Qu'à partir du XVe siècle les correspondances familiales privées fassent leur apparition dans notre matériel documentaire — en même temps, d'ailleurs, que des correspondances royales de caractère véritablement personnel, comme celle de Louis XI — : le trait est significatif d'une nouvelle tonalité de civilisation. En Angleterre, plusieurs collections de cette nature et de cette date ont été publiées, pour le plus grand profit de l'histoire ; les fameuses Paston Letters, entre autres, y ont presque passé au rang de classique. Il n'en va pas de même chez nous, où mainte précieuse liasse, grosse ide lettres des XVe ou XVIe siècles, dort encore, je le crains, d'un trop paisible sommeil dans nos dépôts publics ou dans les greniers de nos châteaux : telles, provisoirement du moins, aux Archives de la Creuse, celles qui nous ont été laissées par les seigneurs de Boussac.

Mr G. U. Nef, dont nous signalions récemment les études comparatives sur la révolution industrielle en Angleterre et en France entre 1540 et 1640, examine dans The Economic Review une question nouvelle, qui se rattache à la première : la relation entre la révolution des prix et l'essor du capitalisme (Priées and industrial capitalism in France and England, 1540-1640).

Cette question se pose, en partie, comme un problème de méthode et jette un jour sur les divergences entre les statisticiens, qui cherchent à dégager des résultats aussi généraux que possible, et les historiens, soucieux de saisir le réel en sa diversité. Mr Keynes, utilisant surtout les tables dressées il y a plus de quarante ans par Georg Wiebe et les complétant par les recherches de Mr Earl J. Hamilton, est parti de cette notion juste en gros que les salaires, au milieu et à la fin du XVIe siècle, ont crû moins vite que le prix des denrées et objets nécessaires à la vie.

Trois ouvrages récents nous procurent l'occasion de revenir sur un grave problème que nous avons déjà abordé et qui se pose actuellement dans tout le Proche Orient avec une acuité aiguë. Il s'agit de dresser pour le passé le bilan de l'activité des Européens dans ces pays et de chercher pour le présent un modus vivendi conciliant les intérêts en jeu et ménageant des nationalismes surexcités depuis la guerre. En toute justice, la solution définitive doit tenir compte des conclusions tirées de l'étude historique. — Avant de parler du travail de synthèse tenté par un Égyptien, disons un mot des documents consulaires réunis par Mr Georges Douin sur la période 1828-1830, en complément de sa publication antérieure sur la guerre de Syrie (1831-1833) et de celle de Mr Driault sur les années 1823-1828.