Portugais et Hollandais, missionnaires ou marchands, à l'affût de ces maladresses, de les signaler, bien sûr, à la vigilance nippone.

page 211 note 1. Il serait possible d'esquisser les grands traits de cette histoire avec les documents conservés à Séville.

page 211 note 2. Je n'entends point ici anticiper sur une étude à venir. Il serait aisé de suivre les progrès du trafic de Manille dans l'archipel nippon. La Real Hacienda elle-même n'hésite pas à se faire courtier de la soie chinoise (les Jésuites portugais ont donc fait école) pour payer des importations de farines, de blé, de produits métalliques légers (clous…) dont elle a besoin pour nourrir ses chiourmes et ses arsenaux. Un exemple eoncret, pris au hasard (A. G. I. Conteduria, legajo, 1209. Caja de Filipinas. Cuentas de Real Hacienda de los ahos de 1609 hasta 1612), sera plus probant que nos discours : Archivo General De Indias. — Contaduria, 1209. — Caja De Filipinas. — Cuentas De Real Hacienda De Los Anos De 1609 Hasta 1612. — Dattas. — Extraordinario. « A Yeusse, sangley ynfiel mercador, 3 152 pesos 5 tomines de oro comun que se le libraron por el balor de 16 picos y 61 cales de seda cruda que se le compraron para llevar al rreyno del Japon por quenta de Su Magestad en virtud de un acuerdo de hacienda hecho por el senor governador y capitan gênerai Don Juan de Silva fiscal de Su Magestad y Jueces officiales de la dicha R1 hacienda para bender y beneficiarla por la dha quenta en el dho rreyno y de su procedido se comprasen las cosas y generos que el factor Juan Saez debe y vendiese por memoria para la provision de los almacenes Reaies de esta dha Ciudad. »

page 211 note 3. Murdoch, op. cit. Cf. aussi Nagaoka, H., Histoire des Relations du Japon avec l'Europe, Paris, in-8°, 1905, p . 350.Google Scholar

page 212 note 1. De, Morga, Succesos de la Filipinas, Éd. de Retana, Madrid, 1910, in-8°, p. 180590 Google Scholar ; —- Lanzas, Torhes Y, Catdlogo de documentes de las Filipinas, 10 vol. in-4°, Barcelona, 1925-1934.Google Scholar