Nous avons la satisfaction de pouvoir vous annoncer que la cinquième conférence internationale des Sociétés de la Croix-Rouge se tiendra à Rome, an printemps de l'année prochaine.

Vous savez que la précédente conférence, celle qui a eu lien à Carlsruhe en 1887, a exprimé le désir que de semblables réunions fussent convoquées, en temps ordinaire, tous les cinq ans. C'était demander qu'il y en eût une en 1892. On avait négligé toutefois de dire qui veillerait à ce que ce vœu se réalisât. En l'absence de tonte prescription positive à cet égard, le Comité international supposait que le Comité central allemand, organisateur de la conférence de Carlsruhe, se considérait comme virtuellement chargé de suivre à ses décisions; mais nos honorables correspondants de Berlin n'ont pas partagé cette opinion. Ils ont pensé que le silence gardé à Carlsruhe équivalait à un mandat tacite donné au Comité international pour s'occuper de cette affaire, puisqu'elle concernait les intérêts généraux de la Croix-Rouge.

Kriegerheil. Organ der deutschen Vereine vom rothen Kreuz (mensuel) XXVIe année. 1891, nos 4 et 5. — Berlin, 40

Das Rothe Kreuz (bi-hebdomadaire), IXe année, nos 7 à 11 — Berlin, 40.

Boletin de la Sociedad Argentina de la Cruz-Roja, lre année, no 6.— Buenos-Aires, 80.

Le Comité central allemand a éprouvé une perte cruelle par la mort de M. de Hœnika, qui en faisait partie depuis plusienrs années et qui, dans des circonstances graves et difficiles, mit son concours personnel à la disposition du Comité avec un dévouement absolu. Pendant la guerre franco-allemande, immédiatement après la bataille de Gravelotte, M. de Hœnika organisa le premier train sanitaire de l'assistance volontaire, pour effectuer le transport des blessés dans l'Allemagne du Nord, et il prit une grande part an service ultérieur du transport des blessés.

Nous avons annoncé (p. 39) que la Croix-Rouge argentine se préparait à envoyer des secours au Chili, pour les victimes de la guerre civile qui sévit encore dans ce pays, mais ce généreux projet n'a malheureusement pas pu être réalisé. Le sixième Bulletin du Comité central de Buenos-Aires nous en a appris les motifs.

L'année 1890 a fourni aux sociétés de secours de Bohême l'occasion de déployer une activité exceptionnelle. Le 4 septembre 1890, et pendant les jours qui suivirent, des inondations convrirent une grande partie du royaume; d'immenses territoires furent ravagés par le fléau, qui plongea les habitants dans une profonde misère. S'appuyant sur un article des statuts, d'après lequel l'un des buts des sociétés de secours est de prêter leur assistance, en temps de paix, dans les cas de catastrophes publiques, le Comité de la Société de la Croix-Rouge de Bohême se réunit le 7 septembre, afin de délibérer sur les mesures à prendre pour faire face aux événements. Il put immédiatement apprendre que la Société autrichienne de la Croix-Rouge avait accordé un subside de 10,000 fl. et une grande quantité de linge, pour venir en aide aux populations victimes de l'inondation. Le Comité décida de consacrer une somme de 3,000 fl. à l'œuvre de secours, de fournir du linge suivant les besoins et de s'associer aux travaux du Comité national de secours qui avait été constitué. En suite de cette décision, des membres du Comité de la Société de la Croix-Rouge furent adjoints aux comités de secours et des expéditions de linge, d'objets de literie, de couvertures, etc., furent faites de la part de la Croix-Rouge par le chef de la section du matériel.

Le Bulletin que l'Association congolaise et africaine de la Croix-Rouge fait paraître à Bruxelles, et dans lequel sont publiés les comptes rendus des séances de son Comité directeur, nous montre que cette société, bien qu'elle n'ait pas encore eu l'occasion de porter secours aux victimes de la guerre, s'efforce cependant de remplir utilement sa mission pacifique dans les contrées qu'elle a choisies pour y déployer son activité.

La Société de la Croix-Rouge française a tenu, le 21 juin dernier, l'assemblée générale de ses membres fondateurs, sons la présidence du maréchal de Mac Mahon, qui a présenté, sur les travaux de la Société pendant l'année 1890, un rapport dans lequel nous puisons les renseignements qui suivent.

Comme le Conseil central, une grande partie des Comités de province s'attachent à répandre les principes de l'hygiène hospitalière, l'art des pansements et des premiers soins. Sont à citer parmi les meilleurs exemples, d'après les derniers renseignements communiqués au Conseil:

Les conférences de Sedan: M. le Dr Jaillot a continué son cours d'hygiène; M. le Dr Peltier a traité des blessures de guerre, de la théorie et de la pratique des bandages et des appareils; M. le Dr Collin, de la prophylaxie des maladies contagieuses. Ce mouvement d'enseignement se lie à tout un plan d'organisation préparatoire, qui permettrait an Comité de Sedan d'hospitaliser, dès les premiers jours d'une mobilisation, plus de deux cents hommes.

Bien que n'ayant pas de faits saillants à signaler pour l'année 1890, le rapport du Comité départemental du Nord est cependant intéressant, en ce qu'il constate les efforts persévérants faits par ce Comité pour se tenir prêt à toute éventualité et pour employer utilement ses ressources. Des secours continuent à être remis aux victimes de la guerre de 1870–1871, qui, si elles sont moins nombreuses, n'en sont que plus à plaindre, l'âge venant aggraver leur douloureuse situation. Des soldats de l'armée coloniale, en congé de convalescence on de réforme, au nombre de 75, ont reçu du Comité lillois des secours s'élevant à la somme de 1,300 francs.

L'Assemblée générale du Comité des Dames du département du Rhône a été convoquée le 14 février 1891, dans une des salles du palais archiépiscopal de Lyon. La séance a eu lieu sous la présidence de S. Em. le cardinal Foulon.

Mme W. Pascal-Estienne, secrétaire du Comité, présento le compte rendu pour l'année 1890. Elle résume rapidement les opérations qui, dans l'exercice écoulé, ont mar jué l'activité de la Société considérée dans son ensemble.

Le Tribunal Civil de Troyes a rendu, le 22 avril 1891, un jugement dont les considérants nous paraissent de nature à devoir être signalés à nos lecteurs.

Nous n'avons rien à dire du procès auquel il a mis fin et qui avait été intenté par l'Association des dames françaises à un journaliste, M. Devisme, pour lui avoir fait du tort par des allégations mensongères publiées dans le «Propagateur de la Champagne.» Nous ne voulons retenir de cette cause, comme nous l'avons dit, que l'énoncé d'une partie des motifs sur lesquels le tribunal s'est fondé pour condamner le défendeur.

Désireux de ne laisser ignorer à nos lecteurs aucune des publications qui se rattachent à la Croix-Rouge, nous leur signalons aujourd'hui un petit travail dû à la plume de M. le professeur Ernest Lehr. Il constitue un fragment important de l'article consacré au mot «Croix,» dans la Grande Fncyclopédie que publient à Paris les éditeurs H. Lamirault et Cie (61, rue de Rennes), On le trouve au tome XIII de cet excellent recueil, page 472, dans la 310e livraison qui a paru récemment.

Il règne actuellement, entre les diverses Sociétés de la Croix-Rouge, une véritable émulation pour l'instruction du personnel ambulancier, depuis que l'on a compris la nécessité de préparer hommes et femmes à l'assistance des blessés en temps de guerre par un enseignement spécial. Presque partout aussi on a complété les leçons par la publication de manuels à l'usage des élèves, et le nombre de ces petits livres s'accroît de jour en jour. Nous laissons aux praticiens le soin de dire s'ils répondent bien à ce qu'on doit en attendre et si les plus récents sont en progrès sur les anciens, mais nous croyons de notre devoir de signaler aux intéressés les publications de ce genre qui voient le jour, en les engageant à les examiner, afin de se rendre compte de l'utilité qu'ils en pourraient retirer.

Nous avons reçu le programme du Congrès international d'hygiène et de démographie, qui doit se tenir à Londres du 10 au 17 août 1891, sous le patronage de S. M. la reine et la présidence de S. A. R. le prince de Galles.

La VIIIe section de ce congrès s'occupera spécialement de l'hygiène de la flotte et de l'armée. Elle sera présidée par S. E. Lord Wantage, président de la Croix-Rouge anglaise, et abordera plusieurs questions qui touchent, de très près à notre œuvre. On en jugera par la lecture de la partie du programme qui la concerne et que nous reproduisons in extenso.

Le compte rendu des actes du Comité de la Croix-Rouge grecque pendant l'année 1890 contient, en résumé, les renseignements suivants:

L'Assemblée des fondateurs de la Société, réunie vers le commencement de l'exercice, a confirmé l'ancien Comité central dans ses fonctions.

Ce Comité a fait l'acquisition de deux tentes d'ambulance mobile, et d'une tente d'ambulance fixe du système Tollet.

A la troisième séance générale de la Conférence de Carlsruhe, le 24 septembre 1887, il a été reconnu que, en temps ordinaire, il est désirable que des Conférences internationales aient lieu tous les cinq ans.

Conformément à ce vœu, le Comité international de Genève a proposé au Comité central de l'Association italienne de la Croix-Rouge que la cinquième conférence internationale ait lieu en 1892, en Italie.

En présentant, le 29 avril dernier, à l'assemblée générale de la Croix-Rouge italienne, le résumé des travaux de cette société pendant l'exercice do 1890, le président, comte Della Somaglia, a pu exprimer sa satisfaction de ce que chaque année amène un accroissement notable de ses forces organiques, aussi bien que de ses ressources financières, et de ce que ces progrès dépassent toujours l'attente du Comité central.

Quoique le Comité international n'entretienne des relations qu'avec les Comités centraux, il suit avec intérêt les travaux des sous-comités qui veulent bien lui communiquer leurs rapports imprimés.

Il est bon que, dans chaque pays, la direction supérieure de la Croix-Rouge n'absorbe pas toute l'activité sociale, et que, sans nuire à l'harmonie des services généraux, les sections jouissent d'une certaine latitude pour le déploiement de leur zèle. Or, l'Italie est un des pays où cela a été le mieux compris, si nous en jugeons par ce qui se passe en Sicile.

En parlant (p. 116) des travaux de la Société italienne en 1890, nous avons dit que des exercices pratiques du service de campagne devaient être faits dans plusieurs villes du royaume en 1891. Le rapport de l'an prochain nous apprendra sans doute dans quelle mesure ils auront été couronnés de succès, mais nous demandons la permission d'anticiper un peu sur les événements, et de communiquer dès aujourd'hui à nos lecteurs quelques détails sur l'un de ces essais, dont le programme nous a été envoyé. On verra ainsi, en attendant d'en connaître le résultat, avec quel soin il a été organisé.

Le Comité, de la Société mecklembourgeoise, en rendant compte de la marche de la Société depuis le 1er juillet 1888 jusqu'au 30 juin 1890, constate avec satisfaction que l'intérêt suscité par l'œuvre de la Croix-Rouge va sans cesse en augmentant, et que le développement des sociétés filiales est dû, en grande partie, à l'appui énergique que trouve le Comité auprès des membres.