La présente note contient une évaluation des propositions faites par Jacques Drèze dans sa contribution récente au colloque de l’I.R.E.S. Dans une première partie, j’essaierai de distiller les idées de force qui sont implicites dans le diagnostic du chômage établi par Drèze. Ma critique sera que, si ce diagnostic est exact, il existe de meilleurs instruments de lutte contre le chômage que la diminution de la durée du travail.

Dans une deuxième partie, je formulerai brièvement les autres diagnostics du chômage et j’évaluerai l’opportunité de l’instrument de la diminution de la durée du travail à la lumière de ces diagnostics alternatifs.

D’emblée je voudrais mettre l’accent sur le fait que ma critique concerne l’opportunité et l’efficacìté d’une diminution de la durée du travail comme moyen de combatiré le chômage. Je ne me prononce pas sur le bienfondé d’une diminution de la durée de travail dans la mesure où celle-ci résulte d’un choix libre des travailleurs.

1. Je suis reconnaissant à Paul De Grauwe d’avoir résumé, dans une note claire et concise, les principales objections que l’on peut formuler à l’égard d’une réduction de la durée du travail comme moyen de lutte contre le chômage. L’occasion qui m’est offerte de lui répondre me permettra de clarifier certains points de mon exposé du 26 mars, et d’aborder un aspect important que je n’avais pu traiter à ce moment, à savoir la relation entre inflation et emploi impliquée par la contrainte de balance des paiements.

Ma réponse est divisée en trois parties, correspondant aux différentes sections de la note de Paul De Grauwe. La première porte sur les effets d’une réduction de la durée du travail en termes de coûts salariaux et de productivité. La seconde traite des problèmes d’inflation et de change. La troisième, enfin, concerne l’embauche compensatoire.

2. Les graphiques utilisés par Paul De Grauwe sont utiles pour visualiser les conditions sous lesquelles une réduction de la durée du travail à revenu individuel inchangé permet d’accroître l’emploi.